Marc Rousset[1] ne sera certainement pas invité par les médias mainstream pour présenter son dernier essai, Notre faux ami l’Amérique[2], sous-titré Pour une alliance avec la Russie. Si l’on ajoute que son livre est préfacé par Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma de la fédération de Russie, on comprend que Marc Rousset est définitivement passé du côté obscur de la force pour les tenants de la ligne atlantiste et russophobe qui peuplent les médias du Système. En 370 pages, l’auteur prend en effet le total contre-pied de la doxa qui nous est imposée depuis le début de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine. C’est donc bienvenu.
À l’assaut de la bien-pensance russophobe
Non, nous ne sommes pas les alliés des États-Unis mais ses vassaux. Non, l’Amérique ne représente pas le camp du bien car elle « ment comme elle respire[3] ». Non, la domination nord-américaine n’a rien de pacifique ni de profitable pour nous. C’est bien l’OTAN qui n’a pas respecté la promesse faite à Gorbatchev et à Eltsine de ne pas s’étendre vers l’est. C’est l’Amérique qui est la seule responsable de la guerre qu’elle livre par procuration en Ukraine, pays au demeurant historiquement russe pour l’essentiel. Non, la Russie ne va pas perdre en Ukraine car son armée domine en tout l’OTAN.
Non, la Russie ne va pas nous envahir : elle souhaite seulement garantir sa sécurité (car « les Russes n’admettent pas que Washington fasse à leurs frontières ce que les États-Unis n’ont jamais accepté aux leurs[4] ») et ne pas se couper de la civilisation européenne à laquelle elle appartient pour une part. La Russie, en effet, a historiquement vocation à nous protéger de la poussée de l’Asie à l’est de notre continent ; c’est pourquoi les Européens commettent une erreur mortelle en la jetant dans les bras de la Chine, par leur folle politique de sanctions, qui ruine en outre leur économie (mais pas celle des États-Unis…).
Non, l’avenir de l’Europe n’est pas dans une union fédéraliste qui gonfle démesurément jusqu’à l’éclatement, mais dans une confédération européenne des nations qui coopère avec la Russie. Oui, l’Europe doit rompre avec l’Occident, l’ennemi des peuples : l’Europe ne va pas de Washington à Bruxelles, mais de Brest à Vladivostok.
Au fil des pages, Marc Rousset s’attaque sans faiblesse, on le voit, à tous les poncifs de la bien-pensance, aux mensonges et au double standard permanent de l’Occident.
Un essai pour nous réveiller
Pour l’auteur, la Russie n’est donc pas l’ennemi de l’Europe : l’ennemi, c’est « elle-même avec sa haine de soi, l’invasion migratoire extra-européenne, l’islamisme conquérant et l’impérialisme américain[5] ». La France devrait d’ailleurs se souvenir de tout ce qu’elle a dû à la Russie durant les deux guerres mondiales.
La situation est grave parce que la guerre est à nos portes, et Marc Rousset n’entend manifestement pas s’encombrer de prudence stylistique.
Il frappe fort pour nous réveiller, en particulier nous, Français, assommés par la répression et la propagande européiste et atlantiste de la macronie.
On n’est bien sûr pas forcé de suivre toutes les affirmations décapantes de l’auteur, comme, par exemple, lorsqu’il préconise l’usage de l’espéranto pour sortir de la domination de l’anglais globish en Europe…
Mais son essai ne laissera pas indifférent car il invite à une lecture alternative des enjeux de notre temps. C’est pourquoi il faut le lire.
L’avenir de l’Europe, pour Marc Rousset, se résume à une alternative : rester Européen en adoptant une politique continentale alliée à la Russie et en faisant une Europe des nations, ou devenir des Yankees de seconde zone en tant que vassaux, corvéables et jetables, de l’Amérique.
Alors, quel avenir choisissons-nous ?
C’est bien la question que Marc Rousset nous invite à nous poser dans son essai Notre faux ami l’Amérique.
Michel Geoffroy 07/05/2024
[1] HEC, docteur ès sciences économiques, diplômé des universités Colombia et Harvard, ancien dirigeant d’entreprise, chroniqueur et essayiste.
[2] Rousset (Marc), Notre faux ami l’Amérique, éditions Librinova, 2023, 24,90 euros.
[3] Ibid., p. 164.
[4] Ibid., p. 165.
[5] Ibid., p. 184.
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