samedi 29 avril 2023
Le procès de Jeanne d’Arc (Robert Brasillach)
Robert Brasillach laisse une œuvre littéraire immense. Romans, poésie, théâtre, essais, reportages, il a touché aux différents exercices de style avec un même succès. Son Anthologie de la poésie grecque fait toujours référence. Son récit de l’épopée des Cadets de l’Alcazar se lit comme un reportage haletant. Ses Poèmes de Fresnes parviennent encore à émouvoir.
Kontre Kulture vient de rééditer – avec une très belle illustration de couverture – Le procès de Jeanne d’Arc, transcription fidèle et complète des interrogatoires de Jeanne lors de son procès à Rouen en 1431, qui la vit, à 19 ans, condamnée à être brûlée vive. Cinq cents après ce procès inique, Robert Brasillach établissait ce texte et en rédigeait une superbe préface d’une vingtaine de pages intitulée Pour une méditation sur la raison de Jeanne d’Arc.
«On sait que, du procès de condamnation de Jeanne d’Arc, qui avait été interrogée en français, il nous reste une copie de la minute originale, qui comprend la dernière séance des interrogatoires publics, les interrogatoires secrets, et les réponses de Jeanne aux autres audiences. C’est-à-dire que les paroles elles-mêmes de Jeanne nous ont été conservées autant que cela se pouvait pour la plus grande partie du procès. Afin de rendre la lecture plus aisée, nous avons, comme on l’a fait pour le théâtre, traduit ou repris à la première personne tout ce qui se trouvait à la troisième dans les textes authentiques. Nous avons supprimé toutes les délibérations des juges, ainsi que les lettres au Roi ou à l’Université, et le texte du jugement. Ce sont les paroles de Jeanne qui nous importent.»
Robert Brasillach.
Le procès de Jeanne d’Arc, Robert Brasillach, éditions Kontre Kulture, 148 pages, 14,50 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
https://www.medias-presse.info/le-proces-de-jeanne-darc-robert-brasillach/125833/
vendredi 28 avril 2023
Les rois éphémères – Philippe Delorme
De Romulus Augustule à Jean-Paul Ier, en passant par l’Aiglon…
Philippe Delorme, historien spécialiste des dynasties royales et des grands destins signe ici un livre extrêmement original .
Au fil d’une cinquantaine de portraits, de l’Antiquité à nos jours, cet ouvrage illustre magnifiquement la précarité et la vanité des gloires humaines. Ils étaient nés pour régner ! Héritiers légitimes qui parfois ont attendu toute une vie avant de monter sur le trône, et n’ont régné que quelques heures, quelques mois, jamais plus d’une année. ” Ils croyaient survivre dans toutes les mémoires, mais l’Histoire les a vite effacés. Aussitôt montés, ils sont tombés.”
Une grande variété de destins, de personnages pour la plupart inconnus du grand public subtilement remis dans le contexte historique : ” Jean Ier le Posthume au temps des Rois Maudits, emporté tout jeune. D’autres -dès l’enfance ! -, comme Édouard V d’Angleterre, ont été victimes d’usurpateurs. Des révolutions en ont détrôné certains, à peine installés sur leur trône bancal : Romulus Augustule -le dernier César-, l’Aiglon, Louis XIX -fils de Charles X-, Louis II de Hollande… D’autres encore ont été emportés par la maladie ou tués au combat, à l’orée de ce qui aurait dû être un règne glorieux. Et que dire des aventuriers qui ont rêvé d’une couronne, l’ont décrochée quelquefois, pour la perdre aussitôt : Boris d’Andorre, le roi de Tanna, l’empereur du Sahara ?” Et comme les papes ont rang de roi, il nous parle aussi de Jean-Paul 1er et de son pontificat de 33 jours.
Une livre passionnant, un regret cependant en refermant le livre, qu’une bibliographie ne soit pas proposée au lecteur en fin d’ouvrage. Ne pas attirer l’attention sur l’illustration si appropriée de la couverture serait un oubli fâcheux.
C’est en conteur que Philippe Delorme évoque ces personnages ; des récits vivants, des anecdotes finement évoquées , qui passionneront les amateurs d’histoire, ainsi que de jeunes lecteurs.
Les rois éphémères de Philippe Delorme, éditions du Cerf, 296 pages, 20€
A commander sur Livres en Famille
https://www.medias-presse.info/les-rois-ephemeres-philippe-delorme/126119/
jeudi 27 avril 2023
Des Bretons pour l’Europe Nouvelle (Neven Ar Ruz)
Ce livre nous fait découvrir en détail le Groupe Collaboration fondé le 24 septembre 1940 à Paris avec le concours de l’Institut Allemand. Le groupe est fondé par un écrivain célèbre, Alphonse de Châteaubriant, gagnant du prix Goncourt en 1911 pour Monsieur des Lourdines, puis du Grand prix du roman de l’Académie française avec son La Brière.
Châteaubriant se découvre des affinités avec l’Allemagne à l’issue de plusieurs voyages avec sa femme de l’autre côté du Rhin. Il écrit La Gerbe des forces en 1937, véritable hagiographie du national-socialisme. Hitler le reçoit personnellement en 1938. C’est donc sans surprise qu’Alphonse de Châteaubriant salue l’entrée des Allemands en France. Il crée un hebdomadaire, La Gerbe, avec Marc Augier, plus connu sous son pseudonyme de Saint-Loup. Cet hebdomadaire politique et littéraire tire jusqu’à 140.000 exemplaires en 1943.
Le groupe a pour nom complet Collaboration, groupement des énergies françaises pour l’unité continentale. Et pour réaliser cette unité continentale, le groupe s’engage en faveur du rapprochement franco-allemand. Il organise des manifestations culturelles telles que des concerts, des conférences,…
Cette organisation se dote d’un conseil d’administration surprenant dans lequel on retrouve par exemple le marquis Melchior de Polignac, homme d’affaires, l’avocat Jacques Schweizer, Jean Weiland, ami personnel d’Otto Abetz ou encore la cantatrice Claire Croiza. Plus étonnant encore, son comité d’honneur, recruté parmi l’élite du moment, est composé notamment de Mgr Baudrillart, de l’Académie française ; Abel Bonnard, de l’Académie française ; Georges Claude, de l’Institut, inventeur de l’éclairage au néon ; Claire Croiza, professeur au Conservatoire ; Pierre Drieu La Rochelle, homme de Lettres ; René Moulin, membre du Conseil supérieur des colonies ; Melchior de Polignac, industriel.
Cette étude s’attarde tout particulièrement sur l’importance de cette organisation dans le futur département de Loire-Atlantique, sur son implication dans la vie nantaise et sur sa sociologie.
Des Bretons pour l’Europe nouvelle, Neven Ar Ruz, éditions Ars Magna, collection Le Devoir de Mémoire, 284 pages, 30 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
https://www.medias-presse.info/des-bretons-pour-leurope-nouvelle-neven-ar-ruz/126152/
mercredi 26 avril 2023
Histoire navale de la Seconde Guerre mondiale (Craig L. Symonds)
Craig L. Symonds, ancien professeur au Naval War College de Newport et professeur émérite à l’Académie navale des Etats-Unis, est un éminent spécialiste de l’histoire maritime et l’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Les éditions Perrin, en collaboration avec le Ministère des Armées, publient la traduction française de sa volumineuse Histoire navale de la Seconde Guerre mondiale.
