Dans une France en guerre depuis deux mois et demi, Maurice Thorez, chef du parti communiste français, est condamné le 15 novembre 1939 par le tribunal militaire d'Amiens. Il a en effet déserté le 4 octobre, non sans avoir beaucoup hésité devant les risques que cela entraînait. Il répond ainsi au mot d'ordre donné par le bureau politique du PC, qui a mis en action l'appareil clandestin prévu depuis longtemps en cas d'interdiction du parti, sous l'autorité de Thorez et de Duclos. Un décret gouvernemental, en date du 26 septembre 1939, a en effet dissout le parti communiste et « toute association, toute organisation ou tout groupe de fait qui s'y rattachent. »
Cette mesure est le résultat de la volte-face qu'ont dû improviser très rapidement les communistes français, dans un premier temps très désorientés, à la suite de la signature, le 23 août 1939, du pacte germano-soviétique : après avoir appelé à grands cris à la guerre contre l'Allemagne, il leur a fallu s'aligner sur le réalisme géostratégique de Staline... Le moins ardent à exalter ce revirement n'est pas Louis Aragon qui, dans le style qu'il affectionne, écrit dans le journal communiste Ce Soir : « Silence à la meute antisoviétique ! Nous sommes au jour de l'effondrement de ses espérances ».
Les palinodies communistes étaient dénoncées depuis longtemps par certains observateurs, y compris à gauche. Le journal radical-socialiste La Relève affirmait ainsi, dès le 20 novembre 1938 : « Il ne faut pas hésiter à le dire, à l'écrire, à le proclamer : le parti communiste est en état de complot permanent contre la République et contre la patrie. Il constitue, par ses procédés, son organisation, sa propagande de toute nature, le type parfait de la ligue factieuse, de ces ligues factieuses que l'on a dissoutes, il y a quelques années, pour bien moins que tout cela. La conclusion s'impose : au nom des libertés républicaines, au nom du salut de la nation qui ne saurait tolérer davantage sur son propre sol les agissements d'agents avoués de l'étranger, semeurs de haine et de désordre, il faut dissoudre le parti communiste ».
Le 16 janvier 1940, la chambre des députés vote la déchéance des élus communistes. Le rapporteur du projet de loi, le socialiste Georges Barthélémy, explique qu'il faut « réduire à l'impuissance les traîtres dont l'action, quoique insidieuse, peut tuer aussi sûrement que les balles ennemies ».
Mais, plus encore que des mesures de répression, le parti communiste a à souffrir de crises de conscience qui règnent dans ses rangs. Certains de ses députés, écœurés par le cynisme soviétique, ont annoncé dès octobre 1939 qu'ils coupaient les ponts avec leur ancien parti. François Chasseigne, ancien responsable des jeunesses communistes, va jusqu'à préconiser pour ses anciens amis « le coup de pistolet derrière la nuque qu'on donne dans les caves de Moscou ». En fait, ce sont beaucoup de ces ex-communistes repentis qui seront assassinés, au cours des années suivantes, par des terroristes communistes chargés d'éliminer les «traîtres».
P.V National Hebdo du 10 au 16 novembre 1994
Cette mesure est le résultat de la volte-face qu'ont dû improviser très rapidement les communistes français, dans un premier temps très désorientés, à la suite de la signature, le 23 août 1939, du pacte germano-soviétique : après avoir appelé à grands cris à la guerre contre l'Allemagne, il leur a fallu s'aligner sur le réalisme géostratégique de Staline... Le moins ardent à exalter ce revirement n'est pas Louis Aragon qui, dans le style qu'il affectionne, écrit dans le journal communiste Ce Soir : « Silence à la meute antisoviétique ! Nous sommes au jour de l'effondrement de ses espérances ».
Les palinodies communistes étaient dénoncées depuis longtemps par certains observateurs, y compris à gauche. Le journal radical-socialiste La Relève affirmait ainsi, dès le 20 novembre 1938 : « Il ne faut pas hésiter à le dire, à l'écrire, à le proclamer : le parti communiste est en état de complot permanent contre la République et contre la patrie. Il constitue, par ses procédés, son organisation, sa propagande de toute nature, le type parfait de la ligue factieuse, de ces ligues factieuses que l'on a dissoutes, il y a quelques années, pour bien moins que tout cela. La conclusion s'impose : au nom des libertés républicaines, au nom du salut de la nation qui ne saurait tolérer davantage sur son propre sol les agissements d'agents avoués de l'étranger, semeurs de haine et de désordre, il faut dissoudre le parti communiste ».
Le 16 janvier 1940, la chambre des députés vote la déchéance des élus communistes. Le rapporteur du projet de loi, le socialiste Georges Barthélémy, explique qu'il faut « réduire à l'impuissance les traîtres dont l'action, quoique insidieuse, peut tuer aussi sûrement que les balles ennemies ».
Mais, plus encore que des mesures de répression, le parti communiste a à souffrir de crises de conscience qui règnent dans ses rangs. Certains de ses députés, écœurés par le cynisme soviétique, ont annoncé dès octobre 1939 qu'ils coupaient les ponts avec leur ancien parti. François Chasseigne, ancien responsable des jeunesses communistes, va jusqu'à préconiser pour ses anciens amis « le coup de pistolet derrière la nuque qu'on donne dans les caves de Moscou ». En fait, ce sont beaucoup de ces ex-communistes repentis qui seront assassinés, au cours des années suivantes, par des terroristes communistes chargés d'éliminer les «traîtres».
P.V National Hebdo du 10 au 16 novembre 1994
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