Alors, en mars 2023, malgré le rétropédalage des constructeurs européens confrontés à une réalité que personne n’avait étudiée, il a bien fallu entériner les décisions de l’Union européenne. Qu’importent les coûts, jamais évalués, qu’importent les difficultés techniques, jamais évaluées non plus, qu’importent les réticences des automobilistes qui voient grimper les prix à mesure que s’envole celui de l’électricité : aucun véhicule neuf vendu à partir de 2035 ne sera équipé d’un moteur thermique.
Les constructeurs freinent des quatre roues
D’abord enthousiasmés par l’idée de voir s’ouvrir un nouveau marché, les constructeurs freinent aujourd’hui des quatre roues. Ils le disent tous : avant de décider ce qui constitue une révolution complète sur le plan technologique, social, environnemental, aucune étude d’impact n’a été faite.
Déjà, les acheteurs ne sont pas vraiment au rendez-vous, et pour cause. En période d’inflation la voiture électrique est un luxe. « En France, par exemple, il faut débourser plus de 35.000 euros pour la Peugeot 208 électrique, soit 57 % de plus que la version à essence, même en tenant compte des aides publiques. Un prix en augmentation de 20 % sur les trois dernières années », lit-on dans La Tribune. Le patron de Mercedes, lui, a déclaré : « Il n’est pas possible de prédire exactement si nous vendrons notre dernier moteur thermique en 2030, 2033 ou encore 2035, car ce sont nos clients qui décideront », et l’Allemagne a obtenu de l’UE de pouvoir utiliser des carburants synthétiques.
Accusé, comme d’autres constructeurs européens, d’être « sur le côté conservateur de la transition énergétique », le président de Renault, Jean-Dominique Senard, était entendu, le 20 mars, par la commission des Affaires économiques du Sénat. Il a évidemment déploré qu’aucune étude d’impact n’ait été faite en amont. Conséquence : « Une fois que la décision a été prise, tout le monde a découvert ou a fait mine de découvrir que nous avions un énorme problème autour des ressources nécessaires pour alimenter les usines de batteries. » On s’est tout à coup aperçu que « l’Europe était dépourvue d’accès significatif aux mines (de métaux rares) nécessaires à la fabrication des batteries ». Bref, de ce fait, « l’industrie automobile s’est trouvée devant des défis majeurs qui n’avaient pas été anticipés ».
L’Asie, elle, a anticipé, comme l'atteste le dirigeant de Renault : « Depuis 25 ans, la Chine […] a mis la main sur une quantité significative de mines. » Et d'ajouter que « la Chine domine entre 60 et 70 % de l’accès aux mines de métaux nécessaires pour la production d’énergie électrique ».
Oui, mais voilà, faute d’études en amont, « ce constat-là est apparu après la décision et non avant ». Et puis, il y a « l’autre sujet », celui d’une « demande d’énergie électrique considérable » et pour laquelle nous ne sommes pas davantage prêts. Déjà, l’Allemagne reporte la construction de son usine de batteries, et chez nous, tout projet d’ouverture est violemment contesté…
Ce lundi matin, sur Europe 1, Emmanuelle Ducros consacrait son « Voyage en Absurdie » au sujet. « Les constructeurs sont échaudés par les errements politiques », dit-elle. Et d’expliquer que la première raison de cette situation, c’est que « l’UE a la fâcheuse habitude de penser qu’elle peut fixer un objectif sur un coin de table, et que cela suffit à faire une politique publique, sans jamais se demander comment, ni avec quels effets ». C’est d’ailleurs exactement ce qu’on a fait avec l’agriculture. Et puis, faire une étude d’impact, c’était inévitablement « confronter la pensée magique à la réalité, une réalité qui supposait de tordre le cou à un certain nombre de dogmes écolos, et cela n’a pas bonne presse ». Plus dur sera l'impact.
Marie Delarue
https://www.bvoltaire.fr/voiture-electrique-crash-violent-dans-le-mur-des-realites/
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