vendredi 23 février 2024

Le premier Homme serait apparu en Europe et non en Afrique

 

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25/05/2017 Breizh-Info.com) Les premiers résultats d’une collaboration scientifique internationale entre paléontologues d’Instituts canadiens, bulgares et allemands viennent d’être publiés ce 22 mai : « El Graeco », le Graecopithecus trouvé en Grèce et ayant vécu au Miocène, serait bien selon ces travaux, un des ancêtres de l’Homme.

Une découverte d’une importance capitale

L’examen de la morphologie détaillée des molaires d’El Graeco démontre, selon l’étude accessible en ligne sur le journal scientifique , que son propriétaire est bien un homininé et s’est séparé des chimpanzés pour devenir un Homo. Cette étude remet en cause la croyance, jusque là majoritaire bien que fortement contestée, que l’Homme est né en Afrique, dans la région des Grands Lacs et du rift.

Retrouvée en 2012 à Azmaka en Bulgarie avec d’autres vestiges, la dent d’Hominidé ( grands singes et hommes)  a donc été étudiée et attribuée au Graecopithecus freybergi, connu pour vivre dans les prairies grecques pendant le Miocène. Ce qui apparaît désormais est que cet hominidé a résisté à la vague d’extinction du Miocène qui a duré 3 millions d’années et qu’il a survécu en Europe.
Jusqu’ici on ne connaissait de la mâchoire du Graecopithecus qu’un fragment découvert en 1944 à Pyrgos près d’Athènes, avec une surface inexploitable car usée et partielle. L’étude de ces dents permet d’assembler le puzzle et de positionner dans le temps Graecopithecus entre 7,18 et 7,25 millions d’années.

Le premier des Hommes, un Européen ?

Les chercheurs remettent en cause le titre de plus ancien hominidé actuellement détenu par Thoumai, Sahelanthropus tchadensis : ils pensent que les homininés se sont séparés de la lignée évolutive des chimpanzés en Méditerranée orientale un peu avant 7,25 millions d’années. En d’autres termes, ils suggèrent que notre dernier ancêtre commun avec les chimpanzés est un Européen de l’Est et que l’Homme est apparu en Europe orientale. A l’époque, l’Europe avait un climat subtropical, était recouverte principalement de lagunes peu profondes et de prairies sèches et vallonées.

Plusieurs critiques se sont élevées dès la parution de la publication : certains critiquent d’une manière générale le fait d’attribuer à Toumaï ou à El Graeco le titre d’ancêtre de l’Homme et qu’il faut remettre en question les méthodes d’attribution des caractères communs entre ancêtres de Pan (Chimpanzé) et d’ Homo.

D’autres précisent qu’ils sont convaincus que le Graecopithecus est « un singe différent » mais qu’il n’est cependant pas certain qu’il soit bien un Homininé.

Voici la carte publiée par The Telegraph dès la parution de cette nouvelle scientifique, dans cet article intitulé Europe was the birthplace of mankind, not Africa, scientists find : 

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La théorie “Out of Africa” balayée ?

La théorie “Out of Africa” est celle de l’Afrique comme seul berceau de l’humanité. Les premiers hominidés seraient sortis d’Afrique  il y a 1,5 millions d’années. L’Homo sapiens, l’homme moderne, serait lui sorti de ce continent il y a moins de 70 000 ans pour coloniser le Proche-Orient, l’Asie et l’Europe. Cette hypothèse était appuyée par la présence sur le continent africain des plus anciens hominidés découverts.
Une théorie très pratique pour de nombreux moralistes qui, bêtement, répètent à l’envi que nous serions donc tous “Africains”. Comme si, même si cette théorie était vraie, la fixation pendant des dizaines de millénaires sur des terres différentes n’avait pas créé des différences parfois énormes entre les membres de l’espèce humaine…

Quoi qu’il en soit, si cette découverte d’un ancêtre européen était confirmée, il s’agit d’un élément tout à fait phénoménal puisqu’il remettrait totalement en cause cette théorie “Out of Africa”.
Cette théorie souffrait depuis plusieurs années de contestations de plus en plus étayées.

La revue Eléments, dans son numéro 159 de mars-avril 2016 produisait un dossier conséquent sur le sujet qui démontrait que la théorie d’une origine multirégionale de l’Homme. Parmi les défenseurs d’une telle théorie : les paléoanthropologues Milford Wolpoff (Américain) et Wu Xinzhi (Chinois). Ces deux éminences scientifiques ont développé un modèle dans lequel le passage de l’Homo erectus à l’Homo sapiens aurait eu lieu dans différentes parties du monde à peu près au même moment. En 2011, Yves Coppens, grand paléoanthropologue français a également renoncé à la théorie Out of Africa.
De manière générale, plusieurs découvertes génétiques récentes ont démontré que le génome des hommes modernes de certaines régions du monde comportaient des restes génétiques de populations antérieures aux Homo sapiens africains.

Le cas de l’homme de Denisova est emblématique de ce genre de découvertes scientifiques.

Un coup de maître de David Begun ?

Avec cette découverte de David Berdun et son équipe, la théorie Out of Africa est fragilisée à l’extrême. Ce paléoanthropologue n’est pas un inconnu. Bastien O’Danieli, dans son article “Et si l’origine d’Homo Sapiens était multirégionale” (Eléments n°159) écrivait page 77 : “Dans un livre publié voici quelques mois, The Real Planet of the Apes, le paléoanthropologue David R. Begun affirme que les premiers hominidés ne sont pas apparus en Afrique, mais en Europe, et qu’ils ont pour ancêtre le Dryopthèque […] dont les restes ont été découverts à partir de 1856 à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Les premiers hominidés, estime Begun, seraient apparus en Europe il y a 12,5 millions d’années.”

Aujourd’hui, ce même Begun semble apporter la preuve de cette antériorité européenne. Si cela était confirmé, il s’agirait d’un coup de tonnerre dans le monde de la paléoanthropologie.

Crédit photo :  DR
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https://www.breizh-info.com/2017/05/25/70327/premier-homme-europe-afrique-el-graeco/

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