vendredi 22 décembre 2023

Al Andalus, la déconstruction d’un mythe, par Seraphin Fanjul

 

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02/12/2017 – 09h45 Paris (Breizh-info.com) – Les éditions du Toucan (l’Artilleur), habituées à sortir des livres qui empêchent de tourner en rond, ont publié il y a quelques semaines « Al Andalus, la déconstruction d’un mythe », de l’historien espagnol Seraphin Fanjul.

Nous vous proposons ci-dessous la présentation de l’éditeur, ainsi que la chronique qu’en a faite Philippe Conrad, directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire.

Présentation de l’éditeur :

Dans l’Europe actuelle confrontée à une immigration musulmane continue, on aime bien se référer au modèle de cohabitation pacifique des trois cultures d’Al-Andalus.

L’histoire de l’Hispanie musulmane ou d’Al-Andalus est ainsi un enjeu archétypique. Au Moyen Âge, la Péninsule ibérique aurait connu une remarquable et inhabituelle cohabitation pacifique entre juifs, chrétiens et musulmans. Une admirable symbiose culturelle qui aurait duré vaille que vaille du VIIIe siècle jusqu’à l’expulsion des juifs en 1492, voire, jusqu’à l’expulsion des morisques en 1609.

Serafín Fanjul, affirme qu’il s’agissait, dans la réalité des FAITS, d’« un régime très semblable à l’apartheid sud-africain » et d’une époque globalement « terrifiante ». Soulignant que les motifs et les facteurs de luttes et d’affrontements entre l’Espagne musulmane et l’Espagne chrétienne ont été prédominants pendant toute la période concernée, il montre qu’Al-Andalus a été tout sauf un modèle de tolérance.

Il ne s’agit pas pour lui de nier qu’il y a eu des éléments de communication culturelle (surtout d’origine hellénistique) jusqu’au XIIe siècle. Mais il s’agit de montrer qu’il n’y a jamais eu un merveilleux système mixte sur lequel aurait reposé la cohabitation pacifique ; qu’il n’y a jamais eu un mode de vie partagé par tous, une même perception du monde valable pour tous.

La Chronique de Philippe Conrad :

C’est un ouvrage majeur que nous propose Serafin Fanjul, docteur en philologie sémitique, professeur de littérature arabe à l’Université Complutense de Madrid, ancien directeur du centre culturel hispanique du Caire.

Autant dire que l’auteur s’appuie sur une érudition à toute épreuve pour aborder la question, ô combien débattue, de l’interprétation de la séquence historique qui a correspondu à la présence, sept siècles durant, d’une société musulmane dans la péninsule ibérique. Il sait comment, au prix de grossiers anachronismes, les tenants de l’immigration de masse et de l’avènement sur le sol européen d’une société multiculturelle chantent les louanges du « paradis perdu » qu’aurait été l’Espagne musulmane à l’époque médiévale. En prenant pour cela quelques libertés avec l’histoire…

Notre auteur déconstruit méthodiquement le mythe de « l’Espagne des trois religions », lieu d’une coexistence pacifique et mutuellement profitable. Il n’a guère de mal à montrer que l’époque était celle d’un apartheid qui valait aux dhimmis chrétiens et juifs un statut d’infériorité jamais remis en cause jusqu’au XVème siècle qui vit la fin du royaume nasride de Grenade.

L’ouvrage de Serafin Fanjul apparaît donc, dans la bataille engagée pour la préservation de la mémoire et de l’identité européennes comme une arme précieuse pour en finir avec les mensonges de « l’historiquement correct ». À noter également l’excellente préface d’Arnaud Imatz, qui revient sur les procédés de la manipulation du passé appliquée de manière plus générale à l’histoire de l’Espagne, longtemps victime de la « légende noire » diffusée par ses adversaires.

Philippe Conrad

 Serafin Fanjul, Al Andalus, l’invention d’un mythe. La réalité historique de l’Espagne des trois cultures, L’Artilleur 720 p. 28 €
Crédit photos : DR
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