jeudi 31 juillet 2025
mercredi 30 juillet 2025
Les routes de l’UE ne sont pas adaptées au transport de troupes
Le commissaire au Transport durable et au Tourisme de l’Union européenne, Apostolos Tzitzikostas, a lancé un avertissement sévère sur la préparation du continent à la guerre, affirmant que les routes, les chemins de fer et les ponts européens auraient du mal à soutenir un déploiement militaire à grande échelle en cas de conflit avec la Russie.
«Les routes et les voies ferrées européennes ne sont pas adaptées à une guerre avec la Russie, prévient le commissaire européen aux transports, Apostolos Tzitzikostas», stipule le Financial Times.
«Nous avons de vieux ponts à rénover, des ponts étroits à élargir, et des ponts inexistants à construire», a-t-il souligné.
Il a averti que si les forces de l’OTAN devaient se mobiliser rapidement pour défendre la frontière orientale de l’UE, leur réponse pourrait être gravement entravée par des faiblesses structurelles, des procédures frontalières obsolètes et des goulets d’étranglement dans les transports. «La réalité aujourd’hui est que si nous voulons déplacer du matériel militaire et des troupes de l’ouest de l’Europe vers l’est, cela prend des semaines, voire des mois», a-t-il averti.
«Au cœur du problème réside le fait que la majeure partie du réseau de transport européen n’a jamais été conçue dans une optique de logistique militaire. Les camions civils sont généralement limités à un poids total en charge de 40 tonnes, tandis que les chars de combat peuvent peser jusqu’à 70 tonnes, ce qui rend de nombreux ponts structurellement inadaptés à des déploiements blindés rapides», conclut le quotidien anglophone.
source : Observateur Continental
mardi 29 juillet 2025
Ukraine, terrain d’essai pour l’armement occidental
par Alexandre Lemoine
Les entreprises militaires occidentales développent la production d’armes en Ukraine pour les tester sur le champ de bataille. Le conflit actuel permet de mieux comprendre les spécificités des opérations de combat modernes, en particulier, quelles armes sont nécessaires pour les guerres à venir.
Les fabricants d’armes occidentaux ne se contentent plus aujourd’hui de livrer leurs produits en Ukraine, ils s’y implantent activement. Le conflit avec la Russie s’éternise et les entreprises militaires de l’OTAN ouvrent des bureaux de représentation, établissent des lignes de production et coopèrent étroitement avec des partenaires ukrainiens directement dans le pays en guerre, écrit Business Insider.
L’Ukraine reçoit une aide militaire rapide et ciblée. L’Occident, lui, obtient ce qu’on ne peut acheter avec de l’argent : l’expérience d’opérations de combat modernes en temps réel.
L’industrie de défense ukrainienne offre des connaissances acquises par le sang et les pays de l’OTAN peuvent s’initier à ces secrets militaires sans même combattre eux-mêmes.
Dans un entretien avec Business Insider, des représentants de l’industrie militaire ukrainienne ont qualifié le travail des entreprises de défense occidentales dans leur pays de «mutuellement bénéfique» («win-win»). Cela permet, d’une part, de tirer les leçons des opérations de combat et d’étudier l’expérience ukrainienne, et d’autre part, cela aide Kiev à lutter contre la Russie.
De nombreux dirigeants européens ont reconnu que leur propre industrie pouvait beaucoup apprendre du secteur de défense ukrainien en développement rapide.
Le directeur général du Conseil ukrainien des armuriers Ihor Fedirko, dont l’organisme professionnel représente plus de 100 entreprises de défense, a déclaré qu’en ouvrant des bureaux de représentation et en établissant la production en Ukraine, les entreprises occidentales acquièrent de l’expérience «pour notre travail commun». Les nouvelles technologies modifient considérablement les approches établies. Les développements dans le domaine des drones sont les plus révélateurs à cet égard.
Entreprises occidentales en Ukraine
Parmi la liste croissante d’entreprises militaires occidentales ayant ouvert des capacités de production en Ukraine figurent l’allemande Quantum Systems, spécialisée dans le développement de drones et de systèmes de reconnaissance aérienne, qui a promis le mois dernier de doubler ses capacités de production dans le pays, ainsi que le groupe franco-allemand KNDS.
La multinationale britannique d’armement et aérospatiale BAE Systems a également ouvert une production en Ukraine, et l’entreprise de défense norvégienne Nammo a signé un accord de coopération avec une société de défense ukrainienne. Le fabricant d’armes allemand Rheinmetall prévoit d’ouvrir plusieurs usines en Ukraine, notamment pour la production de munitions pour le véhicule de combat d’infanterie Lynx.
Même les entreprises occidentales qui n’ont pas de capacités de production en Ukraine testent leurs produits dans le pays, coopérant avec des entreprises locales et des militaires et s’adaptant aux nouvelles conditions en temps réel.
Kuldar Väärsi, directeur général de l’entreprise de défense estonienne Milrem Robotics, qui produit des robots militaires comme le célèbre THeMIS et en teste certains en Ukraine, a déclaré à Business Insider qu’il coopérait directement avec l’industrie ukrainienne pour maintenir la pertinence de ses systèmes, ainsi que pour «tirer les leçons du conflit ukrainien et améliorer le matériel militaire européen».
De plus, des projets ukrainiens comme la plateforme gouvernementale de technologies militaires Brave1 créent des opportunités pour les entreprises étrangères de tester leurs nouveautés sur le champ de bataille.
Le sous-secrétaire d’État parlementaire aux Forces armées Luke Pollard a déclaré en mai : «Si votre entreprise produit des drones mais votre équipement n’est pas en première ligne en Ukraine, vous feriez mieux d’abandonner tout de suite».
Ce que l’Occident peut apprendre
Le ministre danois de la Défense Troels Lund Poulsen a déclaré à Business Insider en février : «Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de l’Ukraine». Il a expliqué qu’il voulait que les entreprises de défense danoises «adoptent cette précieuse expérience».
Poulsen a noté que le Danemark avait beaucoup appris grâce à la nouvelle méthode d’achat d’armes pour l’Ukraine. Selon ce modèle, qu’on a appelé «danois» puisque Copenhague l’a implémenté en premier, les pays achètent des armes pour Kiev directement auprès d’entreprises ukrainiennes. Cela assure une livraison rapide et bon marché, sans imposer de coûts de production supplémentaires au complexe militaro-industriel européen déjà surchargé.
L’une des leçons clés que le Danemark doit assimiler est «comment organiser la production dans des délais serrés», a dit Poulsen.
L’Occident se prépare à un conflit sérieux, qu’il s’agisse d’une guerre entre l’OTAN et la Russie ou d’un affrontement entre les États-Unis et la Chine, et les budgets de défense croissent rapidement. Le conflit en Ukraine permet de mieux comprendre les spécificités des opérations de combat modernes : en particulier, quelles armes, tactiques et préparation sont nécessaires pour les guerres à venir.
La principale conclusion tirée du conflit est que dans les conditions d’une guerre à grande échelle, une production opérationnelle d’armes et d’équipements est nécessaire. La Première ministre danoise Mette Frederiksen a déclaré en février que si «un pays menant des opérations de combat devance tous les autres en termes de rythme de production», c’est un problème.
En travaillant en Ukraine, les entreprises occidentales obtiennent une compréhension plus profonde et une vision claire de la spécificité et des exigences des guerres modernes. La Russie assimile ces leçons par sa propre expérience. L’Occident, lui, obtient l’opportunité de rattraper son retard.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/ukraine-terrain-dessai-pour-larmement-occidental/
27 juillet 1675 : mort du maréchal de Turenne, le héros du Grand Siècle

lundi 28 juillet 2025
De Potsdam 1945 à Istanbul 2025 : la métaphysique des promesses trahies
par Cassandre G
L’Histoire ricane. Crue. Cyclique. Cruelle. Chaque traité de paix accouche d’un champ de ruines. Chaque serment solennel se transforme, sitôt proclamé, en promesse trahie. Subtilement – et parfois férocement.
Le serment souillé
En 1945, à Potsdam1, les Alliés jurent d’édifier un monde nouveau. Quatre idéaux sont tracés à l’encre fraîche, tandis que les cendres encore chaudes de l’Apocalypse flottent au-dessus de la banlieue berlinoise. À peine l’incendie européen s’est-il éteint que, dans l’ombre, d’autres – mus par l’idéologie ou la convoitise – attisent des braises plus vives.
La bombe nucléaire n’a pas encore frappé Hiroshima, mais l’heure est imminente. Dans un dernier élan d’espoir, les Alliés proclament un serment solennel : Déraciner le nazisme. Désarmer la haine. Libérer les peuples. Briser les cartels.
Un rêve. Des vœux pieux, peut-être sincères. Mais ce serment, né à l’aube de l’ère atomique, portait déjà en lui la menace qui hante encore le monde. Sitôt né – déjà trahi.
De l’utopie à la realpolitik : la perversion des idéaux
Ce serment trahi ouvre la voie à un cynisme froid. «Le but de l’OTAN est de tenir les Soviétiques à l’écart, les Américains en Europe, et les Allemands à terre», glissera plus tard Hastings Ismay, son tout premier secrétaire général.
