Nous vous proposons dans cette série estivale de découvrir les principaux leaders rebelles irlandais, exécutés lors de l’insurrection de Pâques 1916 et suite à la prise de la Poste de Dublin, sous les yeux d’une foule qui ne comprenait pas réellement ce que voulaient ces nationalistes irlandais courageux, impétueux, mais encore très minoritaires à l’époque dans la population.
Nous commençons avec Éamonn Ceannt. Il fût l’un des 7 signataires de la déclaration d’indépendance qui fût exécuté par les Anglais.
Qui était Éamonn Ceannt ?
Éamonn Ceannt (ou Edward Thomas Kent) était un républicain irlandais. Il est né à Glennamaddy, dans le comté de Galway, le 21 septembre 1881, mais a été élevé et éduqué à Dublin. Il est le fils d’un officier de la Royal Irish Constabulary (RIC), la Police royale irlandaise qui a été créée par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande en 1822 pour maintenir l’ordre en Irlande. Elle comptait plus de 8 600 policiers en 1841.
Après avoir terminé ses études à l’University College de Dublin, Ceannt a travaillé au bureau du trésorier de la ville de Dublin. Il se passionne pour la langue, la musique et la danse irlandaises et rejoint en 1900 la Gaelic League (Ligue Gaélique), où il rencontre Pádraig Pearse et Eoin McNeill et s’intéresse au nationalisme irlandais. Il parle couramment l’irlandais, commence à l’enseigner et change de nom pour irlandiser le sien. Il était également un excellent musicien et joueur de cornemuse. Il a reçu la bénédiction du Pape pour sa performance alors qu’il se trouvait à Rome avec des membres de la Catholic Young Men’s Society, participant à une compétition d’athlétisme pour célébrer le jubilé du pape Pie X.
Il a épousé Frances May O’Brennan, plus connue sous le nom d’Áine, en 1905, membre des Fenians c’est à dire de l’Irish Republican Brotherhood (IRB). ; elle était également membre de la Ligue gaélique et de Cumann na mBan, organisation paramilitaire féminine du républicanisme irlandais formée à Dublin le 2 avril 1914, qui est devenue en 1916, une organisation auxiliaire des Irish Volunteers. .
Ceannt rejoint le Sinn Féin en 1907 et attire l’attention de Seán Mac Diarmada qui le recrute également au sein de l’IRB. En 1913, année de la formation de l’Irish Volunteer Force (IVF), Éamonn est nommé au comité provisoire de l’IVF et obtient le grade de capitaine. Plus tard, il est promu commandant du 4e bataillon et participe au Howth Gun Running (la livraison de 1 500 fusils Mauser aux Volontaires irlandais du port de Howth en Irlande le 26 juillet 1914) Il est également directeur des communications pour les volontaires irlandais dans les 32 comtés.
En 1915, Ceannt est coopté au Conseil militaire de l’IRB. Avec Pearse et Joseph Mary Plunkett, il planifie la rébellion. Thomas James Clarke et Seán Mac Diarmada les rejoignent par la suite.
Pendant l’Insurrection de Pâques, Ceannt était membre du gouvernement provincial et commandant du 4e bataillon des Volontaires irlandais, situé au South Dublin Union and surroundings (aujourd’hui St. James’s hospital), avec plus de 100 hommes sous son commandement. Parmi eux, le vice-commandant Cathal Brugha et le lieutenant William T. Cosgrave. Ceannt a fait preuve d’un leadership exceptionnel et a inspiré confiance aux volontaires qui ont combattu avec lui. Pendant le week-end de Pâques, sa famille fut envoyée chez la famille de Cathal Brugha pour plus de sécurité.
Le lundi de Pâques, il lit un exemplaire de la Déclaration d’indépendance à ses hommes. Son unité a connu des combats intenses et a parfois essuyé des tirs nourris de la part des forces britanniques, mais elle a réussi à repousser toutes les attaques. Cependant, il se rendit lorsque Thomas Mac Donagh apporta la nouvelle de l’ordre de reddition donné par Pearse.
Le matin du 7 mai, après une messe à la prison, James J. Burke a décrit dans un témoignage comment il a rencontré Éamonn Ceannt et lui a demandé comment il allait : “Il a répondu “Je vais bien”. Je lui ai demandé s’ils allaient tous nous faire tomber et il m’a répondu : “Ils vont nous faire tomber, ils vont faire tomber les autres signataires et moi-même, mais je pense que tu vas t’en sortir. Je suis heureux de vous voir ici”.
Éamonn Ceannt est traduit en cour martiale et condamné à mort par peloton d’exécution. L’un des témoins convoqué par Ceannt était Thomas Mac Donagh, mais il avait déjà été exécuté. Ceannt est âgé de 34 ans lorsque la sentence est exécutée le 8 mai 1916 à la prison de Kilmainham.
Peu avant sa mort, voici ce qu’il écrivait :
« Je laisse ce conseil à d’autres révolutionnaires irlandais qui pourraient suivre le même chemin que moi : Ne jamais traiter avec l’ennemi, ne jamais se rendre à sa merci, mais se battre jusqu’au bout. Je ne vois rien de gagné, sinon un grave désastre causé par la capitulation, qui a marqué la fin de l’insurrection irlandaise de 1916… l’ennemi n’a pas eu une seule pensée généreuse pour ceux qui ont résisté à ses forces pendant une semaine glorieuse »
Et pour sa femme, voici ses derniers mots :
« Ma très chère épouse Áine… non pas épouse mais veuve avant que ces lignes ne vous parviennent. Je suis ici sans espoir de ce monde, sans peur, attendant calmement la fin. . . Que puis-je dire ? Je meurs noblement pour la liberté de l’Irlande. Hommes et femmes rivaliseront pour vous serrer la main. Soyez fier de moi comme je suis et que j’ai toujours été de vous. »
La Ceannt Station à Galway, la gare routière et ferroviaire, a été nommée en son honneur en 1966.
Son histoire, ci-dessous, en anglais
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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