❑ À la veille de la première guerre civile européenne, en 1914, mon compatriote cherbourgeois Georges Sorel préfaçait le livre de son ami socialiste Edouard Berth : Les Méfaits des intellectuels. Ces deux hommes ne pourraient que se réjouir du remarquable ouvrage que le Britannique Paul Johnson vient de publier : Le grand mensonge des intellectuels.
A travers une douzaine d'exemples, cet universitaire, qui utilise la langue précise et acerbe du polémiste, dénonce la conjonction de « vices privés et de vertus publiques » qui caractérise, dans bien des cas, nos donneurs de leçons, signataires de manifestes et autres grandes consciences. Il ne s'attache d'ailleurs qu'aux gros poissons, et dédaigne le menu fretin qui encombre les salles de rédaction, les écrans de télé et les mises en scène humanitaires.
Ces intellectuels, qui se situent en gros de Rousseau à Sartre, sont bien entendu « de gauche », comme s'il s'agissait d'un monopole de l'hémiplégie parlementaire sur le monde des idées, si facilement abandonné par une droite affairiste et prudhommesque.
Il ne peut être question de suivre ici tous ces itinéraires, d'autant que les origines de l'auteur l'incitent à accorder une place un peu envahissante au monde anglo-saxon.
Antisémitisme délirant
A tout seigneur, tout honneur, si l'on peut dire. Celui qui se sort le plus mal de cette confrontation entre l'univers abstrait de son système idéologique et la réalité quotidienne est sans doute Karl Marx.
Fils de Hirschel Ha-Levi Marx, après avoir reçu une éducation chrétienne, bourgeoise et libérale, il se montra d'un antisémitisme délirant et d'un racisme obsessionnel, traitant ainsi son ex-coreligionnaire Ferdinand Lassalle de « nègre juif » !
Paul Johnson démonte la méthode de travail de Karl Marx. « Il ne reçut pas la moindre éducation judaïque, ne tenta jamais de l'acquérir, ne manifesta jamais le moindre intérêt pour les causes juives. Il développa néanmoins des traits propres à l'éducation talmudique : une tendance à accumuler des - masses d'information - mal assimilées - à entreprendre des travaux encyclopédiques - jamais achevés - le tout assorti d'un souverain mépris pour tous ceux qui n'étaient pas des érudits. Toute son œuvre porte l'empreinte de l'approche talmudique. Elle est faite essentiellement de commentaires et de critiques sur le travail des autres.»
« Machine à dévorer des livres », Marx est aussi un prodigieux emprunteur d'idées et de formules, qu'il n'hésite jamais à présenter comme siennes devenant « expert dans l'art de citer les autres, de faufiler leurs idées au moment opportun de son discours ».
Rien de véritablement scientifique chez lui, mais au contraire, un préjugé essentiellement poétique mis en scène dans un jargon académique « S'il fréquenta les bibliothèques, il ne mit jamais les pieds de sa vie dans une filature, une usine, une mine ou tout autre site industriel. » Mieux encore : « Il prit soin d'écarter des postes influents de la Ligue communiste tous les socialistes issus de la classe ouvrière. »
Marx fut en général incapable d'achever des « travaux » qu'il prétendait scientifiques, mais qui ne l'étaient pas davantage « qu'un almanach d'astrologie » ! Ses sources d'information étaient « périmées depuis cinq, dix, vingt, vingt-cinq ou même quarante ans ». Il oublia toujours de tenir compte des faits invalidant ses « preuves », et n'hésita pas à se livrer à des forgeries pures et simples. Le chapitre 8 du Capital, par exemple, repose sur une falsification délibérée et systématique.
Coléreux, buveur et fumeur enragé, d'une saleté repoussante, il avait la manie de constituer des dossiers sur ses adversaires politiques et ses ennemis personnels et les communiquait à l'occasion à la police. Une donneuse, en prime!
On imagine ce que fut l'existence de sa femme Jenny et de ses filles, sans compter ses gendres :
Longuet qui avait le malheur de préférer Proudhon à son beau-père et Lafargue, partisan de Bakounine, qu'il nommait le « Négrillon » ou le « Gorille » parce qu'il était né à Cuba!
L'histoire de la pauvre Helen Demuth est encore plus affligeante : « Au cours de ses recherches sur les iniquités commises par les capitalistes britanniques, Marx rencontra bien des cas d'ouvriers sous-payés. Mais il ne parvint jamais à en découvrir un seul qui ne fut pas payé du tout. Pourtant, ce cas existait. Ce fut celui de sa propre domestique. » Pour seul salaire, elle devint la maîtresse de Marx, dont elle eut un enfant. Mais il persuada son camarade Engels d'endosser en privé la paternité pour éviter le qu'en-dira-t-on et sauver une cellule familiale dont il tirait quelque bénéfice financier. Ce géniteur honteux ne voulut jamais rencontrer son rejeton, qui devait mourir en janvier 1929.
