Or, le résultat doit être tempéré. Publiée par Nature, une récente étude tchèque constate que « le calcul de l'IPV est biaisé par plusieurs problèmes mathématiques qui imposent un déséquilibre entre les tendances à la hausse et à la baisse détectées et surestiment les déclins de population ». L’IPV serait donc approximatif et tendancieux dans son approximation.
Un index plus politique que scientifique
À quel point ? Analysées autrement, les mêmes données « montrent que les populations croissantes et décroissantes sont en moyenne équilibrées », dit l’étude. Ce n’est pas du tout le même résultat. Pourtant, « nous restons confiants dans la solidité » de l’indice, a déclaré Andrew Terry, l’un des directeurs de la Zoological Society of London. Anna Toszogyova, l’une des auteurs de l’étude critique de l’IPV, explique à BV qu’en effet, le nouveau rapport du WWF ne prend pas en compte leurs remarques sur « la nature asymétrique des calculs », car cela aboutirait à « remettre en cause ses travaux antérieurs ».
Sans nier que la situation écologique ne soit grave, elle souligne qu’il existe « certaines pressions sur la forme de l’indice », puisqu’il est calculé par « une organisation impliquée dans l'élaboration et la gestion de la conservation de la nature et fournissant des conseils pour orienter la politique gouvernementale sur le respect de diverses conventions des Nations unies ». Le rapport est très politique et sa date de publication - à la veille de la COP29, qui se tiendra en novembre en Azerbaïdjan - n’est pas anodine. (Interrogé sur ce point et sur celui du calcul de l’IPV, WWF ne nous a pas répondu.)
L’avatar écologique du « bon sauvage »
Pas anodin, non plus, l’éloge très appuyé des « peuples autochtones » dans ce rapport du WWF. Ils sont « par leurs connaissances et leur profond respect de la nature », « les véritables gardiens » de celle-ci (p. 15). « Les valeurs et philosophies autochtones » ne s’accompagnent-elles pas de « la croyance en une profonde parenté entre les humains et les entités non humaines, ou encore en une absence de séparation entre eux » (p. 136) ? L’autochtone paraît n'être rien de plus qu’un être idéalisé - l’avatar écologique du « bon sauvage ».
En contrepoint se dessine, implicite, la culpabilité de l’Occidental qui consomme trop d’énergie fossile (p. 70) et épuise la nature par l’élevage nécessaire à la consommation de viande (p. 62). Le rapport préconise d’installer panneaux solaires et éoliennes « à proximité de cultures et de bétail qui, en faisant de l’ombre et en rafraîchissant l’air (sic), peuvent même améliorer le rendement » (p. 57). Quel meilleur usage des pâturages et autres terres agricoles que d’y installer des éoliennes (p 76) ?
Un mammifère abandonné
En résumé : sanctuarisons les terres des « peuples autochtones » et achevons de dénaturer et massacrer les paysages européens en y plantant des éoliennes. Bétonnons les terres, bétonnons les mers. Peu importe le bilan écologique des éoliennes (le broyage d’oiseaux est une réalité, avec des estimations diverses), peu importe la pollution visuelle dans des sites patrimoniaux, naturels ou culturels. L’habitat des peuples non autochtones ne mérite aucun respect. Dans cette optique, le vertébré de type hominidé occidental n’a droit à aucune sollicitude.
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