Marie-Antoinette vient au monde, au palais de la Hofburg, le jour même où l’Église catholique commémore les défunts. Un présage que l’on pourrait qualifier de sinistre pour celle dont le destin finira ses jours sous le couperet de la guillotine, d’autant que la veille, le 1er novembre, un terrible tremblement de terre détruisit la ville de Lisbonne. Mais pour l’instant, la petite princesse grandit sous les tendres soins de ses gouvernantes dans les magnifiques demeures impériales de la Hofburg ou de Schönbrunn.
C’est dans celui-ci que se produisit une histoire des plus touchantes. Afin d’animer la cour de Vienne, il était de coutume de faire venir de nombreuses distractions et curiosités, comme la présentation de jeunes enfants jouant avec un talent rare des instruments de musique. Lors d’un récital, le 13 octobre 1762, Marie-Antoinette vit l’un de ces jeunes prodiges tomber de son tabouret alors qu’il jouait du clavecin et l’aida à se relever. Celui-ci, touché par la beauté, la grâce et la gentillesse de la princesse, lui aurait promis de l’épouser une fois le temps venu. Cet enfant, audacieux et ingénu, n’était autre que Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791).
En dehors de ces moments de détente, Marie-Antoinette reçoit une éducation digne de son rang. Ainsi lui est inculqué la danse, la musique ainsi que le français et l’italien, mais cette éducation cache en vérité un projet politique. Comme tout souverain, Marie-Thérèse d’Autriche voit en ses enfants des armes qu’elle peut utiliser au nom de la raison d’État et de la diplomatie. En effet, afin de se réconcilier avec les monarchies européennes dont le royaume de France, suite à la terrible guerre de Sept Ans (1756-1763), la souveraine d’Autriche entreprend de marier ses nombreuses filles aux descendants des têtes couronnées. Ainsi, en 1770, est arrangé avec l’accord du roi de France, Louis XV (1710-1774), l’union de son petit-fils et dauphin, Louis Auguste (1754-1793), futur Louis XVI, avec la princesse Marie-Antoinette.
Pour sceller rapidement l’accord, un premier mariage par procuration a lieu le 17 avril 1770 à Vienne. Deux jours plus tard, Marie-Antoinette, sans le savoir, quitte pour toujours son pays natal en direction de la France. Après un mois de voyage éreintant, de haltes sans fin dans de nombreux châteaux et de réceptions interminables, la future dauphine de France arrive en France. Installée au château de la Muette, elle se prépare à son mariage qui eut lieu le 16 mai 1770. Quinze jours plus tard, afin de célébrer le mariage de son petit-fils, le roi fait donner un formidable feu d’artifice sur la place Louis-XV, aujourd’hui place de la Concorde. Malheureusement, l’un des artifices tombe sur une réserve de poudre et entraîne un incendie faisant paniquer la foule rassemblée. La cohue provoque la mort de plus d’une centaine de personnes. Un désastre que le peuple attribue à celle que l’on a déjà commencé à appeler avec haine « l’Autrichienne ».
Ainsi le passage de l’enfance à l’âge adulte, de l’Autriche à la France, pour Marie-Antoinette se fit dans le sang. Comme un signe du destin, c’est sur le lieu même de l’accident que, 23 ans plus tard, la dernière reine de l’Ancien Régime, après avoir affronté les horreurs de la Révolution, est guillotinée le 16 octobre 1793.
Eric de Mascureau
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