L’ambition de cet ouvrage est d’être le premier à évaluer l’impact des forces maritimes de l’ensemble des nations belligérantes sur le cours du conflit dans sa globalité et sur son issue.
L’histoire de la conflagration planétaire en mer entre 1939 et 1945 forme une trame tentaculaire ponctuée d’épisodes divers, en évolution constante, où s’affrontent des intérêts nationaux divergents, des techniques émergentes et des personnalités monumentales. L’auteur démontre avec brio comment les batailles navales dans l’Atlantique, dans le Pacifique, en Méditerranée, dans l’océan indien ou dans la mer du Nord s’influencent mutuellement. Les pertes de navires durant la bataille de l’Atlantique affectèrent la disponibilité des unités de transports de troupes pour celle de Guadalcanal ; les convois en direction de l’île de Malte assiégée, en Méditerranée, privaient ceux de l’Atlantique d’une partie de leurs escortes ; la poursuite du cuirassé Bismarck imposa de ponctionner des forces basées en Islande, à Gibraltar et en Grande-Bretagne. Ce livre nous raconte donc une seule histoire gigantesque et complexe impliquant des dirigeants nationaux, des stratèges, des commandants de flottes et des capitaines de navires, des pilotes d’avions, des marins de la marine marchande et des marins militaires, et un drame humain aux dimensions planétaires et durables.
Histoire navale de la Seconde Guerre mondiale, Craig L. Symonds, éditions Perrin, 993 pages, 29 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
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mardi 25 avril 2023
Le monde a décidé de se passer de l’Occident
Entretien avec Gianandrea Gaiani
Le nouvel ordre mondial américain est de plus en plus en crise et un nouvel ordre mondial est en train d’émerger. C’est l’objectif déclaré de Moscou et de Pékin : le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lui-même subordonné le processus de paix avec Kiev à l’installation d’un nouvel ordre mondial. Ce qui est étonnant, c’est que les eurocrates de Bruxelles restent obstinément aveugles. Le nouvel ordre n’est pas une simple hypothèse, mais est désormais une réalité en advenance, explique Gianandrea Gaiani, rédacteur en chef d’Analisi Difesa, faits à l’appui.
Pour la première fois, un navire russe a accosté en Arabie saoudite et a pu s’y ravitailler, peut-être aussi en raison de l’influence accrue des Chinois dans la région après leur médiation entre l’Arabie et l’Iran. En outre, l’Arabie elle-même fait pression pour que Assad réintègre la Ligue arabe. Pour les États-Unis, il s’agit d’un camouflet évident.
Gaiani : « Les Américains ne sont plus un partenaire fiable pour de nombreux pays, beaucoup l’ont compris, mais nous, Européens, faisons semblant de ne pas nous en apercevoir. »
Est-ce parce qu’ils ne pensent qu’à leurs propres intérêts ?
Tout le monde doit penser à ses propres intérêts : une grande puissance doit le faire, les Américains le font, même sans scrupules ; l’Union soviétique l’a fait, l’empire britannique l’a fait. Le problème n’est pas là, le problème est de comprendre ce qui se passe. C’est la véritable tragédie de l’Europe, qui a une classe dirigeante qui n’est pas à la hauteur du niveau politique, social et économique du continent, qui n’est pas à la hauteur des défis qu’elle doit affronter et qui est donc absolument soumise aux Américains, dont nous devrions être les alliés et dont nous sommes au contraire les vassaux. Il y a là une grande différence.
Comment la carte du pouvoir mondial évolue-t-elle et pourquoi ?
Dans le monde arabe, la méfiance envers les États-Unis a commencé en 2011, quand Obama, dont l’adjoint était Joe Biden, a ouvertement soutenu les printemps arabes, qui visaient à renverser des régimes arabes qui n’étaient certes pas d’une démocratie exemplaire, mais qui étaient tous pro-occidentaux. Depuis, si l’on exclut l’intermède Trump, qui a un peu raccommodé les choses, les relations entre le monde arabe sunnite, c’est-à-dire les monarchies sunnites du Golfe, et les États-Unis se sont dégradées. Trump a accepté de vendre des F35 aux EAU mais quand Biden est arrivé à la Maison-Blanche, il a dit qu’ils ne pourraient les acheter que s’ils renonçaient au réseau 5G fabriqué par les Chinois. Et les Émirats ont répondu aux Américains qu’ils n’accepteraient pas d’ingérence dans leur souveraineté et qu’ils installeraient le réseau 5G avec qui ils voulaient. Et que les Américains pouvaient garder leurs F35. Ils ont donc acheté plusieurs dizaines de Rafale français.
Le regard du monde arabe sur les États-Unis a-t-il changé ?
Je vois dans le monde arabe une représentation fière de la souveraineté nationale face aux protecteurs américains, une fierté que j’aimerais aussi voir dans les États européens, mais qui est malheureusement absente à l’appel. La présence américaine dans le Golfe n’a été justifiée ces dernières années que par l’état de quasi-guerre entre l’Iran et les Saoudiens, entre la République islamique chiite et les monarchies sunnites. Le grand chef-d’œuvre des Chinois, qui ont inauguré le troisième mandat de Xi Jinping, a été de régler cette question. La résolution de cette crise rendra la présence des bases militaires américaines dans le golfe Persique complètement inutile ou du moins dépassée d’ici quelques années.
Maintenant, les rebuffades envers les Américains concernent aussi le pétrole…
Oui. Le fait que les Saoudiens aient répondu à la lettre aux Américains qui leur demandaient de ne pas baisser la production de pétrole, et que l’ensemble de l’OPEP l’ait au contraire baissée précisément pour faire monter les prix, favorise les producteurs, y compris la Russie, bien sûr. En baissant la production, les prix du pétrole augmentent.
Les choses changent-elles ailleurs aussi ?
Bien sûr. Prenez par exemple le fait que le PIB des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a dépassé celui des pays du G7 : c’est un fait dont personne ne parle ou presque. Nous ne cessons de dire « Nous avons isolé la Russie », mais nous n’avons isolé personne, c’est nous qui sommes de plus en plus isolés, car les pays qui ont imposé des sanctions à la Russie sont les pays européens, pas même tous, ainsi que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et en partie le Japon. Tous les autres ont renforcé leurs relations économiques, commerciales et militaires avec la Russie.
Même l’Afrique échappe à l’orbite de l’Occident
Le sommet Russie-Afrique s’est récemment tenu à Moscou, en présence de délégations africaines de 44 pays sur 54. L’énergie russe en Inde et en Chine est payée en roubles, en roupies et en yuans. Les BRICS s’organisent pour éviter les dollars et les euros dans les échanges commerciaux et utiliser les monnaies locales. Ce n’est pas une coïncidence si, en 2022, la monnaie mondiale la plus performante était le rouble russe, qui était censé s’effondrer en même temps que l’économie moscovite.
Bref, qu’arrive-t-il à l’Occident et à l’Europe ?
L’épisode du Golfe entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui ont rétabli leurs relations diplomatiques, n’est qu’un des indicateurs qui montrent que nous continuons à nous regarder le nombril et à nous considérer comme le centre du monde, mais que le monde a décidé de se passer de nous en tant qu’Occident. C’est ce problème qui devrait nous préoccuper.
source : Arianna Editrice via Euro-Synergies
https://reseauinternational.net/le-monde-a-decide-de-se-passer-de-loccident/
Un cardinal indésirable – Biographie du cardinal Josef Beran 1888-1969. (Stanislava Vodickova)
Préface à l’édition française du cardinal Dominik Duka archevêque de Prague et primat de Bohême. Préambule du cardinal Tomas Spidlik,s.j.
