De l’apogée au crépuscule
Fruit d’un grand labeur, l’Empire carolingien fut forgé par Charlemagne. S’étendant des confins de la Germanie jusqu'aux montagnes enneigées des Pyrénées, cet immense territoire fut à son apogée lors de sa conception par le fils de Pépin le Bref. Néanmoins, il avait une faiblesse. En effet, ce dernier « était fragile car il était trop vaste. Il ne tenait que par le génie d’un homme », selon Jacques Bainville. Ainsi, après la disparition de l’empereur à la légendaire barbe fleurie en 814, son fils et successeur, Louis le Pieux, ne put que s’efforcer tant bien que mal de maintenir l’intégrité de ses possessions. Chose qui ne fut point aisée, car celui qui fut surnommé le Débonnaire fut déposé deux fois avant de remonter à nouveau sur son trône. À sa mort en 840, l’Empire carolingien entrevoit le crépuscule de son existence lorsque apparaissent trois héritiers qui provoqueront par leur acte la destruction de l’héritage de Charlemagne.
Division d’un empire
Comme la tradition franque le veut et comme cela s'était produit pour les Mérovingiens, les trois fils de Louis le Pieux - Lothaire, Louis et Charles - ont chacun droit à une part de l’immense empire de leur père. Cependant, un seul peut obtenir le titre impérial et la suprématie. Le mieux placé se trouve alors être Lothaire, l’ainé de la fratrie, qui obtient le soutien d’une grande partie des seigneurs de l’empire. Afin de contrarier ses plans, Louis et Charles décident de s’allier afin de contraindre leur frère au compromis. Défait à la bataille de Fontenoy en Puisaye en 842, Lothaire accepte alors de négocier l’avenir de l’Empire carolingien à Verdun en 843.
Après d'âpres discussions, une décision est enfin prise et acceptée par les trois frères : l’empire est divisé et morcelé. Charles le Chauve obtient la Francie occidentale, notre future France, tandis que Louis le Germanique reçoit la Francie orientale sur laquelle s’élèvera le futur Saint Empire romain germanique. Lothaire obtient le titre impérial ainsi que la Francie médiane, partant des États pontificaux en Italie jusqu’à la mer du Nord, et qui prendra plus tard le nom de Lotharingie (mot qui donnera celui de Lorraine).
Une vocation impériale héréditaire
Si la paix semble revenir, ce traité est en réalité un échec pour la chrétienté. L’Empire carolingien, qui devait succéder à celui de Rome, se trouve divisé en trois royaumes, dont un seul est la possession de l’empereur. Ce territoire finit même par disparaître en 869, lorsque Lothaire et ses fils passent à trépas, laissant ce royaume et le titre impérial être partagés entre les deux frères carolingiens subsistants.
Dès lors, une rivalité naît entre les deux futures nations française et allemande qui, inconsciemment, penseront toujours avoir le droit, le devoir et le destin de reformer l’empire de Charlemagne en s’emparant de l’entièreté de ses anciens territoires en Europe. Cependant, rares sont ceux, dans l’Histoire et parmi les prétendants aux titres, qui furent capables de cet exploit, comme Charles le Gros en 887, Napoléon en 1804 et même, très brièvement et brutalement, Hitler en 1942. Néanmoins, aucun de ces nouveaux empires ne survécut à leur créateur car, comme à l’époque de Charlemagne, chacun de ces royaumes « était fragile car il était trop vaste. Il ne tenait que par le génie d’un homme. »
https://www.bvoltaire.fr/histoire-11-aout-843-traite-de-verdun-le-debut-dune-rivalite-millenaire/
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