jeudi 30 mai 2024

La scandaleuse expansion de l’OTAN à l’Est

 

LES MENSONGES INDIGNES DE L’AMÉRIQUE A GORBATCHEV, ELTSINE ET POUTINE !

L’expansion de l’OTAN vers l’est, selon le témoignage historique de William Burns, Directeur de la CIA de Joe Biden, ancien assistant de James Baker qui a négocié la réunification de l’Allemagne avec Gorbatchev

Témoignage de William Burns, lors d’un colloque en novembre 2022, alors qu’il était, en 1989, un assistant de haut niveau de James Baker, négociant la réunification de l’Allemagne.

William Burns : « Avec le soutien du président Bush, Baker a vendu le concept au chancelier allemand Helmut Kohl et au ministre des affaires étrangères Hans Dietrich Genscher, début février 1989, d’accepter des négociations « 2+4 » pour accélérer une réunification allemande rapide et son adhésion complète à l’OTAN, tout en rassurant les Soviétiques sur le fait que l’OTAN n’irait pas plus loin à l’Est, et que l’Alliance évoluerait pour refléter la fin de la guerre froide ainsi qu’un partenariat potentiel avec l’Union soviétique. »

« Baker a soutenu que les intérêts soviétiques seraient plus garantis par une Allemagne réunifiée enserrée dans l’OTAN, plutôt qu’une Allemagne indépendante de l’Alliance, mais disposant peut-être de ses propres armements nucléaires. Il a également assuré qu’il n’y aurait pas d’extension d’un pouce de la juridiction de l’OTAN ou de ses forces « plus à l’Est » de la frontière d’une Allemagne réunifiée. »

Burns a aussi témoigné de l’hostilité de la Russie d’Eltsine, dès 1995, à l’expansion de l’OTAN, avant même que Poutine ne soit au pouvoir. William Burns a reconnu : « L’hostilité précoce de la Russie à l’expansion de l’OTAN », les faits suivants étant soulignés : Le 27 septembre 1994, le Président Clinton reçoit Eltsine à la Maison Blanche et lui indique que « L’expansion de l’OTAN n’est pas antirusse ; elle n’est pas destinée à exclure la Russie, et il n’y a pas de calendrier imminent. » Mais les Russes apprirent à l’automne 1994 que le nouveau secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Richard Holbrooke, accélérait les discussions sur l’expansion de l’OTAN. Eltsine se plaignit à Clinton le 29 novembre. Il exprima brutalement sa déception le 5 décembre 1994, lors du sommet de Budapest de la CSCE. Devant un Clinton interloqué, il critiqua fortement l’attitude de l’OTAN, l’accusant de vouloir de nouveau scinder le continent.

Burns a aussi témoigné que Clinton a poursuivi l’expansion de l’OTAN, alors que l’ambassade américaine à Moscou lui conseillait d’abandonner cette mauvaise idée.

William Burns : « Rien de moins que l’homme d’État George Kennan, architecte du “Containment”, a qualifié la décision d’expansion “d’erreur la plus fatidique de la politique américaine de toute l’ère de l’après-guerre froide”. Là où nous avons fait une erreur stratégique – et où Kennan était prémonitoire – c’est que plus tard nous nous sommes laissés conduire par l’inertie à pousser l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, malgré l’attachement historiquement profond de la Russie à ces deux États et aux protestations encore plus fortes qu’elle a élevées. Cela a conduit à des dommages indélébiles, et a nourri l’appétit de futurs dirigeants russes pour en faire de même. »

Réactions accusatrices en 1997 et 1998 de George Kennan, père de la doctrine du « Containment », à la scandaleuse politique américaine d’expansion à l’Est de l’OTAN

