Ces politiciens qui choisissent le quatre-vingtième anniversaire de la fin de la Grande Guerre pour se battre à coups de cadavres de Poilus sont des ignares et des salauds. Jospin et Chirac mais aussi Seguin, Millon, Villiers, Devedjian et autres, qui, le cul vissé dans leurs fauteuils, osent gloser sur des gosses crevés dans la boue, le froid et la merde voilà quatre vingt ans, tous poursuivent, dans cette querelle d’un autre âge, des visées de basse politique.
Les uns déterrent les mutins fusillés pour peaufiner leur image auprès de la Gauche-Plurielle ; les autre renvoient au néant ces pauvres morts pour plaire à la Droite-Plus-Rien.
Le socialiste Jospin adresse un message aux gangs d’extrême gauche et aux bandes allogènes en déguisant les mutins en précurseurs de la coalition PS-PC-Verts : citoyens, internationalistes, pacifistes et même immigrationnistes puisqu’en somme, ils auraient été partisans d’accueillir les sans-papiers venus d’outre-Rhin.
Le gaulliste Chirac joue l’indignation à l’intention des abrutis qui le croient encore patriote alors qu’il a accepté tous les abaissements : repentances à répétition, suppression du service militaire, réduction du budget des armées, reconnaissance des tueurs des Brigades internationales comme anciens combattants, maintien du traître Boudarel au sein de l’université et hommage algérien, en France, aux porteurs de valises du FLN.
Bien sûr, tous se réconcilient pour cracher sur Pétain. Chirac en refusant l’hommage traditionnel du 11 novembre au vainqueur de Verdun, Jospin en l’accusant, avec la complicité des merdias d’avoir été le fusilleur des mutins.
Seuls des charognards peuvent se livrer, en vertu de calculs aussi sordides, à une pantomime aussi obscène autour des restes de quelques pauvres gars.
Car les mutineries de 1917 ne furent ni acte politique ni remise en cause des valeurs patriotiques. Seulement un drame humain.
Les mutins ne furent ni martyrs de la Grande Révolution ni traîtres à la patrie.
Rien que des malheureux harassés et révoltés par l’incompétence d’un Etat Major que l’affaire des fiches avait livré aux officiers les plus nuls pourvu qu’ils fussent bien vus des Loges. De la viande à canon que l’on ne tirait de l’enfer des tranchées que pour l’envoyer à la mort dans des offensives inutiles dont certaines furent, en une journée, plus meurtrières que l’actuelle catastrophe climatique en Amérique centrale (vingt sept mille Français tués le 24 août 1914 !).
Même au Comité secret que l’Assemblée avait institué dans l’espoir (déçu, bien sûr) de débattre de la guerre sans que des députés corrompus trahissent le secret-défense, ces chefs furent dénoncés comme des incapables.
Et puis, cette mobilisation du ban et de l’arrière-ban de la politicaille et des merdias autour d’un drame quasi séculaire est grotesque. Aussi douloureux qu’il soit, l’événement est très exactement un "détail de l’histoire de la première guerre mondiale". Détail affreux, lui aussi, mais détail. Les refus d’obéissance affectèrent moins d’un combattant sur cinquante, durèrent moins de six semaines sur deux cents de guerre et n’entraînèrent que soixante-quinze morts sur un million et demi de tués.
Mais, autour de ce détail-là aussi, que de mensonges !
Les mutins n’étaient inspirés ni par l’exemple de leurs "frères" de l’armée russe qui avaient mis crosse en l’air, ni par les appels des pseudo-pacifistes socialistes stipendiés par Berlin que Léon Daudet appelait les embochés.
Au front, on tenait les premiers pour des déserteurs, les seconds pour des planqués et les deux pour des traîtres. Témoins et historiens sérieux sont d’accord là-dessus.
Pierre Miquel raconte(1) que les troupes russes du 1er bataillon de la 3e brigade combattant en France, le premier à désobéir, furent si mal traitées par les Poilus qui les considéraient « moins bien que des blessés allemands » qu’on les renvoya à l’arrière pour éviter des lynchages.
Guy Pedroncini a établi(2), sur les dossiers de la Justice militaire et de l’Etat-major, que dans les 115 unités (75 régiments d’infanterie, 23 bataillons de chasseurs et 12 régiments d’artillerie) les mutineries furent un « phénomène spontané » qui ne se manifesta que dans un milieu particulier du front où l’on n’avait que méfiance et mépris pour l’arrière.
