L’année 1515 est marquée par la victoire de Marignan, dans le cadre des guerres d’Italie. La bataille opposa l’armée française alliée aux Vénitiens aux mercenaires suisses du pape. Suite à ce succès, le roi signa une paix perpétuelle avec les cantons suisses (1516) qui s’engagèrent non seulement à ne plus combattre le roi, mais à se mettre à son service. Le traité ne fut violé que lors de la Révolution française. La victoire aboutit également à la signature du concordat de Bologne (1516) accroissant l’emprise du pouvoir royal sur l’Eglise de France ; concordat qui régla les rapports entre la France et Rome jusqu’à la Révolution. La victoire de Marignan fut néanmoins le seul grand éclat militaire du règne de François Ier, masquant dans la mémoire populaire le désastre de Pavie (1525) qui mena le roi prisonnier en Espagne. Autre échec important : en 1542, lors de la neuvième guerre d’Italie, l’Angleterre, alliée au Saint-Empire, débarqua une armée au Nord de la France qui s’approcha à moins de 100 kilomètres de Paris, ce qui contraignit le roi à signer la paix (1546). Les guerres d’Italie continuèrent jusqu’en 1559 avec Henri II.
Les guerres d’Italie ont été une des causes de la Renaissance française : impressionné par la Renaissance italienne, le roi mena une politique de prestige dans les arts et les lettres favorisée par le contexte de l’époque (“le beau XVIe siècle” qui correspond à la première moitié du XVIe siècle). Le château de Chambord est l’édifice emblématique de cette “Renaissance artistique”. Sous le règne fut fondé le Collège des Lecteurs royaux (1530), ancêtre du Collège de France, où étaient étudiées entre autres les disciplines scientifiques, ce qui constituait une véritable innovation, ces matières étant alors considérées comme secondaires. François Ier ramena également de ses bagages d’Italie le savant touche-à-tout Léonard de Vinci et ses œuvres les plus célèbres dont La Joconde. Sur le plan culturel enfin ne doit pas être oubliée l’ordonnance de Villers-Cotterêt (1539) qui contient deux articles d’une grande importance, imposant le français (et non plus le latin) comme langue royale et de l’administration.
Sur le plan extérieur, le conflit avec Charles Quint aboutit à une alliance surprenante avec l’Empire ottoman. Il s’agit de la première mise en pratique majeure du concept de la Raison d’Etat (outrepasser les règles morales et religieuses dans l’intérêt du pays), concept qui ne cessa pas de prendre de l’importance et qui connut son triomphe avec la politique de Richelieu (politique très pragmatique passant par des alliances avec des pays protestants). Cette alliance avec la Sublime Porte fut reconduite par ses successeurs jusqu’à Louis XIV inclus, ne tombant en désuétude que lorsque les Ottomans entrèrent dans une phase de déclin continu (fin du XVIIe siècle).
Quel bilan pour le règne ? La politique de prestige artistique et culturelle est incontestablement remarquable. Cependant, l’obstination du roi pour le mirage italien (jusqu’en 1546 !), conduisant à épuiser ses forces et les finances, paraît plus critiquable. Surtout, François Ier ne vit pas, jusqu’à l’affaire des Placards (1534), le danger que constituait la diffusion en France du protestantisme sous sa forme calviniste (fin de l’unité religieuse, et donc sociale). Cet aveuglement des débuts du règne conduisit à près d’un demi-siècle de guerre civile. Néanmoins, quel que soit le jugement que nous pouvons porter sur son règne, celui-ci marqua indubitablement les deux siècles qui suivront.
Aetius.
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