Il y a un demi siècle l'historien Fernand Braudel publiait un ouvrage qui allait faire date : La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II (1966, réédité en 1990). Même si aujourd'hui il date, ce travail reste un classique. Il a en particulier le mérite d'avoir pour la première fois mis en évidence l'importance de la piraterie et de la traite des esclaves dans le bassin méditerranéen. Cependant, comme le fait remarquer Robert C. Davis, on attend toujours un « recensement d'ensemble comparable (à celui concernant la traite transatlantique) des esclaves en Méditerranée ». Il faut donc se contenter de chiffres fragmentaires ou estimés.
les estimations
« Ce ne serait pas forcer la vérité de dire qu'ils ont mis plus d'un million (de chrétiens) dans les chaînes », ceci pour la seule période allant de 1530 à 1640, soit un gros siècle, affirme Pierre Dan dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires, publiée à Paris en 1649.
Emmanuel d'Aranda, qui fut lui-même esclave dans le milieu du XVIIe siècle, écrit dans sa Relation de la captivité du sieur E. d'Arûnda mené esclave à Alger en l'an 1640 et mis en liberté en l'an 1642 (Bruxelles, 1656) que dans cette ville, des misères de l'esclavage ont consumé la vie de six cent mille chrétiens, depuis l'an 1536 que Cheredin Barbarossa l'a mis sous sa puissance» (plus connu en Europe sous le nom de Barberousse (?-1546), ce pirate turc est le fondateur de l'Etat d'Alger dont il fit hommage au sultan, obtenant en retour les titres de pacha et de beylerbey. En 1543 il collaborera même avec les Français, contre Charles-Quint).
Les historiens contemporains se livrent bien entendu à des batailles de chiffres ; il semble cependant que, toujours en ce qui concerne Alger, on puisse situer le « nombre moyen permanent » d'esclaves entre 25 et 30.000 personnes. Il y avait bien évidemment un fort turn over du fait de l'importance de la mortalité.
Cette ville était de loin la capitale de l'esclavage au Maghreb, ainsi dans l'ouvrage dont les références figurent en fin de texte, Robert C. Davis n'accorde qu'environ 6.000 esclaves « permanents » à Tunis et « peut-être 2.000 pour Tripoli et les plus petits centres ».
A l'issue de ses calculs le même auteur conclu : "... entre 1530 et 1780, presque certainement un million et très probablement jusgu'à 1.250.000 Européens, chrétiens et blancs se virent asservis par les musulmans de la côte barbaresque».
Rappelons que ces chiffres ne concernent que la partie occidentale de l'empire turc.
Des chiffes précis mais fragmentaires :
- Entre 1570 et 1606 : la Sicile est l'objet d'au moins 136 attaques des Barbaresques.
- Entre novembre 1593 et août 1594 : les corsaires tunisiens font 1.722 captifs.
- Entre 1606 et 1609: la Royal Navy reconnaît la perte de 466 navires anglais et écossais pris par les Algérois.
- Entre 1609 et 1619 : sur les 8.000 captifs réduits en esclavage à Alger, 1.925 adultes et environ 300 enfants virèrent Turcs (c'est-à-dire se convertirent à l'Islam).
- Entre 1613 et 1621 : les Algérois prennent 936 vaisseaux français, hollandais, allemands, anglais ou espagnols (chiffres avancés par le père trinitaire Pierre Dan).
- 1624 : un raid a lieu sur la possession vénitienne de Perasto, aboutissant à la capture de 450 villageois dont le tiers périt dans l'année.
- 1627 : les Algérois enlèvent quelque 400 Islandais, dont il ne survivait que 70 huit ans plus tard.
- Entre 1628 et 1634 les Algérois prennent rien qu'à la France 80 navires marchands pour 986 captifs, dont on connaît le décès de 119. Par ailleurs 149 d'entre eux devinrent renégats. Bilan comparatif avec les prises sur les Anglais de 1628 à 1641 : 131 navires et 2.555 "sujets de Sa Majesté).
- 1631 : les Algérois enlèvent 237 Irlandais à la ville de Baltimore (Munster). On ne connaît le sort que de deux (ou trois), qui rachetés purent revoir leur pays.
- 1645 : les corsaires musulmans ravissent 240 esclaves sur la côte de Cornouaille.
- Entre juillet 1677 et octobre ]680 : les Algérois prennent ou détruisent 60 navires britanniques.
- Entre 1677 et 1685 : les pirates de Tripoli, pourtant moins perforants, enlèvent cependant 75 navires chrétiens et 1.085 captifs.
