lundi 15 juillet 2024

Le mystère de la bête du Gévaudan

 

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S’il existe une contrée, dans notre beau pays, connue pour ses histoires mystérieuses et sanglantes, c’est bien le Gévaudan. Correspondant en grande partie au département actuel de Lozère, cette région est encore connue, aujourd’hui, pour l’une des affaires les plus sanguinaires du XVIIIe siècle. Affaire qui prit fin le 19 juin 1767 : celle d’un monstre fou ayant pris la vie de plus d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants. Mais ces actes sont-ils vraiment à l’origine d’une seule et même créature ? Est-ce un loup ou une autre créature ?

Le début du carnage

Au début de l’été 1764, une jeune vachère effrayée déambule à travers les prés. Réussissant à rejoindre son village, proche de Langogne (aujourd'hui en Haute-Loire), elle affirme à tous avoir été attaquée par une bête qu’elle n'a pas pu identifier comme un loup. Quelques jours plus tard, le 30 juin, le corps d’une jeune pastourelle, Jeanne Boulet, est retrouvé sans vie et recouvert de nombreuses morsures et griffures. Ces événements ne sont ainsi que les prémices de la venue d’une terrible créature dont le funeste appétit sanguinaire va frapper tout le Gévaudan.

Les jours, les semaines et les mois passant, le nombre de morts ne cesse d’augmenter et la terreur s’empare des âmes et des corps. Face à la situation, le comte de Moncan, commandant militaire en second de la province du Languedoc, fait venir un régiment d’infanterie commandé par le capitaine Jean-Baptiste Duhamel afin de débusquer enfin cette bête, mais cette dernière demeure insaisissable.

Au début du mois d’octobre 1764, la créature frappe à nouveau dans une autre partie du Gévaudan, ne laissant derrière elle que des corps mutilés. Cependant, la chance du monstre tourne enfin lorsqu’elle s’attaque, un jour, à un jeune berger. Au même moment, deux chasseurs, apercevant la créature, lui tirent dessus. Celle-ci s’effondre, mais mue par une sombre puissance, elle finit par se relever et par disparaître dans les bois avant de continuer à semer l’effroi dans le Gévaudan.

On en appelle au roi

L’affaire prend une telle ampleur qu’elle se répand dans toute l’Europe. Tous se moquent, alors, de Louis XV, roi bien impuissant face à une simple bête. Courroucé par ces rumeurs, le monarque français mande son propre chasseur, en juin 1765, afin de faire disparaître le monstre ainsi que les ragots, mais, comme les précédentes tentatives, les traques échouent.

Cependant, le 11 août, une jeune fille, Marie-Jeanne Vallet, est attaquée par la bête. Par miracle, la jouvencelle parvient à repousser le monstre en lui plantant sa lance de bergère dans le poitrail. La bête, blessée, bat en retraite dans les bois face à celle que l’on surnomme désormais la Pucelle du Gévaudan.

Cette première victoire enhardit le chasseur royal François Antoine qui, en septembre 1765, réussit enfin à débusquer l'animal dans l’Allier et à l’abattre. Heureux de sa victoire, il fait naturaliser la créature pour la présenter, en octobre 1765, au roi de France. Pour ce dernier, l’affaire est maintenant résolue. Le Gévaudan semble désormais en paix, mais pour seulement un court moment car, en 1766, de nouvelles victimes de la bête sont retrouvées. On fait appel à nouveau au bon roi Louis XV, mais ce dernier ne veut plus entendre parler de cette créature de malheur. Le Gévaudan est désormais seul et les morts s’amoncellent à nouveau. En effet, depuis le début de l’affaire, c’est plus de deux cents personnes qui ont été attaquées, et la moitié tuées. Une nouvelle battue finit par être encore organisée, le 19 juin 1767. Un chasseur, Jean Chastel, piste la bête et la débusque dans les bois. Armé de son fusil et de son courage, il l’abat d’un seul coup. Dès lors, plus aucune attaque du monstre n’est recensée dans le Gévaudan.

Quelle est la vérité, derrière la bête ?

Si le carnage cesse, le mystère demeure. En effet, le comportement de la bête du Gévaudan, peu habituel pour un soi-disant loup, ouvre la porte à de nombreuses spéculations. Son invulnérabilité aux balles, sa capacité à voyager très rapidement, son audace et ses attaques non dictées par la faim ainsi que sa grande agilité en font un animal hors du commun. Aujourd’hui, certains avancent la théorie d’un croisement entre espèce canine, de l’importation d’un animal exotique (lion, hyène, etc.), voire l’implication de l’homme dans cette histoire. Ainsi, la bête aurait été dressée, dotée d'armures pouvant résister aux balles et lâchée sur des victimes choisies. Quel homme pourrait faire cela, demanderiez-vous ? Si certains évoquent des sorciers, des tueurs en série, des fous sanguinaires, d’autres portent leur regard vers la noblesse locale qui pourrait vouloir se venger en raison de l’affaire des Grands Jours d’Auvergne et du Languedoc.

Si toutes ces théories semblent avoir leur part de vérité, aucun coupable ne fut jamais désigné ni jugé, si ce n’est la bête elle-même qui, malgré sa mort, fascine toujours. Attaque naturelle ou crime humain, la bête du Gévaudan garde encore et sûrement à jamais ses mystères.

Eric de Mascureau

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