Jacques Chastenet explique(3) que Pétain, loin d’être un fusilleur, améliora l’ordinaire et le régime des permissions, se rendit dans les unités contaminées, parla directement aux hommes, s’adressant à leur coeur, et leur montra qu’ils n’étaient pas « aux yeux des chefs une pure machine, une simple chair à canon ».
Pour autant, l’indignation théâtrale de Chirac est hors de proportion. Jospin n’a pas demandé la réhabilitation des mutins. Il s’est borné à proposer de « réintégrer dans la mémoire collective ces soldats fusillés pour l’exemple ».
Est-ce si scandaleux ? Cela mérite-t-il que des politiciens qui n’ont jamais entendu siffler que les balles de tennis montent sur leurs grands chevaux pour dénoncer cette « réhabilitation inopportune » ?
Les mutins de 17 ont payé pour le crime qu’on leur imputait il y a près d’un siècle. Ils avaient, avant de craquer, connu comme leurs camarades l’enfer des tranchées, la faim, le froid, les rats, la souffrance, les blessures, les bombardements, le spectacle quotidien de la mort, la colère de voir l’arrière se goberger.
N’ont-ils pas droit à ces circonstances atténuantes qu’on accorde aujourd’hui aux criminels les plus pervers ?
Au surplus, ces fusillés ne furent pas les seuls mutins. D’autres, épargnés, ou condamnés puis graciés, reprirent le combat et sont aujourd’hui des héros.
Pourquoi faut-il, là aussi, là encore, que des caciques gaullistes, toujours eux, fassent obstacle à la réconciliation des Français ?
Encore une fois, témoins et historiens sont formels : les mutins n’étaient ni des déserteurs ni des saboteurs ; ils étaient des soldats épuisés, dont certains n’avaient pas eu de permission depuis deux ans. Des hommes excédés par la discipline imbécile qu’on leur imposait, à eux, combattants plus que suffisamment aguerris, de la chair à canon qu’épouvantait l’incompétence de certains chefs.
A propos de l’ardeur au combat, le médecin aide-major Benoît, qui servait au Chemin des Dames pendant les mutineries, écrit en date du 30 avril 1917(4) : « Nos hommes sont des gars qui en ont vraiment dans le ventre. Quand on leur dit que pour la troisième fois nous allons remonter, ils grognent leur habituel "Y’a d’l’abus !" et, tout en marmonnant, ils remettent sac au dos ».
Sur la discipline, l’écrivain Georges Duhamel, médecin héroïque pendant la Grande Guerre et qui n’est suspect ni de gauchisme, ni de pacifisme ni de défaitisme, raconte(5) comment un soldat nommé Bouin fut puni pour l’unique raison qu’il portait le même patronyme qu’un médecin. Désigné par erreur pour la garde, ce dernier, n’ayant pas obtempéré, avait été inscrit au tableau des punis alors que son grade et sa fonction le protégeaient d’une telle sanction. « La punition a été portée au tableau pour un Bouin ; comme il faut qu’elle soit faite, paraît que c’est vous qui la ferez ! » décréta un gradé.
Autre témoignage, celui du tonnelier Louis Barthas(6), contraint pendant des heures à faire des demi-tours, des à droite-droite, à se présenter au chef en claquant les talons (jamais assez fort), à saluer vingt fois le même officier (jamais assez raide) : « Passe encore, quand on a vingt ans, de faire ces singeries, mais à quarante ans ! Et après avoir subi trois ans de service et trois ans de guerre ! »
Quant à la valse des ordres et contre-ordres, le même Barthas en donne un aperçu à la date du 16 avril 1917 : « Depuis huit jours, ordres, contre-ordres se succédaient, prouvant l’incohérence complète qui régnait en haut lieu. Un jour, on apprenait que le 296e régiment était affecté à tel corps d’armée, pour s’entendre dire le lendemain au rapport qu’on était remplacé dans notre division qui allait au repos. Brusquement on annonçait un départ pour les lignes le soir même. Un coup de téléphone au dernier moment différait ce départ au lendemain et le lendemain au surlendemain... Ce désarroi du commandement, ces incertitudes avaient une fâcheuse répercussion sur l’esprit du soldat... »
Quant aux mutineries elles-mêmes, le médecin aide-major Benoît raconte : « Cela s’est passé ainsi : un régiment qui était descendu des tranchées recevait l’ordre d’y remonter. Il refusait, demandait des permissions d’abord, du repos ensuite. A ma connaissance aucun officier ne fut molesté. A leurs objurgations, les hommes répondaient qu’ils étaient tous dans le même sac et que les officiers devaient se joindre à eux. Puis ils lançaient des fusées éclairantes, des fusées rouges, un petit feu d’artifice. Un enfantillage, quoi ! »
Ces "enfantillages" envoyèrent au conseil de guerre quatre mille soldats dont six cent vingt-neuf furent condamnés à mort et soixante-quinze exécutés.
Encore faut-il savoir que ces exécutions réparties sur dix mois ne changèrent rien à la moyenne puisque, mutinerie ou pas, on fusilla entre août 1914 et novembre 1918 huit hommes par mois (pour désertion au feu, pillage, refus d’obéissance au feu, etc.).
De plus en plus d’historiens s’accordent donc à penser que les « décimations » sont une légende et que la modération avec laquelle les arrêts du tribunal militaire furent appliqués est à porter au crédit de Pétain qui, loin d’être le fusilleur que la mafia politico-médiatique voudrait décrire, se montra économe du sang des Poilus et soucieux de leur confort, décidant d’attendre « les tanks et les Américains » avant de reprendre l’offensive dont « le sieur Nivelle », général imposé par les Loges, avait fait une boucherie où cent cinquante mille hommes furent dépecés.
Henri Castex et Abel Clarté notent(7) que le parlementaire qui exposa les raisons profondes des mutineries s’appelait Pierre Laval et que le général qui les fit cesser, non par les pelotons mais par une ferme conciliation, s’appelait Pétain...
En somme, le résultat le plus clair de l’imbécile querelle que feignent d’avoir Jospin et Chirac pourrait être de rappeler que, vingt ans avant 1940, « le Maréchal et le Maquignon » servaient déjà ensemble la même cause : la défense du sang français.
Serge de Beketch Le Libre Journal de la France Courtoise - du 11 novembre 1998
(1) Pierre Miquel, La Grande Guerre (Ed. Fayard)
(2) Guy Pedroncini, Les Mutineries (P.U.F.)
(3) Jacques Chastenet, Histoire de la IIIe République (Ed. Hachette)
(4) Dr Benoît, La Sainte Biffe (Ed. Don Bosco)
(5) Georges Duhamel, Civilisation (Mercure de France)
(6) Henri Barthas, Carnets de guerre (Ed. Maspero)
(7) Henri Castex et Abel Clarté, Les Comités secrets (Ed Roblot)
Les uns déterrent les mutins fusillés pour peaufiner leur image auprès de la Gauche-Plurielle ; les autre renvoient au néant ces pauvres morts pour plaire à la Droite-Plus-Rien.
Le socialiste Jospin adresse un message aux gangs d’extrême gauche et aux bandes allogènes en déguisant les mutins en précurseurs de la coalition PS-PC-Verts : citoyens, internationalistes, pacifistes et même immigrationnistes puisqu’en somme, ils auraient été partisans d’accueillir les sans-papiers venus d’outre-Rhin.
Le gaulliste Chirac joue l’indignation à l’intention des abrutis qui le croient encore patriote alors qu’il a accepté tous les abaissements : repentances à répétition, suppression du service militaire, réduction du budget des armées, reconnaissance des tueurs des Brigades internationales comme anciens combattants, maintien du traître Boudarel au sein de l’université et hommage algérien, en France, aux porteurs de valises du FLN.
Bien sûr, tous se réconcilient pour cracher sur Pétain. Chirac en refusant l’hommage traditionnel du 11 novembre au vainqueur de Verdun, Jospin en l’accusant, avec la complicité des merdias d’avoir été le fusilleur des mutins.
Seuls des charognards peuvent se livrer, en vertu de calculs aussi sordides, à une pantomime aussi obscène autour des restes de quelques pauvres gars.
Car les mutineries de 1917 ne furent ni acte politique ni remise en cause des valeurs patriotiques. Seulement un drame humain.
Les mutins ne furent ni martyrs de la Grande Révolution ni traîtres à la patrie.
Rien que des malheureux harassés et révoltés par l’incompétence d’un Etat Major que l’affaire des fiches avait livré aux officiers les plus nuls pourvu qu’ils fussent bien vus des Loges. De la viande à canon que l’on ne tirait de l’enfer des tranchées que pour l’envoyer à la mort dans des offensives inutiles dont certaines furent, en une journée, plus meurtrières que l’actuelle catastrophe climatique en Amérique centrale (vingt sept mille Français tués le 24 août 1914 !).
