Le billet de Patrick Parment
Longtemps la puissance économique allemande a permis à nos voisins de donner le « la » de la politique intérieure et extérieure de l’Union européenne sur fond de vassalité à l’Amérique. Une union européenne d’ailleurs fort contrastée reposant sur des solidarités que l’on pourrait qualifier de culturelles. A savoir le bloc des pays nordiques, celui des pays de l’ex-Europe de l’Est et enfin les pays latins du Sud – Espagne, Italie, France, Grèce. Ce qui a eu pour effet majeur de rendre cette Union européenne totalement inopérante, voire inexistante. Un paradoxe en soi, car sur le papier l’UE est l’une des premières puissances mondiales. Enfin était. Ouverte à tous les vents, l’Amérique comme la Chine n’ont jamais manqué d’y faire leur marché. Au détriment, bien évidemment, de nos intérêts.
La fin du monde bipolaire – libéralisme contre le communisme – a permis à la Russie de se refaire une santé tout à la fois économique et politique. Quant à l’Amérique, au nom du capitalisme, elle a donné à la Chine tous les moyens pour devenir l’une des premières puissances mondiales par le biais d’une main d’œuvre bon marché. La Chine est ainsi devenue l’usine du monde par excellence, la libérant du même coup de l’enfermement maoïste. Le monde d’aujourd’hui marche désormais sur trois pieds : les puissances continentales que sont l’Europe, la Russie et la Chine, face à une puissance maritime : l’Amérique.
On ne fera pas le détail de toutes les erreurs de la politique étrangère américaine à notre égard depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toujours est-il, que cette dernière a poussé le président russe, Vladimir Poutine, à intervenir en Ukraine, pays appartenant à l’aire culturelle russe depuis des siècles. Une fois de plus, les premiers concernés sont les Européens. Et notamment les Allemands qui de longue date ont misé leur puissance industrielle sur l’approvisionnement quasi bon marché du gaz russe. Lobotomisés au motif de dénazification depuis 1945, les Allemands ont perdu leur âme et surtout toute volonté politique. Au point que le pouvoir politique en Allemagne a été en majorité de centre-gauche permettant ainsi la montée en puissance d’utopiques écologistes. La dernière catastrophe ayant pour nom Angela Merkel. Rare sont, en effet, les dirigeants allemands ayant eu une vision géopolitique de l’Europe.
Bref, la guerre en Ukraine a eu pour première conséquence, et sur ordre de Washington, de mettre la Russie au ban des nations en déclarant à son égard tout un train de sanctions économiques qui se sont transcrites essentiellement en matière industrielle. Ce lot de sanctions a été jusqu’à déclarer persona non grata en Europe des athlètes, des chanteurs d’opéra, des intellectuels et bien évidemment de tous les milliardaires russes proches de Poutine. Mais, le plus étonnant dans cette affaire est l’aveuglement de nos dirigeants européens quant aux conséquences économiques de telles sanctions. Car l’Europe est totalement démunie en matière énergétique notamment en matière de gaz et de pétrole. La Russie en regorge. Cherchez l’erreur ?
Or, le pouvoir actuel en Allemagne est une véritable poubelle démocratique entre chrétiens démocrates, pseudo libéraux et Verts. Avec à sa tête Olaf Schulz qui se retrouve dans une situation infernale, les Russes ayant quasiment coupé tout approvisionnement en gaz, ce qui va non seulement mettre l’industrie allemande à genoux mais surtout faire grelotter cet hiver le peuple allemand. Et c’est là qu’on va commencer à rigoler. Car les positions à l’égard de la Russie sont très diverses dans cette Union européenne qui risque de virer à la désunion. D’abord, cela révèle que nos « amis » allemands, ne le sont pas vraiment et qu’ils n’ont cessé, à nous autres Français, de nous mettre des bâtons dans les roues avec notre nucléaire, qu’ils ont cherché à torpiller Airbus et renvoyer aux calendes grecques l’avion de combat européen pour au final acheter américain. Mais ce ne sont là que la partie émergée de l’iceberg. Le pouvoir d’Olaf Schulz est bel et bien en train de chanceler. Pour déboucher sur quoi ?
Enfin, au niveau européen, cela ne sera pas sans conséquence non plus. Si les pays baltes et les Polonais restent arc-boutés contre les Russes, il n'en va pas de même des autres pays de l’est, la Hongrie notamment. Par ailleurs, les pays du sud pourraient bien être tentés de présenter l’addition aux Allemands pour leur intransigeance en matière monétaire lors de la grande crise de 2008 qui a mis la Grèce à genoux. Les Grecs s’en souviennent. Les Européens pourraient aussi faire payer aux Allemands leur arrogance. Et Vladimir Poutine semble bien décidé d’utiliser l’arme du gaz pour diviser l’Europe et lui faire payer son lot de sanctions.
Demain sera un autre jour.
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