Mariage pour tous, allongement du délai légal pour avoir recours à un avortement, obligation vaccinale, mais aussi amendes de police ou recapitalisation d’entreprises publiques, la modernité que nous subissons nous assujettit à un « État de droit » où les textes législatifs semblent nous faire perdre de vue l’utilité même du droit. Docteur en droit et essayiste, Aristide Leucate publie dans la collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade un nouvel essai où il part en quête des origines du droit et de la justice.
Loin d’être un simple essai, c’est une excursion à travers temps que nous propose l’auteur dans son dernier ouvrage. Partant du constat que le terme « droit » a perdu son sens avec la modernité libérale qui impose une rhétorique-procédurale marquée par un désordre certain, subjectif, relativiste, matérialiste et positiviste, il entend faire revenir ses lecteurs au sens premier du mot « droit », remontant à ses origines indo-européennes, grecques et romaines. Rappelant le lien intrinsèque qui unit originellement la justice avec le sacré, l’auteur montre comment elle s’est peu à peu émancipée du divin pour devenir une affaire humaine. Le droit devient, pour les hommes, un rempart à l’hubris qui a provoqué leur chute avec Prométhée. S’il a pour intérêt premier le bien commun, Leucate rappelle bien que le droit, notamment pour Aristote, n’est plus affaire de morale, mais expression d’une réalité, d’un bon sens que l’on voudrait tant voir mieux partagé ces derniers temps…
Si Aristote, fondateur de la doctrine du droit naturel, avait déjà posé les bases du droit comme juste milieu, Leucate n’oublie pas le tribut que nous devons aux romains qui proposent un droit et une justice se basant sur la pensée aristotélicienne et qui entérine définitivement la séparation du fas et du jus (du religieux et du juridique). Ce droit romain est tout tourné vers l’utilité, le bien-être et la bonne entente des hommes. N’étant pas un ensemble de règles a priori que personne ne doit ignorer, le droit s’ancre dans le réel, et c’est bien à partir du juste qui existe qu’il s’agit, pour les romains, de construire des règles afin d’établir un réel ordre. Poursuivant ses réflexions historiques et philosophiques, l’auteur s’arrête un instant sur saint Thomas d’Aquin qui voit dans le droit naturel un lent tâtonnement fait d’expérimentations nécessaires à son élaboration. Le droit naturel – qu’on oppose à l’envi au droit positif – est bel et bien ancré dans l’être des choses, comme le rappelle l’auteur invoquant pour finir Carl Schmitt. Ni automatique et aveugle, ni subjectif et dépendant d’un seul juge, il convient de revenir au droit naturel pour ne plus laisser à une morale libérale la possibilité de s’exprimer plus longtemps.
Il est peu de redire la nécessité d’un tel ouvrage à notre époque où la libéralisation a voulu rompre avec notre passé. Revenir aux sources pures du droit, et prendre conscience de l’existence du droit naturel permettra aux futurs lecteurs de ce nouvel ouvrage d’Aristide Leucate de réaliser le caractère inestimable du patrimoine multiséculaire qui entoure la question du droit, et de le pérenniser pour le transmettre aux générations à venir, afin que le droit naturel puisse enfin revenir à la place qui lui est due, tournant définitivement le dos à la morale libérale, travestie en loi naturelle.
Informations techniques
Aux temps de la justice. En quête des sources pures du droit, par Aristide Leucate, La Nouvelle Librairie éditions, 2023, 76 pages. Prix : 9 €. ISBN : 978-2-493898-64-7
Contact, demandes d’interviews et renseignements complémentaires : presse@institut-iliade.com
https://institut-iliade.com/parution-aux-temps-de-la-justice-en-quete-des-sources-pures-du-droit/
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