Nous vous proposons dans cette série estivale de découvrir les principaux leaders rebelles irlandais, exécutés lors de l’insurrection de Pâques 1916 et suite à la prise de la Poste de Dublin, sous les yeux d’une foule qui ne comprenait pas réellement ce que voulaient ces nationalistes irlandais courageux, impétueux, mais encore très minoritaires à l’époque dans la population.
Après Éamonn Ceannt, et Thomas James Clarke voici James Connolly
Qui était James Connolly ?
James Connolly est né à Cowgate, à Édimbourg, en 1868, d’une famille d’émigrants irlandais. Sa famille était extrêmement pauvre. James Connolly avait un frère aîné, John, qui jouait un rôle important dans la politique locale à Édimbourg. On s’attendait à ce que John réussisse dans la politique, mais il s’est engagé dans l’armée britannique dans sa jeunesse et est mort vers juin 1916, durant la Première guerre mondiale.
James Connolly quitte l’école très tôt et s’engage dans l’armée britannique. Il a été stationné à Dublin pendant sept ans. Il rencontre Lillie Reynolds et se marie en Écosse en 1890. Il s’implique dans les organisations socialistes écossaises, mais avec une jeune famille, il doit gagner sa vie. Le Dublin Socialist Club cherche un secrétaire et il déménage avec sa famille à Dublin. C’est là que Connolly fonde le Parti républicain socialiste irlandais (Irish Socialist Republican Party)
La classe ouvrière constitue la grande majorité de la population de Dublin, mais le taux de chômage est élevé. Les salaires sont bas et une grande partie de la population vit dans des tenements (des baraquements) où les conditions sont très mauvaises. Connolly estime que “nous avons le droit de vivre, et le droit d’être nourris si nous ne pouvons pas travailler”. Connolly estimait que la lutte pour la liberté de l’Irlande comportait deux aspects, national et social. Avec sa famille, ils vivaient dans un immeuble et dans une extrême pauvreté. C’est ce qui l’a poussé à partir pour l’Amérique en 1903 afin d’assurer une vie meilleure à sa famille.
En Amérique, il s’est impliqué dans des groupes socialistes et a également publié “Labour in Irish History” (Le travail dans l’histoire irlandaise). Sa famille est restée sur place jusqu’à ce qu’il trouve un emploi. Lorsqu’il eut un logement et un emploi, il envoya les billets de voyage à sa famille en Irlande. Tragiquement, sa fille aînée Mona mourut (son tablier ayant pris feu) un jour avant que la famille ne s’embarque pour l’Amérique. Connolly a appris cette nouvelle pour la première fois lorsqu’il est allé chercher sa famille à Ellis Island.
Il a travaillé dans le domaine de l’assurance pour les usines de vêtements en Amérique, mais cette activité a connu un ralentissement et il a alors trouvé un emploi chez les fabricants de machines à coudre Singer pendant un certain temps, avant de déménager dans le Bronx pour travailler pour les Industrial Workers of the World. Pendant son séjour en Amérique, Connolly a correspondu avec William O’Brien, un syndicaliste de Dublin, pour se tenir au courant de ce qui se passait en Irlande. O’Brien réussit à réunir suffisamment de fonds pour permettre à la famille de rentrer en Irlande en 1910.
En Irlande, il devient le bras droit de son collègue socialiste James Larkin, qui faisait campagne pour les droits des travailleurs. Il travaille alors à Belfast pour l’Irish Transport and General workers’ Union. Comme il n’avait pas les moyens d’entretenir deux foyers avec son salaire de syndicaliste, il dut faire venir sa famille dans le Nord. Bien qu’il soit basé à Belfast, il participe à des conflits sociaux dans toute l’Irlande. Il a notamment obtenu de meilleures conditions de travail pour les dockers lors de la grève de 1911. Ses deux filles aînées, Nora et Ina, trouvent un emploi, ce qui aide la famille sur le plan financier. À cette époque, James rencontre Winnie Carney à Belfast, qui milite au sein du syndicat des travailleurs du textile irlandais et devient par la suite la secrétaire personnelle de James Connolly, qu’elle assiste lors de l’insurrection de Pâques.