«De Platon à l’OTAN», répètent à la légère diplomates, éditorialistes et initiés – comme une boutade brillante dans les cercles qui se croient lucides. De l’idéal à la frappe ciblée. De la cité juste à la guerre préventive. De la dialectique habile à l’injonction abrupte. C’est l’humour noir des experts, le clin d’œil complice dans les Think tanks où l’on refait le monde à huis clos, le temps d’une pause-café – inspirant, avec désinvolture, les prochains désastres.
Dans l’ombre des années 1930, un souffle discret des chancelleries esquissait la brutalité nazie comme atout, vite consumé par l’horreur.
Un autre aphorisme, tout aussi accablant : «D’Adam à Potsdam». Une formule brillante née dans l’après-guerre, évoquant l’homme, l’origine, la civilisation… Mais masquant, en creux, le naufrage moral des temps nouveaux. Tant la perversion de certains humains est – et demeure – irréversible. Les nostalgiques de l’inhumanité sont tenaces, sans remords ni repentir.
Car Potsdam n’a pas seulement été le théâtre d’un nouvel ordre mondial. Ce fut aussi le prélude au grand spectacle des renoncements – maquillés en promesses. Dès 1945, l’opération «Paperclip»2 incarne ce renoncement, éclatant et cynique : les États-Unis exfiltrent plus de 1600 scientifiques nazis, présentés comme de précieux experts. Werner von Braun3, concepteur des missiles V2 tombés sur Londres, devient bientôt le père de la conquête spatiale américaine. Naturalisé, décoré, célébré comme un héros du monde libre.
Dans les coulisses, le général Reinhard Gehlen, chef du renseignement nazi sur le front de l’Est, est protégé par Washington. Il fondera bientôt les services secrets ouest-allemands.
Theodor Oberländer, nazi de la première heure dès 1923 et impliqué dans les massacres de la communauté juive de Lvov, devient dès les années cinquante ministre de la RFA.
Iaroslav Stetsko, chef d’un État ukrainien fantoche pro-nazi en 1941, défile à Washington, accueilli à bras ouverts. Il est reçu à la Maison-Blanche et félicité par le président Ronald Reagan.
Et ce pragmatisme ténébreux, murmuré jadis, se mua désormais en un choix sans scrupules où l’utilité l’emportera sur la mémoire.
Autre scandale oublié : à l’ONU, Kurt Waldheim, ancien officier de la Wehrmacht, préside de 1972 à 1981 – sans que cela ne provoque de véritable indignation. En 1968, seule Beate Klarsfeld4 gifle cet oubli en plein visage, frappant publiquement Kurt Kiesinger, ancien dignitaire nazi devenu chancelier. Le fait que Kiesinger ait pu accéder au pouvoir malgré son passé témoigne d’un repentir douteux et constitue une blessure et un affront insoutenables envers les innombrables victimes de l’abomination nazie.
Aujourd’hui encore, la machine du révisionnisme pragmatique tourne. En 2023, le Parlement canadien ovationne Yaroslav Hunka, ex-SS de la division Galicie (CBC News, 2023), simplement parce qu’il avait combattu les Russes – nos alliés d’hier. Ignorance ? Cynisme ? Apologie concertée du nazisme ? Certains prétendent à l’ignorance. D’autres à la complexité historique. Mais tous taisent l’essentiel : le récit de guerre efface l’éthique comme on essuie une ardoise pleine.
Pendant que les experts vantent les «valeurs européennes», on acclame Oleksandr Alferov, ex-bataillon Azov, qui voit en Hitler un homme cultivé et raffiné.
Les victimes d’hier sont instrumentalisées contre celles d’aujourd’hui. La mémoire devient un outil. Un outil de guerre, aussi. Alors non, ces aphorismes ne sont pas des traits d’esprit. Ce sont des avertissements. «De Platon à l’OTAN» trace une ligne droite, sans détour, de l’utopie philosophique à la technologie militaire. «D’Adam à Potsdam» retrace la chute – non pas de l’homme, mais de ses promesses.
2025 : Le chaos perpétré par l’OTAN
Quatre-vingts ans après Potsdam, le chaos succède aux promesses. En juillet 2025, à Istanbul, la troisième tentative de paix entre l’Ukraine et la Russie s’enlise, minée par le bellicisme désordonné des dirigeants européens.
Un ballet de sourds dans une salle close. On parle, on signe, on s’observe – un progrès timide, une amorce de dialogue. Mais derrière cette façade, la diplomatie européenne, discréditée et spectatrice, entretient l’illusion d’une paix imposée par la force et une coalition sans moyens ni munitions. Convient-il d’en sourire ? Peut-être, avec exaspération et fatalisme. Ce théâtre diplomatique n’existe que pour la photo. Les positions restent figées.
L’Occident s’accroche à ses fables, fantasme un «ennemi» qu’il a lui-même construit, porté par une foi arrogante et illusoire en ses «valeurs», ou par un déni obstiné des faits. Le coup d’État de Maïdan, en 2014, renverse Ianoukovytch et fracture l’Ukraine. Les accords de Minsk sont piétinés. L’expansion obsessionnelle de l’OTAN se poursuit. Le gouvernement ukrainien, noyauté par des factions extrémistes – nationalistes et néonazies – tait ces vérités documentées.
L’Occident, aveuglé par ses certitudes, finit par croire ses propres mensonges. Comprend-il au moins les causes profondes du conflit ? Lois discriminatoires, russophobie d’État, bombardements du Donbass dès 2014, trahisons de Minsk I et II, et demandes de Moscou – neutralité de l’Ukraine, reconnaissance du Donbass, fin de l’expansion de l’OTAN, protection des russophones, dénazification – toutes ignorées.
Ces exigences, ancrées dans un souci d’équilibre géopolitique, sont rejetées en bloc. La diplomatie, balayée par l’obsession atlantiste. La guerre devient inévitable. Le refus de paix se mue en doctrine.
Les naïfs s’accrochent à leurs illusions, les autres à une morale fragile – réservée aux ennemis désignés, ignorée dès qu’elle gêne le récit dominant.
L’Occident enivré : la guerre des récits
Après l’enlisement d’Istanbul, l’Occident persiste dans son aveuglement. Que feront-ils, ces élites de l’UE et de l’Occident ? Proclamées cavaliers de l’Apocalypse par les observateurs comme par les peuples, initiateurs d’une «coalition des volontaires» ? Vont-ils «lutter jusqu’au dernier Ukrainien» ? Pourquoi pas – ce n’est pas leur peau. Ruiner définitivement leurs économies, épuiser leurs sociétés pour armer l’Ukraine ? Et surtout : refusent-ils encore d’envisager la paix autrement qu’à leurs conditions, sans interroger les causes réelles du conflit ?
S’il y a cessez-leu, ce n’est qu’un répit. Juste assez de souffle pour raviver le conflit. Pensent-ils aux peuples, à leur bien-être ? Ou, même de bonne foi, s’égarent-ils dans une croisade abstraite, où l’OTAN dicte, et les peuples paient ?
En réalité, leurs certitudes s’effondrent : ces élites ont perdu la partie stratégique et morale. Alors, dans un réflexe désespéré, elles cherchent à sauver la face – quitte à tout embraser. C’est cela, le véritable «Great Reset» qu’elles préparent.
Une guerre d’images, pas d’issues
C’est diabolique – mais c’est bien ce qui se joue sous nos yeux. La guerre n’a pas besoin d’issues. Elle a besoin d’images. Et les civils, eux, ne jouent pas : ils crèvent.
Un autre théâtre d’hypocrisie tourne en boucle sur les chaînes occidentales. L’information, alignée sur les récits kieviens et atlantistes, est simplifiée à l’extrême, sous l’angle du spectaculaire. On titre que les négociateurs sont repartis après moins d’une heure. Mais on omet de dire qu’il y avait eu des entretiens préalables.
Des accords, modestes mais réels, sur des échanges de prisonniers, de civils. C’est peu ? C’est déjà beaucoup. Et il reste tant à dire sur le reste.
Une diplomatie hors-champ
La diplomatie réelle ne se joue pas en direct, sur les plateaux, commentée par des idéologues obsédés par la formule qui fera grimper l’audimat. Aujourd’hui, la paix se cherche ailleurs : en visioconférence, dans des groupes de travail discrets. C’est fragile, incertain – mais c’est un début. Je le crois.
La paix ne se décrète pas en prime time. Elle s’élabore, silencieuse, fragile – mais elle est la seule issue. Sous Biden – démocrate d’apparence, néo-conservateur de fait – la paix était taboue. Avec Trump, ce sera du deal, du pragmatisme. Business is business. Du MAGA en uniforme, pour justifier la vente d’armes. Ça rapporte, et ça redonne à l’Amérique un rôle supposément central.
Pour l’Europe, c’est de l’acharnement, de la névrose – un désastre. Au fond du trou, elle creuse encore, embourbée dans ses dénis.
L’Histoire sous drone
Et pendant ce temps, la guerre continue : en plein écran, en direct, sur les terrains comme sur les réseaux. L’Histoire ne bégaie pas. Elle se répète – différemment, mais toujours avec cynisme.
De Platon à l’OTAN : quelle ironie. Du penseur au drone. De la cité idéale aux convois de chars Leopard, alignés sous les drapeaux d’étoiles et d’hypocrisie. Imaginiez-vous, quatre-vingts ans plus tard, des chars allemands portant la croix baltique de retour aux abords de Koursk et dans le Donbass ?
