On croyait tout savoir sur la STASI, la police secrète de l'Allemagne communiste, le pire ramassis de mouchards, d'espions et de tortionnaires après celui du KGB. De fausses révélations en confidences truquées, en particulier de la part de l'actuelle idole trotskiste, l'ex-général Markus Wolff, stalinien forcené, puis gorbatchévien malchanceux, on s'imaginait ne plus rien avoir à apprendre sur ses coups tordus, ses succès et ses échecs. En fait, l'essentiel demeurait dissimulé, tout en n'étant pas perdu pour tout le monde. Le pot aux roses - c'est Ie cas de le dire, on va le voir - a été découvert il y a peu.
Infiltration et chantage
1990, l'univers communiste s'effondre comme un château de cartes. Les officiers les plus malins de la STASI, le sinistre staatssicherheitsdients de la "Prusse rouge", pensent à leur avenir. A Washington, la CIA s'en préoccupe aussi. Les deux réflexions finissent par se rencontrer. Les colonels est-allemands, pas fous, n'ont pas détruit, fin 1989, les dossiers les plus explosifs qu'ils détiennent. La CIA le sait, et souhaite les récupérer, pour un usage bien précis. Grâce à la magie du billet vert, tout s'arrange. Les responsables principaux de la STASI vendent à la CIA leur fichier et, des dossiers, parmi les plus brûlants. Le nom de code de ce marchandage était "Bois de rose".
Près d'une décennie plus tard, en 1998, soucieux de rester sur le devant de la scène les médias, le tristement fameux ci-devant chef de la STASI, Markus Wolff, fit un beau jour des confidences à la télévision allemande. Il révélera en particulier qu'il avait disposé d'agents autour du pape, en plein Vatican. Il souleva un franc scepticisme, et l'interprétation la plus courante fut qu'il affabulait. D'autant plus qu'on ne trouvait aucune trace dans les archives disponibles d'une telle infiltration. Mais les milieux réellement "bien informés" donnaient discrètement à entendre que la CIA était parfaitement au courant. Cependant, le silence retomba quelques mois après le pavé dans la mare jeté par Markus Wolff.
Début janvier de cette année, nouveau coup de théâtre, cette fois technique. Des spécialistes est-allemands parvenaient à casser le code utilisé par la STASI pour correspondre avec ses espions à l'Ouest. Certains agents jamais repérés étaient alors identifiés. Surtout, les décryptages permettaient de vérifier que toutes les "rumeurs" en provenance de la CIA reposaient sur un fondement très sérieux. Les mouchards au Vatican, c'était du sérieux, Markus Wolff n'avait pas affabulé. Les deux informateurs jusqu'ici identifiés portaient les noms de code de "Saint-Antoine" et d'"Illumination''. L'un d'eux, cadre de l'Agence de presse du Vatican, avait été recruté par la STASI dès 1960.
Détenant la preuve que les Américains en savaient très long, et n'avaient rien transmis à ses services, le gouvernement allemand a réclamé officiellement à Washington la transmission d'une copie des archives de la STASI remises en 1990 à la CIA. Sans le moindre succès : la CIA a l'intention, même pas dissimulée, de continuer à faire chanter les anciens agents de la STASI qu'elle a identifiés, afin de continuer à les employer au même travail, à son profit maintenant. On dit, à Berlin, que plusieurs "personnalités" françaises seraient dans ce cas.
R.L.D. National Hebdo du 15 au 21 avril 1999
Infiltration et chantage
1990, l'univers communiste s'effondre comme un château de cartes. Les officiers les plus malins de la STASI, le sinistre staatssicherheitsdients de la "Prusse rouge", pensent à leur avenir. A Washington, la CIA s'en préoccupe aussi. Les deux réflexions finissent par se rencontrer. Les colonels est-allemands, pas fous, n'ont pas détruit, fin 1989, les dossiers les plus explosifs qu'ils détiennent. La CIA le sait, et souhaite les récupérer, pour un usage bien précis. Grâce à la magie du billet vert, tout s'arrange. Les responsables principaux de la STASI vendent à la CIA leur fichier et, des dossiers, parmi les plus brûlants. Le nom de code de ce marchandage était "Bois de rose".
Près d'une décennie plus tard, en 1998, soucieux de rester sur le devant de la scène les médias, le tristement fameux ci-devant chef de la STASI, Markus Wolff, fit un beau jour des confidences à la télévision allemande. Il révélera en particulier qu'il avait disposé d'agents autour du pape, en plein Vatican. Il souleva un franc scepticisme, et l'interprétation la plus courante fut qu'il affabulait. D'autant plus qu'on ne trouvait aucune trace dans les archives disponibles d'une telle infiltration. Mais les milieux réellement "bien informés" donnaient discrètement à entendre que la CIA était parfaitement au courant. Cependant, le silence retomba quelques mois après le pavé dans la mare jeté par Markus Wolff.
Début janvier de cette année, nouveau coup de théâtre, cette fois technique. Des spécialistes est-allemands parvenaient à casser le code utilisé par la STASI pour correspondre avec ses espions à l'Ouest. Certains agents jamais repérés étaient alors identifiés. Surtout, les décryptages permettaient de vérifier que toutes les "rumeurs" en provenance de la CIA reposaient sur un fondement très sérieux. Les mouchards au Vatican, c'était du sérieux, Markus Wolff n'avait pas affabulé. Les deux informateurs jusqu'ici identifiés portaient les noms de code de "Saint-Antoine" et d'"Illumination''. L'un d'eux, cadre de l'Agence de presse du Vatican, avait été recruté par la STASI dès 1960.
Détenant la preuve que les Américains en savaient très long, et n'avaient rien transmis à ses services, le gouvernement allemand a réclamé officiellement à Washington la transmission d'une copie des archives de la STASI remises en 1990 à la CIA. Sans le moindre succès : la CIA a l'intention, même pas dissimulée, de continuer à faire chanter les anciens agents de la STASI qu'elle a identifiés, afin de continuer à les employer au même travail, à son profit maintenant. On dit, à Berlin, que plusieurs "personnalités" françaises seraient dans ce cas.
R.L.D. National Hebdo du 15 au 21 avril 1999
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