Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, est spécialiste de la Grande Guerre et l’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.
Le 8 novembre 1918, à la gare de Tergnier, des officiers allemands sont conduits dans un train luxueux composé de deux wagons-lits, d’un wagon-restaurant et d’un salon tendu de satin vert et décoré d’abeilles d’or et d’un N couronné. C’est dans ce train datant de Napoléon III qu’ils sont acheminés dans la clairière de Rethondes. Les plénipotentiaires allemands sont abattus. Les conditions que le général Weygand leur a lues les ont laissés sans voix.
Ils ont tenté d’opposer qu’il ne faut pas affaiblir l’Allemagne au moment où elle est confrontée à la vague bolchéviste, sans quoi elle sera submergée et le fléau se répandra ensuite dans toute l’Europe occidentale. Ils ont demandé la levée du blocus maritime qui conduit la population à la famine. Ils ont soixante-douze heures pour signer cette capitulation déguisée en armistice.
Pour les Allemands qui, de mars à juillet 1918, ont multiplié les coups de butoir, bousculant à trois reprises les lignes des Alliés, et cru sincèrement dans la proximité de leur victoire, la défaite à quelque chose d’irrationnel. A cette heure dramatique encore, leurs hommes campent en Belgique, en Finlande, en Estonie, en Roumanie, en Ukraine et jusque dans le Caucase. Il y a six mois à peine, ils étaient persuadés d’en finir glorieusement. A l’inverse des certitudes de Guillaume II, l’affrontement des monarchies autoritaires et des démocraties libérales n’a pas tourné à l’avantage des premières. Mais pourquoi ? Que s’est-il passé pour que l’Allemagne perde la guerre et signe le 11 novembre 1918 un traité humiliant ? C’est tout l’objet de ce livre passionnant.
1918, Jean-Yves Le Naour, éditions Perrin, 416 pages, 23 euros
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