par Isabelle Bernier
Historiquement parlant, Paris n’a jamais été décrétée capitale mais elle l’est devenue lorsque la monarchie l’a choisie comme lieu de résidence et qu’elle y a progressivement rassemblé les institutions administratives et gouvernementales. Dès le XIIIe siècle, la cité devient le centre politique du royaume, grâce à la présence permanente des rois de France, jusqu’au choix de Louis XIV de transférer sa résidence à Versailles.
À partir de Philippe Auguste (1180-1223), le roi se fixe à Paris avec sa Cour et un embryon d’administration. Il protège la ville en bâtissant une enceinte de cinq kilomètres de long qui englobe un territoire d’environ 250 hectares ; il la consolide avec un donjon défensif, le Louvre, dont la construction est achevée en 1202. L’autorité du souverain repose désormais sur sa fonction sacrée, reconnue par tous ses sujets. Cette évolution politique majeure, entre le XIIe et le XIIIe siècle, permet à Paris d’acquérir le rang de capitale.
Paris, résidence royale
Louis IX (1226- 1270) est l’instigateur du Parlement de Paris et de la Cour des comptes. La cité centralise désormais l’administration royale et devient le premier foyer religieux du royaume, avec la construction de nombreuses églises et abbayes. Paris représente également un centre intellectuel de rayonnement européen, grâce au développement de l’Université, reconnue par le pape depuis 1215. Au début du XIVe siècle, Paris compte environ 200 000 habitants, c’est la plus grande ville d’Occident : le dynamisme de la cité repose sur sa fonction de capitale politique.
Sous Charles V (1364-1380), Paris devient résidence royale attitrée lorsque le roi confirme le choix du Louvre et l’inclut dans un nouveau rempart. Le château prend une double fonction : en plus de son rôle protecteur, il est le palais du roi et de la cour, avec le château de Vincennes. L’ancien palais royal sur l’île de la Cité, acquiert une fonction plus administrative et judiciaire avec l’installation du Parlement de Paris.
Monarque itinérant, François Ier choisit Paris comme lieu majeur de résidence royale en 1528 (à son retour de captivité en Espagne) et le Louvre devient son palais parisien. Il décide de le faire reconstruire ainsi que l’Hôtel de Ville qui est achevé en 1628 (sous Louis XIII). La reconstruction du Louvre (auquel s’adjoint le palais des Tuileries de Catherine de Médicis) est achevée à la veille de la Révolution. Administrativement, la capitale comprend alors seize quartiers dont trois pour l’Université.
Les débuts d’un urbanisme raisonné
Dès le XVIe siècle, la fièvre bâtisseuse s’empare de Paris et de ses faubourgs : en 1548, une ordonnance royale de Henri II tente de limiter l’essor des constructions en dehors des murs. C’est une véritable lutte pour l’extension de la ville qui s’engage entre l’administration et les particuliers : elle va perdurer jusqu’aux années 1770, sous le règne de Louis XV.
On peut affirmer que les premières formes d’urbanisme raisonné apparaissent avec Henri IV : la place Royale (ou place des Vosges actuelle) est créée ainsi que la place Dauphine ; le quartier du Marais connaît un second lotissement (premiers quartiers lotis sous François Ier) ; le pont Neuf, commencé sous Henri III, est achevé et le roi fait construire l’hôpital Saint-Louis.
Louis XIII et Richelieu poursuivent la politique d’urbanisme engagée par Henri IV. On assiste à la naissance de l’île Saint-Louis : Louis Le Vau, architecte (entre autres) de Vaux-le-Vicomte et auteur des premiers plans d’extension de Versailles, y bâtit un ensemble d’hôtels particuliers prestigieux. Avec Louis XIV, les chantiers des Invalides et de l’Observatoire sont ouverts, et l’architecte Jules Hardouin-Mansart propose au roi, les plans de la place des Victoires et de la place Vendôme. En 1682, Louis XIV s’installe à Versailles avec la cour : cela n’empêche pas la construction de nouveaux quartiers résidentiels à Paris – le faubourg Saint-Germain, puis le faubourg Saint-Honoré sous la Régence – et l’installation des Académies royales.
Depuis Versailles, Louis XV et Louis XVI sont également des monarques qui entreprennent de grands travaux parisiens : l’École militaire et la place Louis XV (place de la Concorde actuelle) sont bâties entre 1752 et 1772 ; les chantiers de l’église Sainte-Geneviève (futur Panthéon) et de l’église de la Madeleine sont ouverts en 1764. Le quartier de l’Odéon est créé entre 1779 et 1782 ; on démolit les maisons sur les ponts Marie, Notre-Dame et Saint-Michel entre 1786 et 1788.
Le mur dit des Fermiers généraux est réalisé entre 1784 et 1787 : cette enceinte de vingt-trois kilomètres permet aux agents des impôts indirects de percevoir à chacune des soixante barrières d’octroi (54 mises en place avant la Révolution), les droits d’entrée des marchandises qui seront vendues dans la capitale. Beaumarchais ne peut s’empêcher de critiquer la construction de ce mur fiscal : « Le mur murant Paris, rend Paris murmurant ».
Emprise politique, économique et sociale déterminante
À cette époque, Paris s’étend sur 3 500 hectares et sa population est estimée à 600 000 habitants : elle est désormais la deuxième ville européenne derrière Londres, mais représente à peine 2,5 % de la population française. L’emprise politique, économique et culturelle de la capitale s’étend à tout le royaume. Alors que le règne de Louis XIV est marqué par une opposition locale entre ville et cour (Paris et Versailles), apparaît dans les années 1750 l’opposition nationale entre Paris et « province ». La capitale confirme sa position de centre politique et administratif du royaume : les grandes institutions centrales (Chancellerie, Ferme générale, Ferme des postes), les secrétariats d’État, les cours souveraines (Parlement, Cour des comptes) y ont leur siège. Seul, le Grand Conseil (des ministres) demeure à Versailles.
La haute noblesse se fait construire des hôtels particuliers luxueux, notamment dans le nouveau quartier du faubourg Saint-Honoré. Ainsi, le comte d’Évreux y fait bâtir le futur palais de l’Élysée en 1720 : offert par Louis XV à la marquise de Pompadour en 1753, le palais devient résidence impériale de Napoléon Ier en 1805. Son neveu Napoléon III, premier président de la République française avant d’être empereur, y habite à partir de 1848.
Paris devient le creuset français !
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le mouvement migratoire vers la capitale s’amplifie et l’on estime que 10.000 immigrants se fixent à Paris chaque année. La grande majorité vient de la moitié nord du royaume (exception faite de l’Auvergne), ce sont de jeunes adultes à la recherche d’un travail qui deviennent ouvriers, domestiques ou exercent les innombrables petits métiers de la rue. À la fin du siècle, les registres paroissiaux indiquent que 30 % seulement des Parisiens adultes sont nés à Paris !
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Le nom de la cité est attesté pour la première fois par Jules César, au milieu du 1 siècle av. J.-C., dans la Guerre des Gaules, sous la forme Lutecia ou Lutetia (selon les manuscrits). On trouve ensuite Lutetia apud Parisios au 4ème siècle (Parisios étant à l’accusatif pluriel) ; puis Parisios [usque] en 400 – 410, et enfin Paris, attestée dès 887.
Paris doit son nom au peuple gaulois des Parisii (au nominatif pluriel).
Interprétations anciennes
L’étymologie de Paris a été à l’origine de nombreuses interprétations, souvent plus farfelues les unes que les autres afin de glorifier la « plus belle ville du Monde » et de lui attribuer des origines prestigieuses.
Les historiens du Moyen Âge comme le moine Rigord de Saint-Denis ont rattaché la fondation de Paris à la prise de Troie, les Troyens émigrés s’étant alors installés sur les rives de la Seine et auraient baptisé leur nouvelle cité du nom de Pâris, fils de Priam et amant de Hélène. On trouve aussi l’étymologie parisia, « audace » en grec. Au 16ème siècle, Baptiste de Mantoue écrit dans Vita Sancti Dionysii que les Parisiens sont issus des Parrhasiens — habitants de Parrhasie, cité d’Arcadie — et compagnons de Héraclès (Hercule).
Gilles Corrozet dans La Fleur des Antiquitéz de la plus que noble et triumphante ville et cité de Paris publié en 1532 estime que Paris doit son nom à un temple d’Isis (Par Isis), déesse égyptienne, dont la statue se situerait à l’église Saint-Germain-des-Prés.
Isabelle Bernier, Historienne / Futura Sciences
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Paris
via:https://aphadolie.com/2019/11/09/histoire-naissance-de-paris-capitale-du-royaume-de-france/
https://reseauinternational.net/histoire-naissance-de-paris-capitale-du-royaume-de-france/
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