Loin des plateaux télévisés occidentaux hystériques, la presse israélienne donne un son de cloche un peu différent de la montée de la violence entre Israël et les Palestiniens, notamment ceux enfermés dans la bande de Gaza. Pour désigner celui qui pourrait être le grand vainqueur de la crise actuelle, Benjamin Netanyahu, et les colons extrémistes israéliens.
L’opération du Hamas baptisée « déluge d’Al-Aqsa » a pris l’Etat hébreu par surprise
Le déchainement de violence actuelle, dans un conflit israélo-palestinien qui dure en Palestine depuis plus d’un siècle, a débutée le 7 octobre par l’attaque bien organisée d’Israël par la branche armée du groupe terroriste Hamas. Baptisée « déluge d’Al-Aqsa », cette opération a pris l’Etat hébreu par surprise et provoqué de nombreuses victimes, morts et blessés.
En riposte, Israël a lancé l’opération « Épée de fer » et décidé du blocus total de la bande de Gaza privée d’eau, d’électricité, de gaz et d’approvisionnement en alimentation. L’armée israélienne a ainsi ordonné lundi un « siège complet » de ce territoire de Gaza contrôlé par le Hamas, au troisième jour de l’offensive surprise et massive lancée par le mouvement islamiste palestinien. Rappelons que Gaza est l’un des lieux les plus densément peuplés au monde (4110 hab/km2), un peu plus de 2 millions d’habitants, qui vit refermé sur lui-même en raison du blocus israélien. Cette bande de territoire est entourée par une clôture de haute sécurité qui délimite une frontière parmi les plus hermétiques et militarisés au monde.
Israël mène depuis le lancement de l’opération Epée de fer, les frappes de représailles les plus intenses de son histoire dans la bande de Gaza, et songe à une invasion terrestre. Parallèlement à l’offensive militaire, le premier ministre Benjamin Netanyahou, a déclaré son pays « en guerre » et appelé dans une allocution télévisée à la formation d’un « gouvernement d’union nationale d’urgence sans conditions préalables.
En riposte, Israël a lancé l’opération « Épée de fer » et décidé du blocus total de la bande de Gaza
Inculpé dans trois affaires de corruption, très contesté en Israël en raison de sa réforme de la justice décriée, et de son alliance gouvernementale avec les extrémistes juifs israéliens, cette escalade meurtrière lui permet, selon le quotidien israélien Haaretz, « de sortir d’une éventuelle condamnation et d’une peine de prison », les intérêts nationaux étant supérieurs.
Toujours selon Haaretz, ce nouvel épisode de la guerre israélo-palestinienne, est aussi le résultat de la politique de Netanyahou :
« Le Premier ministre, qui s’est enorgueilli de sa vaste expérience politique et de sa sagesse irremplaçable en matière de sécurité, n’a absolument pas identifié les dangers dans lesquels il conduisait consciemment Israël en établissant un gouvernement d’annexion et de dépossession, en nommant Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir à des postes clés, en adoptant une politique étrangère qui ignorait ouvertement l’existence et les droits des Palestiniens. (…) L’échec de l’armée et des services de renseignement n’exonère pas M. Netanyahou de sa responsabilité globale dans la crise, puisqu’il est l’arbitre ultime des affaires étrangères et de la sécurité d’Israël. »
Benjamin Netanyahou, le premier ministre israélien, inculpé dans trois affaires de corruption et contesté pourrait sortir renforcée de cette crise
Après sa victoire aux dernières élections, Netanyahou a entamé une politique « d’un « gouvernement de droite », avec des mesures manifestes prises pour annexer la Cisjordanie et procéder à un nettoyage ethnique dans certaines parties de la zone C fixée par Oslo, y compris les collines d’Hébron et la vallée du Jourdain » continue Haaretz qui ajoute :
« Il s’agissait également d’une expansion massive des colonies et d’un renforcement de la présence juive sur le Mont du Temple, près de la mosquée Al-Aqsa, ainsi que de se vanter d’un accord de paix imminent avec les Saoudiens dans lequel les Palestiniens n’obtiendraient rien, et de parler ouvertement d’une « seconde Nakba » au sein de sa coalition gouvernementale. »
Cette expansion massive des colonies juives dans les territoires palestiniens a été permise grâce à la coalition entre le parti de Netanyahou et les ténors des juifs sionistes religieux Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir nommés respectivement responsables des colonies en Cisjordanie et de la Sécurité nationale. Or les mesures de Ben-Gvir et de Smotrich permettant cet essor des colonies ou l’annexion de territoires menacent directement la possibilité même d’un État palestinien. Elles sont à mettre en parallèle avec une déclaration oubliée de l’actuel premier ministre israélien aux membres de la Knesset de son parti, le Likoud, en mars 2019 :
« Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie ».
L’expansion massive des colonies juives dans les territoires palestiniens menace directement la possibilité même d’un État palestinien
Sans surprise, donc, hier, Benjamin Netanyahu a déclaré au président américain Joe Biden qu’Israël n’avait d’autre choix que d’envahir Gaza malgré des dizaines d’otages détenus par le Hamas, a rapporté Axios. Le rapport indique que Biden n’a pas convaincu Netanyahu de ne pas envahir Gaza au cours de leur conversation.
L’Opération Epée de fer donne ainsi une possibilité aux sionistes Israéliens de réaliser leur rêve d’un Grand Israël, ce qui signifie en clair l’annexion de tous les territoires encore aux mains des Palestiniens. Un rêve qui ne peut naître que d’un flot de sang…
Il faut cependant compter sur la communauté internationale et les jeux de pouvoirs au Proche-Orient mais aussi en Occident, qui pourront être un obstacle à ces aspirations des juifs ultra-sionistes. Pour établir, aussi petit soit-il, un temps de trêve dans un conflit qui dure depuis si longtemps.
Francesca de Villasmundo
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