La vie du cardinal Josef Beran a été profondément marquée par l’ascension des régimes totalitaires du XX° siècle, le nazisme et le communisme.
Né le 29 décembre 1888 à Plzen dans ce qui était encore l’Autriche-Hongrie, il est mort à Rome le 17 mai 1969 ; figure emblématique de l’Eglise catholique tchèque, il fut enterré dans la basilique de Rome à côté des papes.
Ordonné prêtre en Juin 1911 à Rome il exerce un ministère florissant à Prague ; en 1932, est nommé recteur du séminaire. Dès la parution de Mit Brenneder Sorge, il en supervise la diffusion. Arrêté en 1942, en tant qu’ecclésiastique par les Allemands il est déporté à Terezin puis à Dachau. Après la guerre, devenu archevêque il persiste dans sa fidélité à Dieu et à l’Eglise, il refuse de se plier au nouveau régime communiste arrivé au pouvoir en 1948 : il appelle les prêtres à ne pas collaborer avec ce totalitarisme qui s’efforce de créer au sein de la hiérarchie ecclésiastique un groupe de prêtres « progressistes » hostiles au Vatican. Ce qui fait définitivement de lui un ennemi déclaré. En 1949, il est arrêté, placé sans jugement en résidence surveillée par la police secrète. Ce comportement arbitraire va préfigurer une vague de persécutions terrible qui frappera toute l’Eglise catholique en Tchécoslovaquie. Des centaines de prêtres seront jetés en prison, exécutés ou torturés jusqu’à la mort. En 1951, Mgr Josef Beran est interné pour 14 ans, dans des endroits différents, isolé du monde pour en effacer jusqu’au souvenir dans les esprits des fidèles.
Nommé par Paul VI, cardinal en 1965 il obtient l’autorisation d’aller à Rome mais ne pourra plus jamais retourner dans son pays. Condamné à l’exil forcé, il s’adresse alors à ses fidèles, avec toujours beaucoup d’émotion et de compassion, sur les ondes de Radio Vatican jusqu’à sa mort, le 17 mai 1969. Le régime communiste refusera de rapatrier son corps de peur que les commémorations en son honneur donnent lieu à des mouvements de contestation de grande ampleur. Il est alors inhumé dans la nécropole papale de la basilique Saint-Pierre.
Alors que son procès de béatification a été ouvert en 1999, l’historienne Stanislava Vodickova a découvert, dans les archives de Josef Beran, son testament dans lequel il exprimait sa volonté d’être enterré auprès de ses parents dans sa ville natale de Plzen ou alors dans la cathédrale de Prague. Souhaité également par l’Eglise tchèque et approuvé récemment par le pape François, le retour à Prague de Josef Beran, prêtre aussi apprécié que redouté, devient donc enfin réalité le 20 avril 2018.
Un cardinal indésirable- Biographie du cardinal Josef Beran 1888-1969, de Stanislava Vodickova. 188 pages, 15€.
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lundi 24 avril 2023
Mahan et la maîtrise des mers
Le livre de Pierre Naville ici recensé était un des premiers ouvrages en français consacré au théoricien américain de la thalassocratie. Une lecture qui s'impose pour qui veut comprendre notre temps.
Recension : Mahan et la maîtrise des mers, Pierre Naville, Bibliothèque Berger-Levrault, coll. Stratégies, Paris, 1981.
L’amiral américain Mahan vécut de 1840 à 1914 et fut en service actif pendant la guerre civile de 1860 à 1866. Conférencier sur l’histoire et la stratégie navale, puis directeur au Naval War College, Alfred Thayer Mahan vécut donc à une époque où les États-Unis préparaient leur ascension politique, industrielle puis navale au détriment de la Grande-Bretagne. Héritier des traditions ploutocratiques anglo-saxonnes, A.T. Mahan a, très tôt, mesuré l’importance de l’empire des mers ou maîtrise océanique. Son œuvre est aussi fondamentale pour la stratégie navale que celle de Clausewitz pour la stratégie continentale.
Comme le fait remarquer Pierre Naville, les deux grands théoriciens militaires du XIXe siècle étaient des historiens de la guerre plutôt que des commandants en chef, mais Clausewitz s’inspire d’expériences contemporaines pour en tirer toutes les déductions utiles ; Mahan, pour sa part, procède par exemplifications partielles. Sa façon de trier les faits s’avère finalement trop inductive et, par ce fait même, partiale et contingente.
Dès 1897, Mahan avait exposé une doctrine qui restera d’application jusqu’en 1945 et qui fut à l’origine du déploiement des forces navales nord-américaines. Mahan recommandait l’association États-Unis/Grande-Bretagne face aux prétentions allemandes et à l’expansionnisme japonais dans le Pacifique. En 1910, il prophétisa les événements de la première Guerre mondiale et mourut le 1er décembre 1914, après avoir prédit la défaite des Empires Centraux et la destruction de la flotte allemande. Apôtre de l’impérialisme maritime, théoricien de la victoire des thalassocraties, Mahan fut l’idéologue de l’hégémonisme naval anglo-saxon.
Publiée en 1890, L’influence de la puissance maritime sur l’histoire consigne l’essentiel de la théorie de la souveraineté océanique. L’océan y est conçu comme le champ clos où les nations signeront leur destin. L’expansion des peuples modernes est avant tout maritime, les contestations entre groupes d’États dépendent directement ou indirectement de leurs capacités à contrôler les océans.
Le but de la guerre océanique est de protéger la liberté de commerce car la guerre n’est rien d’autre que la continuation par des moyens violents des rivalités commerciales à grande échelle. Pour mener à bien une guerre navale, il convient de contrôler trois types de points stratégiques : les passages obligés, le domaine côtier et les bases d’appui ; l’objectif d’une campagne maritime étant de protéger les voies d’approvisionnement du camp ami et de rompre les voies de communications de l’adversaire. Il importe également de contrôler les voies de passages obligatoires : îles, golfes, isthmes, canaux, détroits et embouchures des fleuves, les bases fortifiées servant à la fois de refuge et de point d’appui.
Mahan conçoit les océans comme un espace nomade à comparer avec le désert : les marins sont les nomades de l’océan qui se livrent à des raids, des contre-raids ou à des batailles rangées. Le fondement de la maîtrise des mers est le commerce lié à une production industrielle croissante ainsi que le contrôle des voies et des façades maritimes.
Six conditions affectent la puissance maritime d’un peuple : sa position géographique, la conformation physique, l’étendue territoriale, le nombre d’habitants, le caractère de la population et celui des gouvernants.
1. LA POSITION GÉOGRAPHIQUE :
En fonction de celle-ci, Mahan distinguait quatre types d’États :
- Les États à forte couverture maritime tels la Hollande, la Grande-Bretagne et les États-Unis ; ces États sont des candidats heureux à l’hégémonisme maritime.
- Les États à forte couverture maritime tels la Hollande, la Grande-Bretagne et les États-Unis ; ces États sont des candidats heureux à l’hégémonisme maritime.
- Les États mixtes comme l’Espagne, la France hésitent entre l’expansion maritime et l’expansion continentale. Le détroit de Gibraltar séparant leur littoral atlantique et méditerranéen empêche la jonction de leurs flottes.
