Emmanuel Macron devait inaugurer, le 15 mai, la mise en service d’un parc d’éoliennes en mer à Fécamp (Seine-Maritime).
Un parc présenté comme « exemplaire » de la réindustrialisation et de la souveraineté industrielle de la France, selon l’Élysée. En effet, ces éoliennes ont été construites au Havre, chez Siemens, et l'installation a été faite par EDF. La visite du chef de l'État a été annulée en raison du Conseil de défense et de sécurité nationale relatif à la situation en Nouvelle-Calédonie, mais le parc d’éoliennes a malgré tout été inauguré. Mais au-delà du cocorico élyséen, on ne peut occulter le fait que l'éolien offshore suscite controverses et contestations.
En effet, on pourrait évoquer le danger qu'elles représentent pour les oiseaux migrateurs, nécessitant d'ailleurs leur arrêt lors de leur passage, les perturbations des courants marins, la production intermittente d’électricité. S’ajoutent d’autres préoccupations plus graves, au premier rang desquelles des problèmes sécuritaires. Les éoliennes perturbent le bon fonctionnement des radars des navires, ce qui a nécessité la mise en place d'une réglementation stricte. Faut-il rappeler que de nombreux pétroliers traversent la Manche, voie maritime la plus fréquentée au monde. Or, les eaux aux alentours de Fécamp sont connues pour être dangereuses.
Une cible géostratégique
À ce sujet, nous avons interrogé Catherine Boutin, porte-parole du collectif PULSE (« Pour un littoral sans éoliennes »). À ses yeux, « ce n’est qu’une question de temps, à présent, avant qu’une marée noire ne ravage notre côte ». Concernant les problèmes de sécurité suscités par cette installation, elle ajoute : « Vous vous doutez bien, une forêt d’éoliennes en pleine mer, c’est la cachette rêvée pour des trafiquants. Et les passeurs de migrants : cela fait longtemps qu’ils ne partent plus que de Calais. Vous imaginez le désastre potentiel ? » Au-delà de ces problèmes, on ne peut occulter les risques de sabotage, allant des cyberattaques jusqu’à la destruction pure et simple de tout ou partie des installations. Selon Stéphane Audrand, consultant en risque internationaux et officier de réserve de la Marine nationale, « une centrale nucléaire, implantée à terre, est plus facile à sécuriser ». Notons que plusieurs cas de navires russes espionnant des installations éoliennes offshore de pays scandinaves ont été signalés.
Pourquoi s’obstiner avec l’éolien ?
Cécile Dutreil, vice-présidente de l’Association de protection du site des Petites Dalles, nous a fait parvenir les nombreux recours que son association a déposé auprès du Conseil d’État. Tous ont été rejetés. Interrogé par BV, l’expert en politique énergétique Fabien Bouglé ne s’en étonne pas : « Le Conseil d’État est censé rester impartial. En vérité, il est la courroie de transmission d’une volonté politique. » Il attribue l’obstination pour l’éolien du gouvernement à certains hauts fonctionnaires français, acquis aux intérêts allemands et américains, les deux pays souhaitant la mort du nucléaire français. Cela signerait, en effet, la fin de notre indépendance énergétique et, donc, politique : « Les élus ne sont pas au courant des enjeux, les vrais décideurs sont ceux qui restent aux manettes, peu importe le gouvernement. » Certes, depuis 2021, la Macronie a opéré un revirement stratégique sur la question nucléaire. Mais pour Fabien Bouglé, cela ne suffit pas. Selon lui, il faut imposer notre modèle au sein de l’Union européenne, ne pas se laisser dicter des objectifs irréalistes en matière d’énergies renouvelables et, surtout, relancer Superphénix : « Ce type de réacteur permet de recycler les déchets nucléaires des autres centrales. Essentiellement, cela fait du nucléaire l’énergie la plus écologique qui soit. De plus, cela permettrait à la France d’obtenir plusieurs milliers d’années d’indépendance énergétique », assure-t-il.
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