mercredi 15 novembre 2023

Le souverainisme au scalpel

 Le paysage politique français présente depuis une dizaine d’années une originalité avec le souverainisme (1) bien que la France n’en ait pas l’exclusivité, la Grande-Bretagne, la Suède et le Danemark possédant eux aussi une mouvance souverainiste (2).

Le souverainisme apparaît dans le champ lexical entre le référendum sur le traité de Maastricht en 1992 et le succès électoral de Philippe de Villiers aux européennes de 1994. Le terme vient du Québec où il a été forgé à la fin des années 1960 au cours de la « Révolution tranquille ». À cette époque, la société québécoise, longtemps restée catholique, conservatrice et rurale, s’émancipe de ses cadres traditionnels. Les Québécois quittent les campagnes, cessent de fonder des familles nombreuses, s’entichent des modes soixante-huitardes venues de Californie et d’Europe occidentale, contestent l’autorité établie. Cette protestation socio-culturelle développe assez vite une expression politique indépendantiste. En 1967, le général de Gaulle crie depuis le balcon de la mairie de Montréal un vibrant « Vive le Québec libre ! ». Dans ce contexte effervescent, les indépendantistes québécois se regroupent pour fonder, un an plus tard, le Parti québécois (P.Q.). Le programme péquiste revendique un Québec indépendant qui serait néanmoins associé, en matières économique et stratégique, à un ensemble pancanadien anglophone. Au pouvoir dans la « Belle Province » à deux reprises, les péquistes ne parviennent cependant pas à obtenir l’indépendance après l’échec de deux référendums d’autodétermination en 1980 et en 1995 (3).

Il serait erroné d’assimiler les souverainistes québécois à des nationalistes au sens qu’on entend en Europe. Ils s’apparentent plutôt à la social-démocratie occidentale sans que cela n’empêche les derniers gouvernements provinciaux péquistes d’appliquer l’austérité, la rigueur budgétaire et une forte cure de néo-libéralisme. Leur « nationalisme » se comprend d’une façon civique, c’est-à-dire que la nation, fondée sur la langue - en l’occurrence ici le français -, incarne le seul cadre politique pertinent. Les péquistes réduisent l’affirmation identitaire à la seule question linguistique. Ils privilégient par conséquent les migrants francophones, d’où la transformation progressive du Québec en un petit Canada multiculturaliste. Par ailleurs, hormis une minorité attirée par l’altermondialisme, ils soutiennent l’A.L.E.N.A. et le projet économique de « zone de libre-échange des Amériques » avec le secret espoir de sortir du tête-à-tête pesant avec Ottawa. En France, ce souverainisme-là se situerait au centre-gauche.

Les incohérences du souverainisme

Le souverainisme français est loin d’être aussi net puisque, à la différence de son homologue d’outre-Atlantique, il ne relève pas d’une seule force politique. Quand on lit les publications souverainistes (4), on est frappé par la diversité des prises de position souvent contradictoires. En économie, des souverainistes sont libéraux (Jean-Jacques Rosa) et d’autres étatistes (Pierre Lévy [5]). Or peut-on à la fois vouloir préserver le « service public à la française menacé par Bruxelles » et exiger la privatisation hexagonale de la Poste ou du rail ? Sur un autre sujet brûlant, l’immigration, le géographe Yves Lacoste désire une véritable politique d’intégration qui reposerait sur l’enseignement du français tandis que le géopoliticien Aymeric Chauprade, soucieux d’un renouveau identitaire, se montre plus que réservé envers le phénomène. Il n’hésite pas à parler de submersion migratoire... On pourrait sans trop de peine dresser un inventaire des incohérences propres aux souverainistes. Alors qu’est-ce que le souverainisme en France ?

Les grands axes du souverainisme

À l’origine, les souverainistes s’opposent aux institutions européennes, dénoncent les traités européens les plus récents (Nice en 2000, Amsterdam en 1997, Maastricht en 1992, voire l’Acte unique de 1986), suggèrent leur révision générale. Foncièrement hostile à l’actuelle construction européenne, ils prônent un hypothétique retour aux sources de la Communauté européenne avec un développement des coopérations intergouvernementales et le rétablissement de la préférence communautaire. Hormis quelques-uns qui gravitent autour du Front national (le fiscaliste Jean-Claude Martinez, par exemple), rares sont les souverainistes publiquement favorables au retrait de la France de l’Union européenne. La Constitution européenne ne leur inspire que des réticences puisque elle apparaît comme la réalisation d’une entité étatique supranationale. Ils déplorent avec raison l’arrogance bureaucratique de la Commission de Bruxelles et la gestion calamiteuse de l’euro par la Banque centrale de Francfort. Pour eux, l’euro aurait dû être une monnaie commune et non une monnaie unique. Affichant leur choix pour une Europe des nations, c’est-à-dire des États-nations, ils cherchent à être les défenseurs de la souveraineté de l’État français. C’est pourquoi ils exigent - entre autres - le maintien du « compromis de Luxembourg » qui permet à un État-membre de poser son veto à une décision contraire à son intérêt national.

