C’est une démarche originale que nous propose ce livre : confronter les points de vue allemand et français au sujet de la bataille de Verdun. Ce livre a été conçu et réalisé pour « servir » le centenaire de la bataille.
L’histoire de la bataille de Verdun a été maintes fois écrite. Mais cet ouvrage permet d’entrevoir le contraste entre les significations que Français et Allemands donnent à cette bataille. Dans la mémoire collective française, Verdun est « la » grande bataille de la Grande Guerre et un lieu devenu sacré. Vu du côté allemand, cette bataille est une grande offensive comme il y en eut beaucoup d’autres, un engagement massif d’hommes et d’artillerie, un grand espoir de succès qui devait déboucher sur la paix, puis une rapide déception devant un enlisement qui se prolonge.
Des deux côtés, ce fut le même carnage mais jamais Verdun n’a acquis pour les anciens combattants allemands la même force de souvenir que pour les Français. La raison en semble double. D’abord, pour les soldats allemands, il ne s’agissait pas de préserver le « sol sacré de la patrie » même s’ils luttaient eux-aussi avec la certitude qu’il était nécessaire de combattre et de mourir pour la patrie menacée, d’éviter qu’elle ne devienne elle-aussi théâtre de guerre. Ensuite, l’expérience et la mémoire de la bataille ont été ternies, côté allemand, par le soupçon d’avoir été trahis ou bernés par leur général en chef, Falkenhayn, dont on apprit qu’il n’avait pas voulu prendre Verdun, mais seulement faire combattre les soldats allemands pour « saigner » l’armée française devant la ville. La mémoire française est toute différente, c’est celle d’une victoire défensive qui offre à la France une image d’elle-même forte et courageuse.
Verdun 1916, Antoine Prost et Gerd Krumeich, éditions Tallandier, 318 pages, 20,90 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
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