La palme à Hemingway
Si Ibsen et Tolstoï sont fort malmenés dans ce livre, la palme du mensonge élevé à la hauteur d'une industrie revient sans doute à Hemingway. On ignore trop que cet Américain hâbleur et tonitruant fut, par ailleurs, une créature servile du communisme, dont il servit la propagande, surtout pendant la guerre d'Espagne : « Son militantisme pro-communiste connut son apogée le 4 juin 1937, lorsqu'il prit fa parole au IIe congrès des écrivains, organisé par le PC américain à New York, au Carnegie Hall. » Après avoir abandonné les trotskistes, anarchistes et autres républicains espagnols à l'épuration bolchevique, il devait s'installer à Cuba où il fut largement subventionné pendant la guerre par les Etats-Unis pour organiser, à 1 000 dollars par mois, un groupe d'agents secrets destinés à lutter contre un imaginaire fascisme caraïbe. Ses saouleries et ses coucheries ont déconcerté même les biographes les plus endurcis.
Une autre grande conscience démocratique ne sort certes pas grandie de ce livre, c'est l'inévitable Bertolt Brecht, qui sut exploiter le filon du théâtre subventionné par l'Etat et servit, pendant trente ans, le communisme en Allemagne de l'Est, ce qui ne l'empêcha pas de posséder un passeport autrichien, un éditeur en Allemagne de l'Ouest et un compte en banque en Suisse, tandis qu'à Berlin-Est, il disposait de 250 employés, dont 60 acteurs.
Quant à sa réputation littéraire, elle apparaît bien surfaite : « Il trouva un style très original et créatif pour mettre en scène des sujets puisés chez d'autres écrivains. Aucun auteur ne se rendit aussi célèbre en adaptant, voire en plagiant les idées d'autrui. »
Sur le plan privé, il lutta pour les droits de l'Homme sans se soucier outre mesure du bonheur de ses proches, à commencer par ses innombrables maîtresses : « Parmi tous ceux dont j'ai étudier le cas, conclut Johnson qui le qualifie de «cœur de glace», c'est le seul personnage qui semble totalement démuni de traits rédempteurs. »
Jean-Paul Sartre ne pouvait que faire partie de cette impitoyable galerie de portraits. Il n'est certes pas plus sympathique que ses collègues, les intellectuels à la bonne conscience et au cœur sale.
Paul Johnson: Le grand mensonge des intellectuels: Vices privés et vérités publiques. 366 pages, Robert Laffont.
✍ Jean MABIRE National Hebdo - Semaine du 15 ou 21 avril 1993
A travers une douzaine d'exemples, cet universitaire, qui utilise la langue précise et acerbe du polémiste, dénonce la conjonction de « vices privés et de vertus publiques » qui caractérise, dans bien des cas, nos donneurs de leçons, signataires de manifestes et autres grandes consciences. Il ne s'attache d'ailleurs qu'aux gros poissons, et dédaigne le menu fretin qui encombre les salles de rédaction, les écrans de télé et les mises en scène humanitaires.
Ces intellectuels, qui se situent en gros de Rousseau à Sartre, sont bien entendu « de gauche », comme s'il s'agissait d'un monopole de l'hémiplégie parlementaire sur le monde des idées, si facilement abandonné par une droite affairiste et prudhommesque.
Il ne peut être question de suivre ici tous ces itinéraires, d'autant que les origines de l'auteur l'incitent à accorder une place un peu envahissante au monde anglo-saxon.
Antisémitisme délirant
A tout seigneur, tout honneur, si l'on peut dire. Celui qui se sort le plus mal de cette confrontation entre l'univers abstrait de son système idéologique et la réalité quotidienne est sans doute Karl Marx.
Fils de Hirschel Ha-Levi Marx, après avoir reçu une éducation chrétienne, bourgeoise et libérale, il se montra d'un antisémitisme délirant et d'un racisme obsessionnel, traitant ainsi son ex-coreligionnaire Ferdinand Lassalle de « nègre juif » !
Paul Johnson démonte la méthode de travail de Karl Marx. « Il ne reçut pas la moindre éducation judaïque, ne tenta jamais de l'acquérir, ne manifesta jamais le moindre intérêt pour les causes juives. Il développa néanmoins des traits propres à l'éducation talmudique : une tendance à accumuler des - masses d'information - mal assimilées - à entreprendre des travaux encyclopédiques - jamais achevés - le tout assorti d'un souverain mépris pour tous ceux qui n'étaient pas des érudits. Toute son œuvre porte l'empreinte de l'approche talmudique. Elle est faite essentiellement de commentaires et de critiques sur le travail des autres.»
« Machine à dévorer des livres », Marx est aussi un prodigieux emprunteur d'idées et de formules, qu'il n'hésite jamais à présenter comme siennes devenant « expert dans l'art de citer les autres, de faufiler leurs idées au moment opportun de son discours ».