Autrefois, on récitait : «D’Adam à Potsdam» – comme une litanie civilisatrice. Mais derrière le slogan brillant, les intentions bavardes et les mots creux : que reste-t-il ? La vérité mutilée.
La mémoire profanée
On nous avait promis : plus jamais ça. Mais le cynisme a la vie dure. Dans les couloirs feutrés, les anciens nazis furent recyclés comme «techniciens de la paix». Von Braun, SS notoire, bâtit la NASA. Oberländer, complice de massacres, devient ministre. Stetsko, collaborateur ukrainien, parade à Washington. Et Klarsfeld, seule, courageuse, gifle Kiesinger, stupéfiant la République fédérale d’Allemagne amnésique.
Et pendant que ces vestiges camouflés sont salués, les charniers s’ouvrent ailleurs, menaçant de nouveaux massacres. Gaza suffoque. Koursk saigne. Le Donbass brûle depuis 2014.
Mais l’émotion est sélective. La compassion, dictée par les impératifs des oligarques. L’Europe aurait pu redevenir «pensée», puissance d’équilibre. Elle s’égare. Se décrédibilise. S’emberlificote dans ses idéologies, ses prétentions, son arrogance insoutenable.
L’arrogance dérisoire
France, Allemagne, Pologne, Grande-Bretagne – chacun y va de son arsenal. La guerre est devenue spectacle. Une scène dramatique où les puissants – ceux qui se connaissent – ne saignent pas. Les civils, eux, succombent sous les bombes.
Et pendant ce temps, les BRICS tissent une autre géographie. Ils défient l’hégémonie du dollar. Relient les peuples que l’Occident veut punir pour avoir désobéi. Jean-Noël Barrot, ce soi-disant chef de la diplomatie française, agissant en bon «Young Leader», exalté, applique avec zèle l’idéologie des sanctions – et punit une économie russe… qui grimpe au rang de 4ème puissance mondiale. Mais chut ! Il ne faut pas perturber la narration officielle. Même si elle vacille : parler russe est interdit à Odessa, à Kharkov – comme être modéré l’est sur un plateau télé.
Les slogans prolifèrent : COP29, ZFE, Paquet Climat, Paquet Défense. Tout est «pour notre bien». Même le bâillon ou plutôt le masque.
La démocratie se joue désormais à huis clos, dans une langue morte, sous la lumière froide des studios et des Think tanks. Et l’on rit – ou plutôt, on grince. On appelle «mougeons» ces citoyens trop épuisés pour bêler ou roucouler. Mais qui les a plumés ? Qui les a tondus ?
Un dernier affront tellement révélateur !
À Drap, près de Nice, une autre guerre se joue – celle de la mémoire. Le boulevard Stalingrad a été effacé des cartes. Rebaptisé, sans vergogne. La vice-maire prétend que cette bataille ne mérite pas d’hommage. Que la victoire sur le nazisme n’a plus de sens.
Ainsi, on enterre les résistants une seconde fois. Non plus sous les bombes, mais sous les arrêtés municipaux. On raye une ville martyre. On efface la maison Pavlov, où, durant 58 jours de siège, une poignée de soldats de l’Armée rouge tint bon, brisant l’épine dorsale de la Wehrmacht – quand l’armée française, en 1940, céda, elle, en 41 jours.
Le révisionnisme n’a plus besoin du bruit des bottes. Il a des fonctionnaires, des élus, des conseils municipaux zélés et amnésiques. Et le souvenir de Potsdam – ce vieux serment souillé – s’efface doucement des esprits.
Conclusion : Briser l’imbroglio, rallumer l’utopie
De Potsdam à Istanbul, des promesses trahies au chaos médiatique, l’Occident s’enferre dans son propre piège. Les élites, engluées dans leurs slogans – «D’Adam à Potsdam», chimère d’ordre ; «De Platon à l’OTAN», mirage guerrier – orchestrent un chaos qui broie les peuples, de Gaza au Donbass, de Koursk à Odessa.
De l’opération Paperclip aux pourparlers sabordés d’Istanbul, des promesses rompues de Minsk à l’expansion insatiable de l’OTAN, leur amnésie morale a noyé la vérité dans un brouillard toxique.
Mais l’Histoire n’est pas leur monopole. Comme aurait pu l’écrire aujourd’hui le jeune La Boétie, revisitant notre époque : «Notre soumission nourrit la bête insidieuse». À Mouseland5, dans cette fable de Tommy Douglas, les souris élisent encore des chats qui les dévorent.
Et, pourtant, des sans-voix se dressent, tentent l’impossible, et parfois parviennent à troubler le récit. Les Gilets jaunes, malgré les récupérations et les diffamations, ont défié le conformisme.
Récemment, Thierry Laurent-Pellet6, analyste ayant vécu en Ukraine, a interpellé Jean-Noël Barrot lors d’une conférence publique à Aix-en-Provence, livrant des vérités crues sur la situation ukrainienne – ce qui lui valut d’être hué par une salle manifestement incapable d’entendre une autre réalité.
Fait troublant : la vidéo complète de cet échange, initialement diffusée, a depuis disparu du web. Il n’en subsiste qu’un court extrait, relayé dans une compilation indépendante[6]. Ce genre d’effacement laisse songeur : ce qui a bel et bien eu lieu, aux yeux de nombreux témoins, semble n’avoir jamais existé. Pourtant, nous n’avons pas rêvé.
Ils sont rares, mais ils existent : ceux qui parlent encore, qui osent, qui montrent. Ceux qui rappellent que «lucide» ne veut pas dire muet. Soyons vigilants. Traquons les faits dans les archives, les témoignages, les documents bruts – loin des plateaux aseptisés où la «modération» masque la censure, et où la vérité dérange.
Soutenons ces voix indépendantes, celles qui critiquent et analysent les récits rafistolés par des élites souvent plus cyniques et stratèges, mais jamais bienveillantes. Refusons d’être ces «mougeons» dociles, bêlant et roucoulant à tous les narratifs imposés. Puisque, comme l’écrivait Orwell : «Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé», seule une parole libre, éclairée et collective pourra troubler cette mascarade et raviver la promesse d’un monde humain réconcilié.
Sans cela, c’est effarant – mais la bête nous engloutira.
- La conférence de Potsdam – https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/la-conference-de-potsdam
- Paperclip : le programme secret qui a conduit des scientifiques nazis aux États-Unis https://www.nationalgeographic.fr/operation-paperclip-le-programme-secret-qui-a-conduit-des-scientifiques-nazis-aux-etats-unis-seconde-guerre-mondiale
- Wernher von Braun : un nazi à la NASA – https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/wernher-von-braun-les-v2-et-redstonehttps://www.youtube.com/watch?v=Ti8HJJUOBy4
- La gifle de Beate Klarsfeld – https://www.dailymotion.com/video/x6ehzcf – https://www.youtube.com/watch?v=abTOJm5xhNs
- Au pays des souris, Thomas Douglas – https://www.monde-diplomatique.fr/2015/01/DOUGLAS/52600
- Pellet ou l’effacement d’une vérité : Le 4 juillet 2025, vers 11h30, au Parc Jourdan à Aix-en-Provence, Thierry Laurent-Pellet, analyste ayant vécu à Kiev, a interpellé Jean-Noël Barrot sur le soutien à un régime glorifiant Stepan Bandera, provoquant huées et une réponse évasive. Initialement diffusée par les services de Barrot, cette vidéo, vue en lieux publics comme des salles de sport, est devenue virale avant de disparaître en 24-48 heures. Et tandis que l’Occident s’accroche à ses fables, cette vérité filmée, née d’un cri à Aix, s’évanouit sous nos yeux, effacée par ceux qui l’avaient brandie, preuve d’un récit trop dangereux à contempler. Censurée sur X, Odysee et ailleurs, remplacée par une séquence inversée, elle m’interpelle, m’indigne et terrifie : quels moyens – pressions légales, algorithmes ou manipulation orchestrée – ont permis cet effacement ? Le passé – et le présent – pro-russe de Pellet l’aurait-il discrédité d’office ? Ou bien la censure, plus insidieuse et audacieuse que jamais, invite-t-elle désormais toute voix dissonante à la prudence, par la seule force du silence ? Ce silence forcé résonne avec le brouillard toxique que je dénonce. https://www.youtube.com/watch ?v=AormNIr6fbM
dimanche 27 juillet 2025
Le 5 juillet 1962, à Oran, l’armée française s’est déshonorée
Chaque année nous nous faisons un devoir de rappeler à la France ce qui s’est passé le 5 juillet 1962 à Oran (Algérie).
Nous rappelons à l’armée française comment elle s’est déshonorée ce 5 juillet 1962 lorsqu’elle a obéi aux ordres du général Katz « de rester l’arme au pied » alors que des civils innocents y compris des enfants et des femmes, européens, se faisaient enlever et égorger.
Plus tard, lors d’une biographie, Katz tentera d’expliquer sa lâcheté par obéissance aux ordres du chef de l’État, de Gaulle.
Un officier, un soldat, quel que soit son grade, n’a pas pour devoir l’obéissance à un gouvernement ou à un chef d’État quand il doit perdre son honneur.
La « petite histoire » nous révèle uniquement la décision du lieutenant Rabah Kheliff, du 30eBPC, qui, refusant justement de « rester l’arme au pied », selon les ordres de sa hiérarchie, s’était précipité, avec ses soldats, jusqu’à la préfecture d’Oran, ce 5 juillet, et avait obligé les responsables du FLN à libérer plus d’une centaine de civils européens promis à une mort certaine.
Fort heureusement le lieutenant Kheliff ne fut pas le seul à enfreindre les ordres.
Quelques rares officiers, considérant que leur honneur passait avant l’obéissance, ont eu le courage de se porter au secours de la population, livrée aux assassins.
Capitaine Croguennec, commandant la 2e compagnie du 2e zouaves, à Oran, s’est dirigé avec ses hommes vers le commissariat central et a fait libérer environ 400 civils retenus par l’ALN, les sauvant du massacre organisé.
Sous-lieutenant Doly-Linaudière, de la 12e compagnie du 43e RI. Malgré les ordres reçus, est intervenu pour sauver quelques Européens, capturés par le FLN en centre-ville d’Oran.
Capitaine Bernard Gilles, à la tête des blindés du 5e RI est intervenu Boulevard Clemenceau, à Oran, pour sauver quelques dizaines d’Européens qui allaient être enlevés et dirigés vers le « Petit lac » pour être assassinés.
C’est vrai qu’ils ne furent pas nombreux à se montrer dignes, bien plus nombreux furent les couards.
Un entretien dans le magazine « Le Point » en février 2002, de Jean-Pierre Chevènement, en apporte témoignage : « À l’époque sous-lieutenant en Algérie, j’ai vécu un drame affreux en mars 1962. Plusieurs de mes moghaznis (supplétifs musulmans) ainsi que le chef du village de Saint-Denis-du-Sig, ont été tués dans des conditions atroces par un commando du FLN. J’ai retrouvé Miloud, mon aide de camp, égorgé.
J’ai appris que près de 20 000 personnes ont été torturées et égorgées dans le village Nègre (Quartier d’Otan).
Par la suite il rectifiera à environ 3 000 morts et 800 disparus.
3 000 Européens massacrés sous les yeux du général Katz et sur ordre du chef de l’État français de l’époque, de Gaulle.
Ce chiffre de plus de 3 000 morts et disparus a été enregistré par Mme Sallaberry, militaire de carrière en poste au bureau des exactions.
Le colonel Fourcade a témoigné sous la foi du serment, déclarant avoir assisté en début de matinée, ce 5 juillet 1962, à l’entretien téléphonique entre le général Katz et de Gaulle. Katz informait le chef de l’État que dans toute la ville se perpétrait un massacre au « faciès blanc » et de Gaulle lui a donné l’ordre criminel le plus formel : « Surtout ne bougez pas ! »
Le général Katz a décidé dans la matinée de survoler la ville en hélicoptère. Voici le témoignage du pilote : « Nous survolons la ville, partout des gens qui fuyaient et des cortèges de bras en l’air, escortés par des ATO (auxiliaires de l’Armée Nationale populaire) ou des civils en armes. Nous avons survolé le Petit Lac, là aussi une foule compacte bras en l’air, des gens qu’on faisait entrer dans l’eau et qu’on abattait froidement. J’ai hurlé : Mon général, on abat des gens, je vois l’eau qui devient rouge de sang ».
Le général m’a répondu : « Retour à la base ».
Je ne sais pas qui est le plus à mépriser, celui qui donne les ordres ou celui qui les exécute sans état d’âme ? Mais les deux sont à honnir !
Et ce n’est malheureusement pas uniquement ce 5 juillet 62 que la France et son gouvernement, et son armée, se sont déshonorés. Nous ne vous avions pas tout révélé ! Il est vrai qu’il y a tellement de raisons non avouables pour ne pas « ouvrir » les archives de la « Guerre d’Algérie » ! De repousser cette date toujours un peu plus loin. En voici une :
Des enfants français, orphelins, ont été abandonnés sur place, dans une Algérie indépendante, parce que personne n’a songé à eux, personne n’a songé à les ramener en France métropolitaine.
Ils ont été abandonnés dans un pays étranger.
Combien étaient-ils ? Que sont-ils devenus ?
Nous venons de parcourir le témoignage bouleversant de l’un d’eux, Robert Palmade.
Abandonné par sa mère (Oui, des mères abandonnaient leurs enfants en Algérie également !), abandonné par la France, devenu algérien et rebaptisé d’un nom algérien, il est revenu vers sa patrie des années plus tard.
Dans son récit il cite d’autres noms d’orphelins « oubliés » tout comme lui : Paulette Lignette, Julien Ruffet, René Tanguy, et combien d’autres ? Nous le saurons très certainement un jour prochain, patience !
Il y a pire, est-ce possible ? Oui, c’est possible.
Il y a les milliers de morts, il y a les « abandonnés », et il y a pire : des dizaines de femmes, parce qu’elles étaient jeunes, parce qu’elles étaient mignonnes, ont été livrées, dans des bordels militaires, à la bestialité des combattants de l’ALN, à subir l’horreur chaque jour, chaque nuit, durant des années, abandonnées par tous, dans leur pourriture de vie.
Parmi ces malheureuses femmes, certaines sont-elles encore en vie ? On peut espérer que non, ce serait trop horrible !
Parmi ces jeunes femmes, certaines ont-elles eu des enfants ? On peut espérer que non car que sont-ils devenus ?
Il y a pire encore ! Oui, c’est possible.
Des centaines d’hommes, jeunes vigoureux, ont été acheminés vers des hôpitaux militaires du FLN et on leur a « tiré » leur sang, jusqu’à la dernière goutte, pour l’offrir à l’ennemi, aux criminels. Ils sont morts « desséchés », la peau sur les os ! Peut-on imaginer pire ?
Et la France dans tout ces « pires » ? Et les gouvernements successifs de la France ? Et l’armée française ? Et de Gaulle ?
Je préfère m’abstenir de dire ce que j’en pense !
Manuel Gomez
https://ripostelaique.com/le-5-juillet-1962-a-oran-larmee-francaise-sest-deshonoree.html
samedi 26 juillet 2025
UN PEU D'HISTOIRE AVEC LA CRUAUTE DU PILLARD TURC BARBEROUSSE, POUR MIEUX REALISER LES DANGERS DE L'ISLAMISME!
Lâcheté : Macronescu s’inspire-t-il de François Ier allié à Barberousse ?
Nous avons déjà rapidement cité l’hiver 1543-1544 pendant lequel la flotte ottomane de Kheir ed-din Barberousse s’était installée à Toulon sur offre de François Ier, la honte soit éternellement sur lui.
François Ier se moquait bien des Toulonnais, comme Macronescu et ses sbires se moquent bien des Français en accueillant à tour de bras des gens qui n’ont rien à faire chez nous.
Barberousse était musulman, Turc d’origine grecque disent les uns, fils d’un Sicilien passé à l’islam disent les autres, cruel et sanguinaire. Il est décrit ainsi par un chroniqueur espagnol : « Il était très cruel, excessivement avare et aimait le luxe et la luxure ». François Ier voulait en pactisant avec les Turcs vaincre Charles Quint, dans le but également de conquérir l’Italie.
Ce qui devait n’être qu’un abri pendant l’hiver fut un vrai sac de la ville de Toulon. Les 5000 habitants de la ville furent, sous peine d’être pendus, obligés de laisser les lieux aux 30.000 Turcs qui s’en donnèrent à cœur joie. La ville fut entièrement pillée. La cathédrale Sainte-Marie transformée en mosquée. Les cultures d’oliviers, de vignes et de citrons dont vivait Toulon à l’époque furent entièrement gâchées à Toulon et dans tous les environs, les arbres abattus.
Et pire, des janissaires enlevaient partout des jeunes gens pour les mettre à ramer sur leurs galères. Hommes femmes et enfants furent razziés dans les environs et vendus à l’encan sur les îles d’Hyères. Barberousse était coutumier du fait, avant d’arriver à Toulon il avait déjà razzié 300 enfants et des religieuses du côté d’Antibes.
Les nombreuses exactions, les crimes auxquels se livrent nos nouveaux venus, et sur lesquels la justice-mur-des-cons ferme les yeux, avec une indulgence coupable, ne sont-ils pas comparables ?
Il fallait au retour du printemps se décider pour une attaque concertée contre les intérêts de Charles Quint, que faire ? Attaquer Tunis ou l’Italie ? Mais il fut impossible de s’entendre avec les Turcs.
François Ier après avoir essuyé affront sur affront et échec sur échec, reconnut du bout des lèvres les problèmes créés par « l’armée du Levant », omettant exprès de mentionner l’empire ottoman.
Exactement comme nos politocards d’aujourd’hui qui refusent de nommer les choses et les gens et le scandale de l’immigration de masse. Macronescu Ier a de qui tenir en termes de lâcheté et de dhimitude dans ses relations avec l’Algérie, par exemple, et avec le monde arabo-musulman.
François Ier fut obligé de négocier avec Barberousse son départ, et de le payer très cher, après l’avoir nourri aux dépens des Toulonnais tout l’hiver. Il lui donna 800.000 écus. Trente deux trésoriers comptèrent les écus pendant trois jours, jour et nuit. De nombreuses pièces d’orfèvrerie, des draps de soie, des vivres et des munitions en abondance furent également livrés.