Même au Comité secret que l’Assemblée avait institué dans l’espoir (déçu, bien sûr) de débattre de la guerre sans que des députés corrompus trahissent le secret-défense, ces chefs furent dénoncés comme des incapables.
Et puis, cette mobilisation du ban et de l’arrière-ban de la politicaille et des merdias autour d’un drame quasi séculaire est grotesque. Aussi douloureux qu’il soit, l’événement est très exactement un "détail de l’histoire de la première guerre mondiale". Détail affreux, lui aussi, mais détail. Les refus d’obéissance affectèrent moins d’un combattant sur cinquante, durèrent moins de six semaines sur deux cents de guerre et n’entraînèrent que soixante-quinze morts sur un million et demi de tués.
Mais, autour de ce détail-là aussi, que de mensonges !
Les mutins n’étaient inspirés ni par l’exemple de leurs "frères" de l’armée russe qui avaient mis crosse en l’air, ni par les appels des pseudo-pacifistes socialistes stipendiés par Berlin que Léon Daudet appelait les embochés.
Au front, on tenait les premiers pour des déserteurs, les seconds pour des planqués et les deux pour des traîtres. Témoins et historiens sérieux sont d’accord là-dessus.
Pierre Miquel raconte(1) que les troupes russes du 1er bataillon de la 3e brigade combattant en France, le premier à désobéir, furent si mal traitées par les Poilus qui les considéraient « moins bien que des blessés allemands » qu’on les renvoya à l’arrière pour éviter des lynchages.
Guy Pedroncini a établi(2), sur les dossiers de la Justice militaire et de l’Etat-major, que dans les 115 unités (75 régiments d’infanterie, 23 bataillons de chasseurs et 12 régiments d’artillerie) les mutineries furent un « phénomène spontané » qui ne se manifesta que dans un milieu particulier du front où l’on n’avait que méfiance et mépris pour l’arrière.
Jacques Chastenet explique(3) que Pétain, loin d’être un fusilleur, améliora l’ordinaire et le régime des permissions, se rendit dans les unités contaminées, parla directement aux hommes, s’adressant à leur coeur, et leur montra qu’ils n’étaient pas « aux yeux des chefs une pure machine, une simple chair à canon ».
Pour autant, l’indignation théâtrale de Chirac est hors de proportion. Jospin n’a pas demandé la réhabilitation des mutins. Il s’est borné à proposer de « réintégrer dans la mémoire collective ces soldats fusillés pour l’exemple ».
Est-ce si scandaleux ? Cela mérite-t-il que des politiciens qui n’ont jamais entendu siffler que les balles de tennis montent sur leurs grands chevaux pour dénoncer cette « réhabilitation inopportune » ?
Les mutins de 17 ont payé pour le crime qu’on leur imputait il y a près d’un siècle. Ils avaient, avant de craquer, connu comme leurs camarades l’enfer des tranchées, la faim, le froid, les rats, la souffrance, les blessures, les bombardements, le spectacle quotidien de la mort, la colère de voir l’arrière se goberger.
N’ont-ils pas droit à ces circonstances atténuantes qu’on accorde aujourd’hui aux criminels les plus pervers ?
Au surplus, ces fusillés ne furent pas les seuls mutins. D’autres, épargnés, ou condamnés puis graciés, reprirent le combat et sont aujourd’hui des héros.
Pourquoi faut-il, là aussi, là encore, que des caciques gaullistes, toujours eux, fassent obstacle à la réconciliation des Français ?
Encore une fois, témoins et historiens sont formels : les mutins n’étaient ni des déserteurs ni des saboteurs ; ils étaient des soldats épuisés, dont certains n’avaient pas eu de permission depuis deux ans. Des hommes excédés par la discipline imbécile qu’on leur imposait, à eux, combattants plus que suffisamment aguerris, de la chair à canon qu’épouvantait l’incompétence de certains chefs.
A propos de l’ardeur au combat, le médecin aide-major Benoît, qui servait au Chemin des Dames pendant les mutineries, écrit en date du 30 avril 1917(4) : « Nos hommes sont des gars qui en ont vraiment dans le ventre. Quand on leur dit que pour la troisième fois nous allons remonter, ils grognent leur habituel "Y’a d’l’abus !" et, tout en marmonnant, ils remettent sac au dos ».