Rien de véritablement scientifique chez lui, mais au contraire, un préjugé essentiellement poétique mis en scène dans un jargon académique « S'il fréquenta les bibliothèques, il ne mit jamais les pieds de sa vie dans une filature, une usine, une mine ou tout autre site industriel. » Mieux encore : « Il prit soin d'écarter des postes influents de la Ligue communiste tous les socialistes issus de la classe ouvrière. »
Marx fut en général incapable d'achever des « travaux » qu'il prétendait scientifiques, mais qui ne l'étaient pas davantage « qu'un almanach d'astrologie » ! Ses sources d'information étaient « périmées depuis cinq, dix, vingt, vingt-cinq ou même quarante ans ». Il oublia toujours de tenir compte des faits invalidant ses « preuves », et n'hésita pas à se livrer à des forgeries pures et simples. Le chapitre 8 du Capital, par exemple, repose sur une falsification délibérée et systématique.
Coléreux, buveur et fumeur enragé, d'une saleté repoussante, il avait la manie de constituer des dossiers sur ses adversaires politiques et ses ennemis personnels et les communiquait à l'occasion à la police. Une donneuse, en prime!
On imagine ce que fut l'existence de sa femme Jenny et de ses filles, sans compter ses gendres :
Longuet qui avait le malheur de préférer Proudhon à son beau-père et Lafargue, partisan de Bakounine, qu'il nommait le « Négrillon » ou le « Gorille » parce qu'il était né à Cuba!
L'histoire de la pauvre Helen Demuth est encore plus affligeante : « Au cours de ses recherches sur les iniquités commises par les capitalistes britanniques, Marx rencontra bien des cas d'ouvriers sous-payés. Mais il ne parvint jamais à en découvrir un seul qui ne fut pas payé du tout. Pourtant, ce cas existait. Ce fut celui de sa propre domestique. » Pour seul salaire, elle devint la maîtresse de Marx, dont elle eut un enfant. Mais il persuada son camarade Engels d'endosser en privé la paternité pour éviter le qu'en-dira-t-on et sauver une cellule familiale dont il tirait quelque bénéfice financier. Ce géniteur honteux ne voulut jamais rencontrer son rejeton, qui devait mourir en janvier 1929.
La palme à Hemingway
Si Ibsen et Tolstoï sont fort malmenés dans ce livre, la palme du mensonge élevé à la hauteur d'une industrie revient sans doute à Hemingway. On ignore trop que cet Américain hâbleur et tonitruant fut, par ailleurs, une créature servile du communisme, dont il servit la propagande, surtout pendant la guerre d'Espagne : « Son militantisme pro-communiste connut son apogée le 4 juin 1937, lorsqu'il prit fa parole au IIe congrès des écrivains, organisé par le PC américain à New York, au Carnegie Hall. » Après avoir abandonné les trotskistes, anarchistes et autres républicains espagnols à l'épuration bolchevique, il devait s'installer à Cuba où il fut largement subventionné pendant la guerre par les Etats-Unis pour organiser, à 1 000 dollars par mois, un groupe d'agents secrets destinés à lutter contre un imaginaire fascisme caraïbe. Ses saouleries et ses coucheries ont déconcerté même les biographes les plus endurcis.
Une autre grande conscience démocratique ne sort certes pas grandie de ce livre, c'est l'inévitable Bertolt Brecht, qui sut exploiter le filon du théâtre subventionné par l'Etat et servit, pendant trente ans, le communisme en Allemagne de l'Est, ce qui ne l'empêcha pas de posséder un passeport autrichien, un éditeur en Allemagne de l'Ouest et un compte en banque en Suisse, tandis qu'à Berlin-Est, il disposait de 250 employés, dont 60 acteurs.
Quant à sa réputation littéraire, elle apparaît bien surfaite : « Il trouva un style très original et créatif pour mettre en scène des sujets puisés chez d'autres écrivains. Aucun auteur ne se rendit aussi célèbre en adaptant, voire en plagiant les idées d'autrui. »
Sur le plan privé, il lutta pour les droits de l'Homme sans se soucier outre mesure du bonheur de ses proches, à commencer par ses innombrables maîtresses : « Parmi tous ceux dont j'ai étudier le cas, conclut Johnson qui le qualifie de «cœur de glace», c'est le seul personnage qui semble totalement démuni de traits rédempteurs. »
Jean-Paul Sartre ne pouvait que faire partie de cette impitoyable galerie de portraits. Il n'est certes pas plus sympathique que ses collègues, les intellectuels à la bonne conscience et au cœur sale.
Paul Johnson: Le grand mensonge des intellectuels: Vices privés et vérités publiques. 366 pages, Robert Laffont.
✍ Jean MABIRE National Hebdo - Semaine du 15 ou 21 avril 1993
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