La souveraineté nationale constitue donc vraiment le cœur du souverainisme en tant que pensée politique. Cela témoigne de sa désuétude. En effet, ultimes laudateurs du système représentatif parlementaire, les souverainistes suivent en majorité une logique délégative qui va toujours à l’encontre de la volonté populaire. Leur solution miracle aux dysfonctionnements actuels de la construction européenne passerait par un accroissement du contrôle des parlements nationaux sur la technocratie européenne. Soit, mais qui contrôlerait l’action de ces parlements entre deux élections ? En-dehors de certains favorables au référendum d’initiative populaire tel le président du Club de l’Horloge Henri de Lesquen, la nébuleuse souverainiste persiste à croire dans la fiction du représentant élu alors qu’il est désormais vital d’instaurer à tous les niveaux électifs le mandat impératif ou, au moins, le droit de révocation des élus.

Il va de soi que les souverainistes se méfient de tout approfondissement institutionnel et récusent tout élargissement. Peu enclins à accepter les dix nouveaux membres du 1er mai 2004, ils demandent un long arrêt avant de reprendre l’extension vers l’Est de l’Union et ils refusent l’admission de la Turquie et de la Russie. Par rapport à l’O.T.A.N., l’attitude souverainiste dépend des personnalités. Soit on en conteste son utilité et la considère comme un instrument étatsunien de domination du « Vieux Monde », soit on spécule sur une entente harmonieuse parfaite entre Washington et ses alliés, d’une part, et la France d’autre part. Ce ne sont pas pour autant des adeptes du repli hexagonal, car ils confieraient volontiers le sort du monde aux instances internationales incarnées par l’O.N.U. et la Cour pénale internationale d’essence mondialiste. Quelques cénacles ont pu envisagé un renforcement politique de la francophonie considérée comme une alternative radicale à l’Europe. Bien sûr, la francophonie est un enjeu majeur, mais surtout dans le domaine culturel. Du fait de l’écart considérable du niveau de développement, un marché commun planétaire francophone apparaît pour longtemps illusoire. Si le Québec, la Suisse romande et la Wallonie assument à peu près les mêmes performances que la France, que faire des États africains les moins avancés ? À moins qu’au nom d’une quelconque idéologie francophone, les souverainistes ne suggèrent la paupérisation de la population française afin de favoriser celles d’un Tiers-Monde parlant la langue de Molière.

Un combat d’arrière-garde

Les souverainistes postulent que la conservation de la souveraineté nationale donne à l’État une puissance capable de défendre la France. Il ressort de cette vision étatiste un rejet du « fédéralisme » européen. La Fédération européenne constituerait le sommet de l’abomination, le mal intégral. Certes, l’actuelle construction européenne ne s’achemine guère vers un ensemble fédéraliste viable qui laisserait aux patries une large liberté. Les plus lucides de ses détracteurs s’inquiètent plutôt de voir l’Union européenne s’acheminer vers un État unitaire centralisé et technocratique, reproduction fidèle de... l’État-nation français.

À l’exception notable de Marie-France Garaud qui a proposé dès la décennie 1980 une République fédérale française, les souverainistes se veulent anti-fédéralistes. Ils défendent ardemment le mirage de l’unité et de l’indivisibilité de la République et considèrent que toute régionalisation suscite l’émergence de nouvelles féodalités locales politico-financières. Le raisonnement n’est pas faux, mais ce risque réel n’est possible que parce que la décentralisation telle qu’elle est appliquée est trop timorée et sujette aux pressions partisanes. Le régime des partis tue toute forme possibles de civisme organique. On pourrait fortement atténuer ce risque en instaurant des procédures de démocratie participative. Les souverainistes ne comprennent d’ailleurs pas le phénomène identitaire régionaliste. Ils le réduisent et le résument grossièrement au communautarisme. Avec le fédéralisme, le communautarisme est un mot honni du vocabulaire souverainiste. Perçu comme une menace gravissime pour l’unité fictive de la République française, le communautarisme chercherait à briser le cadre national au profit des idéologies du sol, du sang, du sexe et de l’argent. Il faut s’interroger si, n’ayant pas compris l’hétérogénéité croissante des sociétés postmodernes du monde développé, les souverainistes ne seraient pas les ultimes nostalgiques (inconscients ou refoulés ?) de la IIIe République jacobine ?