En attendant que Barberousse soit satisfait et se décide à décamper, le raïs Salah au lieu de s’ennuyer dans Toulon où il n’y avait plus rien à razzier, pillait et razziait le littoral de la Catalogne. Il mit à sac plusieurs ports : Cadaquès, Palamos, Ampurias, Rosa. Les Turcs cassaient les portes des maisons avec leurs haches et en ressortaient chargés de tout ce qui pouvait l’être.
Le 26 mai 1544, Barberousse quittait enfin Toulon martyrisé, ne laissant que désolation derrière lui. Il ne partait pas seul : Paulin, baron de la Garde, ambassadeur de France, l’accompagnait avec son escadre, ayant à bord quelques gentilhommes navrés, et d’autres zélés. Le récit du retour de Barberousse glace le sang dans les veines.
Les Turcs, avec leur cent galères, mirent plus de cinquante jours pour gagner Reggio di Calabre. Selon Jacques Heers, dans « Les Barbaresques », en chemin ils ne laissèrent rien debout de ce qu’ils pouvaient réduire en cendres.
Jérôme Maurand, prêtre d’Antibes, aumônier des galères, a laissé un récit effrayant de cette aventure. Cela dépasse tout ce qu’on peut imaginer.
Le 7 juin à Talamone, Barberousse après avoir fait main basse sur tout ce qui pouvait être pris, fit tirer de sa tombe Peretti, qui avait eu l’audace de l’attaquer, et fit exposer son cadavre affreusement mutilé. 150 Turcs coururent jusqu’à un château, y mirent le feu et en ramenèrent des captifs, parmi lesquels beaucoup de petits garçons.
À Porto Ercole, les habitants se rendirent et lui livrèrent 30 hommes contre la promesse d’épargner la cité. Belle naïveté. Barberousse brûla tout.
Au Gigio, Barberousse fit 632 captifs et coupa la tête à tous ceux qui bougeaient.
En face de Naples, Barberousse s’empara de l’île d’Ischia, ce dont les habitants n’ont rien oublié aujourd’hui.
À Lipari, on offrit à Barberousse une rançon de 15.000 ducas, il en prit 30.000 et en sus, il prit 200 garçons et 200 filles. Dans la cathédrale où s’étaient assemblés les habitants, il fit ouvrir leurs corps vivants et nus pour en prendre le fiel, très estimé par les Barbaresques.
Finalement Barberousse regagna Istanbul. Ses bateaux étaient tellement chargés qu’il fut obligé de jeter à la mer des centaines d’esclaves pour les alléger. Il fut accueilli en héros et construisit avec son butin un belle mosquée et un grand palais sur les bords du Bosphore.
Il alla encore à Minorque, accueilli sans méfiance car il avait volé et arboré des pavillons espagnols, il mit la ville à feu et à sang et en ramena 6000 prisonniers. Il mourut à Istanbul en 1546, et fut « très regretté par les Turcs qui le tenaient en haute estime pour ses exploits ».
Paulin assistait aux exactions de Barberousse. Il essaya de se justifier mais sans succès. Il dit entre autres que c’était la faute du pape, auquel il avait offert Talamone et Porto Ercole, mais le pape avait refusé. Il dit aussi qu’il avait racheté des captifs.
Plus hypocrite fut l’ambassadeur Jean de Montluc, qui déclara que l’armée et la flotte du sultan n’avaient fait de mal à personne, qu’ils avait été courtois et modérés, et que si cette armée n’avait pas été utilisée pour la défense des frontières, elle aurait attaqué la France et cela aurait été pire. En somme le même langage que celui qui fait de nos envahisseurs des « chances pour la France. »
Plus langue de bois tu meurs. Nos politiques dhimmis n’ont rien inventé en termes de tartuferie et de soumission.
François Ier signa avec Charles Quint le traité de Crépy en septembre 1544 et s’engagea à combattre les musulmans. Mais il ne cessa, jusqu’à sa mort en 1547, de louvoyer et d’envoyer des ambassadeurs chez les Ottomans.
Dix ans après les exploits de Barberousse, en 1552 et 1553, deux escadres ottomanes firent à nouveau route vers l’Occident, sous le commandement de Sinane et de Dragut, mais se contentèrent de razzier l’Italie du sud et la Corse. Chacune de leurs campagnes soulevait des plaintes sans fin, on disait que les Turcs ne savaient que piller et razzier.
Le roi Henri II espérait toujours vaincre les Espagnols. Le roi de Tunis, vassal de l’Espagne, était aussi dans le collimateur. Mais les militaires français et les conseillers du roi de France concevaient d’amers regrets de l’alliance stérile avec les Turcs.
Visiblement de telles leçons n’ont pas servi, et quatre siècles après on est toujours prêt, en France, à pactiser avec l’ennemi venu d’Orient semer le désordre le plus indescriptible possible. À pactiser avec les descendants modernes de Barberousse, quelle que soit leur nationalité avouée ou supposée.
Un ennemi sanguinaire, sans conscience et sans honneur, sans aucune de nos valeurs. Avec lequel, exactement comme sous François Ier, il est impossible de vivre. Et qu’il sera très compliqué de renvoyer chez lui. Mais nos dhimmis de service, complètement bornés ou vendus, voire les deux, incapables d’apprendre de l’histoire, en veulent toujours plus. Jusqu’à quand ?
Sophie Durand
Oui, la Chine a contribué de manière décisive à la victoire de 1945
C’est un fait : la doxa occidentale a jeté un écran de fumée, depuis des décennies, sur la réalité d’un conflit dont le déroulement effectif a peu en commun avec le récit accrédité dans les «démocraties».
S’il est vrai que la narration historique est souvent tributaire des préjugés de ceux qui la font, la façon dont on relate la Seconde Guerre mondiale n’échappe pas à la règle. L’historiographie occidentale se caractérise en effet par une chronologie contestable des événements, un décompte très partiel des victimes et une évaluation partiale de la contribution des nations combattantes à la victoire finale sur les puissances de l’Axe. Naturellement, cette remarque s’applique au courant dominant de la recherche historique, et non aux efforts des chercheurs, moins nombreux il est vrai, qui en ont précisément révélé les lacunes. Mais c’est un fait : la doxa occidentale a jeté un écran de fumée, depuis des décennies, sur la réalité d’un conflit dont le déroulement effectif a peu en commun avec le récit accrédité dans les «démocraties».
La Seconde Guerre mondiale a commencé en Chine
À commencer, on s’en doute, par cette erreur monumentale qui consiste à dater le déclenchement du second conflit mondial en septembre 1939, alors qu’il fait rage au cœur de la Chine depuis juillet 1937 et même, si l’on veut bien prêter attention aux derniers travaux de l’historiographie chinoise et japonaise, depuis septembre 1931 dans les provinces du Nord-Est de la Chine. À cette date débute en effet une invasion massive du territoire chinois par les forces japonaises, laquelle a provoqué entre les deux pays un affrontement quasiment ininterrompu jusqu’en 1945. Et si le gouvernement de Tchang Kaï-chek a négocié une trêve en 1932, les combats n’ont jamais vraiment cessé, durant quatorze ans (1931-1945), entre les troupes d’occupation japonaises et les forces chinoises, qu’il s’agisse des armées gouvernementales ou de la résistance communiste.
À cet argument, on pourrait répondre que le récit ayant cours en Occident se concentre en priorité sur les événements qui l’ont affecté, qu’il s’agit tout au plus d’une erreur de perspective bien compréhensible, et non d’une occultation délibérée du rôle des autres régions du monde dans cet affrontement planétaire. Pourquoi pas ? Mais dans ce cas, quelle légitimité détient un tel récit historique lorsqu’il prétend rendre compte de la «Seconde Guerre mondiale» ? Soit la narration vise à relater le cours des événements en Occident, et sa focalisation sur cette aire géographique est légitime. Soit elle entend faire le récit d’une véritable guerre mondiale, et cette focalisation ne l’est plus.
Le fait historique, disait Paul Veyne, n’existe pas comme tel, «c’est un croisement d’itinéraires». Il n’avait pas tort, mais encore faut-il éviter de faire fausse route dans le choix des itinéraires et en l’occurrence de prendre l’Occident pour le monde entier. À cet égard, le récit russo-soviétique du conflit a le mérite de la cohérence, dès lors qu’il fait coïncider logiquement les faits mentionnés et leur appellation : en épousant dans une chronologie valable pour l’URSS, la «Grande Guerre patriotique» de 1941-1945 désigne bien l’expérience historique vécue par le peuple soviétique et ne prétend pas fournir une explication exhaustive des événements planétaires durant la période considérée.
L’oubli des victimes chinoises
Si la première distorsion du discours dominant porte sur la datation de son véritable déclenchement, la deuxième concerne à l’évidence le bilan humain du conflit mondial. Depuis la fin de la guerre, rares sont les ouvrages occidentaux qui indiquent avec un minimum d’exactitude historique les pertes humaines subies par la Chine. La profusion de détails sur le bilan européen y contraste généralement avec sa minimisation et son imprécision dès qu’il s’agit de l’Asie. Pire encore, certaines institutions ne mentionnent même pas l’existence des victimes chinoises. Sur le site français du très officiel «Mémorial de l’Armistice», on apprend par exemple que «l’URSS a eu 21 400 000 morts, l’Allemagne 7 060 000, la Pologne 5 820 00, le Japon 2 000 000, la France 541 000. Quant au bilan total, il est compris entre 50 et 60 millions de morts, soit 22 millions de militaires et 31 millions de civils».
