Alors que depuis deux ans, les libres penseurs essayent de faire interdire les crèches dans l’espace public, il convient de rappeler que ce sont les mêmes, par leur intolérance, qui ont permis la naissance de la tradition d’installer un crèche dans le foyer de chaque provençal durant la période de Noël.
L’origine de la crèche provençale nous vient d'Italie, du village de Greccio, située dans la province de Rieti. En effet, dès le XIIème siècle, dans les églises italiennes, on représentait la scène de la Nativité avec des sculptures mobiles, non fixées au sol. Cette tradition du culte catholique ne tarda pas à franchir les Alpes et à venir en Provence. La crèche était alors collective et installée dans une des chapelles de l’église paroissiale. La tradition voulait que chaque année, la crèche soit mise en place peu avant Noël pour n’être défaite qu’au début février, à la Chandeleur. Cet art populaire fera naître les Pastorales, représentations théâtrales de la Nativité.
Ce sont les persécutions religieuses qui ont commencé fin 1789 qui va faire que la tradition va transférer la crèche de l’église paroissiale vers le foyer de chaque provençal, symbolisant ainsi la résistance des provençaux à la tyrannie révolutionnaire et à la Libre pensée.
Rappelons brièvement les faits qui débutent avec la Constituante : Le 11 août 1789, la dime qui permettait à l’Eglise d’assurer sa mission de service public dans les écoles et les hôpitaux est abolie ; le 28 octobre, l’Assemblée suspend autoritairement le recrutement monastique ; le 2 novembre, les biens ecclésiastiques sont saisis ; le 13 février 1790, les vœux monastiques sont interdits et les ordres contemplatifs supprimés ; le 23 février, l’Assemblée constituante décide que ses décrets seront lus en chaire par les curés ; le 17 mars, les biens de l’Eglise sont déclarés biens nationaux et vendus ; le 12 juillet, la constitution civile du clergé est adoptée créant ainsi une religion d’état. Face à la résistance des catholiques (Qui représentent 95% de la population), le 27 novembre 1790, tous les ecclésiastiques sont obligés de prêter serment à la constitution civile du clergé sous peine de déportation.
L’ensemble de ses biens vendus (Y compris les églises), l’Eglise catholique de France va devenir « Souterraine » comme aux temps des persécutions romaines… comme ce sera le cas en URSS durant un siècle ou comme c’est le cas actuellement en Chine avec son église officielle et son église souterraine.
Le 29 novembre 1791, un nouveau décret déclare suspect tout prêtre non jureur. Sur cent trente évêques, seuls quatre ont reconnus la constitution civile du clergé. Sur 130 000 prêtres, ils seront 100 000 à refuser le serment et deviennent d’office suspects. Le 27 mai 1792, un décret de la Législative ordonne la déportation des prêtres réfractaires dénoncés par « Vingt citoyens actifs d’un même canton ». Plus de 6 000 prêtres réfractaires périront dans le sinistre camp de concentration de l’Ile au Diable au large de Cayenne. D'autres seront guillotinés (Lire le Dictionnaire des individus envoyés à la mort judiciairement de Louis-Marie Prudhomme)
Faute de prêtres et de lieu de culte, la vie pastorale se cantonne alors dans chaque foyer sous l’autorité du chef de famille. La traditionnelle crèche installée pour le temps de Noël dans l’église paroissiale est maintenant installée à côté de la cheminée de chaque foyer. Une tradition est née qui va faire fleurir l’industrie des santonniers de Provence à partir du début du dix-neuvième siècle !
Ce n’est qu’en 1802 que les crèches reviendront s’installer pour Noël dans le chœur des églises après treize ans d’absence pour cause de persécutions. De nos jours, sans le savoir, les provençaux effectuent le même geste de résistance à l’oppression que leurs ancêtres en installant une crèche dans leur foyer.
En 2017, ce sont les mêmes Libres penseurs qui font la chasse aux crèches installées dans l’espace public. Leur intolérance n’a pas perdu de leur virulence depuis 1789.
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