On ajoute à ce travers fâcheux une tendance notable au « complotisme ». En effet, l’État français serait sous la menace conjuguée du communautarisme, de la régionalisation et de la construction européenne derrière desquels se cacherait l’« éternel complot allemand ». Les milieux souverainistes pratiquent parfois sans vergogne, ni retenue, - et avec un brin (volontaire ?) de provocation - une incroyable germanophobie. Exaspéré que l’Allemagne soit au centre de l’Europe, l’État le plus peuplé et la première puissance économique du continent, le souverainisme français accable ce pays de tous les maux possibles et imaginables. Chez certains auteurs de très mauvaise qualité, la dénonciation outrancière tourne rapidement à l’obsession pathologique. Ainsi, dans leur interprétation délirante, Jean-Pierre Raffarin prendrait ses ordres auprès de groupes ethnicistes germanophones et réaliserait une décentralisation qui devrait à terme favoriser la constitution d’une Europe des régions ethniques dominée par une Grande Allemande reformée 6... Il est toutefois piquant de remarquer que des souverainistes si sourcilleux de l’indépendance française, ne se privent pas de soutenir l’indépendantisme québécois, d’appuyer le séparatisme wallon, voire son rattachement à la France.

Véritables fossiles vivants, car derniers représentants d’une conception individualiste et universaliste étriquée, produit des Lumières du XVIIIe siècle, des révolutions du XIXe siècle et du bonapartisme, les souverainistes persistent à voir dans la République française le flambeau de l’Humanité entière. Cette croyance engendre un messianisme dangereux (l’idéologie des droits de l’homme) non exempt de paradoxes. D’un côté, on défend la langue française et le peuple français contre les entraves européennes alors que, d’un autre, on n’éprouve que du mépris, quand ce n’est pas du négationnisme pur et simple, pour les langues régionales considérées comme des patois, et voit dans les actions des Basques, des Catalans, des Corses..., une atteinte intolérable à l’unité républicaine de la nation. Au nom de la souveraineté nationale, on invite donc les Français à contester le caractère artificiel de l’Union européenne tout en criant à la sédition dès que ce sont des Bretons ou des Savoisiens qui cherchent à secouer le joug centralisateur parisien ! Les souverainistes ne seraient-ils pas en outre des schizophrènes politiques qui s’ignorent ?

Antécédents souverainistes et souverainisme morcelé

Que représente politiquement le souverainisme ? Importé en France par Paul-Marie Coûteaux (7), le souverainisme n’est pas la formulation politiquement correct du nationalisme. Si les nationalistes français sont souverainistes, la réciproque n’est pas vraie. S’opposer à l’Europe ne décerne pas automatiquement un brevet de souverainisme. Les milieux royalistes français n’ont pas attendu Maastricht et les traités européens pour les combattre. Le royalisme bénéficie d’une antériorité et d’une légitimité incontestables. Nonobstant certaines analyses politologiques primaires, le souverainisme n’est pas non plus une simple opération électorale destinée à attirer les quelques trois millions d’électeurs du Front national vers des candidats jugés par le système médiatique moins sulfureux ou plus présentables. Les différentes tentatives de séduction n’ont en rien entamé le gros de l’électorat frontiste parce qu’il s’est cristallisé autour d’une personnalité charismatique au talent tribunicien incontestable : Jean-Marie Le Pen. Lequel Le Pen peut revendiquer, lui aussi, une antériorité souverainiste puisque, député poujadiste en 1957, il vota contre le traité de Rome instituant la C.E.E.

