Spécialiste de la culture bretonne, Théodore Hersart de La Villemarqué a marqué sa génération par son étude des chants et des poèmes bretons ancestraux issus des plus anciennes traditions orales. Il a notamment recueillis et traduits le Barzaz Breiz, poème épique comparé aux récits de l’Iliade par Georges Sand.
Théodore Hersart de La Villemarqué : enfance et héritage
Théodore Hersart de la Villemarqué naît le 6 juillet 1815 à Quimperlé dans l’hôtel particulier qu’y possèdent ses parents. Dernier né d’une famille de huit enfants, il passe l’essentiel de son enfance dans le vieux manoir familial non loin de Pont-Avent dans l’actuel Finistère.
Héritier d’une longue lignée noble bretonne, son père, fier défenseur de la cause royaliste, s’est engagé en politique et assume les fonctions de député du Finistère et de maire de Nizon, petite bourgade bretonne proche du manoir familial. Sa mère, pour sa part, s’est prise de passion pour la littérature orale bretonne dont elle collecte autant de textes qu’elle peut.
Après avoir obtenu son diplôme du baccalauréat en 1833 à Rennes, Théodore part étudier le droit à Paris. Il se tourne cependant rapidement vers l’école des Chartes et abandonne le droit dès 1836. Il se plonge dès lors dans l’étude de chants et poèmes bretons ancestraux et prend des cours de breton.
Il profite de ses retours en Bretagne pour collecter des chants traditionnels en breton qu’il retranscrit sur ses carnets.
Théodore Hersart de La Villemarqué : le Barzaz Breiz
Afin de poursuivre la quête qu’il s’est attribuée, Théodore se rend au Pays de Galles, en octobre 1838 avec plusieurs compagnons animés par la même passion pour l’œuvre littéraire et poétique bretonne. Parmi ceux-ci se trouvent Gabriel-Jules de Francheville du Pélinec, auteur de plusieurs poèmes bretons et s’intéressant aux mythes bretons tels que celui de la ville d’Ys, ou encore Louis de Carné, rédacteur de plusieurs articles sur l’histoire de la Bretagne.
La Villemarqué profitera de ce voyage pour étudier le dialecte et les monuments d’origine celte. Il est reçu durant son périple en tant que barde de Nizon (« Barz Nizon ») au collège néodruidique gallois. Il posera également les fondations du congrès celtique international qui existe encore aujourd’hui et se fixe pour objectif la défense et la promotion des langues celtiques d’Irlande, d’Ecosse, du Pays de Galles, de Bretagne, de Cornouailles et de l’Ile de Man.
Inspiré par son expérience galloise, il profite de son retour en Bretagne pour fonder la Fraternité des Bardes de Bretagne (« Breuriez Breizh »). Malheureusement, l’association ne lui survivra pas et s’éteindra avec son fondateur à la fin du siècle.
En aout 1839, notre « Barz Nizon » finance de sa poche la publication du « Barzaz Breiz » qui lui confère rapidement et malgré son jeune âge, une certaine notoriété. Georges Sand contemporaine de Théodore de La Villemarqué parlera ainsi des « diamants du Barzaz Breiz » et ira jusqu’à comparer le chant du recueil « le tribut de Nominoë » avec l’Iliade d’Homère. Théodore ne se reposera pas sur ses premiers lauriers et poursuivra son travail de recherche et d’investigation. Une nouvelle édition paraît en 1845 et enrichit l’œuvre originale par l’ajout de nouveaux chants et de mélodies collectés au cours de ses voyages. Son recueil est rédigé en Breton et est exempté du moindre mot français. Publié à 500 exemplaires en 1839, les rééditions de 1845 et de 1867 gagnent en proportion avec une parution à respectivement 2000 et 2500 exemplaires. Son œuvre connaît un succès essentiellement auprès des lettrés parisiens et Bretons, ces derniers retrouvant dans les textes de la Villemarqué une réelle identité historique transcendée par des chants traitant de héros nationaux comme Nominoë ou Cadoudal.
Toutefois, malgré l’impact important du « Barzaz Breiz » sur le monde des lettres en Bretagne, peu de Bretons de plus basse extraction lisent l’œuvre.
Théodore, fier de son origine bretonne, soutient notamment les travaux de Jean-François Le Godinec qui publie le dictionnaire celto-breton en 1821. La Villemarqué en publie une nouvelle édition en 1850 qu’il fait précéder d’un essai s’interrogeant sur l’avenir de la langue bretonne. Il promeut alors une simplification de l’orthographe et une grammaire plus normative afin d’unifier les différents dialectes en une langue unique qui perdurerait.
Théodore Hersart de La Villemarqué : reconnaissance et controverse
La Villemarqué se marie en 1846 avec Clémence Tarbé avec qui il aura quatre enfants. Il recevra le 6 mai 1846, la légion d’honneur. Par la suite, les honneurs qui lui sont rendus se multiplient. Il est élu à l’académie de Berlin en 1851, devient président de la Nouvelle association Bretonne en 1855, puis entre à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1858. L’auteur du « Barzaz Breiz » entretient en outre des correspondances avec d’autres éminents écrivains ayant ressuscité de vieux contes populaires tels que les frères Grimm.
Les décennies suivantes se révèlent toutefois bien plus ardues pour Théodore qui doit faire face à de nombreuses critiques sur l’authenticité des textes composant son œuvre. On reproche à La Villemarqué d’avoir falsifié certains chants collectés ou encore d’accentuer l’ancienneté de certains de ses poèmes. Cette remise en cause du contenu du « Barzaz Breiz », loin de n’être qu’une querelle de taverne, se poursuivra pendant plus d’un siècle entre les partisans de la mystification, dont se seraient rendus coupables La Villemarqué et les défenseurs de l’authenticité. Toutefois, la découverte en 1964 de carnets de collecte de Théodore apporta de l’eau au moulin de ces derniers. Ces carnets montrent que l’auteur du « Barzaz Breiz » avait bel et bien recueilli la plupart des textes dont il s’était servi pour rédiger son œuvre et confirma ses sources populaires.
Malgré les reproches essuyés par l’auteur sur son défaut de méthode scientifique de collecte, tous ses contradicteurs ne purent que s’incliner devant ses talents littéraires et le travail considérable fourni.
Théodore Hersart de La Villermarqué s’éteint paisiblement le 8 décembre 1895, à l’âge de 80 ans. Son œuvre titanesque permit de montrer la voie à de nombreux autres Bretons qui se sont lancés et se lancent encore dans la collecte des traditions orales transmises depuis des générations afin de poursuivre son œuvre et de continuer de faire briller la culture bretonne aujourd’hui encore.
Gwenn Mamazeg – Promotion Homère
Source : breizh-info.com
https://institut-iliade.com/theodore-hersart-de-la-villemarque-1815-1895/
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