Quarante ans plus tôt, la Terreur opère son carnage. Les accusations de trahison tombent, les têtes aussi. La Révolution n’a qu’un seul embarras : que faire du jeune Louis XVII, que les Vendéens et les monarchies voisines rêvent de rétablir sur le trône ? Officiellement, il aurait succombé à son enfermement inhumain, mais dans tout le pays se chuchote qu’il est toujours vivant et a été remplacé par un autre enfant, mort à sa place.
Le coup de tonnerre Naundorff réveille ces rumeurs, ainsi que les espoirs des survivants de la cour royale. Louis XVII s’est-il évadé ? Les révolutionnaires l’ont-ils exilé en Angleterre ou en Argentine ? Ou bien utilisé comme monnaie d’échange ? Naundorff, que la Hollande enterrera sous le nom de Louis Charles de Bourbon – Louis XVII – Roi de France et de Navarre, est-il le véritable prétendant du trône ou un imposteur de génie ? Hugues de Bourbon, son descendant direct, vivant à Tours de nos jours, est-t-il l’héritier de tous les Rois de France ?
Le temps n’a pas de prise sur le mystère de l’horloger : au fil des décennies, des centaines de spécialistes et trois mille ouvrages ont tenté de le percer. Aujourd’hui, grâce à l’ouverture exceptionnelle des archives secrètes du Vatican à Jean-Louis Bachelet, et au concours exclusif de sommités de la génétique française, l’auteur mène une enquête inédite, au coeur du bain de sang de la Révolution. Et nous invite à l’instant de vérité
Breizh-info.com : Pourquoi vous êtes vous intéressé à cette énigme de l’histoire de France ?
Jean-Louis Bachelet : L’énigme Louis XVII n’est pas seulement une question posée sur le destin d’un enfant. Elle iradie tout une partie de l’histoire de France, en ce qu’elle interroge le sens de la Révolution, et la relation du Peuple Français avec ses rois. A travers Louis XVII, c’est mille ans d’histoire politique française qui est scrutée.
Breizh-info.com : Quelles sont les principales trouvailles que vous avez apporté pour constituer le dossier ? Comment avez-vous mené vos recherches ?
Jean-Louis Bachelet : J’ai travaillé de concert avec le Professeur Lucotte, qui à l’initiative de Ring, a mené des investigations ADN sur différentes mèches de cheveux de la famille royale qu’il avait réussi à rassembler. Pour ma part, j’ai exploré la totalité des ouvrages sérieux qui depuis deux siècles se sont passionnés pour cette affaire, afin de présenter tout d’abord une synthèse des connaissances acquises au fil des ans. J’avais déjà remarqué le nombre pléthorique de parutions fantaisistes qui, depuis la disparition de l’enfant, prétendaient apporter des conclusions surprenantes, sur la bases d’arguments insensés, de faux témoignages, tout cela motivé par des intentions politiques retorses.
Chose étonnante, chaque fois qu’un historien sérieux apportait de vraies arguments, je pense aux Chantelauze, aux Eckard, ou à Maurice Garçon, le nombre de ces parutions n’en faisait que grossir, preuve qu’il y a en France une grande difficulté à investir cette affaire rationnellement. Afin de liquider définitivement certains arguments idiots qui circulent depuis des décennies, je me suis aggrégé la collabotation de M. Ludes, directeur de l’Institut médico-légal de Paris, et d’Emmanuelle Bonneville-Baruchel, psychologue clinicienne et universitaires, qui ont pu mettre au clair certains aspects de la vie et de la mort de Louis XVII.
Il m’a fallu par ailleurs aller vérifier aux archives du Vatican, qu’il n’y avait strictement aucun des documents évoqués par certaines parution, dans le but d’épaissir le mystère, et de brouiller les pistes.
Breizh-info.com : Aujourd’hui, le livre que vous publiez lève le voile sur le destin de Louis XVII. Pouvez-vous nous en révéler quelques aspects jusqu’ici cachés ?
Jean-Louis Bachelet : Chantelauze, au dix-neuvième siècle, avait déjà tout dit de cette affaire. Mais il manquait à son argumentation les preuves scientifiques dont nous disposons actuellement. Le Professeur Lucotte, qui a accompagné nos recherches depuis le début, a pu acquérir un certain nombre de mèches de cheveux de la famille royale, et de Naundorff. En croisant les ADN, il est parvenu à apporter un résultat définitif sur une question qui hante l’imagination populaire depuis 200 ans.
De mon coté, je me suis surtout attaché à compléter l’argumentation de Chantelauze, et à montrer la nullité de certains arguments par lesquels, au cours des décennies, on entretenait le mystère.
Breizh-info.com : Quel accueil rencontre le livre ? N’est-il pas difficile aujourd’hui, pour une enquête historique, d’intéresser le plus grand nombre ?
Jean-Louis Bachelet : Je crois que cette enquête est différente d’une enquête habituelle, parce qu’en elle se reflète, comme dans un miroir, toute l’identité française. Les évènements que nous vivons aujourd’hui, la situation politique, sociale, trouvent un éclairage très intéressant à la lumière de l’histoire de Louis XVII. La réaction de certains lecteurs a été d’une violence inouïe. J’ai été insulté, calomnié, par des gens qui ont trouvé dans le livre les preuves de leurs propre imbécilité- et qui ne l’ont pas supporté, cela se comprend.
Ces mêmes gens ne se sont d’ailleurs pas présenté lors de mes conférences, preuve qu’ils ne devaient pas se sentir très à l’aise. Les auditoires que je rencontre sont faits de passionnés, avec lesquels j’ai les relations les plus fécondes. Je me souviens de cet homme, élevé dans le souvenir de Louis XVII, et qui est venu, en larmes, me raconter comment le destin de l’enfant Roi a bouleversé sa vie. Si j’ai un souhait à formuler, c’est que les personnes qui m’insultent aient le courage de venir me voir. Mais je n’y crois guère. L’ignorance et la mesquinerie n’ont pas vocation au courage.
Photo : DR
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