samedi 13 janvier 2024

Comprendre cette impardonnable défaite du 22 juin 1940

 Cet article didactique recense les principales causes de la défaite de juin 1940. Que de fautes commises depuis novembre 1918 ! 

Le 22 juin 1940 à 18h50 (Heure allemande), la France signe une réédition déshonorante qui se dissimule sous le nom d'armistice. En six semaines, elle vient de perdre ce que De Gaulle s'emploiera à qualifier depuis Londres de bataille. Mais, c'est belle et bien une guerre que la France vient de perdre contre l'Allemagne revancharde de la Grande Guerre de 1914 -1918.

L'Histoire officielle actuelle fait toujours état d'une sorte de fatalité attribuant la débâcle au destin de la France, aux "circonstances". Pour se dédouaner de ses responsabilités, la classe politique d'avant-guerre, très majoritairement de Gauche, ira même à considérer cette honteuse défaite de juin 1940 comme "inévitable" ou même "excusable" ! Elle ira même jusqu'à reporter l'exclusivité de la responsabilité sur l'Armée française qui s'est pourtant bien défendue avec les maigres moyens mis à sa disposition durant deux décennies de pacifisme et dix ans de démoralisation orchestrée par le Parti communiste aux ordres de Moscou.

Pourtant que de fautes impardonnables accumulées dès novembre 1918 et jusqu'en juin 1940 par les dirigeants politiques français. 

Quelle erreur de ne pas avoir terminé la guerre en novembre 1918 alors que l’Armée allemande était en pleine débandade et que l’occupation du territoire allemand jusqu’à la rive gauche du Rhin était possible sans perte humaine.

Que de fautes impardonnables accumulées dès le lendemain de la Grande Guerre, quand la France s'est rendue compte très vite que la boucherie de 1914 -1918 ne serait pas la "Der des Der" comme le souhaitaient les anciens combattants et les pacifistes majoritairement de Gauche. Elle préféra se bercer d’illusion en croyant au désarmement et aux règlements des conflits par la communauté internationale… Alors que la République de Weimar réarmait avec l’aide de l’URSS dès le début des années 1920. Premier accro au Traité de Versailles signé en 1919. 

Quelle faute du gouvernement de ne pas avoir été ferme quand l’Allemagne nazie a remilitarisé la Rhénanie en mars 1936. C’était pourtant la dernière occasion avant que la puissance militaire allemande ne surclasse celle de la France. La dernière occasion de stopper la soif de revanche de l’Allemagne et sa volonté de domination des Peuples européens par une idéologie totalitaire. En ce mois de mars 1936, le gouvernement de transition radical-socialiste était alors en pleine préparation des élections législatives qui verra arriver au pouvoir le Front populaire. Il préféra ne pas faire de vague face à une opinion publique majoritairement pacifiste et se focaliser sur les problèmes intérieurs français. Quel manque de jugement et de hauteur de vue de la part de nos dirigeants !

Les gouvernements de Front populaire n’en tireront aucunes conséquences sur la stratégie militaire française. Quelle nouvelle faute ! Rappelons que la stratégie militaire était basée, à la suite du Traité de Versailles sur deux postulats : Création d’une zone tampon en Rhénanie permettant de protéger nos frontières du Nord et de l’Est ; Limitation drastique de la puissance militaire allemande. Avec le réarmement de la Rhénanie, un des postulats sur lequel était bâtie la politique de défense de la France tombait (Le second postulat étant tombé dès les années 1925). Les gouvernements successifs n’en prendront pas acte et resteront sur une stratégie défensive en totale contradiction avec la stratégie de la diplomatie française construite sur une alliance de revers à l’est (Donc sur une guerre de mouvement et non défensive).

Quelle incompétence de ces mêmes gouvernements d’avoir ruiné la Diplomatie française à l’occasion de la Guerre civile espagnole… montrant à l’URSS et à la Belgique que la parole de la France ne valait rien et à l’Allemagne que la France était déjà à genoux et désarmée.

Que dire des accords de Munich qui donnent un chèque en blanc à Hitler pour anéantir un état souverain, la Tchécoslovaquie, alliée de la France. Nos dirigeants crurent gagner du temps afin de réarmer… Mais Hitler avait déjà décidé de la date de l’attaque de la France !

Les gouvernements radicaux-socialistes qui vont se succéder à un rythme effréné ne vont pas se donner les moyens humains et industriels pour réarmer la France. Ils iront à la confrontation à reculons, déjà tétanisés par ce qui leur arrive… et ne voulant pas solder les dérives du Front populaire, dans un climat de grèves dures sporadiques orchestrées par le Parti communiste aux ordres de Moscou qui préférait que le conflit avec Hitler commence à l’ouest.

Les accords de Munich de 1938 ne sont pas l'unique faute de la classe politique

Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, la classe politique de la quatrième République (Issue très majoritairement de la Troisième République), afin de se dédouaner, tourna les projecteurs sur les accords de Munich signés le 30 septembre 1938 par le président du Parti Radical et président du Conseil, Edouard Daladier, et par le Premier Ministre britannique Neville Chamberlain.

En permettant à Hitler d'annexer les territoires peuplés d'allemands de la Tchécoslovaquie, l'accord de Munich scelle la disparition de la Tchécoslovaquie en tant qu'état indépendant et met fin à la première République de ce pays (Avant sa disparition totale quelques mois après). 

Il y avait déjà eu un précédent de la part de l’Allemagne. Le 12 mars 1938, l'Allemagne avait déjà annexé l'Autriche avec l'Anschluss... dans l'indifférence atone du gouvernement français exclusivement occupé à sauver la majorité parlementaire du Front populaire, plutôt que de s’occuper d’un problème bien plus important concernant la sécurité en Europe.

Bien que conscient du marché de dupe qu'il venait de signer à Munich, mais poussé par le pacifisme ambiant, Edouard Daladier commis une faute importante car il montra à Hitler que dorénavant tout lui était permis et que la France continuait à montrer un visage de faiblesse.

Double marché de dupe, quand Edouard Daladier apprit plus tard que Chamberlain envisageait de signer un accord séparé avec l'Allemagne comportant une clause de rupture de l'alliance franco-anglaise et une attribution à l'Allemagne de colonies en Afrique (Tout ou partie du Congo belge). Le seul allié de la France sur le flanc ouest prenait ses distances... conséquence directe de la désastreuse politique internationale française durant la Guerre civile d’Espagne menée par Léon Blum en personne.

Certes, ce fut une faute importante, mais ce ne fut pas la seule. Bien d'autres avaient été commises avant les accords de Munich par les gouvernements du Cartel des Gauches, puis du Front populaire. Mais la signature de cet accord montra pour la troisième fois à Hitler que la France et l’Angleterre avait la faiblesse de ne pas s’opposer à ses volontés. Son plan de destruction de la France vainqueur de la Grande Guerre n’avait plus de barrières à l’Ouest.

Edouard Daladier eut un éclair de lucidité, mais fut bien le seul dans les rangs de la Gauche au pouvoir. Le Premier Ministre britannique continua sa folle politique d’Apaisement avec l’Allemagne… ne voulant pas voir ce qu’était l’idéologie nazie. Il continua à entrainer les dirigeants politiques français radicaux-socialistes arc-boutés sur l’Alliance franco-britannique comme seul horizon diplomatique depuis le début des années 1920.

Pour l'Allemagne, la soif de revanche n'a pas attendu l'arrivée d'Hitler en 1933

L'Histoire officielle tente de nous faire croire que l'Allemagne a attendu l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir pour redevenir belliqueuse. Il n'en est rien : C'est la République de Weimar socialiste (1919 -1933) qui a réarmé l'Allemagne dès 1922 avec la complicité d’abord de l'URSS, puis de l'Angleterre, dans une ambiance générale de revanche apparue dès le 12 novembre 1918.

Pour le Peuple allemand, l’Allemagne n’a pas été vaincue

Le lendemain du 11 novembre 1918, les troupes allemandes défilent à Berlin devant une foule en liesses. Le chef du gouvernement, le socialiste Ebert, salue ces soldats "qui reviennent invaincues d'un combat glorieux". Il flotte déjà en Allemagne une idée de revanche. Dès l'armistice signé, les vainqueurs découvrent en guise de peuple soumis une nation en colère. Avant même que commence les discussions du traité de Paix s'installe en Allemagne le leitmotiv du "Coup de poignard dans le dos". 

Pour la France, la Grande Guerre se termine par la défaite de l’Allemagne et le retour de l’Alsace et de la Moselle abandonnées en 1871. Pour le Peuple allemand, l’Allemagne reste invaincue et n’est pas défaite (Il est vrai que le territoire allemand n’a pas été envahi). Dans un tel état d’esprit, cette guerre qui venait de s'interrompre le 11 novembre 1918 allait reprendre 21 ans plus tard.

Le réarmement de l’Allemagne par la République socialiste de Weimar dès 1920

Le nouveau régime socialiste allemand de la République de Weimar (1919 -1933) a signé le 16 avril 1922 avec l’URSS, en marge du Traité de Rapallo, un pacte secret de réarmement en totale opposition du traité de Versailles qui prévoyait la limitation drastique de la puissance militaire allemande.

Il permet à la Reichswehr d’effectuer depuis l’étranger d’importantes recherches militaires qui seront testées sur le sol russe en échange d’un appui  technique aux ingénieurs russes. Plusieurs firmes allemandes (Krupp, Ag, Rheinmetall-Borsig, Daimler) créent des usines afin de fournir des prototypes de chars d’assaut qui seront testés en Union soviétique. Ils vont paver la voie aux futurs Panzers dont le Pz I qui sera mis en production industrielle dès 1934. Les tests et l’entrainement des équipages se feront près de Kazan, capitale actuelle du Tatarstan alors intégré à l’URSS. C’est également dans cette ville que sera affinée la stratégie d’utilisation de cette nouvelle arme blindée, stratégie qui sera décisive en juin 1940.

L’accord prévoit aussi de fournir une école de gaz de combat non loin de la ville russe de Saratov où seront mis au point les nouvelles techniques. S’y ajoute une école de formation des pilotes de chasses à Lipetsk qui permettra à l’Allemagne de développer une aviation de combat moderne.

L'Allemagne socialiste de la République de Weimar n'a pas attendu l'arrivée d’Hitler en janvier 1933, malgré ce qu'on croit généralement. Elle aura même créé en 1929 le Bureau des engins balistiques qui avait pour mission de créer une fusée à vocation militaire... En 1932, un certain  Wernher Von Braun sera embauché comme employé civil.

Dès 1926, la Lufthansa se dote de nombreux appareils qui tout en ayant un aspect civil peuvent aisément être convertis en avions militaires de reconnaissance ou de bombardement. Ce fut le cas du Ju 52 qui formera les trois quarts de la flotte de cette compagnie au début des années 1930. Cet avion restera en service dans l’armée allemande jusqu’en 1945. Avec son importante flotte moderne, la Lufthansa formera de nombreux pilotes qui voleront plus tard dans l’armée de l’air.

D’autres appareils militaires seront conçus par un ensemble de firmes qui feront des études poussées sur les moteurs : Junkers (Créée en 1920), Heinkel et Domier (Créée par un français en 1922), Focke-Wulf (1924). Ils resteront à l’état de plan en attendant des jours meilleurs.

Un état-major secret pour l’aviation sera même créé dans les bureaux de la Reichswehr avec d’anciens officiers pilotes. Ce bureau favorisera la formation de nombreux pilotes dans la Lufthansa, en URSS ou dans les écoles civiles de pilotage. La plus grande d’entre-elles, la Deutscher Luftsportverband, comptera en 1930 (10 ans après sa création) 50 000 membres.

Limitée en nombre par le traité de Versailles, l’Armée allemande de la République de Weimar sera avant tout une armée de cadres qui seront prêts à diriger une armée plus nombreuse. Ainsi, l’Armée allemande est limitée à 4 000 officiers, mais plus de la moitié des effectifs est composée de sous-officiers qui reçoivent une instruction bien supérieure à leur grade. Quant à eux, les officiers bénéficient de contrats de longue durée, conséquence de la mise en œuvre en 1920 par le commandement d’une nouvelle doctrine d’emploi. Ils peuvent ainsi recevoir une formation très poussée.

Un autre coup de canif sera fait par la République de Weimar au Traité de Versailles en 1922. Afin de contourner l’interdiction de produire des sous-marins, une organisation clandestine fut créée  aux Pays-Bas, le « Bureau d’études » Ingenieurskantoor voor Scheepsbouw, ayant pour mission de poursuivre les recherches des ingénieurs allemands à partir des plans et brevets de la marine impériale. Huit sous-marins seront ainsi construits en Espagne, Finlande et Pays-Bas et serviront de banc d’essais pour les futurs U-Boot qui seront si redoutables en Atlantique nord en menaçant l’arrivée de l’aide américaine en Grande-Bretagne.

Si l’armée est limitée à 100 000 hommes, la République de Weimar met en place, au travers des associations d’anciens combattants, la formation paramilitaire d’une fraction importante de la population. Cette organisation porta le nom de "Reichswehr noire" ; La plus importante, les « Casques s’acier », compte en 1930 plus de 500 000 membres. Elle autorisera aussi les associations paramilitaires politisées qui seront très nombreuses. C’est ainsi que naitra les SA du Parti national-socialiste des travailleurs allemands qui comptera en 1934 près de quatre millions et demi d’hommes.

Lorsque Ludwig Quidde, figure allemande du pacifisme, publie en 1924 un article contre la "Reichswehr noire" intitulé "Le danger de l'heure" qu’il distribue à 70 députés et pacifistes internationaux, il est traduit en justice et condamné pour haute trahison par la République de Weimar.

Lorsque nait la Wehrmacht en 1935, elle hérite de la République de Weimar de son effort de réarmement : Quinze années d’expériences, d’expérimentations et d’entraînements. L’essentiel de ses futurs généraux et de ses officiers sont déjà en place. Ses soldats maîtrisent les concepts les plus innovants de la guerre moderne. De très nombreux civils connaissent le rudiment du soldat. Quant aux matériels, il est déjà construit ou prêt à être construit de façon industrielle dès 1933. Cette république de Weimar dirigée par des socialistes livre à Hitler une armée ayant un très fort potentiel.

Après l'arrivée d’Hitler au pouvoir, ce sera, le 18 juin 1935, la signature d'un traité entre l'Allemagne et l'Angleterre permettant à L'Allemagne de créer une marine de Guerre à hauteur de 30% de celle de l'Angleterre... sans aucune consultation des alliés de cette dernière. Quant au pacte germano-soviétique du 23 août 1939, outre l'aspect de non-agression mutuelle, il prévoyait la fourniture par l'URSS d'importantes quantités de matières premières et de blés.

L'industrie américaine ne sera pas en reste. Le constructeur américain Ford construira en 1938 une usine d'assemblage de véhicules de transport de troupe dans la banlieue de Berlin… l’argent n’a pas d’odeur !

La première faute a été de ne pas finir la Grande Guerre

La première faute a été de ne pas poursuivre la guerre sur le sol allemand en 1918 alors que les armées allemandes étaient en pleine débâcle. Cela aurait permis d'obtenir une réédition sans condition de l'ennemi et d'obtenir des gages territoriaux (En occupant au moins toute la rive gauche du Rhin).

Dès la mi-août 1918, après les offensives manquées du printemps et de l'été, le commandement allemand sait qu'il ne gagnera plus la guerre. Dès le 5 octobre, le nouveau chancelier, Max de Bade, entame des discussions d'armistice avec les seules Etats-Unis en demandant au président Wilson "de prendre en main le rétablissement de la paix". Il trouvera un accueil favorable, les Etats-Unis ne souhaitant pas entraver la puissance allemande.

Foch et Clémenceau sont bien conscients des inconvénients d’un armistice hâtif mais ont du mal à évaluer l'état des forces allemandes. Clémenceau reconnaitra en février 1919 devant le Sénat : "Si nous avions été mieux renseigné, nous aurions imposé des conditions plus dures". 

Toute la France s'installe dans un tragique malentendu : Les politiques feront croire le 11 novembre 1918 que c'était une victoire totale et une capitulation de l'Allemagne.

Il sera alors impossible au général Foch et à Clémenceau de convaincre les britanniques et les américains de créer un état indépendant sur la rive gauche du Rhin, ce qui aurait permis de constituer une zone tampon en cas de nouvelle attaque de l'Allemagne. 

A titre de compensation, américains et britanniques s'engageront à intervenir en France dès l'attaque de l'Allemagne... sachant pertinemment que le congrès américain ne ratifiera pas cette décision. Ce sera un marché de dupe entre alliés !

La France de l'entre-deux guerres malade du pacifisme

On trouve encore cette question sous la plume de certains historiens : "Le pacifisme a-t-il contribué à la défaite et à la capitulation de 1940?". La réponse est clairement oui ! Ce pacifisme avant de devenir antisémite à partir de 1938 se vautrera dans la collaboration dès 1940, à quelques rares exceptions.

Les anciens combattants militants de la "Der des der"

Avec ses 5 200 000 anciens combattants encore vivant en 1938, c'est le plus important camp des pacifistes français. Ceux qui en ont réchappé, souvent blessés à plusieurs reprises, sans oublier les mutilés - "Gueules cassées"   et aveugles de guerres, ne sont pas prêts d'oublier l'horreur des combats et leurs camarades disparus. C'est la "Génération du feu" qui s'organisera en une multitude d'associations de défense des intérêts des anciens combattants à l'image des Croix de feu rassemblant l'élite des décorés de la Croix de guerre 14-18.

Cultivant le mépris de la politique et des "Politicards", hostiles à tous les "Galonnés" qui ont fait tant d'erreurs, les anciens combattants veulent que la dernière guerre soit la "Der des der" et militent pour le désarmement. Dans les années 1920, ils seront nombreux dans le camp du Briandisme et mettront leur espoir dans la SDN (Société des Nations). A la paix armée doit se substituer le "Régime du droit entre les Nations" grâce à l'arbitrage, la sécurité et le désarmement. Un vœu pieux qui ne sut pas faire face aux actes belliqueux de l'Allemagne à partir de 1933 et qui désarma moralement la France !

Le désarmement des esprits par la Gauche pacifiste

En 1923 - 1924, Gaston Clémendot, instituteur dans l'Yonne et militant syndicaliste SFIO, milite pour la suppression, dans les cours d'Histoire enseignés aux enfants, de tout ce qui fait la promotion de l'orgueil national et de la haine de l'ennemi. Sa proposition révolutionnaire fera débat... mais ne sera pas retenue. Par contre, les éditeurs d'ouvrages scolaires vont lui emboiter le pas. Au milieu des années 1920, Jules Issac va réviser l'ouvrage d'Albert Mallet (Qui fut tué en 1915 dans l'Artois). "L'humiliation de 1870" disparait des textes. Pire, L'amputation de l'Alsace-Moselle en 1870 n'est même plus mentionnée... après tout, elle a été récupérée ! Même la responsabilité de l'Allemagne dans la Grande Guerre est largement atténuée, alors qu'elle fut condamnée sans nuance au Traité de Versailles.

La croisade est lancée pour que les éducateurs des jeunes, Instituteurs et prêtres, inculquent aux nouvelles générations ce nouvel esprit pacifiste. Dès le début des années 1930, on fera le distinguo entre le patriotisme chauvin et belliciste et le patriotisme pacifique et généreux capable de respecter les autres nations. Il ne faut quand même pas détester la France qui a apporté au Monde entier les idées révolutionnaires de 1789 ! 

L'Armée finira pas s'émouvoir de l'action antipatriotique des instituteurs ; Raymond Aron dans ses mémoires sera plus cassant en écrivant à propos des instituteurs : «Ils ont contribué à démoraliser l'Armée".

Le 11 novembre devient fête nationale en 1922. Tous les anciens combattants ne veulent pas que ce soit la fête de la Victoire, mais une fête du souvenir. Tout ce qui fait l'éloge du militarisme doit être proscrit. Les instituteurs vont surenchérir ; la préparation de la journée du 11 novembre va être consacrée à "Tuer" la guerre et non à la glorifier. 

Au tout début des années 1930, ce ne sont pas que les associations d'anciens combattants qui sont pacifistes mais une large majorité des français qui sont travaillés par ce courant d'idées. Rares sont ceux qui combattent le pacifisme des années 1920, qualifiant ce camp de "Défaitistes" avec quelques qualificatifs : Anarchiste ; pangermaniste ou marxiste-pangermaniste.

L'internationalisme communiste contre la Guerre bourgeoise

En septembre 1915, la conférence de Zimmerwald en Suisse réunit l'ensemble du camp socialiste européen (Y compris la France et l'Allemagne) afin de réaffirmer l'internationalisme socialiste et condamner la Guerre. Lénine y accuse les dirigeants socialistes de la IIe internationale d'avoir été entrainés dans la guerre en cédant aux nationalismes. La conférence conclut à la création d'une nouvelle internationale sur des bases nouvelles et rompant avec les sociaux-démocrates.

Ces bases nouvelles vont être explicitées en 1917 par Lénine dans son livre "Dans l'impérialisme, stade suprême du capitalisme". Il y écrit : "Aux impérialismes qui se battent et rivalisent pour le partage du Monde, aux guerres entre les nations, il faut substituer la guerre des classes, la lutte des classes"... inaugurant un nouveau concept : La guerre civile perpétuelle comme mode de gouvernement !

Dans une déclaration de 1922, qui ne sera publiée en URSS qu'en 1964, Lénine affirme : "Quelqu'un a-t-il jamais nié que notre parti ne se servirait pas des pacifistes que pour désintégrer notre ennemi : La bourgeoisie?". Le pacifisme qui dénonce la guerre est pris en otage par le communisme international. La propagande pacifiste, encouragée sous toutes ses formes par Moscou, n'est que la préparation directe de la guerre civile universelle.

Un des grands propagandistes de cet internationalisme pacifique fut Romain Rolland ; vivant en Suisse durant la Grande Guerre et prix Nobel de littérature 1915. Il fonde en 1923 la revue Europe qui fait la promotion dès le début des années 1920 d'une Europe "Qui ne peut se construire que sur la réconciliation de la France et de l'Allemagne, laquelle passe par une révision du traité de Versailles". C'est au nom de cette construction européenne que la grande majorité des intellectuels de gauche versera dès 1940 dans la collaboration avec le nazisme afin de préparer la future Europe aux mains des allemands !

La revue Europe lança de grandes pétitions internationales contre la guerre comme celle de 1930 qui demande l'abolition de la conscription militaire et de la préparation militaire de la jeunesse. Un de ses contributeurs, Jean Ghéhenno, ira même jusqu'à proposer l'objection de conscience. Sa proposition fera débat chez les pacifistes. Figure de la ligne dure de cette revue, il sera un des rares intellectuels pacifistes à ne pas sombrer dans la collaboration et à œuvrer dans la résistance.

Le pacifisme intégral conduit à l'antisémitisme et à la collaboration

L'arrivée au pouvoir d'Hitler va changer la donne dans le camp des pacifistes français. N'est considéré que seul et vrai pacifiste celui qui refusera de se battre quel que soit les circonstances et les conséquences de ce choix. Vivre dans l'asservissement n'est pas une raison d'abandonner les idées pacifistes.

La Ligue des droits de l'Homme publie, en décembre 1933 dans le journal Le Semeur, un article de Félicien Challaye "Pour la paix désarmée même face à Hitler". On peut y lire : "Même si Hitler nous attaquait, le pacifiste intégral devrait maintenir l'affirmation que la guerre, que toute guerre entre peuples, est une stupidité, un crime, le pire des maux, le mal absolu." Un peu plus loin on peut lire que l'occupation étrangère est préférable à la guerre car "La défense de la Nation serait la mort de la Nation". On comprend pourquoi la totalité des pacifistes vont se vautrer dans la collaboration dès 1940 ! 

C'est d'autant plus vrai que la gauche pacifiste voit Hitler plutôt d'un bon œil. Le secrétaire de la Ligue des objecteurs de conscience, Eugène Lagot, affirmait que "Hitler est tout de même un démocrate intégral, un produit légitime du suffrage universel et socialiste national par surcroit". Entre courants socialistes, on se comprend ! Quel aveuglement ! 

Le pacifisme intégral va très vite s'accompagner de propos antisémite qui vont s'accentuer jusqu'en 1939. Les juifs seront considérés comme des bellicistes irresponsables qui poussent au conflit contre Hitler parce qu'ils veulent se venger du mal que ce dernier fait à leurs coreligionnaires en Allemagne.

Avec la pénétration des idées pacifistes dans leurs rangs, tous les partis politiques de gauche seront touchés par cet antisémitisme. C'est vrai de la SFIO où l'antisémitisme sera discret en 1933... De plus en plus net en 1937 ! En juin 1940, les pacifistes intégraux rendront les juifs directement responsable de la guerre et de la défaite ! Ces derniers subiront les lois antisémites du Régime de Vichy alors aux mains de Pierre Laval.

Au fil des ans, le pacifisme aura gagné une frange importante de la population notamment à Gauche. Tous les ingrédients étaient rassemblés pour que la France subisse cette honteuse défaite : Refus de voir la réalité du caractère belliqueux d’Hitler, connivence d'une certaine Gauche avec le National-socialisme, antisémitisme partagé avec le nouveau régime allemand, recherche d'un compromis afin d'éviter la guerre !

En juin 1940, le camp de la Gauche socialiste et les adeptes d’Aristide Briand, prix Nobel de la Paix 1926, accepteront la collaboration avec le Régime nazi et que l’Europe se fasse sous le joug du Troisième Reich allemand.

N'ayez pas peur : Il est végétarien !

Si en arrivant au pouvoir, Hitler sut montrer une image de pacifiste cherchant à donner des gages à la France avec un nouvel accord de coopération Franco-allemande (Dans la ligne droite de l'esprit de la SDN), c'est qu'il craignait une guerre préventive de la part des Alliés,  l'armée allemande n'étant pas prête.

