Mythes et antimythes: Les ducs et duchesses de Bretagne, par Philippe Tourault

dimanche 5 novembre 2023

Les ducs et duchesses de Bretagne, par Philippe Tourault

En juin 2016, les éditions Tempus (Perrin) ont publié une nouvelle édition en poche du livre de Philippe Tourault, initialement paru en 2009, intitulé « les ducs et duchesses de Bretagne ».

L’auteur, universitaire nantais nous propose une histoire du duché de Bretagne de 936 à 1532, de sa genèse à sa fin par l’intégration à la France. On se situe dans le cadre d’une histoire événementielle s’intéressant au pouvoir et aux luttes pour ce pouvoir.

Livre de vulgarisation permettant une approche globale de ce que pouvait être la Bretagne politique au Moyen-Age , une entité réellement existant mais soumises à de nombreux conflits internes impliquant les grands féodaux et traversée par le cours de l’histoire de ses puissants voisins, royaume de France, royaume d’Angleterre, Anjou et Normandie. L’ouvrage aborde cette entité de manière spécifique, aucun autre ouvrage n’ayant une thématique centrée sur celle-ci.

On retiendra le manque d’unité dans les politiques ducales, ne serait-ce que dans l’exemple le plus souvent étudié de la lutte entre blésiens et montfortais ce qui ne facilite pas une vue d’ensemble de la Bretagne et de cet état breton qui se structure cahin caha progressivement jusqu’à son apogée avec les derniers ducs.

Le livre s’articule en trois parties : naissance du duché et âge ingrat, âge adulte et maturité rayonnante, longue agonie.

De nombreux tableaux généalogiques facilitent la lecture événementielle et globalement la clarté du récit permet au lecteur même érudit de mieux cerner le système spécifique au pouvoir breton pendant ces années ducales.

Cependant ce livre ne traite absolument pas du système ducal étudié ailleurs (Kerhervé, Croix) et ne se situe absolument pas dans une approche « nouvelle histoire ». C’est un récit traditionnel rénové parlant des chefs et occultant le peuple.

L’histoire de Bretagne ayant souvent été une histoire tiraillée entre des hagiographes militants de l’idée bretonne et du celtisme et des négateurs farouches du « nationalisme » breton de la lecture de l’ouvrage de Philippe Tourault il ressort qu’il est impossible de nier la réalité d’un fait : l’existence de cette structure indépendante pendant l’époque donnée même si les luttes féodales dépassaient sa géopolitique.

En définitive le livre de Philippe Tourault est une excellente synthèse qui permettra au lecteur d’avoir une compréhension fine des enjeux pour la Bretagne médiévale.