- L’Allemagne puis la Russie figurent parmi les adversaires terrestres (continentaux) les plus acharnés des deux premières catégories d’États. Les États enclavés, comme la Suisse, l’Autriche, la Hongrie, se voient condamnés à une politique d’isolationnisme ou de neutralité garantie par une puissance terrestre.
2. LA CONFIGURATION PHYSIQUE D’UN ÉTAT :
Cela comprend ses positions côtières, son système de production industrielle, son armement, la richesse ou la pauvreté de son sol et de son sous-sol. Gibraltar, Malte, les îles Malouines, les détroits turcs, le Skagerrak, le Cap de Bonne Espérance représentent les verrous stratégiques du champ de bataille naval. C’est la pauvreté du sol anglais qui explique que l’Angleterre, n’ayant rien à exporter, ses habitants furent pousser vers l’extérieur par le besoin de survivre et de prospérer. L’Empire Britannique repose tout entier sur l’association triadique du producteur, du navigateur et du colon. Le contrôle de Gibraltar a permis à la Grande-Bretagne de tenir en échec la France et l’Espagne.
3. L’ÉTENDUE D’UN TERRITOIRE, de ses côtes, leur longueur, leur forme exercent une influence décisive sur la géopolitique terrestre et la politique navale d’un pays. Certains États, comme l’Union Soviétique et les États-Unis, contrôlent de facto un étendue de territoire tels qu’ils peuvent cumuler l’hégémonie terrestre et maritime dans leur sphère d’influence respective. Certains territoires, comme celui du Brésil ou de la Chine fournissent des ressources qui garantissent à leu population une existence quasi-autonome. Mais la totalité des États européens forment des pyramides reposant sur leur pointe : le sommet se situe en Europe et la base — les matières premières — est en Afrique ; à la différence des États-Unis et de l’URSS ou de la Chine, l’Europe n’a pas de base sur son propre territoire. Les autres puissances détiennent leurs propres matières premières et n’entrent en relation avec le reste du monde qu’avec leur sommet (c’est-à-dire leur diplomatie).
4. L’IMPORTANCE NUMÉRIQUE DE LA POPULATION joue également un rôle décisif : l’étendue des côtes est source de force ou de faiblesse selon que la population est nombreuse ou clairsemée. La densité de la population désigne non seulement le total d’habitants mais surtout la fraction apte à vivre sur mer ou occupée dans les industries d’armement naval.
5. LE CARACTÈRE NATIONAL, c’est la personnalité de base d’un peuple en rapport avec son passé historique, ses traditions et ses aspirations politiques et ses formes d’enseignement. Mahan décrit la prudence et la timidité française dans la course à l’imperium naval comme la résultante d’un tempérament de petit rentier.
6. LE TYPE DE GOUVERNEMENT. C'est lui qui détermine, en dernière instance, les prétentions à l’Empire des mers. Un minimum de despotisme éclairé est nécessaire pour créer une brillante marine de guerre. Au tableau d’honneur du "Sea-Power" on peut citer les gouvernements anglais successifs qui, présidant au destin de la nation au XIXe siècle, recherchèrent avant tout la gloire nationale en restant insensibles aux souffrances des masses. Par la marine civile et militaire, la circulation des élites viriles fut assurée, en Grande-Bretagne, durant tout le XVIIIe et le XIXe siècle, ce qui ne fut pas le cas en Espagne et en France où les préjugés bloquaient le processus.
Cette théorie de Mahan, féconde en enseignements de tous genres, constitue cependant un exemple de ce qu’il faut éviter, un modèle d’essai réductionniste. Mahan puise l’essentiel de ses exemplifications dans l’histoire des conflits opposant des puissances à forte ouverture maritime (comme la Grande-Bretagne) à des États mixtes comme l’Espagne ou la France. Sa volonté est nette de négliger les contre-exemples fournis par l’histoire macédonienne, romaine ou chinoise, les expansions turque et tsariste, l’impérialisme allemand à l’Est de l’Europe.
Seuls sont retenus les moments historiques favorables à sa thèse : la guerre de Sécession, la Bataille d’Aboukir, la Guerre de Sept Ans, la chute de premier Empire colonial français, au début du XIXe siècle. Mahan extrapole à partir du modèle britannique dans sa période d’apogée. Le procédé est logique, dans la mesure où la théorie de la suprématie navale vise à transformer le continent européen en terrain de chasse désarmé, profitable à l’impérialisme américain en gestation.
De tout cela découle une conception punique, mercantile et unilatérale de l’histoire militaire. Ce réductionnisme qui tend à expliquer la lutte pour la dominance planétaire par des motifs exclusivement commerciaux, s’applique très difficilement aux grands conflits militaires des XIXe et XXe siècle.
L’exemple des campagnes napoléoniennes, ceux des guerres de 1870, de 1914-18 et de 39-45 nous enseignent le caractère décisif des opérations terrestres car, dans ce type de conflit, ce qu’il faut finalement contrôler, ce sont des entités territoriales terrestres.
Ainsi, pour venir à bout de la puissance terrestre de l’Allemagne hitlérienne, les thalassocraties anglo-saxonnes ont du s’allier à une autre puissance continentale : la Russie soviétique. Ce sont le potentiel industriel américain l’immensité de la plaine russe, la démographie ascendante du peuple russe et la ténacité de la guérilla yougoslave qui sont finalement venu à bout de l’Allemagne nazie.
Pareillement, c’est sur la terre espagnole puis russe que se perdit l’Empire napoléonien. En dernière instance, c’est toujours sur terre que le vaincu se décide à subir son sort final. Comme toute théorie fondée sur une méthode inductive l’hypothèse de Mahan s’est trouvée dépassée par l’évolution de la technique ; ici, en l’occurrence militaire.
L’apparition de l’avion supersonique, des missiles, de l’énergie nucléaire et du système de communication par satellites sonnent le glas de la suprématie strictement navale. Le sous-marin et l’aviation ont rendu aléatoire les missions de navires de guerre qui, selon Mahan, est de défendre les convois.
Bien sûr, on peut riposter aux sous-marins par le porte-hélicoptères et aux avions par les missiles mais il n’en reste pas moins que porte-avions et porte-hélicoptères représentent des cibles de choix, des “grandes précieuses” en langage maritime, non seulement pour les sous-marins mais également dans la défense côtière, pour les vedettes lance-missiles. On peut venir à bout d’une armada gigantesque avec des moyens nucléaires modestes. Ainsi le sous-marin nucléaire et les missiles sont devenus les armes principales de la guerre transocéanique.
Bernard Marchand, Orientations n°3, 1982.
Salan : quarante années de commandement (Pierre Pellissier)
Ancien journaliste au Figaro, Pierre Pellissier est l’auteur de plusieurs biographies de personnages controversés, dont le Général Massu, Robert Brasillach ou le Général de Lattre. Il a également signé des récits consacrés à Diên Biên Phu ainsi qu’à la Bataille d’Alger. Les éditions Perrin viennent de rééditer en format de poche sa biographie du Général Raoul Salan (1899-1984).
Salan repose au cimetière de Vichy. Sur la dalle de sa tombe est posé un casque de l’armée française du siècle dernier. Avec cette simple épitaphe : “Raoul Salan, soldat de la Grande Guerre”. Raoul Salan est resté dans les mémoires pour son rôle dans le putsch d’Alger puis l’OAS. Mais peu de gens se rendent compte qu’il fait partie de ses officiers dont l’existence illustre de façon éclatante l’histoire militaire de la France au XXème siècle.
Ce livre est le récit d’une vie d’un officier français qui a connu tous les fronts, des tranchées de la Première Guerre mondiale à la bataille d’Alger. Reçu en juin 1917 au concours d’entrée à Saint-Cyr, il y suit une petite année de formation avant d’être envoyé au feu comme chef de section aux premiers jours du mois d’août 1918. Au cours des dernières opérations sous un violent tir de barrage, il gagne l’admiration de ses hommes par son calme et son sang-froid. En juin 1920, il débarque à Beyrouth et rejoint l’armée d’Orient. Il fait là ses premiers pas dans la guerre du Levant à la tête de 150 tirailleurs sénégalais et est grièvement blessé en 1921. En 1924, il part pour l’Extrême-Orient et est affecté au 3e régiment de tirailleurs tonkinois. A partir de 1937, il est affecté au Renseignement pour le ministère des Colonies. Début janvier 1940, il prend le commandement d’un bataillon de tirailleurs sénégalais en formation près de Bordeaux avec lequel il monte au front le 10 mai. En 1944-1945, il participe à plusieurs combats contre l’armée allemande à la tête du 6ème régiment d’infanterie coloniale. En octobre 1945, il prend le commandement des troupes françaises de Chine et d’Indochine du Nord. Fin 1953, le Général Salan fait ses adieux à l’Indochine après avoir assisté avec inquiétude à la prise de commandement du Général Navarre. De retour à Paris, on lui demande des conseils pour limiter le désastre de Diên Biên Phu mais il n’est tenu aucun compte de ses propositions. Le 11 février 1955, il part pour l’Algérie. Il y retrouve des figures légendaires telles que le colonel Chateau-Jobert et le colonel Trinquier. La suite est connue…
Une biographie passionnante.
Salan, Pierre Pellissier, éditions Perrin, collection Tempus, 720 pages, 12 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
https://www.medias-presse.info/salan-quarante-annees-de-commandement-pierre-pellissier/126702/
dimanche 23 avril 2023
Leçons apprises et leçons non apprises
par Batiushka
En février 1917, l’ambassadeur britannique à Saint-Pétersbourg, Sir George Buchanan, a orchestré un coup d’État, mis en œuvre par des aristocrates, des politiciens et des généraux russes traîtres et assoiffés de pouvoir, pour renverser le tsar Nicolas II. La révolte de palais qui s’ensuivit fut « réussie », le tsar fut illégalement usurpé et l’élite britannique pernicieuse empêcha la victoire imminente de la Russie dans la Première Guerre mondiale inspirée par l’Occident. Il était donc certain que la guerre se poursuivrait pendant encore dix-huit mois et ferait encore trois millions de morts, et que les États-Unis interviendraient avec leurs troupes infectées par la grippe « espagnole », qui tueraient des millions d’autres personnes. Cependant, les traîtres qui avaient renversé le tsar en pleine guerre étaient si totalement incompétents qu’au lieu de remplacer le dirigeant russe par un monarque constitutionnel ou un président occidental complaisant, qui remettrait les ressources de son immense pays à l’Occident, les bolcheviks se sont emparés de l’empire russe en l’espace de sept mois. Les machinations de l’Occident ont incroyablement mal tourné.
Les bolcheviks ont dûment mis fin à la guerre contre l’Allemagne, ce qui a conduit le monde occidental à envahir la Russie et des millions de personnes à mourir dans des conflits internes. Une génération plus tard, 27 millions de personnes supplémentaires sont mortes lorsque l’Occident a encouragé son cerveau antibolchevique, Hitler, à envahir et à génocider le successeur de l’Empire russe, l’URSS. Merci, Buchanan et la cabale de la Table ronde anglo-américaine1. Ce n’est qu’en 1992, après l’effondrement de l’URSS, que l’Occident a enfin pu commencer à dépouiller l’ancien Empire russe et l’ancien Empire soviétique, comme il l’avait prévu de longue date. Toutefois, cette brève période n’a pas duré, car en 2000, Vladimir Poutine est devenu président de la Fédération de Russie. C’était la première fois qu’un patriote était à la tête de la Russie depuis le tsar Nicolas II. Tout allait changer.
En 2022, la Russie montre qu’elle a tiré les leçons de la Première Guerre mondiale et de la chute de l’URSS. En raison des sanctions occidentales illégales imposées après l’opération militaire spéciale visant à libérer l’Ukraine du nazisme en 2022, il n’y aurait pas de révolution de février, pas d’effondrement par des traîtres, manigancé par l’ambassade des États-Unis à Moscou et ses « diplomates » de la CIA (le successeur des espions britanniques de la Première Guerre mondiale). La condamnation, il y a quelques jours, du célèbre traître et espion de la CIA, Vladimir Kara-Murza, à 25 ans de prison, n’a pas été une surprise. La seule surprise est peut-être qu’il s’en soit tiré à si bon compte. La haute trahison en temps de guerre est généralement passible de la peine de mort. Le président Poutine a le vent en poupe, avec un taux d’approbation de 80%. Il n’y a pas d’opposition, il n’y aura pas de renversement du gouvernement néo-tsariste russe. Le président a préparé très soigneusement la guerre contre les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN/UE sur le champ de bataille de l’Ukraine. Les leçons de la trahison occidentale ont été tirées.
Leçons non retenues
Cependant, l’Occident n’a pas tiré les leçons de l’invasion de la Russie par Napoléon en 1812 ou par Hitler en 1941. Le renversement du gouvernement ukrainien démocratiquement élu en 2014, à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, et l’installation d’un régime nazi à Kiev l’ont prouvé. Depuis quatorze mois, les forces soutenues par la Russie combattent les troupes nazies sur les mêmes champs de bataille ukrainiens que ceux où leurs ancêtres ont combattu les nazis entre 1941 et 1944. À Bakhmout-Stalingrad, sept mois de combats rue par rue et maison par maison seront enfin bientôt terminés, car 90% de la ville a déjà été libérée. Les pertes nazies colossales sont estimées à 30 000 morts et 120 000 blessés. Une autre armée ukrainienne a disparu. Les troupes de l’armée russe n’ont même pas été engagées. Les combats entre alliés ont été menés par les milices ukrainiennes du Donbass, les troupes sous contrat du groupe Wagner et les combattants tchétchènes.
Nous pouvons ici ignorer les fuites de Jack « get a girl-friend » Teixeira. Elles ne sont qu’un mélange des mensonges les plus absurdes du ministère ukrainien de la Propagande (probablement imaginé par les sociétés de relations publiques des États-Unis qui le dirigent) et de l’espionnage de la CIA sur les Ukrainiens et les « alliés » de l’OTAN. Pendant ce temps, plus de 500 000 soldats de l’armée russe attendent autour des frontières ukrainiennes que le reste du Donbass et les provinces de Kherson et de Zaporijia soient entièrement libérés. Il s’agit d’une armée d’occupation qui attend de dénazifier l’Ukraine sur le point d’être démilitarisée. La future Ukraine, sans la Crimée et les quatre provinces qui ont déjà décidé à une écrasante majorité de rejoindre la Fédération de Russie, et probablement sans Mykolaïv et Odessa et peut-être sans les deux provinces de Kharkov et Dniepropetrovsk, sera beaucoup plus petite que l’Ukraine soviétique (voir carte).
