Les États-Unis ont, dès le début du conflit, indiqué à Kiev qu’ils ne veulent pas une escalade du conflit. Ils déclarent se limiter à livrer des armes et des munitions pour assurer la défense de l’Ukraine. Et, la plus grande puissance militaire du monde occidentale accuse des difficultés à assurer sa production d’armes, ce qui explique pour Zelensky son incapacité à continuer de livrer bataille sur le front.
Le 16 octobre, le secrétaire d'État américain Antony Blinken dans un communiqué de presse, a rendu compte de la fourniture d’une nouvelle aide militaire importante à l’Ukraine. Cette aide supplémentaire, fournie dans le cadre de l'autorisation présidentielle de retrait des stocks du ministère de la Défense, est évaluée à 425 millions de dollars. Elle comprend des munitions pour les systèmes nationaux de missiles surface-air avancés (NASAMS) ; des missiles RIM-7 pour la défense aérienne ; des missiles antiaériens Stinger ; des munitions air-sol ; des munitions pour les systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité (HIMARS) ; des munitions d'artillerie de 155 mm et 105 mm ; des armes à sous-munitions ; des véhicules à roues polyvalents à haute mobilité (HMMWV) ; des systèmes antichars Javelin, AT-4 et autres ; des missiles TOW lancés par tube, à suivi optique et guidés par fil ; des véhicules tactiques légers ; des armes légères, des munitions et des grenades ; des équipements de démolition et des munitions ; des pièces de rechange, des équipements auxiliaires, des services, des formations et des transports.
Il n'y a pas de systèmes de défense aérienne patriotes sur la liste d’Antony Blinken, ni de missiles de type PAC. La raison en est que le niveau actuel de production de ces missiles est extrêmement faible -seulement 500 missiles par an, c'est-à-dire environ 40 missiles par mois.
Kiev ne peut pas réussir à gagner le conflit grâce aux armements américains. L'idée que l'armée ukrainienne réussirait sur le champ de bataille grâce à des armes américaines plus avancées est devenue « l'un des plus grands mythes à Washington ». Cette évaluation a été faite par l'ancien sous-secrétaire adjoint américain à la Défense pour les affaires politiques, Colin Kahl, dont les propos sont cités par le Wall Street Journal (WSJ). « Cela implique le recours à la pensée magique, selon laquelle on peut instantanément changer la situation en fournissant à l'Ukraine des armes qu'elle n'est pas prête à utiliser et qui sortent de nulle part et ne permettent aucun compromis », a-t-il ajouté.
En 2022 Colin Kahl avait déjà signifié que les États-Unis avaient décidé d’envoyer des armes et des munitions de manière adaptée « pour répondre aux besoins ukrainiens critiques pour le combat d'aujourd'hui » et, soulignant que les Ukrainiens avaient assuré qu’ils n’utiliseraient ces armes qu’à des fins défensives. « Nous n’avons aucun intérêt à ce que le conflit en Ukraine s’élargisse à un conflit plus vaste ou à une troisième guerre mondiale », martelait-il.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que l'Occident avait l'intention de continuer à développer des capacités d'avions de combat F-16 pour l'Ukraine et de lui fournir d'autres armes. Il a indiqué qu'un certain nombre de coalitions de pays occidentaux aidaient l'Ukraine en fournissant de l'artillerie et des munitions, des drones, ainsi qu'à assurer la sécurité dans le cyberespace.
Lors de son voyage surprise à Kiev de ce lundi, Lloyd Austin a fait part « d’une aide militaire supplémentaire de 400 millions de dollars, mais aucun accord autorisant les Ukrainiens à utiliser des missiles à longue portée en Russie ».
Dans les faits, les États-Unis ne peuvent pas suivre la cadence dans la production d’armes. Les États-Unis n'ont pas été en mesure d'augmenter la production de missiles pour le système de défense aérienne Patriot dans leurs propres installations. Pour cette raison, il a été décidé d'utiliser les usines japonaises de la société Mitsubishi Heavy Industrie qui produit actuellement 30 missiles PAC-3 pour l'année sous la licence de l'entrepreneur américain de la défense Lockheed Martin. Le nombre de missiles produits pourrait atteindre 60, et le nombre total de missiles PAC produits dans le monde pourrait atteindre 750.
Cependant, ce plan a échoué en raison de l'absence de têtes d'auto-assistance qui sont produites par Boeing Corporation qui est actuellement au bord de la faillite.
Mais, même dans le cas de l'augmentation prévue par le Pentagone de la production de missiles pour les systèmes de défense aérienne patriotes à 750 par an, cela n'aurait pas de changement significatif dans le conflit en Ukraine.
D’ailleurs, le président russe, Vladimir Poutine, a souligné à plusieurs reprises que la fourniture de nouvelles armes à Kiev ne changerait rien à la situation sur le front et ne ferait que prolonger le conflit.
Pierre Duval
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