Si le Japon n’est pas oublié, la Chine ne figure même pas dans la liste des pays belligérants en dépit de l’énormité des pertes chinoises provoquées par la guerre ! Aussi scandaleuse soit-elle, une telle occultation contamine l’enseignement de l’histoire dans nos établissements scolaires : rarement mentionné, le déroulement des combats en Chine y est relégué aux marges de l’histoire militaire au profit du théâtre d’opérations européen et de la «guerre du Pacifique». Cette dernière expression a d’ailleurs été imposée par Washington, de manière à réduire la guerre dans cette partie du monde au duel entre deux puissances aéronavales pour le contrôle des îles du Pacifique, faisant opportunément l’impasse sur le théâtre d’opérations chinois et ses vastes affrontements terrestres.
Les facteurs d’une occultation
Atteint de myopie historique, le récit occidental dominant omet généralement de dire que la Chine a immobilisé sur son sol le gros des forces terrestres japonaises durant quatorze ans, que sa résistance a empêché Tokyo de lancer contre l’URSS une dangereuse attaque de revers, que les forces étasuniennes n’ont affronté de 1941 à 1945 qu’une petite partie des troupes terrestres japonaises, que 70% des pertes militaires de l’empire nippon lui ont été infligées sur le front chinois, que 100 millions de Chinois ont été déplacés et que 20 millions d’entre eux ont perdu la vie à cause de la guerre dévastatrice menée par l’envahisseur : autant de faits passés par pertes et profits d’un récit occidental dont le moins qu’on puisse dire est qu’il prend ses aises avec la vérité historique.
Ces faits étant désormais clairement établis et connus d’un large public, du moins en dehors des milieux occidentaux, reste la question de savoir pourquoi leur occultation a si bien résisté au progrès de la connaissance objective des événements : en d’autres termes, quels sont les facteurs, politiques ou idéologiques, qui expliquent la minimisation persistante, jusqu’à nos jours, du rôle de la Chine durant la Seconde Guerre mondiale ?
La première réponse à cette question tombe sous le sens : influencée par une vision occidentalo-centrée du conflit, l’historiographie dominante relègue spontanément l’Asie orientale au rang de théâtre d’opérations secondaire. La distance géographique, cependant, n’est pas seule en cause. L’effacement du rôle de certaines populations, dans la narration dominante, puise aussi son inspiration dans le préjugé colonial qui leur dénie toute capacité d’action autonome. Incapables de faire leur propre histoire, comment ces peuples passifs auraient-ils contribué à la victoire sur les puissances de l’Axe ? Il y a plus. Au début du conflit, et pour la même raison, la Chine fut souvent dévalorisée par rapport au Japon, comme si le monde occidental regrettait inconsciemment d’avoir combattu avec l’une contre l’autre.
«Ce Japon réveillé, ardent, guerrier, vainqueur, c’est nous, Occidentaux, qui l’avons fait. Sous l’impulsion du génial empereur Mutsuhito, il se jette dans le stade industriel. Arsenaux, ateliers, manufactures, il crée tout à la fois. Et quand, enfin, il possède cette force, il s’aperçoit qu’il est obligé de s’en servir : car, grâce, une fois de plus, à l’Europe, qui lui a apporté sa science de la médecine et de l’hygiène, les petits enfants japonais ne meurent plus : de 1870 à 1930, la population a triplé, et le Japon, littéralement, étouffe dans ses îles. S’il ne veut périr, il faut qu’il en sorte».
Une veine essentialiste aux relents coloniaux
C’est ainsi que s’exprime, en août 1937, la prestigieuse Revue des Deux Mondes. L’expansionnisme nippon y apparaît sous les traits d’un rejeton turbulent de la modernité occidentale, dont les ambitions sont légitimées par l’avance technologique et le dynamisme démographique. Le ton est admiratif, et nulle considération de morale ou de droit n’entache l’absolution par assimilation dont bénéficie Tokyo. Pour des experts européens pétris de racialisme et d’eugénisme, il est vrai, la hiérarchie des races place le Japonais au-dessus du Chinois, et les ambitions territoriales nippones paraissent dictées par une obscure loi naturelle qui présiderait au destin des nations.
On observera aussi, dans le même veine essentialiste, que circulait dans les milieux intellectuels occidentaux des années 1930 le lieu commun selon lequel la langue chinoise ignorerait le mot «patrie», tandis que la langue japonaise ne connaîtrait pas le mot «paix». Si les Japonais veulent soumettre la Chine, c’est donc en vertu d’une prédestination mi-biologique mi-culturelle : les premiers seraient des guerriers voués à dominer leurs voisins, tandis que les Chinois formeraient une masse amorphe en attente d’un maître dont des Occidentaux prétentieux ont commis l’erreur de croire qu’il serait nécessairement l’homme blanc.
Modernisé à outrance, rivalisant avec les Européens sur le terrain de l’expansionnisme, le Japon d’avant-guerre éveille ainsi chez les Occidentaux des sentiments ambivalents. Réplique orientale de la suprématie européenne, sa brutalité présumée jouit de circonstances atténuantes. Trop actif pour être pacifique, trop avancé pour rester l’arme au pied, son esprit de conquête reçoit l’absolution des réalistes qui lui pardonnent d’autant mieux son agressivité contre la Chine qu’elle est jugée décadente et chaotique. Que la langue chinoise ignore le mot «patrie» n’est-il pas la preuve de son infériorité intrinsèque ? Et si elle est faible, n’est-ce pas par lâcheté autant que par impuissance ?
La doxa antitotalitaire
Si le poids de ces représentations imaginaires contribue à l’occultation fréquente du rôle positif de la Chine, celle-ci a aussi pour origine le réflexe anticommuniste qui, depuis le déclenchement de la Guerre froide en 1947, pollue rétrospectivement le récit occidental du second conflit mondial. Le mythe des «jumeaux totalitaires» inventé par Léon Trotski en 1939 est bientôt érigé par la doxa en article de foi qui bénéficie à partir de 1950 de l’onction philosophique accordée par Hannah Arendt. Exilée aux États-Unis, la fervente disciple du nazi Heidegger en fait le modèle explicatif de toute l’histoire du XXe siècle, qui serait caractérisée par la lutte impitoyable entre les «régimes totalitaires» et les «démocraties libérales».
C’est cette narration qui figure aujourd’hui, en France, dans les manuels d’histoire. La minimisation de la contribution soviéto-chinoise à la défaite du nazisme en est la conséquence logique, des experts de plateau télé allant même jusqu’à suggérer que les troupes étasuniennes ont libéré les camps de la mort, alors que les firmes industrielles d’outre-Atlantique bénéficiaient cyniquement de leur main d’œuvre captive. Quant à la Chine, elle a basculé du côté des forces maléfiques lorsqu’elle est devenue communiste en 1949, et son rôle dans la lutte antifasciste est rapidement tombé dans l’oubli en Occident. Il n’en fallait pas davantage pour conforter l’anticommunisme le plus retors et pour accréditer, corrélativement, la vulgate de la «bonne guerre» menée par les «démocraties».
La première agression fasciste
C’est la Chine, pourtant, qui a subi la première agression fasciste du XXe siècle. Avant l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie mussolinienne (1935) et l’intervention italo-allemande pour soutenir Franco en Espagne (1936), le Japon a envahi les trois provinces orientales de la Chine en septembre 1931 à la faveur de «l’incident (fabriqué) de Moukden». Et si cette agression peut être qualifiée de «fasciste», c’est compte tenu du caractère ouvertement raciste et belliciste de la politique nippone, avant même la signature du très fascisant «pacte antikomimtern» de 1936 entre Berlin, Rome et Tokyo.
Pour ceux que cette qualification laisserait perplexe, rappelons que le Japon de la fin des années 1930 réunit les principales caractéristiques d’un fascisme analogue à celui de ses homologues européens : une mystique de la race supérieure, un dévouement absolu à l’Empereur comme incarnation divine de la nation, une militarisation intégrale de la société et une compulsion irrésistible à l’expansion territoriale, la guerre de conquête étant sacralisée au point de justifier par avance les pires brutalités contre des populations civiles déshumanisées.
Outre la soumission de la Chine, les ambitions expansionnistes de l’Empire nippon incluaient la domination de l’ensemble de l’Asie et du Pacifique. Mais c’est le peuple chinois qui fut le premier au monde à résister à la barbarie fasciste. Avec le déferlement des forces nippones sur l’ensemble du territoire chinois, à partir de 1937, la résistance chinoise donna naissance au premier champ de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Et de juillet 1937 à l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, quatre années durant, la Chine ne put compter que sur elle-même pour affronter l’envahisseur.
Un combat d’autant plus difficile que le Japon, puissance industrielle, pouvait fabriquer un armement lourd dont les troupes chinoises étaient généralement dépourvues : des porte-avions, des cuirassés, des avions, des chars, de l’artillerie. Les officiers supérieurs japonais qui ont envahi la Chine prétendaient avec arrogance que trois mois tout au plus suffiraient à régler «l’incident chinois», et ils tentèrent de conquérir la Chine en mobilisant des moyens colossaux : 600 000 hommes en 1937, portés à plus d’un million dès 1939, la majeure partie du budget militaire nippon étant consacrée à l’occupation du continent et aux combats incessants avec les troupes chinoises.