Le reniement de la promesse solennelle non tenue par le secrétaire d’État américain, James Baker, à Gorbatchev, que l’OTAN ne chercherait pas à s’étendre aux anciens États du Pacte de Varsovie, a fait réagir violemment le père américain de la doctrine du « Containment ». Il s’est senti obligé de sortir de sa réserve, à 93 ans, pour souligner la faute grave, déshonorante et impardonnable de l’Amérique, en écrivant dans le New York Times du 5 février 1997 : « L’extension de l’OTAN ne manquera pas d’enflammer les tendances nationalistes, antioccidentales et militaristes au sein de l’opinion russe ; elle contrariera le développement de la démocratie en Russie ; elle restaurera l’atmosphère de la guerre froide dans les relations Est-Ouest et elle poussera la politique étrangère russe dans des directions qu’à coup sûr nous n’apprécions pas. »[1]

En 1998, le journaliste Thomas Friedman du New York times recueille la réaction de George Kennan à l’autorisation par le Sénat américain de l’extension de l’OTAN vers l’Est. Il répond : « Je pense que c’est le début d’une nouvelle guerre froide. Je pense que les Russes vont graduellement réagir de manière hostile et que cela va affecter leurs politiques. Je pense que c’est une erreur tragique. (…) Cette expansion ferait se retourner les Pères fondateurs dans leurs tombes. (…) Notre différend pendant la guerre froide nous opposait au régime communiste soviétique. Et maintenant nous tournons le dos au peuple même qui a fait la plus grande révolution de l’histoire sans effusion de sang pour mettre fin à ce régime soviétique. »[2]

Pierre Lellouche : « L’OTAN ne sait pas quoi faire de l’Ukraine »

L’ancien président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN estime que le sommet de l’OTAN du 12 juillet 2023, présenté par les médias, comme un triomphe de l’Amérique, n’a en fait rien réglé. La grand-messe de Vilnius a mal caché les fissures profondes apparues entre les alliés et surtout les incertitudes considérables qui pèsent tout autant sur la poursuite de cette guerre que sur le devenir de l’Alliance atlantique.

L’Amérique se réjouit de saigner l’armée russe sans perdre un seul de ses soldats, d’inonder l’Europe et l’Ukraine avec ses armements, de vendre son gaz liquéfié à l’Europe 4 fois plus cher qu’aux États-Unis, de remplacer partiellement le gaz russe bien meilleur marché pour les Européens, de la présence à Vilnius des dirigeants de l’Asie Pacifique : Japon, Corée, Australie et Nouvelle-Zélande. OTAN-AUKUS, même combat pour les beaux yeux de l’Amérique !

En mars 2008 à Bucarest, convaincus qu’un élargissement de l’Alliance serait un casus belli pour le Kremlin, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’opposèrent à George W.Bush qui souhaitait lancer immédiatement le processus d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN. Le compromis trouvé fut le pire possible : le communiqué final confirmait bien la « vocation » de ces pays à rejoindre l’Alliance, mais dans un avenir non déterminé et sans garanties de sécurité dans l’intervalle. On connaît la suite : l’armée russe entra en Géorgie dès le mois d’août suivant, puis s’empara de la Crimée et d’une partie du Donbass six ans plus tard.

Quinze ans après Bucarest, après 18 mois de guerre en Ukraine et des centaines de milliers de morts, retour à la case départ à Vilnius. La porte de l’OTAN reste toujours close à l’Ukraine car il est hors de question d’entrer en guerre contre la Russie, en mettant en œuvre la garantie de sécurité collective prévue à l’article 5 de la Charte de l’Atlantique Nord. Le communiqué final de Vilnius laisse planer le mystère et l’incertitude : « Nous serons en mesure de formuler une invitation à l’Ukraine lorsque les conditions seront réunies. »

Marc Rousset

(Auteur de Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Alliance avec la Russie /Préface de Piotr Tolstoï- 369p – Éditions Librinova -2024)

[1] Eric Branca – L’ami américain -p.438 – Editions Tempus- 2023

[2] Thomas L. Friedman -« Foreign Affairs; Now a Word From X » – The New York Times – 2 mai 1998

http://marcrousset.over-blog.com/2024/05/la-scandaleuse-expansion-de-l-otan-a-l-est-ii.html

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