En effet, la Russie pourrait décider de restituer trois provinces galiciennes démilitarisées, Volyn, Lviv et Ivano-Frankivsk, à la Pologne, la Transcarpatie (Zakarpat’e) à la Hongrie (la plupart des habitants ont déjà acheté leur passeport hongrois) et le Tchernivtsi de Bucovine à la Roumanie, en échange de la Transnistrie. La Moldavie roumaine devrait alors décider si elle souhaite rester indépendante ou devenir une partie autonome de la Roumanie. Dans ce cas, avec seulement onze provinces, la Nouvelle Ukraine forte de dix millions d’habitants sera moins de la moitié de l’Ukraine d’avant 2014, un parallèle à la Biélorussie au nord, un bastion contre l’Occident toujours agressif à la frontière russe. Elle pourrait alors être rebaptisée République de Kiev, ou simplement Malorossiya, comme elle l’était avant 1917, après que les dictateurs soviétiques non russes, Lénine, Staline et Khrouchtchev, l’eurent tant agrandie en volant des territoires ailleurs, en particulier à la Russie.
D’autres leçons non apprises
Cependant, l’Ukraine n’est pas le vrai problème. Le vrai problème, ce sont les 12,5% de la population mondiale qui vivent sous l’oppression séculaire de l’élite occidentale et l’oppression séculaire de cette élite à l’égard des 87,5% de la population qui vivent dans le reste du monde. La vraie question est la suivante : Allons-nous voir la fin du gangstérisme américain ou non ? Les BRICS, groupe multipolaire en pleine expansion, répondent : « Oui, nous serons libres ».
Avec la quasi-alliance imposée par l’Occident entre la Russie et la Chine, il semblerait en effet que ce soit le cas. La Russie envoie maintenant des missiles, des avions et des navires pour défendre la Chine contre une éventuelle attaque américaine – après tout, aucun avion ou navire américain n’a été envoyé en Ukraine, ils doivent être gardés en réserve pour la guerre prévue par les États-Unis contre la Chine en 2024/5. En outre, la manipulation par les Chinois du président français Macron, toujours vindicatif, montre également que tous les vassaux en Europe ne vont pas soutenir la guerre prévue par les États-Unis contre les ballons du « péril jaune », comme les médias racistes et contrôlés par l’État américain le promeuvent actuellement. C’est une répétition du manque de soutien européen à l’invasion et au génocide de l’Irak par les États-Unis il y a vingt ans.
Le récent retour de Macron de Chine a montré que les Chinois l’avaient flatté en lui faisant croire que l’Europe (sous la présidence de Macron, bien sûr) devait montrer une « troisième voie », en négociant la paix entre les États-Unis et la Chine. C’est le vieux rêve français de retrouver la première place qu’elle occupait sur la scène mondiale avant la suicidaire Révolution française de 1789. Lorsque l’élite française est frustrée dans cette ambition, elle souffre de la pétulance gauloise à la De Gaulle. Narcissique prétentieux, Macron, le banquier des Rothschild et l’homme le plus détesté de France, plébiscité par seulement 18% de l’électorat français – son épouse retraitée ultra-botoxique est la femme la plus détestée – n’a pas été difficile à flatter pour les Chinois.
Les illusions européennes
Les Chinois savent que Macron, surnommé « le Pharaon » en France et dont le nom signifie « grand » en grec, est finalement le plus grand des pygmées européens actuels. Nordstream Scholz ? Une blague de potache. Le banquier Sunak ? Un fils d’immigrés qui aime l’argent. Et l’élite économique sait aussi que l’Europe sans la Chine, avec une Chine attaquée par une marine des États-Unis en passe d’être coulée, ne durera tout au plus que quelques semaines. C’est pourquoi Macron est revenu en Europe en déclarant que la Chine peut avoir Taïwan si elle le souhaite. Pour la première fois de sa vie, il a fait preuve de bon sens. Mais même cela n’est pas pertinent. Le Taïwan chinois retournera de toute façon à la Chine, quoi qu’en pense un banquier français impopulaire. Ce n’est qu’une question de quelques années, tout au plus. Il est vrai que les États-Unis ne veulent pas que Taïwan retourne à la Chine, après tout l’élite taïwanaise est un gros acheteur d’armes américaines inutiles, mais qui se soucie des États-Unis ? Saigon, Kaboul, Kiev…
Macron a été contraint d’entraîner dans sa fuite de Paris poubelle vers la Chine la vassale des États-Unis, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les Chinois ont ignoré cette non-entité et elle est rapidement revenue à bord d’un avion de ligne ordinaire, la queue entre les jambes. Répétant le point de vue très français selon lequel l’Europe devrait être une troisième puissance, un contrepoids à Washington et à Pékin, Macron l’a ignorée. Après tout, c’est lui le véritable président de l’Europe, pas elle. Du moins, dans son imagination. Il considère que l’Europe doit développer « notre propre autonomie stratégique ou nous deviendrons des vassaux, alors que nous pourrions devenir le troisième pôle si nous avons quelques années pour le développer ». Il n’avait pas remarqué que l’Europe était devenue vassale depuis trois générations. Tel est l’aveuglement du narcissisme.
En termes polis, l’élite française a une imagination très vive ou, en termes moins polis, elle souffre de la plus fantastique folie des grandeurs. En 2019, Macron a mis en garde contre la « mort cérébrale » de l’OTAN. Cependant, depuis lors, Macron n’a fait qu’encourager le patient en état de mort cérébrale à mener sa guerre par procuration contre la Russie. En entendant les opinions de Macron, un sénateur républicain, Marco Rubio, a déclaré : « Si Macron parle au nom de toute l’Europe, et que leur position est maintenant qu’ils ne vont pas prendre parti entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan, peut-être que nous ne devrions pas non plus prendre parti ». Le délire de Rubio : les États-Unis financent une guerre européenne. Bien sûr, même s’il ne le sait pas encore, il ne s’agit pas d’une guerre européenne. Tout comme l’Afghanistan et l’Irak, il s’agit d’une autre guerre des États-Unis et en Europe encore.
Plus d’illusions pour la Turquie et la Russie
Entre-temps, lors d’une réunion avec des jeunes à Istanbul le 19 avril, le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, a déclaré que « les États-Unis continuent à perdre leur réputation », que « le monde entier déteste les États-Unis » et que « l’Europe est un pion des États-Unis en Afrique et tous les pays africains détestent les États qui les exploitent et ils reviennent à leurs langues locales »2. « L’Europe n’existe pas… Il y a les États-Unis. L’Europe est un train qui suit les États-Unis… Les dirigeants européens sont constamment discrédités et la population vieillit… Les Européens ont des problèmes de production économique et en auront encore ». Rien de nouveau ici, nous disons la même chose depuis toujours. Cependant, jusqu’à récemment, ultra-fidèles aux États-Unis, aucun homme politique turc n’aurait tenu de tels propos en public. Mais voilà, les États-Unis ont bien tenté d’assassiner le président Erdogan en 2016 (sauvé par le président Poutine) et l’an dernier, Soylu a bien demandé à l’ambassadeur américain « d’enlever ses sales pattes de la Turquie ».3
En ce qui concerne la Fédération de Russie, 300 ans se sont écoulés depuis 1721, date à laquelle la Russie est devenue un empire russe de type occidental, repris en 1922 lorsqu’elle est devenue un empire soviétique de type occidental. La Fédération de Russie est aujourd’hui confrontée à la réalité : la Russie slave orientale, la Biélorussie et cet autre fragment de la Russie slave orientale, l’Ukraine, sont en guerre simplement parce qu’ils se sont laissés diviser par la politique mondiale du monde occidental, qui consiste à « diviser pour régner ». Cependant, la Russie impériale et l’Union soviétique impériale sont bel et bien révolues. C’est pourquoi la Russie, avec la Biélorussie, qui est également revenue à la raison après avoir été tentée par l’Occident ces dernières années, a pu revenir à son destin historique et à sa mission de retenir le mal mondial des États-Unis (2 Thess 2, 6). Puis elle s’effondrera à son tour, tout comme l’Union soviétique.
