La campagne d’Égypte
Arrivé en Égypte en 1798, le général Bonaparte voit dans le pays des anciens pharaons un triple intérêt, selon l’historien Jean Tulard : « Elle permettait dans l'immédiat, en occupant l'isthme de Suez, de couper l'une des routes de l'Inde vers l'Angleterre ; elle était appelée à constituer une colonie qui, disait Talleyrand, "vaudrait à elle seule toutes celles que la France avait perdues" ; elle fournirait par la suite une base utile pour une future conquête de la source principale de la richesse anglaise : l'Inde. » Le destin de Bonaparte semble donc tout tracé : il est un nouvel Alexandre le Grand qui doit partir à la conquête des confins de l’Orient. Mais ce rêve, qui avait commencé sous le regard vieux de « quarante siècles d’Histoire » des pyramides de Gizeh, finit par devenir un véritable cauchemar. Réussissant à chasser les Anglais du delta du Nil, Bonaparte décide de mener ses armées jusqu’en Terre sainte. Il est arrêté aux portes de Saint-Jean-d’Acre par la peste qui décime ses hommes, en mai 1799. La mort dans l’âme, Bonaparte décide, afin d’éviter la perte totale de ses troupes, de revenir au Caire. Bien lui en a pris, car en son absence en Égypte, la perfide Albion, avec le secours de l’Empire ottoman, commençait à lui tendre un piège pour mettre fin à l’aventure napoléonienne.
Aboukir, un champ de blé à moissonner
Le 14 juillet 1799, la flotte anglaise arrive près d’Aboukir. À bord de 60 navires, plus de 18.000 Ottomans attendent les ordres de leur commandant Mustafa Pacha. Celui-ci ordonne la prise du village et de ses fortifications par ses troupes. Fort de sa victoire, le chef turc ne se presse pas pour autant de se diriger vers le Caire afin d’affronter Bonaparte qui, de son côté, n’attendant pas que son adversaire frappe à sa porte pour le combattre, prend l’initiative et part à la rencontre de son ennemi.
Le 25 juillet, notre futur Empereur, accompagné de ses fidèles compagnons Lannes, Desaix ou encore Murat, lance ses 10.000 hommes face aux Ottomans repliés dans le village d’Aboukir. Ce dernier n’est pas protégé par l’artillerie de la flotte anglaise, qui reste éloignée de la côte en raison des hauts fonds. Profitant de cet avantage, Bonaparte envoie Murat et sa cavalerie faucher comme du blé les soldats turcs : « Ceux qui ne furent pas moissonnés par notre fer se jetèrent à l’eau. » À la fin de la journée, la France est maîtresse du terrain tandis que, le long du littoral et dans la mer, gisent des milliers de cadavres turcs, macabre symbole de la défaite de l’alliance anglo-ottomane. Le général Kléber dit alors à l’instigateur de ce triomphe : « Général, vous êtes grand comme le monde, mais le monde n’est pas assez grand pour vous. »
Courage, fuyons
Bonaparte jubile. Cette victoire fait oublier son échec des derniers mois en Terre sainte, mais lave aussi sa cuisante défaite d’Aboukir ayant eu lieu un an plus tôt. Mais il est bien conscient que l’Égypte est désormais devenue une impasse politique et militaire. Par ailleurs, la situation déplorable dans laquelle le Directoire a plongé la France est peut-être le signal salutaire à son ambition qu’il attendait afin de faire son grand retour au pays. Ainsi, Bonaparte décide de quitter l’Égypte tant que son aura de conquérant fait encore illusion. Embarquant le 23 août 1799 à bord de la frégate Muiron pour voguer vers la France et son destin, il laisse le commandement du pays et du reste de ses hommes au général Kléber avant que la débâcle finale pressentie par Bonaparte n’ait lieu en 1801.
Revenu sur le sol de France en octobre 1799, Bonaparte se lance dans une nouvelle conquête du pouvoir et, une fois devenu le maître, écrira l’Histoire de notre pays par la création d’un État fort dont les fondations sont encore les piliers de notre République.
Encore aujourd’hui, Napoléon représente une certaine idée de grandeur pour la France, ce que confirment les résultats de ce récent sondage Odoxa selon lequel « entre Napoléon Ier et Macron, le choix des Français est net : 62 % d'entre eux considèrent que le premier ferait un meilleur dirigeant pour la France que le Président actuel (préféré à 38 % seulement) ».
Eric de Mascureau
https://www.bvoltaire.fr/25-juillet-1799-napoleon-venge-aboukir-par-aboukir/
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