jeudi 12 janvier 2023

A la découverte des camps d’internement des Japonais américains…

 

camps japonais

Il y a quelque temps, je regardais un épisode d’une quelconque série américaine qui m’a interpellée. Toute l’histoire tournait autour d’une famille de Japonais naturalisés américains, internés en 42 dans des camps gardés par des soldats américains. Je dois dire que ça m’a intrigué car je n’en avais jamais entendu parler. Curieuse, j’ai décidé de ne pas en rester là et j’ai fait mes recherches. Voilà ce que j’ai découvert…

En février 1942, deux mois après l’attaque de Pearl Harbor, le président Roosevelt publie un décret ordonnant l’internement de toute personne d’origine japonaise, citoyenne ou non, résidant près des côtes du Pacifique. Un décret censé protéger les Etats-Unis contre le fantasme d’une potentielle «Cinquième colonne» soutenant l’ennemi nippon. La Californie est principalement concernée. Les camps furent établis dans le nord et à l’est de la Californie (Arizona, Arkansas, Colorado, Idaho, Utah et Wyoming) et la majorité des Américains d’ascendance japonaise y furent parqués. 120 313 japonais-américains seront déplacés : enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de « yellow monkees ». Les camps fonctionnèrent de mars 1942 (ouverture de celui de Manzanar, qui compta jusqu’à 10 046 internés) à mars 1946 (date de fermeture du camp de Tule Lake, où l’on dénombra jusqu’à 18 789 internés). Il y eut des tentatives d’évasion ; beaucoup de victimes par manque de soins. Les camps étaient situés dans des zones hostiles, battues par des vents arides, où régnaient de très forts écarts de température.

George Takkei, acteur américain,  n’avait que 4 ans quand il a été envoyé dans un de ces camps avec sa famille et il a témoigné : « A travers la fenêtre de l’école, je voyais les barbelés et les miradors alors que j’étais en train de réciter les mots du Serment d’Allégeance  « liberté et justice pour tous  » ». Il raconte aussi comment des soldats, armés de fusils à baïonnette, ont mené une rafle chez lui, emmenant tous les occupants de sa maison dans des camions. Cela avait commencé par des mesures de couvre-feu, le blocage des comptes bancaires et l’interdiction de s’éloigner de 5 miles autour de sa maison. Après avoir été embarqués, ils comparaissaient devant le « conseil d’évaluation du loyalisme de la Commission de contrôle des ressortissants d’un pays ennemi ». Ils seront ensuite dispersés dans différents camps, les familles étant séparées, avec un matricule dans le dos. Ces camps seront un lieu de vie banale. Toute personne majeure reçoit un travail rémunéré modestement. Des professeurs blancs viennent de l’extérieur, et les enfants ont école.  Il y avait des loisirs comme la danse, le théâtre, le baseball. A leur sortie, après avoir tout perdu, ils recevront 25 dollars en tout et pour tout.  Il n’y aura aucune mesure de réinsertion. Aucun Japonais américain ne fut convaincu d’intelligence avec l’ennemi pendant cette période. Ironie de l’histoire, une partie d’entre eux s’engagèrent dans l’armée américaine et constituèrent le  442 RCT et le 100ème bataillon qui combattirent en Afrique du Nord, en France et en Italie. Mieux, le 442 RCT est le régiment le plus décoré de la seconde guerre mondiale. Ils prouvèrent ainsi leur loyauté et leur patriotisme après avoir été traités comme des ennemis.

Ce n’est seulement qu’en 2012 que l’Etat de Californie, le principal concerné, a décidé d’annuler son soutien à ces camps d’internement en abrogeant le décret. Ce n’est certainement pas une des pages les plus glorieuses de l’histoire des États-Unis et on comprend mieux pourquoi on n’en parle pas beaucoup. Le seul crime de ces Japonais américains était d’être d’origine japonaise. Leur patrie était les USA. Certains n’ont pas hésité à se battre pour le pays qui venait de les enfermer et de leur enlever tous leurs biens. Mais bien sûr ce fait historique mériterait plus qu’un petit article !

Pour en savoir plus : http://ateliers.revues.org/91

https://www.medias-presse.info/a-la-decouverte-des-camps-dinternement-des-japonais-americains/2856/

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