Au cours des quatorze derniers mois, « l’État de l’Union » de la Fédération de Russie et de la Biélorussie s’est débarrassé de la colonisation et de la vassalité des États-Unis. Tout ce que l’Occident a mis sur le dos de la Slavonie orientale, de la Russie et de la Biélorussie avec sa cinquième colonne de libéralisme à la Navalny et Kara-Murza, de l’Ukraine nationaliste avec le nazisme, et partout avec les néo-aristocrates empoisonnés et parasites, connus sous le nom d’oligarques, est en train d’être rejeté. Mais plus important encore, la Fédération de Russie montre la voie et appelle le reste du monde, la Chine, l’Inde et en fait toute l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, et d’ailleurs toute personne en Europe ou ailleurs dans le monde occidental qui a des oreilles pour entendre et des cerveaux non zombifiés pour penser, à se libérer aussi. On peut en effet dire, comme Marx, que « vous n’avez rien d’autre à perdre que votre vie » : « Vous n’avez rien à perdre que vos chaînes ». Ou encore, comme le Christ : « La vérité vous libérera ».
source : Global South
traduction Réseau International
- https://en.wikipedia.org/Round_Table_movement
- https://bnn.network/turkish-interior-minister-suleyman-soylu-claims-the-whole-world-hates-america
- https://www.middleeasteye.net/turkey-take-dirty-hands-off-interior-minister-us-envoy
https://reseauinternational.net/lecons-apprises-et-lecons-non-apprises/
Histoire de la Bretagne : Joël Cornette ne fait pas les choses à moitié
En 2005, le Brestois Joël Cornette , professeur à l’université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis, avait publié une « Histoire de la Bretagne et des Bretons » (Seuil). Seul un universitaire pouvait produire un tel travail : un premier tome de 710 pages et un second de 630 pages. Autant dire qu’avaler une pareille somme exigeait forte volonté et beaucoup de temps – or le lecteur se fatigue vite. En janvier 2023, Joël Cornette s’illustre à nouveau avec « Une brève histoire de l’identité bretonne » (Tallandier). Un ouvrage davantage grand public puisque limité à 220 pages. Et surtout l’auteur a la bonne idée de consacrer la dernière partie du livre à une « histoire de la Bretagne en 80 dates » (Ve-XXIe siècle) ; on peut donc apprendre beaucoup de choses en quarante pages : une date, une réponse. A coup sûr, voilà un ouvrage qui aurait sa place dans tous les collèges de Bretagne. Mais il ne faut pas trop en demander à l’Éducation nationale…
Le lecteur prendra connaissance avec intérêt des quatorze points du « code paysan » de 1675 – un véritable cahier de doléances – que Joël Cornette reproduit intégralement. C’est l’histoire des Bonnets rouges qui s’insurgèrent dans quatorze paroisses. « La répression de la révolte fut particulièrement sévère, incarnée par le duc de Chaulnes, à la tête de 6 000 soldats, qui entreprirent méthodiquement la « pacification » de cette Basse-Bretagne insurgée considérée comme un pays à conquérir. » Aujourd’hui, le pouvoir dispose des CRS et de la gendarmerie mobile lorsque les manifestations tournent à l’émeute… Les « forces de l’ordre » disent les médias.
Le duché devient une province française
Evidemment, un point important est abordé : l’édit d’union signé par François 1er à Nantes le 4 août 1532. D’abord, astucieusement, le roi poussa les députés des Etats de Bretagne à solliciter eux-mêmes, comme une initiative émanant des Bretons, l’union de la Bretagne et du royaume de France. Cependant Joël Cornette n’est pas dupe : « Les choses pourtant ne furent pas aussi simples : malgré les pressions, les jeux d’influences, les gratifications, la proximité – et la menace – des troupes royales, la discussion fut, semble-t-il, vive, longue, âpre. » Mais, après la défaite de l’armée bretonne à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, le rapport de force était favorable au roi de France. Le duché de Bretagne devient donc une province du royaume.
Dans un entretien accordé au Télégramme (samedi 18 février 2023), Joël Cornette aborde la question de la trahison des élites bretonnes. « Elle remonte à Louis XI, qui avait racheté 50 000 livres les droits des Penthièvre à la couronne ducale. Les grands nobles bretons étaient partagés entre la fidélité au duc et au roi, qui leur verse des pensions, achetant ainsi leur bon vouloir. En 1532, François 1er réside à Suscinio et distribue, à son tour, des gratifications, pendant qu’à Vannes, les « opiniastres » défendent en vain « l’ancienne liberté du païs », raconte l’historien Bertrand d’Argentré. » En 2023, il n’y a pas grand-chose de changé… Les hommes politiques ont besoin d’argent pour le fonctionnement de leur parti et le financement des campagnes électorales…
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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Hommage au baron Hervé Pinoteau
Communiqué du Groupement universitaire pour l’étude des institutions publiques de la Monarchie française
12, rue Coypel
75013- Paris
Paris, le 25 novembre 2020
C’est avec beaucoup de tristesse que le Groupement a appris le rappel à Dieu du baron Hervé Pinoteau. En particulier, l’auteur de ces lignes se rappelle qu’il a fait la connaissance de ce savant il y a déjà longtemps, dans les années 70, alors qu’il œuvrait, conjointement avec le feu duc Jacques de Bauffremont, au développement de l’Institut de la Maison de Bourbon, créé quelques années auparavant.
Quoique membre de la noblesse impériale, Hervé Pinoteau était un fidèle de la légitimité royale. Remarquable érudit en héraldique et en généalogie, il a laissé un grand nombre d’ouvrages et d’articles de qualité, dont la consultation est nécessaire pour les spécialistes du droit dynastique. Ses lecteurs étaient parfois surpris de la longueur des notes savantes et référencées qui accompagnaient le moindre de ses textes. Il a notamment étudié les ordres de chevalerie, la symbolique royale, les insignes de l’État sous les divers régimes… La consultation de cette œuvre magistrale s’avérera nécessaire pour les historiens de la monarchie française.
Légitimiste militant, il a apporté sa pierre à la défense des droits héraldiques du duc d’Anjou lors du procès du millénaire. En outre, dès 1960, dans « Monarchie et Avenir », il a exposé les règles traditionnelles de transmission de la couronne et présenté un véritable projet monarchique. Il a par ailleurs exercé la fonction de chancelier des trois derniers princes de la branche aînée. En ces temps républicains, cette fonction consiste principalement à maintenir un certain nombre d’usages et de règles dans la tenue des actes concernant les titulatures royales. Cette fonction qui illustrait la continuité monarchique convenait particulièrement à l’auteur de l’Etat présent de la maison de Bourbon.