Sur la discipline, l’écrivain Georges Duhamel, médecin héroïque pendant la Grande Guerre et qui n’est suspect ni de gauchisme, ni de pacifisme ni de défaitisme, raconte(5) comment un soldat nommé Bouin fut puni pour l’unique raison qu’il portait le même patronyme qu’un médecin. Désigné par erreur pour la garde, ce dernier, n’ayant pas obtempéré, avait été inscrit au tableau des punis alors que son grade et sa fonction le protégeaient d’une telle sanction. « La punition a été portée au tableau pour un Bouin ; comme il faut qu’elle soit faite, paraît que c’est vous qui la ferez ! » décréta un gradé.
Autre témoignage, celui du tonnelier Louis Barthas(6), contraint pendant des heures à faire des demi-tours, des à droite-droite, à se présenter au chef en claquant les talons (jamais assez fort), à saluer vingt fois le même officier (jamais assez raide) : « Passe encore, quand on a vingt ans, de faire ces singeries, mais à quarante ans ! Et après avoir subi trois ans de service et trois ans de guerre ! »
Quant à la valse des ordres et contre-ordres, le même Barthas en donne un aperçu à la date du 16 avril 1917 : « Depuis huit jours, ordres, contre-ordres se succédaient, prouvant l’incohérence complète qui régnait en haut lieu. Un jour, on apprenait que le 296e régiment était affecté à tel corps d’armée, pour s’entendre dire le lendemain au rapport qu’on était remplacé dans notre division qui allait au repos. Brusquement on annonçait un départ pour les lignes le soir même. Un coup de téléphone au dernier moment différait ce départ au lendemain et le lendemain au surlendemain... Ce désarroi du commandement, ces incertitudes avaient une fâcheuse répercussion sur l’esprit du soldat... »
Quant aux mutineries elles-mêmes, le médecin aide-major Benoît raconte : « Cela s’est passé ainsi : un régiment qui était descendu des tranchées recevait l’ordre d’y remonter. Il refusait, demandait des permissions d’abord, du repos ensuite. A ma connaissance aucun officier ne fut molesté. A leurs objurgations, les hommes répondaient qu’ils étaient tous dans le même sac et que les officiers devaient se joindre à eux. Puis ils lançaient des fusées éclairantes, des fusées rouges, un petit feu d’artifice. Un enfantillage, quoi ! »
Ces "enfantillages" envoyèrent au conseil de guerre quatre mille soldats dont six cent vingt-neuf furent condamnés à mort et soixante-quinze exécutés.
Encore faut-il savoir que ces exécutions réparties sur dix mois ne changèrent rien à la moyenne puisque, mutinerie ou pas, on fusilla entre août 1914 et novembre 1918 huit hommes par mois (pour désertion au feu, pillage, refus d’obéissance au feu, etc.).
De plus en plus d’historiens s’accordent donc à penser que les « décimations » sont une légende et que la modération avec laquelle les arrêts du tribunal militaire furent appliqués est à porter au crédit de Pétain qui, loin d’être le fusilleur que la mafia politico-médiatique voudrait décrire, se montra économe du sang des Poilus et soucieux de leur confort, décidant d’attendre « les tanks et les Américains » avant de reprendre l’offensive dont « le sieur Nivelle », général imposé par les Loges, avait fait une boucherie où cent cinquante mille hommes furent dépecés.
Henri Castex et Abel Clarté notent(7) que le parlementaire qui exposa les raisons profondes des mutineries s’appelait Pierre Laval et que le général qui les fit cesser, non par les pelotons mais par une ferme conciliation, s’appelait Pétain...
En somme, le résultat le plus clair de l’imbécile querelle que feignent d’avoir Jospin et Chirac pourrait être de rappeler que, vingt ans avant 1940, « le Maréchal et le Maquignon » servaient déjà ensemble la même cause : la défense du sang français.
Serge de Beketch Le Libre Journal de la France Courtoise - du 11 novembre 1998
(1) Pierre Miquel, La Grande Guerre (Ed. Fayard)
(2) Guy Pedroncini, Les Mutineries (P.U.F.)
(3) Jacques Chastenet, Histoire de la IIIe République (Ed. Hachette)
(4) Dr Benoît, La Sainte Biffe (Ed. Don Bosco)
(5) Georges Duhamel, Civilisation (Mercure de France)
(6) Henri Barthas, Carnets de guerre (Ed. Maspero)
(7) Henri Castex et Abel Clarté, Les Comités secrets (Ed Roblot)
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