Mars 1948 : la France s'est enlisée dans une guerre d'Indochine qui illustre la collusion entre communistes français et combattants du Viêt-minh. Quelques jours plus tôt, à Prague, les communistes tchèques ont pris le pouvoir grâce à un coup de force appuyé, évidemment, par les Soviétiques. Le 7 mars, De Gaulle parle à Compiègne et commente ainsi les événements de Tchécoslovaquie :
« L'idéologie qui sert d'avant-garde à l'URSS cumule les sombres attraits de la révolte et de la termitière, de la conquête et du désespoir. C'est par là qu'elle dispose, dans chaque contrée de la terre, du concours de séparatistes exclusivement à ses ordres et dont toute l'activité tend à s'emparer de l'Etat. » Cette mise en garde est lucide et opportune, au moment où la subversion communiste se développe tous azimuts. Mais elle s'inscrit dans l'histoire tourmentée des rapports entre De Gaulle et les communistes. Des rapports dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont été souvent, trop souvent ambigus.
Comme l'a bien montré Henri-Christian Giraud dans son livre, De Gaulle et les communistes (2 vol. Albin Michel), De Gaulle a noué à partir de novembre 1942 une alliance privilégiée avec le PCF, préparée et rendue possible par l'accord secret qu'il avait conclu dès juillet 1941 avec Staline. Pragmatique, De Gaulle a vu dans cette union avec le diable le moyen de s' imposer en tant que chef de la France libre, tant vis-à-vis des Alliés que de la Résistance intérieure. Cette alliance, profitable aux deux parties tant que dure la guerre mondiale, devient source de tensions à partir du moment où De Gaulle, chef du gouvernement d'une France libérée, entend être libre à l'égard des partis, revenus en force dès que le dernier uniforme de la Wehrmacht a disparu.
Les élections du 21 octobre 1945 ont envoyé à l'Assemblée une majorité de communistes et socialistes. « La France, note Jacques Fauvet, semble alors mûre pour le Front populaire, peut-être même pour la démocratie populaire. » Les démocrates-chrétiens se regroupent dans le MRP. Le 13 novembre, les députés élisent à l'unanimité De Gaulle chef du gouvernement. Jeu de dupes - et De Gaulle le sait bien. En effet, deux jours plus tard, Thorez vient lui préciser les exigences des communistes : tenir un des trois ministères considérés, à juste titre, comme des postes clés, l'Intérieur, la Défense ou les Affaires étrangères. Selon une méthode qui lui est chère, De Gaulle répond par un discours à la nation radiodiffusé où il dit des communistes : « Je ne croyais pas pouvoir leur confier aucun des trois leviers qui commandent la politique étrangère, savoir : la diplomatie qui l'exprime, l'armée qui la soutient, la police qui la couvre. » Et, refusant de couvrir de son nom un retour à ce régime des partis qu'il rend responsable de la catastrophe de 1940, De Gaulle menace de partir. Mauriac écrit dans Le Figaro : « Que Charles De Gaulle s'éloigne et la France devient le champ clos où deux géants s'affronteront. ( ... ) Charles De Gaulle écarté, c'est une tête de pont que nous risquons de devenir, soviétique ou anglo-saxonne. »
Sur le moment, les communistes s'inclinent et De Gaulle gagne son coup de poker. Mais il sait bien que ce n'est que partie remise. Les débats au Parlement lui inspirent « tristesse et dégoût ». Alors, selon la formule de Lacouture, « il fait sonner la retraite ». Et quitte le pouvoir en claquant la porte au nez des partis, le 20 janvier 1946.
Le 7 avril 1947, De Gaulle annonce à Strasbourg la création du Rassemblement du Peuple français. Vont s' y retrouver les hommes les plus déterminés à faire barrage au communisme.
P V National Hebdo du 5 au 11 mars 1998
« L'idéologie qui sert d'avant-garde à l'URSS cumule les sombres attraits de la révolte et de la termitière, de la conquête et du désespoir. C'est par là qu'elle dispose, dans chaque contrée de la terre, du concours de séparatistes exclusivement à ses ordres et dont toute l'activité tend à s'emparer de l'Etat. » Cette mise en garde est lucide et opportune, au moment où la subversion communiste se développe tous azimuts. Mais elle s'inscrit dans l'histoire tourmentée des rapports entre De Gaulle et les communistes. Des rapports dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont été souvent, trop souvent ambigus.
Comme l'a bien montré Henri-Christian Giraud dans son livre, De Gaulle et les communistes (2 vol. Albin Michel), De Gaulle a noué à partir de novembre 1942 une alliance privilégiée avec le PCF, préparée et rendue possible par l'accord secret qu'il avait conclu dès juillet 1941 avec Staline. Pragmatique, De Gaulle a vu dans cette union avec le diable le moyen de s' imposer en tant que chef de la France libre, tant vis-à-vis des Alliés que de la Résistance intérieure. Cette alliance, profitable aux deux parties tant que dure la guerre mondiale, devient source de tensions à partir du moment où De Gaulle, chef du gouvernement d'une France libérée, entend être libre à l'égard des partis, revenus en force dès que le dernier uniforme de la Wehrmacht a disparu.
Les élections du 21 octobre 1945 ont envoyé à l'Assemblée une majorité de communistes et socialistes. « La France, note Jacques Fauvet, semble alors mûre pour le Front populaire, peut-être même pour la démocratie populaire. » Les démocrates-chrétiens se regroupent dans le MRP. Le 13 novembre, les députés élisent à l'unanimité De Gaulle chef du gouvernement. Jeu de dupes - et De Gaulle le sait bien. En effet, deux jours plus tard, Thorez vient lui préciser les exigences des communistes : tenir un des trois ministères considérés, à juste titre, comme des postes clés, l'Intérieur, la Défense ou les Affaires étrangères. Selon une méthode qui lui est chère, De Gaulle répond par un discours à la nation radiodiffusé où il dit des communistes : « Je ne croyais pas pouvoir leur confier aucun des trois leviers qui commandent la politique étrangère, savoir : la diplomatie qui l'exprime, l'armée qui la soutient, la police qui la couvre. » Et, refusant de couvrir de son nom un retour à ce régime des partis qu'il rend responsable de la catastrophe de 1940, De Gaulle menace de partir. Mauriac écrit dans Le Figaro : « Que Charles De Gaulle s'éloigne et la France devient le champ clos où deux géants s'affronteront. ( ... ) Charles De Gaulle écarté, c'est une tête de pont que nous risquons de devenir, soviétique ou anglo-saxonne. »
Sur le moment, les communistes s'inclinent et De Gaulle gagne son coup de poker. Mais il sait bien que ce n'est que partie remise. Les débats au Parlement lui inspirent « tristesse et dégoût ». Alors, selon la formule de Lacouture, « il fait sonner la retraite ». Et quitte le pouvoir en claquant la porte au nez des partis, le 20 janvier 1946.
Le 7 avril 1947, De Gaulle annonce à Strasbourg la création du Rassemblement du Peuple français. Vont s' y retrouver les hommes les plus déterminés à faire barrage au communisme.
P V National Hebdo du 5 au 11 mars 1998
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