Batailles frontales et guérilla
Malgré ses efforts, le Japon ne put venir à bout de la résistance du peuple chinois. Ce dernier rassembla ses forces pour former un rempart contre l’envahisseur, que ce soit lors des batailles frontales de Taiyuan, Songhu, Xuzhou, Nanjing, Wuhan, menées par le Guomindang, ou celles dirigées par le Parti communiste chinois derrière les lignes ennemies comme la «Bataille de Pingxingguan», «l’Offensive des cent régiments», ou encore les combats que livra l’Armée unie antijaponaise du Nord-Est au cœur de la Mandchourie, sans compter les innombrables actions de la guérilla communiste pour établir des bases antijaponaises et ouvrir des brèches sur le front arrière.
Exigeant la formation d’un «Front Uni» avec les nationalistes, le Parti communiste fit de la lutte pour la libération nationale une priorité absolue. Pour s’acquitter de cette tâche historique, Mao a compris qu’il fallait «tirer parti du caractère révolutionnaire de la guerre de résistance pour en faire une guerre du peuple». Car la guerre de mouvement est en passe d’être gagnée par le Japon, expliqua-t-il, et durant cette première phase, c’est l’armée nationaliste qui joue le rôle de premier plan. Mais lorsqu’on passera à la deuxième phase, en revanche, c’est la guerre de partisans qui prendra le relais.
En frappant sur les flancs de l’ennemi, enseignait Mao, l’Armée rouge épuisera l’ennemi. Elle mettra à profit l’étirement de ses lignes de communication pour le harceler. Elle lui donnera le coup de grâce, le moment venu, en jetant toutes ses forces dans la bataille. Cette guérilla anti-japonaise sera déterminante pour l’issue du conflit. Car la Chine est «un grand pays faible attaqué par un petit pays puissant», et la guerre de partisans y exercera une fonction non seulement tactique, mais stratégique : l’envahisseur «finira par être englouti dans l’immense mer chinoise».1
Le rôle décisif de la résistance chinoise
«Le Japon pensait que la conquête de la Chine réglerait ses problèmes économiques, en lui apportant matières premières et débouchés prometteurs», note l’historien Olivier Wieworka. «Il espérait également que sa croisade éradiquerait l’influence et le mode de pensée occidentaux au pays de Confucius. Il déchanta. En Chine du Nord, la guérilla maoïste l’empêchait d’exploiter les campagnes, attaquait les trains et sabotait les camions. (…) Ainsi, l’eldorado rêvé se transformait en cauchemar. Un cauchemar coûteux. À la veille de Pearl Harbor, l’empire avait perdu plus de 180 000 morts et 323 000 blessés dans l’aventure. Ces amers constats conduisirent alors des dirigeants japonais à tourner le regard vers le sud».2
Contribuant à sceller le sort du conflit mondial, la résistance opiniâtre du peuple chinois eut deux conséquences majeures.
Premièrement, elle contribua à mettre en échec le plan japonais d’agression contre l’URSS en mobilisant le gros des forces nippones sur le front chinois, ce qui permit à Staline de concentrer ses troupes pour la défense de Moscou en décembre 1941. Déjà échaudé par sa défaite face à Joukov en Mongolie en décembre 1939, l’état-major japonais privilégia désormais la poussée vers le Sud (le Sud-Est asiatique et les colonies européennes) au détriment de l’offensive antisoviétique en direction du Nord. Et en août 1945, c’est l’armée soviétique passant à l’offensive qui donnera le coup de grâce aux troupes japonaises stationnées en Chine du Nord.
Deuxièmement, la résistance chinoise eut pour effet d’infléchir la politique des EU en confortant Roosevelt dans la conviction que la guerre pouvait être gagnée grâce au «superbe combat défensif de la Chine qui, j’ai des raisons de le croire, gagnera en force» (27 mai 1941). C’est pourquoi il envoya le général Stilwell occuper les fonctions de chef d’état-major auprès de Tchang Kaï-chek. L’aide des EU permit de mettre à profit l’immense territoire de la Chine pour tenir le Japon en échec et immobiliser ses forces terrestres, lesquelles manqueront cruellement à l’état-major japonais face aux forces américaines dans les îles du Pacifique.
En février 1942, le président des EU fit cet éloge de la résistance chinoise dans un télégramme adressé à Tchang Kaï-chek : «Sa résistance héroïque au cruel agresseur a valu à l’armée chinoise les plus dignes éloges de la part du peuple américain et de tous les autres peuples épris de liberté. Le peuple chinois armé et désarmé qui, depuis près de cinq ans, offre une résistance farouche à un ennemi bien mieux équipé, ainsi que l’esprit indomptable dont il fait preuve face à un tel contraste, sont une source d’inspiration pour tous les combattants et les peuples des autres nations unies dans la résistance».3
Fierté nationale et gage d’unité
La contribution chinoise à la lutte antifasciste explique également la signature de la Chine au côté des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique lorsque ces nations publièrent la Déclaration des Nations unies à la Maison-Blanche, le 1er janvier 1942. Rejoint par vingt-deux autres pays le lendemain, cet engagement marqua l’établissement officiel d’une alliance mondiale contre le fascisme et la création d’une structure diplomatique dite des «Quatre Grands», scellant cette grande coalition contre les puissances fascistes préconisée inlassablement, depuis 1937, par le gouvernement chinois. Et c’est cette contribution décisive de la Chine au combat commun qui a également provoqué l’abolition des traités inégaux hérités du siècle précédent.
C’est pourquoi Xi Jinping a déclaré lors du 70ème anniversaire de la victoire de 1945 : «La victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise a été un triomphe pour toute la nation chinoise. Elle a non seulement brisé la tentative du militarisme japonais de coloniser et d’asservir la Chine, mais elle a également aboli les traités inégaux signés avec les puissances impérialistes depuis les temps modernes, permettant à la Chine de laver un siècle d’humiliation nationale (…) La victoire a jeté des bases solides pour l’indépendance et la libération de la Chine, elle a établi un tournant historique pour le grand rajeunissement de la nation chinoise et a fourni la condition préalable essentielle à sa réalisation».
Le 3 septembre 2025, les Chinois célébreront le 80ème anniversaire de cette victoire chèrement acquise en organisant un impressionnant défilé militaire au cœur de la capitale, Beijing. Elle est pour eux, en effet, une source légitime de fierté nationale et un gage irremplaçable d’unité nationale. Car la Chine reconnaît que les nationalistes et les communistes chinois ont pris toute leur part dans le combat libérateur contre l’envahisseur japonais, qu’il s’agisse des armées du gouvernement de Nanjing, puis de Chongqiing, ou des forces de guérilla qui ont harcelé avec succès les troupes nippones. Célébrée par le peuple chinois unanime, cette unité dans la lutte victorieuse contre l’envahisseur a une valeur exemplaire, et elle constitue un sérieux antidote contre tous les ferments de division.
source : Le Grand Soir
https://reseauinternational.net/oui-la-chine-a-contribue-de-maniere-decisive-a-la-victoire-de-1945/
La Grande-Bretagne est devenue un pays pauvre avec de riches illusions
Il fut un temps où Londres ne se contentait pas de marcher droit, elle se pavanait avec l’arrogance sans vergogne d’une ville qui savait qu’elle n’avait pas besoin de s’expliquer. Il y a une génération, elle avait l’air d’une capitale sûre d’elle. L’argent affluait telle une eau de crue, l’énergie était fanfaronnade et excitation, et l’ambiance suggérée par l’histoire se déroulait toujours à l’abri des regards ; dans un sous-sol de club près de Soho, ou dans les vapeurs de whisky d’un bar des Commons.
Au début des années 2000, Londres donnait l’impression d’être incroyablement chère et pourtant toujours disponible, ne serait-ce que pour une nuit volée. C’était un spectacle en perpétuel mouvement. Tu ne faisais pas qu’y vivre, tu essayais de suivre. La ville était pleine d’étrangers mais qui parlaient toujours couramment l’anglais ; le genre que vous trouviez dans le silence de verre fumé des pubs de Bloomsbury, le snobisme impénitent des cafés de Chelsea ou la crasse glorieuse de Camden où rien ne correspondait et rien n’avait d’importance. Londres ne se pavanait pas comme Los Angeles ou n’était pas lisse comme Singapour. Elle ne demandait jamais d’amour. Elle était le but, et l’attraction.
Maintenant, le spectacle continue, mais le théâtre est en train de s’effondrer. J’y suis revenu récemment, et ce qui m’a surpris n’était pas tant le déclin – le déclin est rarement une nouvelle dans la Grande-Bretagne moderne – mais comment tout le monde semblait le porter comme un vieux manteau. Londres se sent aujourd’hui comme les Rolling Stones : toujours en train de facturer des prix élevés, toujours en train de chanter les vieux tubes, mais plus lent sur leurs pieds et hantés dans les yeux. Avant, c’était un Manhattan court sur patte. Maintenant, c’est une Amérique de classe moyenne avec des illusions de grandeur.