Ensemble du XVlle siècle : les seuls Trinitaires (l'un des ordres religieux voués à la rédemption des esclaves) réussissent à racheter et à libérer 15.573 chrétiens lors de 72 voyages s'étalant sur 77 ans.
Aventures et dossiers secrets de l'Histoire
les estimations
« Ce ne serait pas forcer la vérité de dire qu'ils ont mis plus d'un million (de chrétiens) dans les chaînes », ceci pour la seule période allant de 1530 à 1640, soit un gros siècle, affirme Pierre Dan dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires, publiée à Paris en 1649.
Emmanuel d'Aranda, qui fut lui-même esclave dans le milieu du XVIIe siècle, écrit dans sa Relation de la captivité du sieur E. d'Arûnda mené esclave à Alger en l'an 1640 et mis en liberté en l'an 1642 (Bruxelles, 1656) que dans cette ville, des misères de l'esclavage ont consumé la vie de six cent mille chrétiens, depuis l'an 1536 que Cheredin Barbarossa l'a mis sous sa puissance» (plus connu en Europe sous le nom de Barberousse (?-1546), ce pirate turc est le fondateur de l'Etat d'Alger dont il fit hommage au sultan, obtenant en retour les titres de pacha et de beylerbey. En 1543 il collaborera même avec les Français, contre Charles-Quint).
Les historiens contemporains se livrent bien entendu à des batailles de chiffres ; il semble cependant que, toujours en ce qui concerne Alger, on puisse situer le « nombre moyen permanent » d'esclaves entre 25 et 30.000 personnes. Il y avait bien évidemment un fort turn over du fait de l'importance de la mortalité.
Cette ville était de loin la capitale de l'esclavage au Maghreb, ainsi dans l'ouvrage dont les références figurent en fin de texte, Robert C. Davis n'accorde qu'environ 6.000 esclaves « permanents » à Tunis et « peut-être 2.000 pour Tripoli et les plus petits centres ».
A l'issue de ses calculs le même auteur conclu : "... entre 1530 et 1780, presque certainement un million et très probablement jusgu'à 1.250.000 Européens, chrétiens et blancs se virent asservis par les musulmans de la côte barbaresque».
Rappelons que ces chiffres ne concernent que la partie occidentale de l'empire turc.
Des chiffes précis mais fragmentaires :
- Entre 1570 et 1606 : la Sicile est l'objet d'au moins 136 attaques des Barbaresques.
- Entre novembre 1593 et août 1594 : les corsaires tunisiens font 1.722 captifs.
- Entre 1606 et 1609: la Royal Navy reconnaît la perte de 466 navires anglais et écossais pris par les Algérois.
- Entre 1609 et 1619 : sur les 8.000 captifs réduits en esclavage à Alger, 1.925 adultes et environ 300 enfants virèrent Turcs (c'est-à-dire se convertirent à l'Islam).
- Entre 1613 et 1621 : les Algérois prennent 936 vaisseaux français, hollandais, allemands, anglais ou espagnols (chiffres avancés par le père trinitaire Pierre Dan).
- 1624 : un raid a lieu sur la possession vénitienne de Perasto, aboutissant à la capture de 450 villageois dont le tiers périt dans l'année.
- 1627 : les Algérois enlèvent quelque 400 Islandais, dont il ne survivait que 70 huit ans plus tard.
- Entre 1628 et 1634 les Algérois prennent rien qu'à la France 80 navires marchands pour 986 captifs, dont on connaît le décès de 119. Par ailleurs 149 d'entre eux devinrent renégats. Bilan comparatif avec les prises sur les Anglais de 1628 à 1641 : 131 navires et 2.555 "sujets de Sa Majesté).
- 1631 : les Algérois enlèvent 237 Irlandais à la ville de Baltimore (Munster). On ne connaît le sort que de deux (ou trois), qui rachetés purent revoir leur pays.
- 1645 : les corsaires musulmans ravissent 240 esclaves sur la côte de Cornouaille.
- Entre juillet 1677 et octobre ]680 : les Algérois prennent ou détruisent 60 navires britanniques.
- Entre 1677 et 1685 : les pirates de Tripoli, pourtant moins perforants, enlèvent cependant 75 navires chrétiens et 1.085 captifs.
Ensemble du XVlle siècle : les seuls Trinitaires (l'un des ordres religieux voués à la rédemption des esclaves) réussissent à racheter et à libérer 15.573 chrétiens lors de 72 voyages s'étalant sur 77 ans.
Aventures et dossiers secrets de l'Histoire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire