Il y eut un (remarquable) Livre noir du communisme rédigé sous la direction de Stéphane Courtois. Il y a maintenant un Livre noir de la Révolution française. La logique historique eût préféré que le second précédât le premier puisque l'on sait que Lénine s'inspira de la répression contre la Vendée pour ses méfaits en Russie. Mais l'idée de Livre noir étant excellente, elle a inspiré ce second ouvrage et c'est tant mieux.
NÉGATIONNISME ?
Ce livre a suscité polémique et mépris chez l'adversaire, qui n'hésite pas à crier au "négationnisme" bien que d'impeccables démocrates comme Jean Tulard, Emmanuel Le Roy Ladurie ou Mickaël Bar-Zvi y aient apporté leur contribution. Il a donc touché juste. Le mythe de la bienfaisante révolution prend sa claque. Le si consensuel René Rémond qui déclarait dans Les Droites en France : « Les réformes sociales de 1789 et le gouvernement parlementaire, bon gré mal gré, c'est là ce qu'on appelle une civilisation », avait tout faux. Nous le savions mais ce livre à plusieurs plumes mesurées, historiques et littéraires, le redit avec des arguments-massues pris dans les faits, les déclarations, les bilans des morts et des exils. Ce fut même le contraire d'une civilisation c'est-à-dire le retour à la barbarie. Paul Augustin d'Orcan cite Nietzsche : « Il est des rêveurs politiques et sociaux qui dépensent du feu et de l'éloquence à réclamer un bouleversement de tous les ordres, dans la croyance qu'aussitôt le plus superbe temple d'une telle humanité s'élèverait, pour ainsi dire, de lui-même. Malheureusement, on sait par des expériences historiques que tout bouleversement de ce genre ressuscite à nouveau les énergies les plus sauvages, les horreurs et les excès des âges reculés : que par conséquent un bouleversement peut bien être une source de force dans une humanité exténuée, mais ne peut jamais servir d'ordonnateur, d'architecte, d'artiste, de perfecteur de la nature humaine. » C'est plutôt une époque qui, « de viols d'innocentes en cannibalisme, d'ambulantes expositions de bustes sanguinolents en brandissement de gonades, exprime au nom des "droits de l'homme" les instincts les plus immondes. »
Une première partie présente les faits comme l'excellente étude sur le massacre du 10-Août par notre ami Ghislain de Diesbach. Texte particulièrement douloureux car il relate l'effroyable faiblesse de Louis XVI désarmant ses Suisses et livrant aux sauvages cette unité d'élite justement présente pour le protéger et dans laquelle on trouve bien sûr deux Diesbach, Hubert et Romain. Quand les descendants de ces victimes demandèrent en 1992 une messe à Notre-Dame de Paris, cela leur fut refusé. Elle eut lieu aux Invalides. Il ne fallait pas fâcher les thuriféraires de la révolution. Encore une lâcheté qui se paiera un jour car toutes les lâchetés se paient.
Autres études : celle de Jean de Viguerie sur la persécution antireligieuse, celle pleine d'humour de Pierre Chaunu sur la sécularisation des biens d'Eglise citant Jean de Viguerie ; « C'est à Talleyrand, sans honneur et sans vergogne, qu'appartient la honte d'avoir proposé le 10 octobre que, pour se donner les moyens de faire face à ses créanciers, l'Etat s'appropriât l'énorme richesse constituée par les biens du clergé. Ce qui implique, pour que l'opération soit rentable, que l'on vole, au profit des créanciers privilégiés, éventuellement pousse-au-crime des villes, Dieu, les enfants, les pauvres et les malades. »
DÉSHONORER L'ADVERSAIRE
Mais quel habillage juridique allait-on trouver pour justifier l'abolition du droit de propriété que les députés venaient de déclarer inviolable et sacré ? Tout rapprochement avec d'autres vols, maquillés en droits, à d'autres périodes révolutionnaires, comme en 1944-45, est permis et même conseillé. La même hypocrisie masque les mêmes appétits. Le droit révolutionnaire est abordé parfaitement par Xavier Martin. Un prêtre signe un article profond sur « Liberté, Egalité, Fraternité » ou l'impossibilité d'être fils si l'on ne se reconnaît plus de père puisqu'on l'a exécuté sur terre comme au ciel. Dû à Tancrède Josseran, un article sur la Royale, anéantie en pleine gloire et suprématie, rappelle avec justesse - et beaucoup d'humour là - aussi - que la démocratie révolutionnaire à bord des navires les mène sur les récifs ou à la défaite. « Cet esprit de corps, cet élitisme insupportable heurtaient de front les principes égalitaires de 1789. La Révolution va s'acharner à détruire, niveler, araser par tous les moyens. Les marins détonnaient par leur genre de vie, leurs habitudes, leur code de l'honneur. Ils formaient un univers bien à part en marge de la société. Les idées abstraites ne pouvaient que dérouter les gens de mer habitués à penser et agir en fonction de réalités bien concrètes. Car jusqu'à nouvel ordre les éléments déchaînés ne plient que rarement face à l'idéologie. »
Le sac des bibliothèques donne aussi un éclairage très signifiant sur l'époque. Sous la monarchie, le clergé, les aristocrates, quelques bourgeois ont des bibliothèques immenses couvrant tous les sujets. Il y a certes un enfer mais les livres existent. A la Révolution, ces bibliothèques sont volées et tout ce qui ne correspond pas à la doxa est brûlé, comme dans tout bon régime totalitaire qui se respecte.