Vivant dans un terreau pacifiste depuis le début des années 1920, obnubilé par la politique intérieure, la classe politique française s'aveugle volontairement. 

En poste depuis 1930, l'ambassadeur de France, André François-Poncet écrit en 1933 : "On aurait tort de se faire un épouvantail du mouvement hitlérien [...] il renferme en lui maints germes de divisions et de faiblesse". 

La Droite ne voit refleurir que l'antagonisme franco-allemand. Les Radicaux sont inquiets mais estime pouvoir encore sauver la paix. Les socialistes ne voient dans le nazisme qu'un phénomène éphémère comme le fut le Boulangisme. Quant aux communistes, ils ne sont pas inquiets par Hitler... mais par l'impérialisme et le militarisme français. Dans le camp de la Gauche la plus radicale, on verra dans le Parti national socialiste ouvrier des travailleurs allemands un parti révolutionnaire ouvrier de plus en Europe.

Pourtant depuis la parution en Allemagne de Mein Kampf (Juillet 1925), Hitler cultive toujours la haine de la France malgré le côté pacifiste qu'il veut bien se donner durant les premières années de pouvoir. Mein Kampf parait en France en 1934. Hitler s'empresse d'en faire interdire la parution. Devant le Tribunal de commerce de Paris, il obtient l'interdiction de publication. La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme effectuera un achat de soutien de 5 000 exemplaires qui seront distribués aux leaders d'opinion. Combien ont-ils lu ce livre ?

A l'aveuglement volontaire pour préserver la Paix succèdera la lâcheté de la classe politique toute occupée à gagner les élections ou à maintenir les gouvernements éphémères typiques de la constitution de la IIIe République (Lire l'article Comprendre l'instabilité gouvernementale des IIIe et IVe République)

L'impardonnable faute de la remilitarisation de la Rhénanie

Alors que la classe politique française est affairée par des problèmes intérieurs (L’objectif étant de réaliser l'union de la Gauche suite à la crise de colère du 6 février 1934), les évènements internationaux se précipitent : Le 2 août 1934, Hitler est nommé Reichsführer, cumulant ainsi les postes de Président de la République et Chancelier. Il a tous les pouvoirs !

Profitant que Pierre Laval se désintéresse de la Sarre, Hitler peut y organiser sa propagande sans aucune opposition. Le référendum d'autodétermination prévu par le traité de Versailles conduit à un plébiscite : Le 15 janvier 1935, 90% de la population demande à être rattachée à l'Allemagne. Conséquence pour la défense de la France : La Sarre n'est plus un état tampon en cas de nouvelle guerre.

Courant 1935, l'ambassadeur de France à Berlin, André François-Poncet a averti le gouvernement d'une possible entrée en Rhénanie des troupes allemandes en violation d'un des principaux points du traité de Versailles. Consulté, le ministre de la Guerre, le général Maurin, annonce qu'une intervention militaire de la France ne sera possible qu'avec une mobilisation partielle. Pour le Gouvernement du Cartel des Gauches, une telle mesure est impensable à la veille d'élections législatives prévues le 26 avril et le 3 mai.

Or le ministre a menti au gouvernement : Les effectifs de l'Armée d'active sont encore nettement supérieurs à ceux de l'Allemagne. Il n'est donc pas indispensable de faire l'appel à la mobilisation parmi la population civile. Comment le général Maurin et son chef d'état-major, le général Gamelin, ont-ils pu méconnaitre à ce point les forces de l'Armée française ? C'est une faute grave ou de l'incompétence notoire !

Le 7 mars 1936, la toute nouvelle Wehrmacht entre dans la zone démilitarisée de Rhénanie, fixée par le traité de Versailles et confirmé par les accords de Locarno d'octobre 1925. De toutes les violations infligées au traité de Versailles, celle-ci est de loin la plus grave. L'Armée allemande s'installe à nouveau sur les frontières françaises, luxembourgeoises et belges. La zone tampon si chère au maréchal Foch vient de voler en éclat à cause d'un gouvernement de transition d'avant élection dont la IIIe République était si friande.

Après les vitupérations du Président du Conseil Radical-socialiste Albert Sarraut disant que "Nous ne laisserons pas Strasbourg sous le feu des canons allemands", lâchée par l'Angleterre, la France ne peut plus intervenir sans passer pour l'agresseur, se contentant de la condamnation de la SDN. Léon Blum, le chef des socialistes, s'en félicitera en déclarant : "Entre le règlement direct par les armes et la procédure de règlement pacifique par l'entremise et l'action internationale, ni le gouvernement français, ni l'opinion française n'ont hésités [...] C'est la preuve du changement immense dans lequel le socialisme peut revendiquer sa part" (Le Populaire du 7 avril). Quel manque de lucidité de la part de celui qui va devenir le Président du Conseil du Front populaire !

Le Pape Pie XI sera plus lucide quand il déclarera à l'ambassadeur de France auprès du Saint-Siège : "Si vous aviez fait avancer tout de suite 200 000 hommes dans la zone réoccupée par les allemands, vous auriez rendu un immense service à tout le monde". Pie XI publiera, le 10 mars 1937, l'encyclique Mit Brenmender Sorge (Avec une brûlante inquiétude) qui est une critique virulente du nazisme. Il avait, avant l'arrivée au pouvoir de Hitler, excommunié tous les catholiques allemands adhérents du parti nazi. 

 Les conséquences du 7 mars 1936 sont catastrophiques pour la France (Et la Belgique) : Le traité de Versailles vient de recevoir le coup de grâce et le glacis rhénan qui permettait à la France de se protéger d'une attaque allemande n'existe plus. Les troupes allemandes sont dorénavant au pied de la frontière avec la France.

Les craintes du maréchal Foch et sa prédiction de voir "Une armistice de 20 ans" sont devenues une réalité à cause de l'incapacité et de l'aveuglement du personnel politique français. Ce 7 mars 1936, la majorité parlementaire centre gauche et radicale-socialiste vient de laisser passer la dernière occasion de stopper Hitler. La grande majorité de la classe politique s'accrochera encore à la paix à tout prix au moment des accords de Munich de septembre 1938 !

La faillite économique du Front populaire empêcha le réarmement

Suite aux élections législatives d'avril - mai 1936, Radicaux, Socialistes et Communistes se sont entendu sur un programme de gouvernement très imprécis que résume le slogan de campagne : "Le pain, la paix et le Liberté". Ayant obtenu le plus de sièges, c'est le chef de la SFIO, Léon Blum, qui accède au poste de Président du Conseil.

Les réformes économiques et sociales vont s’enchaîner dans un climat de grèves perpétuelles inspirées par le Parti communiste et les syndicats.

En 1937, devant la situation financière catastrophique de la France, Léon Blum décide d'une pose. Il ne sera pas suivi par le Sénat et devra démissionner le 22 juin 1937. Le Front populaire continue avec le cabinet du radical-socialiste Camille Chautemps qui perd le soutien des communistes en janvier 1938. Il démissionne le 15 janvier pour former un nouveau gouvernement composé uniquement de radicaux. Le 13 mars 1938, un second cabinet Léon Blum clôt dans la confusion parlementaire la plus totale l'expérience du Front populaire. Ce second cabinet Blum n'aura duré que trois semaines ! 

Sur le plan intérieur, le bilan est terrible : La baisse de la durée légale du travail de 48 heures à 40 heures se solde par une relance du chômage comme l'a montré l'économiste Alfred Sauvy dans son livre "Histoire économique de la France entre les deux guerres". La charge salariale pour les entreprises s'est alourdie de 30 % suite aux accords de Matignon. De 1935 à 1937, les réserves d'or de la Banque de France fondent de moitié. La fuite des capitaux oblige le gouvernement Léon Blum à dévaluer le Franc de 29% le 26 septembre 1936 et met fin de facto à la parité or du Franc "Poincaré" stabilisée depuis 1928. Les grèves insurrectionnelles et les occupations d'usine voulues par le Parti communiste finissent par éloigner les classes moyennes du Front populaire.

Après un tel bilan économique du Front populaire, il sera impossible de réarmer la France notamment par manque de capitaux. Alors que l'Allemagne fait tourner à plein régime ses usines d'armement avec des ouvriers qui travaillent de 12 à 14 heures par jours... la France du Front populaire voient ses travailleurs travailler 40 heures par semaine !

Lucide, Léon Blum finit par engager un plan de réarmement visant à accroitre le potentiel défensif de l'Armée pour une guerre que les généraux voient longue comme en 1915. Le Président du Conseil n'en aura pas les moyens financiers et ne pourra pas, de toute façon, arriver à ses fins à cause d'une sous-capitalisation de l'outil industriel français (Suite à l'arrivée du Front populaire). La semaine de 40 heures ne sera pas remise en question et les grèves continueront à obscurcir le paysage social.

