Le père Pierre Bockel est un résistant de la première heure qui créa l’un des premiers réseaux de résistance française en août 1940. Juste parmi les nations, commandeur de la Légion d’honneur, Croix de guerre 39/45, Médaille de la Résistance, Pierre Bockel est également l’auteur de nombreux ouvrages, dont en 1973 L’Enfant du rire, préfacé par André Malraux.
Pierre Bockel est né le 3 octobre 1914 à Saint-Amarin (Haut-Rhin). Il débuta ses études primaires au collège de la ville de Thann, puis fut envoyé au collège marianiste de la Villa-Saint-Jean à Fribourg en Suisse. En 1929, lors de vacances à Thann, il rencontre l’abbé Jean Flory, un prêtre de la région qui va être à l’origine de sa vocation religieuse.
Peu avant la seconde Guerre mondiale, il commence ses études religieuses au séminaire des Carmes à Paris avant de les interrompre afin d’effectuer son service militaire. Il est finalement capturé par l’armée hitlérienne le 22 juin 1940 à Gérardmer, le jour même de la signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne. Du fait de ses origines alsaciennes, il est rapidement libéré.
Dès le mois d’août 1940, il décide d’organiser un vaste réseau de résistance contre l’annexion de l’Alsace au troisième Reich. Il est finalement expulsé avec toute sa famille le 10 décembre 1940. Son père se réfugie en Algérie où il trouve une étude de notaire, tandis que Pierre Bockel rejoint le séminaire universitaire à Lyon où il poursuit ses études de théologie. Il est ordonné prêtre en la cathédrale de Fourvière de Lyon le 24 juin 1943.
Parallèlement à ses études de séminariste, il poursuit des activités clandestines dans la Résistance. En lien avec le réseau Martial de Paul Dungler (germanophobe et ancien membre de l’Action française), Pierre Bockel devient l’un des responsables, avec Bernard Metz, de la zone Sud de cette organisation, spécialisée notamment dans l’évasion. C’est le réseau Martial qui organise l’évasion du général Giraud en 1942.
Il collabore également au journal de la Résistance les Cahiers du Témoignage chrétien, publication clandestine fondée notamment par le père jésuite Pierre Chaillet, dont la devise est : « Vérité et justice quoi qu’il en coûte. » L’influence de ce journal dépasse de beaucoup les milieux chrétiens, touche tous les hommes de bonne volonté. En septembre 1943, à Toulouse, secondé par une petite équipe, Pierre Bockel rédige en une semaine un numéro consacré à l’Alsace et à la Lorraine, terres françaises.
Pierre Bockel prend également une part active au sauvetage des juifs. Il procure de faux papiers à de nombreux juifs, comme à Charles Schwed et sa famille. Il protège une autre famille juive à Toulouse, qu’il guide dans la Drôme, pour la confier à des tantes qui acceptent de la cacher. Il sauve également de la déportation David Weill et sa famille. Titulaire de la Médaille de la Résistance, il est élevé en 1988 à la dignité de Juste parmi les nations.
Il rejoint un maquis en juin 1944, opérant aux confins du Gers et de la Haute-Garonne. Il participe ainsi à des sabotages ferroviaires, à des embuscades contre des convois allemands. Ce maquis, regroupant des nombreux Alsaciens et Lorrains réfugiés dans le Sud-Ouest, donne naissance à la brigade FFI Alsace-Lorraine. Le commandant Noettinger en accepte le premier commandement. Puis il s’efface devant la présence providentielle d’André Malraux (colonel Berger), qui en prend la direction en septembre 1944, avec le lieutenant-colonel Pierre-Élise Jacquot.
Les 2000 volontaires de cette unité d’élite intègrent la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny. Pierre Bockel devient l’aumônier de la brigade Alsace-Lorraine. Durant cinq mois, de septembre 1944 à février 1945, elle participe aux terribles combats en Alsace, se distingue lors de la prise de Dannemarie, durant la défense de Strasbourg et la libération de Colmar. Les combats se déroulent dans les pires conditions, sous la neige et un froid terrible, avec un équipement souvent insuffisant, des armes disparates, contre des troupes allemandes fanatisées.
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