Professeur Franck Bouscau,
Président du Groupement, Président de l’Association des Amis de Guy Augé–la Légitimité
https://www.medias-presse.info/hommage-au-baron-herve-pinoteau/136698/
samedi 22 avril 2023
Pourquoi ne nous parle-t-on plus de la couche d’ozone ?
Lorsque j’étais enfant, dans les années 80, les médias commencèrent à nous terroriser avec la disparition de la couche d’ozone.
Apparemment, cette couche d’ozone (formule chimique O3) qui se trouve dans la haute atmosphère nous protège des rayons ultraviolets.
Pendant des décennies, les gens de ma génération ont dû subir les leçons de morale des écologistes et des pseudo-scientifiques qui nous expliquaient que cette couche d’ozone était trouée au-dessus de l’Antarctique, et que ce trou ne cessait de s’agrandir.
Le fameux GIEC fut d’ailleurs créé en 1987 afin d’étudier ce phénomène.
Si rien n’était fait dans les plus bref délais, nous allions tous finir grillés ou terrassés par le cancer de la peau.
Les Greta Thunberg, les climatologues et les journalistes de l’époque se succédaient à la télévision pour nous culpabiliser ; si nous n’arrêtions pas de nous mettre du spray dans les cheveux ou d’utiliser des réfrigérateurs (qui contiennent des gaz CFC), la vie allait tout simplement disparaître de la planète Terre.
Puis soudain, il y a une vingtaine d’années, plus rien.
Tous les médias cessèrent subitement de nous parler de la couche d’ozone. Le problème semblait s’être résolu de lui-même, comme par enchantement, remplacé par une nouvelle lubie : le réchauffement climatique.
Ironie du sort, il apparaît que cette couche d’ozone s’est refait une santé depuis 2014, et que c’est paradoxalement grâce au réchauffement climatique !
En effet, les gaz à effet de serre refroidiraient la stratosphère, ce qui ralentirait les réactions chimiques qui détruisent l’ozone.
Essayons de réfléchir sérieusement ; nous savons que :
« Réchauffement climatique » implique « Amélioration de la couche d’ozone ».
Par conséquent, en passant à la contraposée, nous obtenons :
« Détérioration ou stabilisation de la couche d’ozone » implique « refroidissement ou stabilisation climatique ».
La logique propositionnelle est implacable, elle n’a jamais été remise en cause depuis plus de 2000 ans.
Il suffit donc de réintroduire l’usage des gaz CFC, de faire tourner les réfrigérateurs et les climatisations à fond les manettes, de forcer tout le monde à se mettre de la laque dans les cheveux pour résoudre définitivement le problème du réchauffement climatique.
CQFD.
Greta Thunberg peut donc maintenant aller passer son BEPC tranquillement.
https://by-jipp.blogspot.com/2023/04/pourquoi-ne-nous-parle-t-on-plus-de-la.html#more
Un portrait de l’humanité germanique
Après avoir édité un ouvrage très inspiré, La Religion des Celtes, l’univers germain s’est tout naturellement imposé à l’auteur.
De formation universitaire, c’est par la littérature ancienne et moderne des pays germaniques qu’il commence par s’intéresser au sujet, qu’il approfondira en y intégrant la linguistique, la mythologie et le folklore. C’est l’ensemble du monde germanique ancien qui sera étudié, du vieil-islandais à la littérature norroise, du gothique au vieux et moyen haut-allemand, de l’histoire et des institutions des anciens Germains.
Comme l’explique son traducteur Jean-Paul Allard dans sa préface, c’est à lui que revient le mérite d’avoir tranché la présence de la trifonctionnalité dans le monde germanique. Jan de Vries reconnaît par ailleurs le rôle primordial des origines indo-européennes de la civilisation germanique (influence que l’on retrouve dans les légendes germaniques et le genre épique). Et Jean Allard d’ajouter : « Ce fut là l’origine d’un article de pionnier sur Homère et la chanson des Nibelungen et de deux autres, non moins novateurs, sur Le Motif du combat du père et du fils dans le chant de Hildebrand et sur Le Conte irlandais Aïded Oenfir Aïfe et le thème dramatique du combat du père et du fils dans quelques traditions indo-européennes. »
L’ouvrage, avec ses mises en relief (valeurs éthiques, comportements, art et religion), est tout à fait passionnant, qui plus est pour un Français qui ne connaît que si peu son voisin d’Outre-Rhin, mais avec qui il partage pourtant Charlemagne ! De même, bien que nous l’ayons oublié, il fut un temps où les écrivains et poètes regardaient avec sympathie les idées du Sturm und Drang…
Le colloque organisé par Iliade cette année nous expose les changements anthropologiques opérés depuis ces dernières décennies. Il nous montre également les fondamentaux qui nous définissent. Jan de Vries à l’entame de son étude nous livre une pensée qui rajoute une petite pierre à l’édifice de cette journée : « […] à chaque fois que nous voulons nous faire une idée de l’essence des siècles passés, nous nous interrogeons sur ce qu’ils signifient pour nous. Nous sommes comme des voyageurs qui se préparent à un long voyage à travers le temps et, comme tout voyageur, nous n’emmenons en voyage que nous-mêmes. Ne sont-ce pas nos yeux qui observent le monde, n’est-ce pas notre propre esprit qui se fait un jugement ? Nous ne nous débarrassons jamais de nous-mêmes. »
Être soi-même, c’est avant tout se connaître, savoir d’où l’on vient…
Jan de Vries, L’Univers mental des germains, éditions des Amis de la culture européenne, 2022.
Ce texte a été publié dans le hors-série de Livr’Arbitres « Colloque Iliade 2023 ». Pour vous procurer ce numéro et soutenir la revue Livr’Arbitres, cliquez ici.
https://institut-iliade.com/jan-de-vries-univers-mental-des-germains/
La doctrine catholique (Auguste Boulenger)
L’abbé Auguste Boulenger, chanoine honoraire d’Arras, fut durant la première moitié du vingtième siècle l’auteur de plusieurs ouvrages longtemps fréquemment réédités tels qu’une Histoire générale de l’Eglise, un Manuel d’apologétique ou encore un Manuel d’instruction religieuse à l’usage des maisons d’éducation et des catéchistes volontaires. C’est La doctrine catholique que les éditions Clovis viennent de rééditer avec soin (ouvrage cousu et élégante reliure cartonnée qui en assureront un usage durable).
L’ensemble de l’ouvrage se divise en quatre parties : le dogme, la morale, les moyens de sanctification et le culte ou liturgie. L’originalité de l’ouvrage est de se présenter sous forme d’une succession de leçons, chacune comprenant un tableau synoptique, un vocabulaire, un développement, une conclusion pratique, des lectures, un questionnaire et des devoirs écrits.
Conçu avec beaucoup de pédagogie, cet ouvrage viendra à point à bien des familles catholiques, non seulement pour mieux connaître la doctrine traditionnelle qu’enseigne l’Eglise mais aussi pour aider à résoudre quantité de petits et grands problèmes de l’existence à la lumière de cette doctrine catholique.
La doctrine catholique, chanoine Auguste Boulenger, éditions Clovis, 937 pages, 32 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur ou auprès de la boutique en ligne Médias Culture et Patrimoine
https://www.medias-presse.info/la-doctrine-catholique-auguste-boulenger/137273/