Article de 1997, paru dans “Pour la Science” – Extrait 1
On n’a jamais cessé de parler latin en France, mais un double phénomène de créolisation dû au bilinguisme des Gaulois, puis des Francs, a engendré une toute autre langue, le français. Nous retraçons ici l’histoire de la langue officielle, depuis ses origines.
Bien que les fouilles montrent que le territoire de l’actuelle France était très peuplé, on n’a que peu d’éléments sur les ethnies qui l’ont occupé avant l’installation des Gaulois, et les témoignages linguistiques ne remontent qu’à 600 ans avant notre ère. Les peuplades dont nous connaissons l’existence à cette époque, Ligures et Ibères, n’ont pas eu d’influence notable sur la langue française.
Seuls quelques mots des Grecs, installés en petites colonies sur le pourtour méditerranéen, sont passés en français par l’intermédiaire du provençal. Les noms de lieu surtout témoignent de leur passage : Heracles Monoikos, “Hercule le solitaire”, a donné Monaco. (Théa) Nikaia, “la déesse de la victoire”, Nice. Antipolis, “la ville d’en face”, Antibes. Et on pourrait multiplier les exemples.
L’INFLUENCE GAULOISE
Les premiers habitants dont la langue a réellement marqué le français sont les Gaulois, un peuple celte. Originaires d’une région correspondant aux actuelles Bavière et Bohème, ils occupent progressivement la majeure partie de l’Europe de l’Ouest, et parviennent vers 500 avant notre ère, jusqu’à cette péninsule du bout de l’Europe, la future France.
Les premiers habitants dont la langue a réellement marqué le français sont les Gaulois, un peuple celte. Originaires d’une région correspondant aux actuelles Bavière et Bohème, ils occupent progressivement la majeure partie de l’Europe de l’Ouest, et parviennent vers 500 avant notre ère, jusqu’à cette péninsule du bout de l’Europe, la future France.
La langue des Gaulois est divisée en nombreux dialectes, mais garde une certaine unité, comme leurs coutumes et leur religion. On peut d’ailleurs se demander si tous parlaient gaulois dans les régions celtophones et s’il ne restait pas des groupes parlant d’autres langues. A l’inverse, l’archéologue Colin Renfrew envisage que les Celtes aient reçu, sur place, leur langue et leur culture de populations néolithiques déjà indo-européennes depuis des millénaires.
Le gaulois a survécu à la conquête romaine jusqu’au IVe siècle, voire plus. Par ce contact prolongé, il a quelque peu transformé le latin parlé en Gaule. Ainsi, il est possible, quoique contesté, que le son que nous écrivons u et le maintien du s final – notre marque de pluriel – soient dus à ce substrat gaulois.
En outre, le gaulois a laissé dans le lexique français beaucoup de termes ruraux, se référant :
• aux travaux des champs : sillon, glaner, javelle, soc, charrue, ruche
• à la configuration du terrain : marne, grève, lande, boue, bourbier, galet, quai, talus
• des noms d’animaux et de plantes : bouleau, bruyère, if, chêne (l’arbre sacré des druides), mouton, saumon, lotte, alouette, bouc,
• quelques noms de mesures anciennes : arpent, boisseau, lieue
• ainsi que des termes domestiques (la langue maternelle n’est-elle pas la langue de la mère ?) dont le plus bel exemple est le verbe bercer.
• aux travaux des champs : sillon, glaner, javelle, soc, charrue, ruche
• à la configuration du terrain : marne, grève, lande, boue, bourbier, galet, quai, talus
• des noms d’animaux et de plantes : bouleau, bruyère, if, chêne (l’arbre sacré des druides), mouton, saumon, lotte, alouette, bouc,
• quelques noms de mesures anciennes : arpent, boisseau, lieue
• ainsi que des termes domestiques (la langue maternelle n’est-elle pas la langue de la mère ?) dont le plus bel exemple est le verbe bercer.
Certains termes témoignent des supériorités techniques des Gaulois, dans la brasserie (cervoise, brasser, brasserie), dans la fabrication des chariots (char, charpente, benne, jante) et dans les vêtements : la chemise et le pantalon long (braies) des Gaulois ont été adoptés par les Romains.
A venir : “La langue mère : le latin (Merci à Bart Vador)
A venir : “La langue mère : le latin (Merci à Bart Vador)
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