Par-delà ses nuances (nationisme ou national-républicanisme) (8), la mouvance souverainiste comprend quelques grandes figures : le philosophe Régis Debray, le politologue Pierre-André Taguieff, le publiciste Philippe de Saint-Robert, le général Pierre-Marie Gallois, théoricien de la dissuasion nucléaire française, l’essayiste Philippe Murray, l’écrivain et éditeur Denis Tillinac... Or, malgré cette profusion, leur message peine à trouver un écho favorable dans l’opinion, faute d’une intelligibilité certaine. Par ailleurs, l’absence d’un rassembleur unanimement considéré comme tel fait que le souverainisme éclate en une multitude de chapelles partisanes. Sans être exhaustif, on recense l’Entente souverainiste de Jean-Paul Bled, l’Alliance pour la Souveraineté de la France du conseiller général des Hauts-de-Seine Francis Choisel, le Comité Valmy d’orientation néo-jacobine, la Confédération des écologistes indépendants Souveraineté-Écologie-Ruralité animée par François Legrand, le Conseil national souverainiste présidé par l’ancien ministre gaulliste Jean Foyer, l’Académie du gaullisme du gaulliste de gauche Jacques Dauer, le Cercle Nation et République du député U.M.P. des Yvelines Jacques Myard. Une Coordination souverainiste, puis un Rassemblement pour l’indépendance et la souveraineté de la France, conduits par Jean-Paul Bled, entend fédérer tous ces anti-fédéralistes frénétiques. Mais cette unité n’est que purement négative. Est-il possible de construire un programme politique sur le non ?

Pour preuve, pendant la campagne présidentielle de 2002, les souverainistes ambitionnaient de devenir une « troisième force » transpartisane et unitaire, dépassant la gauche et la droite institutionnelles. La démarche visait à réunir autour de la candidature de l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, responsable du Mouvement des citoyens, les « républicains des deux rives », c’est-à-dire les souverainistes de droite et de gauche. Le Pôle républicain constitua alors un assemblage hétéroclite où se côtoyaient des paléobolcheviks toujours pas remis de la chute de l’U.R.S.S. aux royalistes anciennement mitterrandiens en passant par d’indécrottables radicaux-socialistes jacobins et des gaullistes encore endeuillés par la disparition de leur grand homme. Les quelques 5 % recueillis par Chevènement fit éclater l’illusion d’un souverainisme vierge de tout clivage partisan (9). Dès lors, à gauche, après la perte de la présidence du conseil général du Territoire de Belfort en 2004, le nouveau parti chevènementiste, le Mouvement républicain et citoyen, se marginalise tandis que ses dissidents de l’Association pour une Gauche républicaine ont finalement réintégré le Parti socialiste.

Aujourd’hui, le souverainisme incline nettement vers la droite sans qu’il y ait cependant l’amorce d’une réelle unité, tant les rivalités personnelles sont féroces. Continuant à verser dans l’espérance de l’homme providentiel, la droite souverainiste a d’abord cru en Philippe Seguin, député RPR des Vosges et ancien président de l’Assemblée nationale (1993-1997). Son ralliement à Maastricht, puis sa retraite politique les contraignirent ensuite à rejoindre l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua. Après son succès aux européennes de 1999, il créa d’ailleurs avec Philippe de Villiers le Rassemblement pour la France. Mais une trop grande proximité avec le président Chirac, un discours confus et une kyrielle d’affaires actuellement en cours d’instruction judiciaire irritèrent Philippe de Villiers, le chantre de la lutte contre la corruption et de la baisse des impôts, qui rompit avec le vieux gaulliste. L’intermède Chevènement clos, les souverainistes de droite tentèrent de s’implanter chez les chasseurs. Contrairement à leurs militants et à leurs électeurs, les cadres de C.P.N.T. (Chasse-Pêche-Nature et Traditions) manifestent une nette sensibilité droitière. Mais la persistance farouche de son président, Jean Saint-Josse, à rester sur une ligne qui récuse la droite et la gauche les déçoit (10). Aujourd’hui, les nationaux-souverainistes se rallient soit au libéral-conservateur Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, soit à un acteur montant de la vie politique hexagonale, le député U.M.P. de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan, qui a fondé à l’intérieur de son parti un courant « républicain » et gaulliste Debout la République !. Cela fait dire au souverainiste pasquaïen William Abitbol qu’« un courant souverainiste à l’U.M.P. est aussi crédible qu’une tendance pro-américaine chez Al-Qaïda ». Nicolas Dupont-Aignan pâtit d’ailleurs de la concurrence interne des amis de Charles Pasqua réunis autour de Nation et Progrès et par quelques ténors à la fibre gaulliste social tels les ministres Michèle Alliot-Marie et François Fillon.