Connolly se rend à Dublin pour aider Larkin lors de la grève générale de 1913. Il est arrêté et envoyé à la prison de Mountjoy. Il y adopte les méthodes des suffragettes et entame une grève de la faim pour défendre ses droits et sa liberté d’expression, ce qu’il est le premier à faire en Irlande. Il a été convenu qu’il séjournerait dans la maison de la comtesse Markievicz à Rathmines à sa libération, afin qu’elle puisse le soigner.
James Connolly a contribué à la création de l’Armée citoyenne irlandaise (ICA) qui a été mise sur pied pour permettre aux hommes de se défendre en cas d’affrontements avec la police et pour lutter contre les effets démoralisants du chômage en leur apportant une certaine cohésion et un sentiment d’utilité. Connolly était également un féministe convaincu et l’Armée citoyenne irlandaise admettait les femmes qui avaient le potentiel nécessaire au même rang et aux mêmes fonctions que les hommes. Ce mouvement était à la fois politique, social et militaire.
En 1916, les dirigeants de la Fraternité républicaine irlandaise, dont Thomas Clarke et Pádraig Pearse, rencontrèrent James Connolly et un accord fut conclu pour lancer une rébellion à Pâques 1916. James Connolly est coopté au sein du conseil militaire de l’IRB. Lors de l’insurrection de Pâques, le 24 avril 1916, Connolly est commandant de la brigade de Dublin et dirige les opérations militaires. Il contribue au contenu de la Proclamation rédigée par Pearse, en particulier aux idéaux socialistes, féministes et égalitaires.
La famille de James Connolly vivait dans le Nord à cette époque, mais à l’approche de la rébellion, sa femme Lille vendit tout ce qu’elle possédait et la famille s’installa pour un temps dans la Surrey House de la comtesse Markievicz, à Rathmines. Le dimanche de Pâques, une réunion a lieu à Liberty Hall. Pádraig Pearse approcha les filles de Connolly avec des copies de la Proclamation. Elles sont les premières femmes à la lire. Il voulait qu’elles l’apprennent par cœur, afin qu’elles puissent dire aux volontaires irlandais dans le Nord ce qu’elle contenait et qu’elle serait lue à l’extérieur de la Grande Poste ce jour-là à 12 heures. Il n’a pas voulu leur donner de copie écrite, car cela aurait été trop dangereux. Les filles de Connolly, Nora et Ina, sont alors envoyées dans le Nord. Elles devaient aider à mobiliser les volontaires, le lundi et le mardi de Pâques étant des jours fériés dans cette région.
Pendant l’insurrection, Connolly était basé dans la Poste de Dublin. Bien que le poste de Pearse soit celui de commandant en chef, c’est Connolly qui donne les ordres aux rebelles, Pearse étant avant tout un orateur et un propagandiste : “Je me souviens que le commandant Connolly est venu ce jour-là pour inspecter nos positions. Il nous a inspiré une grande confiance par l’attitude calme et froide qu’il a adoptée face aux tirs de l’ennemi. C’était un grand personnage qui faisait tout ce qu’il pouvait pour le confort de ses hommes“.
Connolly a été gravement blessé au cours des combats et, au moment de la reddition, il savait ce qui l’attendait. “Il n’y a aucun espoir pour moi ; tous ceux qui ont signé la proclamation seront fusillés”.
Après la reddition, il est jugé par une cour martiale et condamné à mort par un peloton d’exécution. Ses dernières paroles furent : “Je dirai une prière pour tous les hommes courageux qui ont fait leur devoir selon leurs destinées“. Le 12 mai 1916, il est emmené sur une civière dans la cour de la prison de Kilmainham, attaché à une chaise et exécuté.
Le cimetière militaire d’Arbour Hill est la dernière demeure de quatorze des dirigeants exécutés lors de l’insurrection de 1916, dont James Connolly. Une statue de James Connolly se trouve à l’extérieur du Liberty Hall à Dublin, siège du syndicat SIPTU. La gare Connolly est nommée en son honneur.
Son histoire en vidéo et en anglais ici
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire