Drôle de livre coédité par Perrin et Le Point. Sous la direction de Franz-Olivier Giesbert et Claude Quétel, 20 historiens, journalistes et essayistes nous racontent une journée d’hommes d’État, de Charlemagne à Elisabeth II en passant par François Ier, Robespierre, Clemenceau, J.-F. Kennedy, Mitterrand… Avec en ajout une favorite, Mme de Pompadour et Marie-Antoinette.
Est-ce bien instructif, édifiant ? Les deux directeurs se bornent à signer une page de préface pour nous déclarer, c’est un postulat, « l’Histoire est partout et elle a tous les droits ». Nous saurons tout sur leurs héros : « Quels étaient leurs horaires, leurs habitudes ? Leurs marottes ? Travaillaient-ils beaucoup, avaient-ils des loisirs ? Un chien ? Un chat ? Etaient-ils gourmands ? Buveurs ? Jouisseurs ? Malades ou en bonne santé ? »
Toutes informations que l’on trouvera dans n’importe quelle biographie qui se respecte. En fait, cet essai collectif obéit à une tendance montante prescrite par le marché, alignée sur la mutation culturelle de la société française. Désormais la recherche et la réflexion historiques ne seront plus éditées qu’à la marge car seule une élite de lecteurs, qui vieillit, pourra s’y retrouver. Pour le tout-venant, plus jeunes, ne lisant qu’en « zappant », il suffira d’une information basique, distrayante. Cela se faisait aux Etats-Unis dans le siècle précédent avec le « Reader digest ». Même recette aujourd’hui, l’histoire donnée au public n’échappe pas à l’ « uberisation » !
Cela dit, ce livre permet de distinguer le bon grain de l’ivraie. D’authentiques historiens peuvent toujours tirer leur épingle du jeu et un Laurent Theis peut même avouer : « Décrire une journée de Charlemagne relève de la gageure… ». Joli constat et règle déontologique suivie par ses collègues, Le Fur (François Ier), Petitfils (Louis XIV), Teyssier (Clemenceau), Lentz (Napoléon Ier)… D’autres font dans le fade, le convenu et l’approximatif… Par simple charité, on ne les citera pas…
Au passage, ces auteurs restent trop pudiques sur l’intimité la moins réjouissante… Prenez les besoins naturels. Pour Louis XIV enfant, son médecin Jean Héroard notait tous les jours les sécrétions et excrétions du futur roi, jusqu’à la bienvenue première « carte de géographie » sur les draps. Alors, à quand une histoire du pipi et du caca ? Monsieur Alain Corbin vient de nous donner « Une histoire du silence ». C’est tout indiqué pour lui !
Jean-Hugues TARAVAL
Une Journée avec… Perrin/ Le Point, 2016.
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