Physicien, professeur émérite à l’Université de Tours, François Gervais a été directeur d’un laboratoire du CNRS (UMR 6157) et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. Ancien conseiller scientifique du Pôle de compétitivité Sciences et Systèmes de l’Energie Electrique (S2E2), il est médaillé du CNRS en thermodynamique et lauréat du Prix Ivan Peyches de l’Académie des sciences.
Il vient de publier un ouvrage sur Le déraisonnement climatique. Selon les calculs du GIEC, la planète s’est réchauffée de 0,4°C depuis 1945, date de l’accélération des émissions de CO2 dues à la combustion de ressources fossiles et, à ce jour, toujours selon les évaluations du GIEC, la France serait responsable d’une hausse annuelle de la température du globe de 0,00007°C. Or, sur la base de ces estimations reconnues, nos dirigeants aiguillonnés par l’ONU ont décidé d’atteindre le « zéro carbone » en 2050, impliquant des bouleversements radicaux de nos modes de vie et en particulier la transition vers le tout électrique, alors que 80% de l’énergie produite aujourd’hui est d’origine fossile. Au-delà de l’interdiction complète des véhicules thermiques, décidée à l’horizon 2035, les réflexions portent désormais, entre autres, sur la limitation du nombre de vols intercontinentaux, sur des restrictions à la consommation de viande, une limitation des constructions de maisons individuelles et bien sûr une démultiplication des installations d’éoliennes et de champs photovoltaïques. Tout ceci financé par de la dette. François Gervais passe en revue, secteur par secteur, les incohérences et les contradictions qui nous conduisent, à brève échéance si nous ne revenons pas à une attitude scientifique normale, vers des lendemains de très grave précarité énergétique.
A propos du fameux “dérèglement” climatique, il souligne que
Parler de dérèglement suppose qu’un ordre établi, justement réglé comme du papier à musique, aurait prévalu de longue date et qu’il serait en passe d’être détérioré. Lorsqu’on observe les trois cent soixante ans d’enregistrement mensuel de température du plus ancien thermomètre du monde, on constate effectivement une hausse de température moyenne depuis le dernier petit âge glaciaire. Le recul des glaciers de montagne initié depuis plus de trois siècles peut s’expliquer par une telle hausse. Le minimum de Maunder observé de 1645 à 1715 était corrélé à une absence prolongée de taches solaires, cause de froid, de mauvaises récoltes et de famines historiquement documentés. En revanche, les fluctuations de températures de part et d’autre de la moyenne ont de tous temps été de fréquence et d’amplitude similaires de sorte que l’on serait bien en peine de discerner un “règlement” et de repérer le début d’un quelconque “dérèglement”.
8 huit après Laudato Si, le pape publie une nouvelle exhortation apostolique, Laudate Deum, un texte de 26 pages dans lequel il ne craint pas d’affirmer :
Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. […] Si nous pouvions jusqu’à maintenant connaître quelques vagues de chaleur par an, que se passera-t-il avec une augmentation de la température globale de 1,5 °C, ce dont nous sommes proches ? De telles vagues de chaleur seront beaucoup plus fréquentes et plus intenses. Si l’on dépasse 2 °C, les couches de glace du Groenland fondront complètement et une bonne partie de celles de l’Antarctique, ce qui aura des conséquences énormes et très graves pour tous.
François Gervais écrit pourtant dans son livre :
Les 3000 balises Argos immergées dans tous les océans de la planète, opérationnelles depuis 2002, les laboratoires spécialisés dans la mesure de la température e la Terre, les mesures de températures de la troposphère par satellite, tous concluent à une stagnation, voire une légère diminution, de la température de la planète depuis le pic de 1998. Les sites internet de laboratoires spécialisés, dispersés aux quatre coins du monde, publient les mesures en temps réel, permettant à chacun de vérifier et de suivre l’évolution. Parallèlement, le niveau des océans, qui était monté d’une vingtaine de centimètres au cours du XXe siècle, semble se stabiliser et avec lui le taux de méthane qui, lui, avait doublé.
Le pape écrit aussi, au n°11 de son exhortation :
On ne peut plus douter de l’origine humaine, – “anthropique” – du changement climatique.
Serait-ce un nouveau dogme ? François Gervais rappelle à ceux qui ont la mémoire courte :
Le numéro 633 de juin 1970 de Science & Vie annonçait à la une “Plus de vie dans 50 ans”. 1970 + 50 ans = 2020, c’est le passé récent, aisé à vérifier. “La température de l’atmosphère s’élèvera de 9° durant le prochain demi-siècle et le niveau des eaux de 3 mètres.” A la même époque, dans The Cooling, Lowell Ponte écrivait : “Ce refroidissement a déjà tué des centaines de milliers de personnes. S’il continue, et qu’aucune action vigoureuse n’est entreprise, il va causer une famine mondiale, un chaos mondial, une guerre mondiale et tout ceci pourrait arriver avant l’an 2000.” Le 9 juillet 1971, le Washington Post écrivait : “Dans les cinquante prochaines années, la poussière (comprenez les aérosols) émise dans l’atmosphère par combustion des ressources fossiles va tellement voiler la lumière solaire que la température de la Terre va chuter de 6°. Cinq à dix années d’émissions pourraient être suffisantes pour déclencher un âge glaciaire.”
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