Cet éparpillement prouve que le souverainisme n’est pas une force politique nouvelle ou novatrice. Ses quelques succès électoraux ne sont que des succès d’estime et il se fourvoie dans une impasse théorique totale. Ce n’est qu’un exemple particulièrement significatif d’une lutte catégorielle transplantée sur le terrain politique. Son existence même indique l’achèvement de la modernité. Cependant, la question de la souveraineté n’est pas terminée. Le souverainisme, dans ses versions régionale ou nationale - c’est-à-dire séparatistes - a atteint ses limites conceptuelles. L’Europe impériale a un besoin urgent d’une souveraineté politique respectueuse de toutes ses composantes ethno-populaires autochtones. Voilà pourquoi un autre souverainisme, continental celui-là, est possible : l’euro-souverainisme ! Faire de notre continent européen une puissance politique souveraine devient par conséquent le défi majeur de ce premier tiers du XXIe siècle.

Notes

1 : Depuis les élections européennes de 1989, les électeurs français ont le choix entre les différentes options du souverainisme : les chasseurs, Philippe de Villiers, Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement.

2 : U.K.I.P. est le Parti de l’indépendance du Royaume-Uni. En 2004, ce parti passe de 3 à 12 eurodéputés. Au Danemark, on recense le Mouvement de Juin et le Mouvement populaire anti-U.E. En Suède, souverainistes de gauche et de droite se sont unis en une Liste de Juin qui obtient 14,5 % des voix.

3 : L’indépendantisme québécois se fait aussi entendre au niveau fédéral par le Bloc québécois qui n’est pas une émanation du P.Q. Ce Bloc est, pour l’instant, tiraillé entre une aile conservatrice et une aile libéral-libertaire.

4 : Il y en a de nombreuses. La plus diffusée serait L’Indépendance dont le directeur est Paul-Marie Couteaux. Ce journal veut le point de ralliement de toutes les tendances souverainistes. Mensuel du groupe de presse Robert Lafont, La Une relaie aussi le message souverainiste dans une perspective libérale et populacier. Les éditions François-Xavier de Guibert sont la maison d’édition du souverainisme.

5 : Militant communiste en rupture avec la « ligne officielle du Parti », Pierre Lévy dirige la revue Bastille-Nation-République. Les thèmes abordés développent un message souverainiste de gauche.

6 : À titre d’exemple, une universitaire germaniste monomaniaque publie trois essais qui ne sont qu’une répétition désordonnée d’arguments inintelligents, uniquement ordonnés autour d’un supposé complot allemand, revanchard et anti-français. Évoquons cet expert auto-proclamé dans la dénonciation du péril germano-régionaliste qui ne se lasse pas d’écrire le même livre et le même article depuis quatre-cinq ans.

7 : Écrivain, ancien attaché des cabinets des ministres Michel Jobert et Jean-Pierre Chevènement, du président de l’Assemblée nationale Philippe Seguin et du secrétaire général de l’O.N.U., Pierre Boutros-Ghali, député européen élu sur la liste Pasqua-Villiers en 1999 et membre du groupe Europe des démocraties et des différences, réélu en 2004 en Île-de-France, Paul-Marie Coûteaux entend rassembler sous sa direction intellectuelle l’archipel souverainiste.

8 : Pour faire vite, le nationisme est la formulation idéologique de l’État-nation considéré comme la seule garantie rationnelle de rassemblement des individus souverains pour un projet politique collectif commun. Variante du nationisme véhiculée par Régis Debray, le national-républicanisme est un nationisme qui défend les valeurs de la République française avec un fort caractère égalitaire, voire égalitariste.

9 : Au soir du 21 avril 2002, la frange chevènementiste du souverainisme appela sans hésitation aucune à faire barrage à J.-M. Le Pen, attestant de cette façon sa faveur pour le dogme universaliste de la République plutôt que de se rallier à sa formulation hérétique. Les souverainistes optent pour la souveraineté contre l’identité.

10 : Outre une défense exagérée de la chasse élevée au rang de véritable mode de vie, les cadres de C.P.N.T. ne brillent pas par leur finesse et leur culture politique. Jean Saint-Josse déclare ainsi : « Je n’aime pas le terme de souverainisme, qui renvoie au mot souverain, donc au roi ». Une telle énormité est affligeante. (Le Figaro, 19 décembre 2003)

Paru dans L’Esprit européen, n° 12, été 2004.

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