La promenade de Soho à Camden, en passant par Warren Street, était autrefois un méandre dans les veines excentriques de l’âme de la ville. Maintenant, cela ouvre les yeux comme le fait une gifle. Le long des trottoirs, des groupes de tentes se blottissent comme à la suite d’une catastrophe silencieuse et non signalée. La permanence tranquille de vies humaines agencées sur du béton – une architecture résignée d’abandon. Personne ne les fait déménager, personne ne les remarque même plus. C’est comme si l’État avait conclu une trêve tacite avec la misère : tu restes là et on détourne le regard.
Les rues portent leur saleté sans gêne. Les trains frissonnent le long des voies comme s’ils avaient perdu toute volonté. Les magasins ont le charme d’un marché de rue qui s’accroche à une vieille parade, et les bureaux de change ont l’air de monuments en déclin ; l’odeur d’un Budapest des années 1990 s’accrochant faiblement dans l’air. Partout, la piqûre de prix gonflés : des pintes de sept livres dans des pubs qui ne prennent même plus la peine de prétendre avoir quelque chose de plus que la moyenne, une friture de base à Camden qui coûte assez pour nourrir deux familles à Lisbonne. Ce sont les prix de Manhattan pour une ville qui n’a plus la faim de Manhattan.
L’argent arrive toujours, oui ; Londres n’en a pas perdu l’appétit. Mais la prospérité, la vraie prospérité, a disparu. La ville, comme le pays qu’elle symbolise, porte le déclin non pas comme une catastrophe mais comme une habitude. C’est dans les choses qui ne crient pas – les bordures ébréchées, la signalisation cassée, le visage fatigué d’une caissière qui a vu son loyer augmenter plus vite que son salaire. Vous le ressentez le plus dans le silence, dans le sens où la décomposition est devenue si routinière, qu’elle n’offense plus.
Ce n’est pas seulement le murmure des désenchantés. L’Institut national de Recherche économique et sociale, qui n’est pas exactement un repaire de dramaturges, l’a dit clairement : par l’arithmétique froide du niveau de vie et des salaires, la Grande-Bretagne ne peut plus se considérer comme un pays riche. La productivité s’est arrêtée comme un boxeur KO accroché aux cordes. Depuis 2007, les salaires réels ont enregistré un maigre gain de 2,2%. Au cours des dix-sept années précédentes, ils avaient augmenté de 42%. Maintenant, le travailleur britannique moyen gagne 4000 £ de moins par an que si le pays avait simplement suivi le rythme des Américains. Ce n’est pas un hoquet, c’est un effondrement silencieux.
Et ça devient plus brutal. Dans certaines parties de Birmingham et du Nord-Est – des endroits avec l’histoire entre les mains et la suie dans les poumons – le ménage moyen est maintenant plus pauvre que son homologue dans les coins les moins riches de Slovénie ou de Malte. Autrefois, les Britanniques considéraient ces endroits comme la cible de moqueries. Maintenant, ces endroits les distancent avec la confiance calme de pays qui croient encore en leur propre progrès.
Le déclin britannique n’est pas instantané et dramatique, mais plutôt une capitulation lente et presque gentleman. Le crash de 2008 a ébranlé le cadre, mais c’est la décennie qui a suivi – définie par l’austérité déguisée en vertu – qui a vidé le système de toute vie. Les services publics ont été vidés, les investissements limités et la fourniture d’infrastructures est devenue un spectacle de merde. Témoin les dizaines de milliards déjà gaspillés pour un chemin de fer à grande vitesse qui ne sera jamais construit. Et ce qui est peut-être le plus irritant, c’est l’air de joie patricienne qui règne à propos de tout cela – comme si David Cameron et George Osborne se considéraient non pas comme des chirurgiens effectuant une opération, mais comme des directeurs d’école punissant un enfant désobéissant. Et maintenant, tout le monde en porte les ecchymoses.
Le pari de Cameron sur le Brexit a été le moment où la Grande-Bretagne a cessé de bluffer sur ses bases. Pas à cause de la théâtralité d’arrière-scène, mais à cause de ce qui s’est infiltré après. Le commerce, autrefois la circulation sanguine de l’île, a commencé à coaguler. L’investissement a dérivé, silencieux comme de la brume. Cette vieille réputation – la Grande-Bretagne, la paire de mains sûre – a commencé à se contracter. L’ère Boris Johnson était moins un gouvernement qu’une farce, un «Punch and Judy show» dirigé par un bouffon menteur. Quant à Liz Truss, moins on en dit sur elle, mieux c’est. Les entreprises étrangères, autrefois attachées à Londres par le prestige et la prévisibilité, ont commencé à lever l’ancre. La capitale a alors perdu quelque chose – non pas sa richesse, mais son courage.
Et que pouvez-vous dire du logement, sinon qu’il a cessé d’être un abri et est devenu une spéculation ? Le pays a cessé de construire des maisons et a commencé à accumuler des actifs. Briques et mortier transformés en jetons de casino. Pour ceux qui n’avaient pas le pouvoir d’achat, le mouvement est devenu un luxe. Des générations entières sont maintenant immobiles, non pas par oisiveté mais par arithmétique. Les plus pauvres, quant à eux, sont laissés à gravir les pentes avec les dos courbés par la mélasse, les perspectives se rétrécissant. La mobilité sociale, autrefois un point de fierté tranquille, se trouve maintenant là où l’épaule dure rencontre le fossé.
Même Chester, ce charmant vieux Chester, porte des marques. Une ville qui porte ses vestiges romains avec une dignité tranquille a maintenant l’impression d’attendre quelque chose qui ne vient pas. La gare, fatiguée et sans joie. Les bâtiments s’effilochent sur les bords comme un pardessus autrefois aimé. L’économie, pas morte, juste assoupie, comme sous sédatifs par des années de négligence gouvernementale. Ce n’est pas un endroit dépassé par le temps. C’est un endroit soigneusement et définitivement abandonné par la politique.
Et pourtant, à travers le brouillard du déclin, les gens endurent. Il reste, d’une manière ou d’une autre, cette décence enracinée ; l’humour piquant, la politesse, l’instinct de faire la queue avant de se plaindre. Mais vous pouvez sentir la tension. Les sourires arrivent toujours, mais le plus souvent maintenant, ils sont portés comme des uniformes – bien entretenus mais un peu effilochés sur les bords. Même le stoïcisme britannique, ce vieux cheval de bataille, commence à boiter.
Ce qui remplit le silence maintenant, c’est le ressentiment – pas le genre à mousser, mais une amertume lentement brassée visant carrément une classe politique qui préfère que ses ennemis soient étrangers et imaginaires. Les ministres frappent le pupitre en criant sur la Russie, la Chine, l’Iran – n’importe quoi pour éloigner la conversation de l’échec de la construction de nouveaux appartements, de l’effondrement des rues principales et des hôpitaux qui fonctionnent à la fumée et à la bonne volonté. Le véritable ennemi, insistent-ils, est quelque part à l’est de Suez – jamais au bout de votre rue.
Donc non, il n’est pas surprenant que Nigel Farage soit à nouveau en marche. Sa réforme n’offre pas de vraies réponses, mais elle nomme au moins la colère que d’autres prétendent ne pas voir. Les conservateurs fonctionnent sur la mémoire musculaire, travaillent sur la prudence et les clichés, et son électorat – battu, surchargé et déçu – est fatigué d’entendre dire que le navire est stable alors qu’ils peuvent sentir le pont incliné sous leurs pieds.
Il y a aussi ce sujet qui parle en silence – la question de l’identité. Il y a vingt ans, Londres portait encore son anglais avec une facilité insouciante, comme un homme en tweed Savile Row qui n’avait pas besoin de se regarder dans le miroir. Aujourd’hui, il porte tout autre chose. Ce n’est pas une complainte née de préjugés – seulement de l’observation. La transformation a été stupéfiante, presque cinématographique dans le rythme. Et bien qu’il y ait de la vigueur dans ce nouveau tempo, il y a aussi de la confusion. Un sentiment d’appartenance non épinglé. D’une ville qui ne sait pas pour qui elle tourne maintenant. Londres, c’est encore beaucoup de choses – mais est-ce toujours la maison ?
Ce qui pique le plus, c’est de savoir que rien de tout cela n’était inévitable. La Grande-Bretagne avait les outils : la langue du commerce, des institutions qui inspiraient autrefois l’envie, des villes imprégnées de la grandeur de l’empire et de l’énergie de la réinvention. Mais l’héritage, comme la réputation, se désintègre facilement. Le capital culturel doit être dépensé judicieusement ou pas du tout. Et la fierté, si elle n’est pas accompagnée d’entretien, se transforme rapidement en nostalgie – le dernier refuge des pays qui comptaient autrefois.
Il est encore temps, peut-être. Mais le temps, comme les trains, ne fonctionne plus comme prévu. Le renversement demandera plus que des slogans et un optimisme feint. Cela exigera quelque chose de rare en Grande-Bretagne maintenant – la franchise sur ce qui est cassé, et le courage d’affronter qui l’a cassé. Sans cela, le déclin ne sera pas qu’un chapitre. Ce sera toute l’histoire.
Ils disaient que le soleil ne se couchait jamais sur l’Empire britannique. Maintenant, il s’élève à peine au-dessus d’Euston. Ce n’est plus la règle Britannia. C’est la cruelle Britannia.
source : Brian McDonald via Le Saker Francophone