Dans un article remarquable, Reynald Secher insiste sur le mémoricide des guerres de Vendée et cite une lettre rédigée par sept conventionnels désespérés de la tournure des événements en faveur des Blancs et qui indique le tactique à appliquer à tout prix pour gagner : « Il faut tout sacrifier pour mettre l'opinion de notre côté. Il faut supposer que les chefs insurgés ont voulu rompre le traité, se créer princes des départements qu'ils occupent ; que ces chefs ont des intelligences avec les Anglais ; qu'ils veulent leur offrir la côte, piller la ville de Nantes et s'embarquer avec le fruit de leurs rapines. » Tout cela est faux mais qu'importe, il s'agit de discréditer, de déshonorer l'adversaire. Encore un procédé qui fera école en d'autres temps.
La seconde partie offre des portraits d'écrivains peu enclins à admirer cette période, notre patron Antoine de Rivarol, Joseph de Maistre, Balzac, Maurras, Bernanos, Péguy ... D'inégale valeur, certains auteurs ayant des prudences révélatrices. Et la troisième partie, une anthologie de documents d'archives, apporte des richesses implacables.
Il faut remercier le Père Renaud Escande d'avoir fait ce livre et peut-être lui suggérer un second tome tant le sujet est vaste ... et contemporain. Il faut aussi éditer ce Livre noir en livre de poche afin que chaque jeune de France connaisse enfin la vérité.
Un autre ouvrage complète parfaitement ce Livre noir, la dernière étude du Dr Minh Dung Louis Nghiem intitulée Cannibalisme révolutionnaire. Ce médecin connaît bien les révolutions contemporaines. Etudiant à Paris, il n'avait pu rentrer chez lui au Vietnam, anéanti par les Rouges. Après une carrière médicale intense, il se consacre à l'étude du cerveau et aux dommages qu'une certaine musique fait subir au cerveau des jeunes qu'elle met en transes et réduit à l'état primitif. Elargissant ses recherches, il se rend compte que les révolutionnaires vivent les mêmes transes, abolissant tous les tabous de la civilisation. Ainsi le délicat Carrier peut-il dire lors de son procès : « Dans le département où j'ai donné la chasse aux prêtres, jamais je n'ai tant ri, éprouvé de plaisir qu'en leur voyant faire leurs grimaces en mourant. »
Et le charmant Marat de déclarer pour sa part : « Quand un homme manque de tout, il a le droit d'arracher à un autre le superflu dont il regorge. »
Le Dr Nghiem voit la révolution comme un immense défoulement qui ramène l'homme à l'état de mauvais sauvage. Et son diagnostic nous semble assez exact : « La civilisation, construite par l'homme en plusieurs dizaines de siècles, se défait inéluctablement, en passant d'abord par la destruction des lois naturelles de la politique (royauté d'un Fils du Ciel, père du peuple) en 1789 puis des lois naturelles de l'économie, par la victoire du communisme, en 1917. Enfin des lois naturelles des mœurs en mai 1968 avec l'exaltation du sexe par la victoire des doctrines psychanalytiques. Toutes ces péripéties ont permis à l'homme de se dénuder progressivement des constructions de ses ancêtres. Et bientôt déchirant le dernier "blue-jean ", il ne nous restera que des "strings" et des étuis péniens. » Et l'on pourra tranquillement revenir à l'état de nature en s'ensauvageant, mais sans devenir pour autant de Bons Sauvages.
Anne Brassié Rivarol du 13 juin 2008
Le Livre noir de la révolution française. Editions du Cerf. 882 pages, 44 €. Cannibalisme révolutionnaire par L. Nghiem. Editions de Paris. 160 pages, 15 €.
NÉGATIONNISME ?
Ce livre a suscité polémique et mépris chez l'adversaire, qui n'hésite pas à crier au "négationnisme" bien que d'impeccables démocrates comme Jean Tulard, Emmanuel Le Roy Ladurie ou Mickaël Bar-Zvi y aient apporté leur contribution. Il a donc touché juste. Le mythe de la bienfaisante révolution prend sa claque. Le si consensuel René Rémond qui déclarait dans Les Droites en France : « Les réformes sociales de 1789 et le gouvernement parlementaire, bon gré mal gré, c'est là ce qu'on appelle une civilisation », avait tout faux. Nous le savions mais ce livre à plusieurs plumes mesurées, historiques et littéraires, le redit avec des arguments-massues pris dans les faits, les déclarations, les bilans des morts et des exils. Ce fut même le contraire d'une civilisation c'est-à-dire le retour à la barbarie. Paul Augustin d'Orcan cite Nietzsche : « Il est des rêveurs politiques et sociaux qui dépensent du feu et de l'éloquence à réclamer un bouleversement de tous les ordres, dans la croyance qu'aussitôt le plus superbe temple d'une telle humanité s'élèverait, pour ainsi dire, de lui-même. Malheureusement, on sait par des expériences historiques que tout bouleversement de ce genre ressuscite à nouveau les énergies les plus sauvages, les horreurs et les excès des âges reculés : que par conséquent un bouleversement peut bien être une source de force dans une humanité exténuée, mais ne peut jamais servir d'ordonnateur, d'architecte, d'artiste, de perfecteur de la nature humaine. » C'est plutôt une époque qui, « de viols d'innocentes en cannibalisme, d'ambulantes expositions de bustes sanguinolents en brandissement de gonades, exprime au nom des "droits de l'homme" les instincts les plus immondes. »
Une première partie présente les faits comme l'excellente étude sur le massacre du 10-Août par notre ami Ghislain de Diesbach. Texte particulièrement douloureux car il relate l'effroyable faiblesse de Louis XVI désarmant ses Suisses et livrant aux sauvages cette unité d'élite justement présente pour le protéger et dans laquelle on trouve bien sûr deux Diesbach, Hubert et Romain. Quand les descendants de ces victimes demandèrent en 1992 une messe à Notre-Dame de Paris, cela leur fut refusé. Elle eut lieu aux Invalides. Il ne fallait pas fâcher les thuriféraires de la révolution. Encore une lâcheté qui se paiera un jour car toutes les lâchetés se paient.
Autres études : celle de Jean de Viguerie sur la persécution antireligieuse, celle pleine d'humour de Pierre Chaunu sur la sécularisation des biens d'Eglise citant Jean de Viguerie ; « C'est à Talleyrand, sans honneur et sans vergogne, qu'appartient la honte d'avoir proposé le 10 octobre que, pour se donner les moyens de faire face à ses créanciers, l'Etat s'appropriât l'énorme richesse constituée par les biens du clergé. Ce qui implique, pour que l'opération soit rentable, que l'on vole, au profit des créanciers privilégiés, éventuellement pousse-au-crime des villes, Dieu, les enfants, les pauvres et les malades. »
DÉSHONORER L'ADVERSAIRE
Mais quel habillage juridique allait-on trouver pour justifier l'abolition du droit de propriété que les députés venaient de déclarer inviolable et sacré ? Tout rapprochement avec d'autres vols, maquillés en droits, à d'autres périodes révolutionnaires, comme en 1944-45, est permis et même conseillé. La même hypocrisie masque les mêmes appétits. Le droit révolutionnaire est abordé parfaitement par Xavier Martin. Un prêtre signe un article profond sur « Liberté, Egalité, Fraternité » ou l'impossibilité d'être fils si l'on ne se reconnaît plus de père puisqu'on l'a exécuté sur terre comme au ciel. Dû à Tancrède Josseran, un article sur la Royale, anéantie en pleine gloire et suprématie, rappelle avec justesse - et beaucoup d'humour là - aussi - que la démocratie révolutionnaire à bord des navires les mène sur les récifs ou à la défaite. « Cet esprit de corps, cet élitisme insupportable heurtaient de front les principes égalitaires de 1789. La Révolution va s'acharner à détruire, niveler, araser par tous les moyens. Les marins détonnaient par leur genre de vie, leurs habitudes, leur code de l'honneur. Ils formaient un univers bien à part en marge de la société. Les idées abstraites ne pouvaient que dérouter les gens de mer habitués à penser et agir en fonction de réalités bien concrètes. Car jusqu'à nouvel ordre les éléments déchaînés ne plient que rarement face à l'idéologie. »
Le sac des bibliothèques donne aussi un éclairage très signifiant sur l'époque. Sous la monarchie, le clergé, les aristocrates, quelques bourgeois ont des bibliothèques immenses couvrant tous les sujets. Il y a certes un enfer mais les livres existent. A la Révolution, ces bibliothèques sont volées et tout ce qui ne correspond pas à la doxa est brûlé, comme dans tout bon régime totalitaire qui se respecte.