Le Front populaire finit par anéantir la Diplomatie française

Plus encore que le bilan intérieur de cette courte parenthèse du Front populaire, le bilan de sa politique étrangère est effrayant par son incohérence et sa vision centrée sur les problèmes intérieurs.

La diplomatie du Front populaire est dans la continuité de celle de la France depuis 1920 ; le Briandisme, avec son respect du Droit international comme dogme, y est encore largement influent alors que la menace d'un nouveau conflit avec l'Allemagne devient une réalité avec l'arrivée au pouvoir du Parti national-socialiste des travailleurs allemands. Elle repose sur un appareil diplomatique sclérosé qui est resté figé à l'époque des premières années de la décennie 1920 et des accords de Locarno. Cet appareil aura une influence néfaste sur les décisions politiques tout au long de la décennie 1930.

En arrivant au pouvoir en 1936, le Front Populaire n'a pas de plan international nouveau si on le compare à la traditionnelle diplomatie française puisque son programme est essentiellement social. Mais le gouvernement de Front populaire pouvait-il avoir une politique étrangère compte tenue des divergences de vues entre les membres Radicaux-socialistes, Socialistes et Communistes qui composaient sa majorité parlementaire ?

Dans sa déclaration de politique étrangère devant le Sénat du 23 juin 1936, Léon Blum réaffirme sa volonté de lutter pour l'entente Franco-allemande. Il déclare : "A divers reprises, le chancelier Hitler a proclamé sa volonté d'accords avec la France. Nous n'entendons pas douter de sa parole d'ancien combattant qui, pendant quatre ans, a connu la misère des tranchées". Quel aveuglement devant les actes de l'Allemagne ! Dire qu’on nous vend encore le fait que la Gauche était contre le nazisme dans les années 1930 !

Le 14 juillet 1936, le premier défilé du Front populaire s'est fait sur le slogan "Paix!" et "A bas la guerre". Le pacifisme qui a gagné en 1936 tous les partis de Gauche va tétaniser le Président du Conseil dans les moments de crise de peur de perdre la branche socialiste de sa majorité parlementaire.

De plus, devant les problèmes techniques quant à la modernisation et au réarmement de l'armée, quant à sa réforme stratégique et à la dévaluation forcée du franc, le gouvernement Léon Blum doit travailler pour faire survivre son gouvernement et non pour appliquer son programme. Cela devient sa réalité politique à partir de septembre 1936. L'été socialiste de 1936 est terminé et laisse la place à la faillite économique.

L'instabilité politique qui est inscrite dans les gênes de la troisième République n'est pas la seule cause de la faiblesse du gouvernement de Léon Blum. Certes, pour durer, le gouvernement doit réunir une majorité parlementaire à chacune de ses actions ; faute de quoi, il est contraint à la démission ! Or, sans majorité cohérente, il ne peut y avoir d'action cohérente... et de ce côté, le Front populaire rassemble des parlementaires aux points de vue fort différents ! Il ne peut pas y avoir de diplomatie cohérente avec un tel attelage. C'est d'autant plus vrai que Léon Blum lui-même a osé gouverner avec le cœur et non avec intelligence et pragmatisme. Son règlement de la crise espagnole sera de ce point de vue un désastre : Toutes les frontières françaises (Sauf celles du Luxembourg, de la Belgique et de la Suisse) auront, à partir de 1936, en vis-à-vis des pays ayant rejoint le camp de l'Allemagne nazie ! La France se retrouve encerclée !

Quant à la politique militaire du Front populaire : Il n'en a pas... étant trop antimilitariste avec une composante communiste qui veut détruire l'Armée de la "Bourgeoisie". Même s'il en avait eu une, l'instabilité politique des années 1930, provoquant les arrivées et départs de cinq chefs d’état-major et de huit ministres de l'Air différents, était telle que la France n'aurait jamais eu les moyens d'intervenir dans le premier conflit majeur que le Front populaire va devoir affronter : La Guerre civile espagnole. Les historiens militaires français font consensus sur ce point.

Dès septembre 1936, le Président du Conseil doit maintenant empêcher que le conflit espagnol ne déborde pas à l'intérieur de la France pour deux raisons : éviter une décomposition de la société civile française (on ne parle pas d'éclatement de guerre civile mais bien plus de tensions croissantes entre les branches conservatrices et progressistes de la société française), et empêcher la Droite parlementaire de faire tomber son gouvernement et ses réformes.

Avec un point de vue centré sur les problèmes intérieurs, non seulement la France ne restera pas neutre face à la guerre civile espagnole, mais prendra des décisions catastrophiques pour le continent européen.

La politique de non-intervention dans la Guerre civile espagnole ruine la crédibilité de la Diplomatie française

La position de Léon Blum dans le règlement du conflit espagnol est particulièrement incohérente et tourne à l'amateurisme en termes de diplomatie. Elle aura pour conséquence de sceller le destin de l'ensemble de l'Europe et plus rien ne pourra arrêter la guerre entre l'Allemagne nazie et la France.

L’absence d'un programme de politique étrangère cohérent chez les dirigeants du Front populaire contribua certainement à l’effondrement de la dynamique diplomatique de la France entre 1936 et 1939. La France du Front populaire montrera à Hitler qu'elle n'était plus rien diplomatiquement ! Le doute, quant à notre fiabilité, s'installera durablement chez notre seul allié de longue date, la Grande-Bretagne. Lénine choisira le réalisme en s'alliant à l'Allemagne nazie qu’il aura contribué à réarmer. 

Le 17 & 18 juillet 1936, le général Franco lance le coup d'état afin d'abattre le gouvernement de gauche du Frente Popular élu en février. Alors que la France a la légitimité internationale pour elle de pouvoir aider un gouvernement légitimement élu, Léon Blum se positionne en juillet pour une intervention avant de se raviser. Malgré l'appel à l'aide du Frente Popular (20 juillet), Léon Blum, fidèle à ses idées pacifistes, choisira la politique de non-intervention. Le 1er août, il propose à l'Angleterre mais aussi à la Russie, l'Allemagne et l'Italie  de signer un pacte de non-intervention. Pour mettre en place cette mesure, « un comité se réunira à Londres pour en définir les modalités ». Chaque pays se voit chargé d'empêcher toutes livraisons d'armes à l'Espagne : L'Angleterre fera respecter l'embargo dans l'Atlantique, la France aux travers des Pyrénées et l'Italie en Méditerranée. Seule l'Angleterre respectera cet accord...

Cette politique de non-intervention de Léon Blum sera un échec total ! La France perdra tous ses alliés et se retrouvera isolée sur la scène diplomatique ; ce que la diplomatie française redoutait le plus depuis l'arrivée au pouvoir du Parti national-socialiste des travailleurs allemands.

L'orgueil de Léon Blum et sa haine envers Mussolini n'ont pas permis d'entreprendre un nouveau rapprochement avec l'Italie dans le but de la refouler des bras allemands. Ce sera l'inverse, le dictateur italien va traiter avec l'Allemagne et sceller son alliance avec Hitler tout en contribuant à la victoire franquiste en Espagne. En octobre 1936, ce sera le début des discussions de l'Axe Berlin - Rome.... L'Autriche perdra avec l'Italie sa principale garantie d'indépendance et finira par être annexée.

En proie à un isolement diplomatique face à l'Allemagne, Léon Blum est conscient en 1936 que Londres peut faire cavalier seul en traitant directement avec l'Allemagne pour régler ses problèmes de sécurité. Un des axes de sa politique étrangère sera d'améliorer les relations de son gouvernement de Front populaire (Soutenu par les communistes) avec la Grande-Bretagne après plusieurs années de brouille.

Subissant les pressions de son aile socialiste en faveur d'une intervention (Alors que son aile radicale-socialiste fonde toute la diplomatie sur l'entente franco-anglaise), Léon Blum fera en toute conscience de très nombreuses entorses à l'accord de non-intervention. Cela finira par irriter la Grande-Bretagne qui verra en la France un allié très peu fiable.

La politique du Front populaire face à l'URSS est tout aussi catastrophique. Avec le ministère Barthou en 1935, la France parvient à rétablir une certaine entente avec la Russie devenue soviétique en 1917. L'objectif de la Diplomatie française est de rétablir deux fronts hostiles face à l'Allemagne, objectif primordial pour les dirigeants de la diplomatie française depuis le rétablissement du service militaire et de la dictature politique en Allemagne.

En choisissant une politique de Non-intervention à géométrie variable, Léon Blum prouvera au Kremlin que la possibilité d'agir de façons ferme et concertée avec Londres et Paris n'est qu'une option dont la possibilité de réussite reste mince. Nul doute que l'attitude française face à la Guerre d'Espagne contribua au changement d'attitude des dirigeants soviétiques à l'égard de l'Allemagne en 1939. Pour se protéger et gagner du temps, les Soviétiques choisiront de s'allier avec l'Allemagne nazie en signant le pacte secret Germano-soviétique le 23 août 1939. N'ayant plus à couvrir deux fronts à la fois, Hitler aura les mains libres pour attaquer la France qui n'avait plus aucun poids sur la scène internationale.

Avec un Komintern disposé à servir l'effort de guerre républicain, et la pression qu'impose le PCF à la SFIO à partir de juillet 1936, Léon Blum n'a pas su choisir entre l'informelle alliance avec Londres ou la fraternité idéologique avec l'URSS.

Il semble maintenant évident que cette politique de non-intervention du Front populaire manquait de cohérence par rapport aux objectifs de la diplomatie française et même par rapport aux relations franco-britanniques.

Le résultat est catastrophique : La non-intervention est source de conflits perpétuels avec l'Italie qui finira par choisir le camp de l'Allemagne avec l'Axe Berlin-Rome. La Russie ne croit plus à la fiabilité de la France ; la Grande-Bretagne non plus ! La France se retrouve sur sa frontière des Pyrénées avec un régime pouvant basculer dans le camp de l'Allemagne. Entre temps, la Belgique a choisi la neutralité face à Hitler... constatant l'inertie française lors de la remilitarisation de la rive gauche du Rhin. La diplomatie du Front populaire aura perdu sur tous les fronts !

Le Front populaire en pleine crise au moment de l'Anschluss

Le 12 mars 1938 à l'aube, les troupes allemandes franchissent la frontière et envahissent l'Autriche. Dès le 13, l'acte d'incorporation au Troisième Reich de l'Autriche est signé. Sept millions d'habitants rejoignent de fait le camp nazi.

Au cours d'un entretien préalable (Et secret) tenu à l'automne 1937 entre l'ambassadeur d'Autriche allemand, Von Papen, et Camille Chautemps, alors Président du Conseil, l'ambassadeur allemand demande à ce que la France se montre compréhensive envers "L'influence allemande dans le bassin danubien". A en croire le rapport de Von Papen à Hitler, Camille Chautemps aurait répondu : "N'avoir rien à objecter à une évolution amenant un fort accroissement de l'influence allemande en Autriche". Pour Hitler, la voie était libre !

La France se contentera de protester et, très discrètement, transformera l'ambassade de Vienne par un simple consulat allemand, entérinant ainsi officiellement la disparition de l'Autriche en tant qu'état souverain dans l'indifférence générale du second gouvernement Léon Blum !

Les problèmes intérieurs français venaient encore de prendre le pas sur les problèmes de l'Europe. Depuis la démission forcée par le Sénat de Léon Blum le 22 juin 1937, le Front populaire est à la recherche de majorités parlementaires. Le cabinet du radical-socialiste Camille Chautemps qui a succédé à celui de Léon Blum finit par tomber le 15 janvier 1938 faute du soutien des parlementaires communistes. Camille Chautemps se succède à lui-même avec uniquement des ministres radicaux. Il démissionna le 10 mars 1938 à la veille de l'annexion de l'Autriche. Le 13 mars 1938, un second cabinet Léon Blum prendra la succession. Il ne durera que trois semaines, achevant dans la confusion parlementaire la plus totale l'expérience du Front populaire le 8 avril 1938 (Léon Blum sera mis en minorité au Sénat).

Quoique dûment informés par les services diplomatiques des manigances qui avaient conduit à l'annexion de l'Autriche, tant le gouvernement Camille Chautemps (et le gouvernement Léon Blum qui lui succéda), que simultanément celui de l'Angleterre, dirigé par Neville Chamberlain, laissèrent commettre ce méfait sans réagir.

L'annexion de l'Autriche fut suivie en 1938 par l'agression de la Tchécoslovaquie qui disparaitra officiellement le 15 mars 1939.

Avec l'annexion de l'Autriche, l'axe Rome-Berlin trouve une réalité géographique en constituant un bloc continue de la Sicile à la mer Baltique, coupant la France de ses alliés de l'Est.

La Grande-Bretagne inaugure sa politique de "L'appeassement" face au régime nazi qui va conduire à l'aveuglement le plus total de la France et de la Grande-Bretagne. L'acte le plus désolant en sera les accords de Munich qui finira de mettre dans le camp des lâches nos dirigeants... à la grande satisfaction de la majorité pacifiste de Gauche.

Rares sont les journaux à tirer le signal d'alerte. Dans sa livraison du 20 février 1938, l'Illustration fait un compte rendu du grand discours de Hitler à l'Opéra Kroll et conclut : "Ah, certes, si tous les français pouvaient avoir vu ce que je viens de voir à Berlin, les aspects de la vie publique changeraient instantanément dans notre pays ; car à côté d'un voisin comme nous en avons un, nous obstiner à poursuivre nos insignifiants débats de politiques intérieures, cela correspond à un suicide national". 

L'infâme lâcheté des accords de Munich

Après la chute du Front populaire, Edouard Daladier (Député Radical-socialiste) est désigné par le Président de la République pour constituer un nouveau gouvernement qui sera nommé le 10 avril 1938. Ce dernier conserve le ministère de la Défense et de la guerre qu'il occupait dans le dernier gouvernement de Front populaire. Son vice-président du Conseil, Camille Chautemps (Sénateur Radical-socialiste) et son ministre des affaires étrangères, Georges Bonnet (Député Radical-socialiste) sont des farouches partisans de la politique de l'apaisement avec l'Allemagne en vue de construire "L'Europe nouvelle" promue par Aristide Briand dans les années 1920.

Le pacifisme redouble dans les rangs de la Gauche française. Simone Weil, philosophe et amie d'Alain connu pour son fort militantisme pacifiste, écrit en 1938 à son ami René Belin alors secrétaire général adjoint de la CGT (Qui sera ministre du Travail sous le Régime de Vichy) : "Une défaite sans guerre est préférable à une guerre victorieuse". Quant à Jean Giono, écrivain communiste des basses Alpes, il déclare en 1937 : "Pour ma part, je préfère être allemand vivant que français mort". André Delmas, secrétaire général du Syndicat National des Instituteurs (100 000 instituteurs sur 130 000 en 1938) lance une pétition le 26 septembre 1938 : "Un appel au pays : Nous ne voulons pas la guerre". 150 000 personnes vont la signer en 3 jours (80 000 selon le gouvernement). André Delmas rejoindra René Belin à Vichy.

La naïveté de l'opinion de Gauche et de ses dirigeants face aux opérations de séduction du Régime nazi est hallucinante. Félicien Challaye, figure du pacifisme intégral, en revenant d'un voyage organisé par la Deutsche Arbeiter  Front en automne 1938, conclut  à : "L'évidence volonté de rapprochement avec la France du Peuple allemand et de ses dirigeants". Il écrira dans le journal de la Gauche vichyste l'Atelier - Hebdomadaire du travail français, durant toute la seconde guerre mondiale.

Alors que la France est gangrénée par le pacifisme et le jeu stérile des partis politiques, Hitler déclenche une crise internationale en s'attaquant à la Tchécoslovaquie. Le 12 septembre 1938, Hitler prononce un discours particulièrement violent accusant les Tchèques de torturer la minorité de langue allemande vivant sur les pourtours de la Bohême. Hitler revendique pour les trois millions de personnes vivant dans les Sudètes leur autonomie.

Le Gouvernement tchèque fait appel à ses alliés : La France et l'URSS. Cette dernière se tourne vers la France qui se tourne vers son allié anglais. La Pologne refuse à l'Armée rouge de transiter par son territoire. Devant les atermoiements des alliés de la Tchécoslovaquie, Hitler accepte de rencontrer Chamberlain... mais pour exiger l'annexion des Sudètes. Aussitôt, fidèle à la politique d'apaisement suivie par la Grande-Bretagne, français et britanniques font savoir au Président Tchèque Benes qu'ils n'interviendront pas.

Chamberlain rencontre une nouvelle fois Hitler le 22 septembre. Ce dernier exige cette fois que les Tchèques évacuent avant le premier octobre les Sudètes sans emporter leurs biens. Après avoir protesté, la France et la Grande-Bretagne mobilisent partiellement le 27 septembre. C'est le début de la "Drôle de guerre" et des pétitions des pacifistes qui proclame comme le fit Romain Rolland "Que c'est la paix qui sera mortelle à l'Hitlérisme".

Une conférence de la dernière chance est décidée à l'initiative de Mussolini. Le 29 septembre, quatre invités sont convoqués ; ni la Tchécoslovaquie ni l'URSS ne sont invitées. Mussolini propose un texte rédigé par les Allemands qui font une concession : Les Sudètes devront être évacuées entre le premier et le dix octobre (Et non plus avant le premier !). L'accord est signé dans la nuit du 29 ou 30 septembre. Les gouvernements français et britanniques viennent de capituler devant l'Allemagne nazie. Ils lâchent leur allié Tchèque sans aucune protestation ce qui aura pour conséquence de ruiner les derniers espoirs russes de voir une alliance entre l’URSS, la France et la Grande-Bretagne. De toute façon, cette alliance n'avait plus aucun espoir de voir le jour, puisqu'au cours de cette même conférence de Munich, Allemands et Britanniques ont signé un pacte séparé de non-agression.

Le Parlement français est unanime et valide les Accords de Munich. S'y opposent : les 73 députés communistes qui suivent la ligne de l'URSS ; un socialiste dissident Jean Bouhey ; un député de Droite Jean Kerillis (Auteur en décembre 1936 du livre prophétique "Français, voici la guerre"). En parlant le 3 octobre de la Paix de Munich, Jean Kerillis dira : "Qu'elle fait de l'Allemagne un empire colossal, qui va établir sans obstacle désormais et par étapes foudroyantes son hégémonie sur l'Europe".

Pendant ce temps, le journal France soir lance une souscription nationale afin d'offrir au premier Ministre britannique Chamberlain une "Maison de la Paix" près de Biarritz afin qu'il puisse se livrer à son passe-temps favori, la pêche à la truite ! Quelle intention risible alors que le continent européen sombre dans la guerre.

La France sortira de cette épreuve profondément divisée entre Munichois et antimunichois. Au congrès de Noël 1938, la SFIO ratifiera le Traité de Munich malgré l'opposition de Léon Blum devenu antimunichois.

Les conséquences de cette politique étrangère radicale-socialiste sont désastreuses. Comme l'a si bien dit Wilson Churchill, c'est une défaite sans guerre... du moins pas tout de suite. L'opinion publique ainsi que les français mobilisés s'en rendent très bien compte.

Pire qu'un crime, c'est une faute. La France, qui avait perdu son prestige, vient de perdre sa crédibilité et son honneur de la parole donnée. L'URSS, ulcérée de ne pas avoir été invité à Munich, va prendre définitivement ses distances avec les démocraties qui de toute façon la boudent depuis 1917.

Moins d'un mois après la "Nuit de cristal" qui marque le début du grand génocide des juifs allemands, et qui fit scandale dans le monde entier, Ribbentrop signe le 6 décembre à Paris une grande déclaration de paix qui fait la une de la presse. L'URSS y voit une collusion secrète entre Berlin, Londres et Paris donnant le feu vert à Hitler pour attaquer à l'est.

Dans son histoire de la Diplomatie, Henry Kissinger fait la synthèse de la diplomatie d'avant-guerre : "Munich ne fut pas un acte isolé, mais le point culminant d'un modèle mis en place dans les années 1920 et accentué au rythme des concessions. En reconnaissant que le règlement de Versailles était injuste, les vainqueurs avaient entamé la base psychologique sur lequel ils reposaient. Les vainqueurs de la Première Guerre mondiale avaient conçu une paix sur des sanctions, créé eux-mêmes le maximum d'incitation à la révision du traité, concourant ainsi à démanteler leur propre règlement". La République de Weimar, puis le Troisième Reich profiteront de la lâcheté et du pacifisme des gouvernements français à majorité de Gauche !

L'Armée française gangrénée par le pacifisme et l'immobilisme

Première armée du Monde à la sortie de la Grande Guerre, l'Armée française n'est plus que l'ombre d'elle-même en juin 1940. Rongée de l'intérieur par le pacifisme, maintenu exclusivement dans son rôle défensif par le Briandisme des années 1920, dirigée par des généraux vieillissants, toujours en sous effectifs par rapport aux objectifs qui lui sont attribués et, enfin, sous équipée par des gouvernements de Gauche qui n'ont pas de réelle politique de défense.

En 1922, 2,25% des crédits demandés pour la recherche sont accordés par le Parlement. L'Armée est contrainte à améliorer les matériels existant au lieu de concevoir des armes nouvelles comme le souhaite le Maréchal Foch qui pense "Qu'améliorer le matériel existant est négatif à long terme". La motorisation de l'Armée de terre ne sera jamais une priorité contrairement à ce qui se passe en Allemagne... depuis la République de Weimar qui possède en URSS une école de tankistes.

Recherche militaire qui n'attire pas les ingénieurs polytechniciens. Les faibles soldes et l'avancement extrêmement lent ne sont pas là pour motiver les officiers de carrière. En 1930, il manque 7 000 officiers sur les 36 000 budgétisés ; 6 000 agents militaires sur 15 000 !

Après quatre loi dîtes "Fondamentale" (Notamment celle du 13 juillet 1927) qui ont réduit les effectifs, l'Armée française du début des années 1930 ne compte plus que 50 divisions d'active faiblement motorisées assemblées à l'ancienne avec de gros bataillons. 500 000 hommes la compose avec seulement 106 000 de carrière ; sans compter les 3 millions de réservistes.

La réserve n'est que faiblement entrainée. En 1925, déjà un quart des officiers de réserve n'ont jamais combattu comme officier. La volonté de mettre en place une instruction sélective en fonction des armes se heurte au principe d'égalité entre les citoyens. Quant à la préparation militaire des soldats, elle est nulle. Les gouvernements de Gauche qui se sont succédés se faisaient un mérite de ne pas convoquer les réservistes pour ces périodes d'instruction qui devaient entretenir leurs connaissances et les entrainer.

 A la fin des années 1930, La France est le pays le plus vieux d'Europe. Il faudra attendre le 29 juillet 1939 pour voir la création du Code de la Famille et voir les Allocations familiales étendues et fortement majorées pour le troisième enfant. Alors que la Défense nationale a besoin de ressources jeunes et que la France commence à entrer dans des années de classes creuses, le gouvernement ramène la durée du service militaire à un an en 1928... Et à pratiquement dix mois en 1932.

Au sortir de la Grande Guerre, l'Armée de l'Air est forte de 260 escadrilles avec 4500 avions. Son industrie aéronautique est la plus puissante d'Europe. L'Armée de l'air va rester cantonnée aux tâches d'éclairage et de renseignement pour le compte de l'Armée de terre. Il n'est pas envisagé de la transformer en armée qui mène des combats aériens et encore moins qui bombarde dans une France pacifiste. Malgré la création d'un Ministère de l'Air, cette arme n'arrivera jamais à s'épanouir et à devenir un véritable outil de défense offensive. Les crédits alloués seront gaspillés faute d'une véritable politique de défense.  Le résultat en sera la construction d'un avion tout à l'image de la politique pacifiste du pays : le BCR (Bombardier chasseur de reconnaissance) expérimenté lors de la Guerre d'Espagne en 1936. Le BCR Potez 540 est tellement piteux qu'il est surnommé "Le cercueil volant" par ceux qui le pilotent. Ce ne sera qu'en novembre 1936 que commencera la conception d'un véritable avion pouvant rivaliser avec son adversaire allemand, le Messerschmitt Bf109. Le Dewoitine 500 ne sera en cours de dotation qu'au moment de la déclaration de guerre... et encore sans doctrine d'emploi et sans de véritable industrie capable de produire 1 000 avions par an.

 Cette impréparation mortelle de l'Armée française touche un peu moins la Marine nationale. Le Statut naval de 1924, prévoyait la réalisation d'une flotte de 725 000 tonnes avec une supériorité sur l'Allemagne et l'Italie confondues. Cet objectif ne sera pas atteint en 1935, nécessitant l'appui de la Grande-Bretagne. Ce n'est qu'à cette date que d’importants crédits vont être votés afin de doter la France d'une flotte nouvelle : 4 navires de lignes, 2 porte-avions, 2 croiseurs, 4 contre-torpilleurs, 25 torpilleurs et 24 sous-marins. Cette flotte ne devant être prête que le premier janvier 1943.

Dans le domaine des communications, le retard est encore plus manifeste. Alors que tous les chars allemands communiquent par radio, ceux de l'Armée française communiquent encre par fanions. Dans les années 1930, elle utilise encore les moyens utilisés au cours de la Grande Guerre : Messagers cyclistes ou pédestres ; pigeons ; téléphones de campagne dont il faut dérouler des kilomètres de fils.

Le dogme mortel du tout défensif

  L'Armée française est pacifiste. Son absence de doctrine a subi le poids écrasant du pacifisme et des pacifistes. Dans le contexte politique et psychologique des années 1920, en plein Briandisme, alors que toute la Gauche pousse au désarmement, la seule stratégie militaire qui s'impose est purement défensif, replié sur l'Hexagone... en totale contradiction avec la Diplomatie française d'alliance de revers à l'Est.

Dès 1925, cette stratégie se concrétise par la décision gouvernementale de construire un système défensif constitué de fortifications. Le 6 novembre 1926, le "Rapport sur l'organisation défensive des frontières" constitue le schéma directeur de ce que sera la "Ligne Maginot". Le 14 janvier 1930, le parlement vote la construction pour 2,90 milliards sur 5 ans.

C'est la fin du traité de Versailles qui prévoyait une zone tampon en Rhénanie et le maintien en dessous de 100 000 hommes de l'Armée allemande. En construisant ce mur défensif, le Gouvernement accepte de facto que la frontière allemande redevienne celle d'avant 1914 ! C'est ce que fera Hitler 6 ans plus tard en réarmant la Rhénanie.

La logique du traité de Versailles telle que voulue par Le Maréchal Foch et Clémenceau aurait voulu que la France s'équipa d'une armée offensive capable de contenir le bellicisme allemand.

Achevée en 1936, la Ligne Maginot fortifie à l'Nord-est, mais s'arrête à Charleville-Mézières laissant un vide jusqu'à la mer. Quand la Belgique deviendra neutre en 1936 après la désastreuse politique étrangère du Front populaire, les gouvernements Radicaux-socialistes qui vont se succéder ne voudront pas combler ce vide dans notre défense afin "De ne pas vexer les Belges" ! 

Souffrant de nombreuses faiblesses et majoritairement équipée du bon vieux canon de 75 de la Grande Guerre, la Ligne Maginot est un gouffre en effectif sans compter ceux nécessaires en cas d'attaque.

Pourtant de brillantes personnalités militaires tentent de s'opposer à cette vision défensive héritée de la Grande Guerre et imposée par le pacifisme de la Gauche. Le Général d'Estienne, qui a été l'inventeur du char à la fin de la grande Guerre, dans une conférence à Bruxelles donnée le 7 mai 1921, assigne à l'armée blindée un rôle nouveau : "Imaginez, messieurs, le formidable avantage stratégique  et tactique  que prendraient sur les lourdes armées du plus récent passé 100 000 hommes capables de couvrir 80 kilomètres en une seule nuit avec armes et bagages. Il suffirait pour cela de 8 000 camions  ou tracteurs automobiles et de 4 000 chars à chenilles et montés par une troupe de choc de 20 000 hommes." Dix ans plus tard, un certain Colonel de Gaulle reprendra à son compte les thèses de ses prédécesseurs !

Pourtant, à la fin des années 1920, ce n'est plus un secret que la Reichswehr est construite dans un tel esprit avec le soutien de l'URSS. Son ancien patron, le général Hans von Seeckt s'en explique dans des conférences internationales et dans un ouvrage d'ailleurs traduit en français. Il considère que la petite armée régulière et bien entrainée de l'Allemagne constitue une force supérieure à celle de l'Armée française plus opulente et sans cohésion.

En 1937, la France à sous les armes 420 000 hommes alors que l'Allemagne en a 800 000. Paul Reynaud dira dans son ouvrage "Le problème militaire français" : " La paix  est condamnée si la France n'est pas prête à se battre".

En 1936, dans un débat devant la Chambre des députés, Henri de Kerillis déclara : "Quelle tristesse que le pays où est né l'automobile, où est né le tank, où est né l'avion, se soit laissé distancer à ce point."

Le Cartel des Gauches, puis le Front populaire qui ont saboté le réarmement de la France, alors que la menace de guerre contre l'Allemagne s'amplifiait, portent une très lourde responsabilité dans cette honteuse défaite. Quand la Gauche au pouvoir se rendit compte enfin de l'agressivité du Régime nazi, en 1939 avec l'invasion de la Pologne, il était vraiment trop tard tant le retard pris était immense face à une armée que l'on savait offensive depuis le début des années 1930. Hitler en profitera pour attaquer la France.

L'incompétence et la lâcheté jusqu'au bout

Hitler a prévu d’attaquer la Pologne le premier septembre 1939. Le 12 août, alors que commencent les négociations à Moscou entre l’URSS, la France et la Grande-Bretagne, le responsable soviétique des pourparlers avec l’Allemagne propose la venue en secret d’un haut dignitaire nazi. Les dates des 26 et 27 août sont initialement prévues pour la visite de Ribbentrop. Hitler insiste pour que ce soit plus tôt et veut un accord immédiatement applicable. Staline opte finalement pour le 23. Le pacte Germano-soviétique est signé dans la nuit du 23 au 24 août.

Il comporte deux parties distinctes. C’est avant tout un traité de non-agression qui sera rendu public le lendemain. L’Allemagne et l’URSS s’engagent, au nom de la consolidation de la Paix, à ne pas se faire la guerre et à ne pas soutenir aucune tierce puissance qui entrerait en conflit avec l’une d’elles. Ce pacte est conclu pour dix ans. C’est aussi une partie tenue secrète attribuant à l’Union-Soviétique la Finlande, l’Estonie et la partie orientale de la Pologne ; à l’Allemagne nazie la partie occidentale de la Pologne, ainsi que la Lituanie.

L’annonce du Pacte Germano-Soviétique le 24 août fait l’effet d’une bombe dans le monde entier. Le 31 août 1939, le gouvernement français hésite encore et ne sait pas quelle attitude avoir face à Hitler.

Le premier septembre à 4h45, l’Allemagne attaque la Pologne sans déclaration de guerre. Divisé sur l’attitude à prendre et sans réelle volonté d’agir, le Conseil des Ministres y va à reculons à l’image de son président du Conseil, Edouard Daladier, qui n’a jamais su prendre de décisions dans l’urgence.

Le 2 septembre, il réussit à faire voter par le Sénat et la Chambre des députés une rallonge budgétaire de 75 milliards pour « Faire face aux obligations de la situation internationale ». Même les mots font peur à ce gouvernement ! Le mot « Guerre » n’est même pas écrit. Le projet de loi a été soigneusement rédigé. Le directeur du Budget avait écrit : « Pour faire face aux trois premiers mois des hostilités ». Le ministre l’a édulcoré en : « Pour faire face aux obligations résultant de nos alliances ». Le Président du Conseil y mettant la touche finale avec : « Faire face aux obligations de la situation internationale ».

Soixante heures après l’attaque de la Pologne et six heures après l’Ultimatum de la Grande-Bretagne demandant le retrait immédiat des troupes allemandes de Pologne, la France se résigne à envoyer à l’Allemagne le même ultimatum. Face à l’évidence d’une guerre imminente, Le gouvernement radical-socialiste aura été incapable de prendre la moindre décision ! Comme depuis les accords de Munich, il tentera de gagner du temps sans se donner les moyens d’une véritable politique (Notamment en mettant en place une économie de guerre comme en 1914) de peur de déplaire à l’électorat de Gauche.

Le délai que laissera Hitler à la France durera huit mois et sept jours (La Drôle de Guerre), puis ce sera l’invasion du territoire pour la troisième fois depuis 1870, invasion fulgurante par l’armée de mouvement nazie malgré les combats héroïques de l’Armée française. Suivra les signatures des Armistices avec l’Allemagne et l’Italie dans un désordre gouvernemental inimaginable avec à sa tête un Président du Conseil manquant d’autorité (Mais pouvait-il avoir de l’autorité avec une constitution faite pour morceler les pouvoirs ?).

La troisième République mise en fuite par l'Allemagne victorieuse

La Troisième République finira dans la honte la plus totale, arcboutée sur des symboles d’un autre temps. Voyant l’avance allemande menacer Paris, gouvernement et parlements quitte Paris pour aller s’installer dans la région de Tours… comme en 1870 ! L’installation des ministères dans différents châteaux éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres ne fut pas propice à des décisions rapides… mais le décorum de la République y était !

Le 14 juin, la troisième République est obligée de fuir le Val de Loire quand les allemands entrent dans Paris. Brest est un instant évoquée comme lieu de repli afin d’y constituer un refuge auprès de la Marine nationale… puis Toulon.

Finalement, ce sera Bordeaux, ville symbolique pour ce gouvernement. Le Choix de Bordeaux ressemble à celui de Tours. La ville a été par deux fois la capitale provisoire de la République défaite : En février-mars 1871 ; en septembre 1914 (Alors que Paris était déjà menacée au bout d’un mois de guerre !).

Aussitôt arrivé à Bordeaux, des soldats allemands commencent à arriver dans la ville. Le 27 juin, des colonnes de chars traversent la ville. « Le gouvernement était toujours là ». Les allemands finiront par demander au gouvernement et aux chambres de quitter les lieux.

Le départ fut fixé le 29 juin à cinq heures du matin afin de ne pas subir la colère des habitants. Rendez-vous est donné au monument des Girondins. Les voitures des sénateurs sont suivies par celles des députés, puis celles du gouvernement… sous la Troisième République, ce sont les chambres qui dirigent la France et non le gouvernement qui ne fait que mettre en musique !

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2015/06/pourquoi-cette-impardonnable-honteuse-defaite-du-22-juin-1940.html

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