Dans un article remarquable, Reynald Secher insiste sur le mémoricide des guerres de Vendée et cite une lettre rédigée par sept conventionnels désespérés de la tournure des événements en faveur des Blancs et qui indique le tactique à appliquer à tout prix pour gagner : « Il faut tout sacrifier pour mettre l'opinion de notre côté. Il faut supposer que les chefs insurgés ont voulu rompre le traité, se créer princes des départements qu'ils occupent ; que ces chefs ont des intelligences avec les Anglais ; qu'ils veulent leur offrir la côte, piller la ville de Nantes et s'embarquer avec le fruit de leurs rapines. » Tout cela est faux mais qu'importe, il s'agit de discréditer, de déshonorer l'adversaire. Encore un procédé qui fera école en d'autres temps.
La seconde partie offre des portraits d'écrivains peu enclins à admirer cette période, notre patron Antoine de Rivarol, Joseph de Maistre, Balzac, Maurras, Bernanos, Péguy ... D'inégale valeur, certains auteurs ayant des prudences révélatrices. Et la troisième partie, une anthologie de documents d'archives, apporte des richesses implacables.
Il faut remercier le Père Renaud Escande d'avoir fait ce livre et peut-être lui suggérer un second tome tant le sujet est vaste ... et contemporain. Il faut aussi éditer ce Livre noir en livre de poche afin que chaque jeune de France connaisse enfin la vérité.
Un autre ouvrage complète parfaitement ce Livre noir, la dernière étude du Dr Minh Dung Louis Nghiem intitulée Cannibalisme révolutionnaire. Ce médecin connaît bien les révolutions contemporaines. Etudiant à Paris, il n'avait pu rentrer chez lui au Vietnam, anéanti par les Rouges. Après une carrière médicale intense, il se consacre à l'étude du cerveau et aux dommages qu'une certaine musique fait subir au cerveau des jeunes qu'elle met en transes et réduit à l'état primitif. Elargissant ses recherches, il se rend compte que les révolutionnaires vivent les mêmes transes, abolissant tous les tabous de la civilisation. Ainsi le délicat Carrier peut-il dire lors de son procès : « Dans le département où j'ai donné la chasse aux prêtres, jamais je n'ai tant ri, éprouvé de plaisir qu'en leur voyant faire leurs grimaces en mourant. »
Et le charmant Marat de déclarer pour sa part : « Quand un homme manque de tout, il a le droit d'arracher à un autre le superflu dont il regorge. »
Le Dr Nghiem voit la révolution comme un immense défoulement qui ramène l'homme à l'état de mauvais sauvage. Et son diagnostic nous semble assez exact : « La civilisation, construite par l'homme en plusieurs dizaines de siècles, se défait inéluctablement, en passant d'abord par la destruction des lois naturelles de la politique (royauté d'un Fils du Ciel, père du peuple) en 1789 puis des lois naturelles de l'économie, par la victoire du communisme, en 1917. Enfin des lois naturelles des mœurs en mai 1968 avec l'exaltation du sexe par la victoire des doctrines psychanalytiques. Toutes ces péripéties ont permis à l'homme de se dénuder progressivement des constructions de ses ancêtres. Et bientôt déchirant le dernier "blue-jean ", il ne nous restera que des "strings" et des étuis péniens. » Et l'on pourra tranquillement revenir à l'état de nature en s'ensauvageant, mais sans devenir pour autant de Bons Sauvages.
Anne Brassié Rivarol du 13 juin 2008
Le Livre noir de la révolution française. Editions du Cerf. 882 pages, 44 €. Cannibalisme révolutionnaire par L. Nghiem. Editions de Paris. 160 pages, 15 €.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire