vendredi 31 décembre 2021

L’Action Française et l’Islam (VIII/XI)

 

You are currently viewing L’Action Française et l’Islam (VIII/XI)

2020 L’alliance islamo-gauchiste

Trente ans plus tard, sur Radio Notre-Dame, Gérard Leclerc constate que « la question des migrations, liée étroitement chez nous à celle de l’Islam, a pris des proportions énormes dans le débat public, puisqu’il n’est pas de jour qu’elle ne réapparaisse sous une forme ou sous une autre. »[1] L’implication de l’Islam joue en effet à plusieurs niveaux :

– il y a d’abord l’islamisme, avec le terrorisme qui l’accompagne et son chapelet d’assassinats ;

- il y a aussi le remplacement idéologique de la notion de travailleur immigré par celle de migrant-réfugié, dévoilant une convergence d’intérêts entre immigration musulmane et globalisation libérale ;

- il y a enfin l’alliance objective qui s’est établie entre le gauchisme et l’islamisation culturelle, donnant naissance à l’islamo-gauchisme.

Ces trois phénomènes sont des effets de l’épuisement du cycle de la civilisation des Lumières, évoqué par Antoine de Crémiers dans la NRU n° 63, et mis en évidence par les travaux du sociologue Michel Maffesoli[2]. De son côté, la « vieille maison », ayant connu un important rajeunissement générationnel à l’occasion de la réaction contre le mariage homosexuel, s’est investie dans l’anthropologie maurrassienne[3]. Voilà pourquoi, devant le mouvement de remplacement civilisationnel en cours, elle a remis sur l’ouvrage sa réflexion sur l’Islam, au travers de l’immigration. Réflexion menée au regard de l’intérêt national sur le « problème le plus épineux que la France ait à résoudre », menaçant de la « déposséder de la maîtrise de son destin, voire de sa civilisation ».

Pour cela, l’Action française renouvelée a tenu compte des positions fortes prises par le prince Jean dans son ouvrage de 2008 Un Prince français. Depuis la « réconciliation d’Amboise » de 1987, elle a renoncé à tout porte-à-faux avec la Maison de France, comme cela fut le cas en 1937 sur la stratégie d’accès au pouvoir, en 1947 sur le fédéralisme européen et 1959 sur la politique algérienne. Soucieuse néanmoins de son indépendance, elle se garde d’incarner un « parti royaliste », de se rêver en « parti du Prince », ou de gêner l’action propre à la Maison de France. Les positions du duc de Vendôme, aujourd’hui comte de Paris, sur la vocation chrétienne de la France, la laïcité et la place des religions constituent le socle de la réflexion de l’Action française renouvelée, comme celles du duc d’Orléans l’étaient, en 1900, pour l’Enquête sur la Monarchie

Philippe Lallement,

à suivre la semaine prochaine dans : 9/11 – Inclusion ou assimilation… les premières réflexions.

Pour voir les articles précédents :

1/11 – La laïcité comme nœud gordien

2/11 – Quatre générations actives, porteuse de solutions originales

3/11 – 1930 – La dernière époque coloniale

4/11 – 1960 – La décolonisation

5/11 – 1990 – l’Immigration entre communautarisme et assimilation

6/11 – L’intégration communautaire de la « Génération Maurras ».

7/11 – Une ligne de crête instable et menacée


[1] « Migrations, politique et moralistes », Radio Notre-Dame, 4.3.2021, et site actionfrancaise.net au 6.3.2021.

[2] Cf. La nostalgie du sacré, éd. du Cerf, 2020, 360 p., et L’Ère des soulèvements, éd. du Cerf, 2021, 182 p. 22.

[3] Voir, sur ce point, l’indispensable Actualité de Charles Maurras d’Axel Tisserand, Téqui, 2019.

https://www.actionfrancaise.net/2021/12/29/laction-francaise-et-lislam-viii-xi/

La Théorie des anciens astronautes - Néo-évhémérisme

Libéralisme et catholicisme par l’abbé Ange Roussel

 

« Jésus-Christ ne doit régner sur les sociétés qu’à la condition qu’il ne les gouverne pas ; qu’à son Eglise doit suffire la liberté de droit commun ; mais qu’en nulle hypothèse, elle ne doit revendiquer pour elle l’autorité, si ce n’est intérieure » Ainsi s’exprime l’abbé Ange Roussel dans son ouvrage concernant le libéralisme. Il ajoutait pertinemment : « Le libéralisme est justement la négation de l’ordre, de la règle et de l’autorité qui l’impose ».

Pour le libéral, on part toujours de la « liberté de conscience » et l’on aboutit, qu’il le veuille ou non, à la neutralité ou laïcité de l’Etat. L’abbé Roussel dit encore que « voulant être à la fois catholique et libéral, il n’est plus désormais assez catholique au regard de l’Eglise et il n’est pas encore assez libéral au gré des non catholiques ». Le catholique libéral a peur des définitions ; on ne le verra que trop avec l’Encyclique Quanta Cura et le Syllabus de Pie IX. Il veut être du « juste milieu », ennemi des extrêmes, c’est-à-dire de la vérité, ennemi de toute intransigeance, modéré par principe, ayant surtout un goût modéré pour la Vérité et une haine médiocre pour l’erreur. Le catholique libéral recherche la paix qui se fait toujours aux dépens de la vérité, des droits de Dieu et de l’Eglise. Il cherche une attitude charitable mais en refusant au prochain l’aumône de la vérité. On pourrait appliquer au catholique libéral la célèbre formule de Bossuet : « il déplore les effets dont il chérit les causes ».

Le libéralisme serait-il le cheval de Troie utilisé par les « ennemis de Dieu » pour obscurcir les intelligences, affaiblir les volontés, et, à terme, pour effacer toute trace de Dieu en ce monde ? Peut-il y avoir rapprochement, compromis, voire alliance entre libéralisme et catholicisme ? L’abbé Roussel répond avec une grande clarté et une prévoyance étonnante à cette question. Rédigé dans un style clair et facilement accessible, rappelant à l’occasion les grandes vérités dans l’ordre spirituel, politique et social, ce livre est un ouvrage indispensable pour qui veut comprendre le mal qui, aujourd’hui, affecte si douloureusement l’Eglise et notre société.

L’abbé Ange Roussel est né en 1888 à Fougères, il a été ordonné prêtre en 1914. Il fut professeur au Grand Séminaire de Rennes et Docteur en philosophie.

224 pages, 19 euro, à commander sur le site de l’éditeur

Sommaire :

Le libéralisme en général

Origine du libéralisme – Développement historique – État actuel.
Développement logique et synthèse du libéralisme.
Le libéralisme politique et social.

Réfutation du libéralisme : « foi laïque » ou foi catholique.

Le libéralisme catholique
Origine et développement du libéralisme catholique.
La mentalité « catholique libérale ».
Les relations entre Église et État d’après le catholique libéral.

Conclusion

Danger du catholicisme libéral.
Remèdes au catholicisme libéral.

Appendices

https://www.medias-presse.info/liberalisme-et-catholicisme-par-labbe-ange-roussel/82941/

jeudi 30 décembre 2021

Maurras, L’Action Française et les Princes, par Axel Tisserand. Partie 2 : Les trois devoirs des royalistes

 

Partie 2 : Les trois devoirs des royalistes

« Albert de Broglie, commente Maurras, n’est pas le premier de sa race qui ait souffert par la faute de ses idées. Ses idées étaient déjà celles de son père, qui les tenait du sien. »

Son père, justement, Victor, « n’a cessé de soutenir à la tribune de la Restauration nos causes de faiblesse, nos principes de mort, qui étaient alors dans leur nouveauté ; ce qu’il appelait amoureusement « l’état actuel de la société », « l’état de nos idées et de nos habitudes », « l’état intérieur et domestique du pays », enfin « la nation française, telle que les quarante dernières années nous l’ont faite ». Il était l’avocat, le protecteur et, au sens romain, le patron de cette France dissociée et décérébrée, dont s’est plaint Maurice Barrès. Grâce à lui, elle put se dissocier et se décérébrer plus encore. »

Telle est l’origine d’un orléanisme, autre nom du libéralisme politique, que Maurras désapprouve d’autant plus que cet « orléanisme » a empêché Chambord de monter sur le trône. Revenant à Albert, il précise :

« Le duc de Broglie réussit parfaitement à éloigner du trône Henri V. Il sut inspirer à ce prince le sentiment que le roi, quel qu’il fût, devrait se résigner à l’avoir pour second, c’est-à-dire pour maître.

Le comte de Chambord ne s’y résignera point et souleva, pour en finir, la question du drapeau (…).

Mais, en éliminant le Comte de Chambord, on ne voit pas que le duc de Broglie ait assuré le trône au Comte de Paris, ni même qu’il se soit conservé à lui-même la haute main sur le pouvoir. (…) »

Avant de conclure, assez cruellement :

« (…) Les libéraux confessionnels ont, en un partage, la liberté sans ses plaisirs, l’autorité sans sa puissance ; tristesse de Zénon et relâchement d’Épicure… C’est ce dont la plupart des Français se sont aperçus. (…) »

L’« orléanisme » n’est donc que la forme que prirent, aux yeux de Maurras, les nuées idéologiques et politiques du libéralisme au XIXe siècle et dont une des expressions institutionnelles les plus mauvaises se trouve être le parlementarisme, c’est-à-dire l’emprise des factions sur le politique, que refusa Henri V en soulevant la question du drapeau et à laquelle s’oppose toute la doctrine de l’Action française, en promouvant une monarchie « traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée ». D’où son insistance sur le fait que les Orléans après 1883 s’opposent de fait à l’idéologie orléaniste.

Aussi la fidélité de Maurras aux Bourbon-Orléans pour être indéfectible ne saurait toutefois être aveugle au sens où Maurras sait garder son esprit critique vis-à-vis des engagements des Princes.

Chacun sait que, entre les deux guerres, Jean III, le duc de Guise, a confié à son fils, le comte de Paris, « le soin d’assurer la propagande monarchique, sous son contrôle, car il n’a jamais été dans l’idée du Prétendant de se retirer. » (Courrier Royal du 1er décembre 1934). De fait, les relations entre le duc de Guise et l’Action française étaient excellents et la duchesse de Guise vouait une véritable admiration à Maurras que même la condamnation de l’Action française par l’Église en 1926 n’avait en rien entamée — l’admiration de la reine Amélie du Portugal, sœur aînée de la duchesse de Guise, étant plus grande encore. Au soir même du 6 février 1934, on sait que le jeune dauphin avait fait ses valises et attendait le succès du soulèvement national et populaire, dans l’espoir qu’il mît fin à un régime aussi instable que corrompu. Comme le précise encore Dominique Paoli :

« Tout au long de la journée du 6 février 1934, le duc de Guise et le comte de Paris sont en liaison téléphonique avec L’Action Française. Le lendemain le prétendant écrit à Maurras : « Je tiens à vous dire combien mon cœur de Français est près de vous, de ceux qui vous entourent et de tous ceux qui ont si généreusement répandu leur sang pour l’honneur et la dignité de la France. » Le 8 février, est publié à la Une de L’Action Française un « Message aux Français » du duc de Guise qui appelle les mécontents à se rallier au « principe monarchique ». »

Toutefois, l’incapacité historique dans l’AF se trouve de concrétiser le coup de force et de renverser la république, la peur aussi d’une assimilation de la doctrine d’AF, pourtant antitotalitaire, à celle des régimes autoritaires qui surgissent alors un peu partout en Europe, aboutissent à la rupture de novembre 1937 entre la famille d’Orléans et l’Action française. Cette rupture n’entame en rien la fidélité de Maurras et de l’Action française. Du reste, le manifeste du duc de Guise du 22 novembre est reproduit en Une dans son intégralité dans le journal le 23 novembre et le commentaire, qui vise l’entourage du duc de Guise et de son fils, est l’occasion pour Maurras de rappeler que :

« Nous ne connaissons que trois lois qui font autorité doctrinales absolue. C’est la qualité de catholique, la qualité de national français (loi salique) et la primogéniture. »

Cette position se vérifie encore en 1948, alors que le comte de Paris, devenu prétendant à la mort de son père en 1940, s’oriente de plus en plus vers une conception parlementaire des institutions et semble tenté par le fédéralisme européen. Maurras, dans un inédit publié par Yves Chiron en 2001 aux éditions BCM et intitulé Trois Devoirs, assure le Prince de sa fidélité inchangée tout en le rappelant à ce qu’il considère être la doctrine royale. Ce texte montre que Maurras, enfermé à Clairvaux, n’avait en rien perdu de son acuité intellectuelle ni de son habileté de dialecticien.

Ces trois devoirs ne sont pas ceux du Prince : ce serait faire un contresens absolu à la fois sur la nature du respect que Maurras a envers le prétendant au trône de France et la profondeur de sa fidélité.

En 1947, lorsque par diverses publications, le comte de Paris s’éloigne davantage encore des enseignements du maître de l’Action Française, notamment dans deux textes capitaux : Entres Français et une circulaire intitulée Constitution, il s’agit pour Maurras d’établir quels sont les devoirs des royalistes vis-à-vis d’un prince qui, à ses yeux, paraît tourner le dos non seulement à une doctrine — la sienne, ce qu’il avait déjà fait en 1937 — mais à ce qui semble pour Maurras la tradition royale elle-même. C’est ainsi que l’on doit comprendre ce que Maurras écrit en introduction de son étude :

« … si l’on fait une somme des idées contenues dans ces documents qui nous arrivent presque ensemble, on a l‘impression d’une incontestable nouveauté. »

En latin, la « nouveauté », res novae, c’est la révolution dévastatrice, le bouleversement radical. Ici, Maurras parle latin.

Son exercice dialectique est d’une extrême difficulté si l’on veut bien considérer qu’un régime dont la valeur est dans l’incarnation de son principe — le prince lui-même ! — doit demeurer crédible lors même que le prince paraît renier les principes qui le font être ce qu’il est et semble fonder une doctrine royale qui sape les fondements mêmes de ces principes. La monarchie est-elle soluble dans le Prince ? Mais alors, la légitimité n’a plus de sens. Le Prince est-il soluble dans une somme de principes intangibles et figés ? La monarchie ne s’incarne plus au gré de l’histoire, sauf-gardant l’essentiel pour que ce dernier féconde toujours le temps de la cité.

Que faire pour qu’en dépit des contradictions apparentes le roi reste cette « réalité effective », cette « personne », dont parlait le philosophe Pierre Boutang ?

Le texte de Maurras pose une question d’ordre métapolitique, c’est-à-dire dépassant la valeur même des reproches que Maurras ne fait pas au prétendant, roi en devenir, mais aux positions qu’il défend. La dialectique de Maurras tient toute dans une opposition : celle du prétendant et du roi. Alors même que le prétendant est roi en ce qu’on n’a pas à juger de ses raison — « Cela ne pourra rien changer à notre profond respect pour sa personne, son titre, sa qualité, ses droits ; tout sera intact… » — il n’est que prétendant en ce que le trône est vide, que l’action n’est donc pas conduite par lui, et qu’en conséquence une régence est à assumer : « mais notre farouche résolution de militer du bon côté de la France est également immuable. »

La « nouveauté », par rapport à une régence que l’Action française s’honorait de remplir aussi bien qu’elle le pouvait quasiment depuis sa fondation, tenait en ce qu’il ne s’agissait plus de défendre l’héritage en l’absence de l’héritier, mais contre l’héritier. Même 1937 n’avait pas eu, aux yeux de Maurras, ce trait radicalement nouveau : le Prince avait fait preuve d’indépendance, cela avait eu au moins le mérite de révéler son caractère. Un jeune prince se devait d’avoir des idées neuves, et de montrer son impatience à aboutir, quitte à se montrer injuste envers de vieux serviteurs qui avaient loyalement servi la cause depuis quarante ans ou presque. Dix ans plus tard, en 1947, il s’agissait de tout autre chose : le prétendant à la fois se rangeait parmi les chauds partisans d’un parlementarisme qu’il brocardait encore quelques années plus tôt et se faisait le chantre d’un fédéralisme européen qui signifiait la dissolution même de l’héritage !

« Les raisons du Prince n’appartiennent qu’à Lui, écrit Maurras. Son bon plaisir, au grand sens historique, qui n’est pas celui des imbéciles, suffit à notre information. Le fait est bien ce que nous disons. Le Prince juge nécessaire de renverser la vapeur. La politique de « résistance » et d’« opposition », propre à ses quatre prédécesseurs, a cessé d’être politique : il oriente son « mouvement » dans le sens même qui était naguère combattu. »

Et de conclure sans plus d’explications — puisqu’elles tiennent toutes dans la situation du prétendant du prince :

« De cette nouveauté bien constatée, découlent pour nous — royaliste — trois devoirs. »

Quels sont ces trois devoirs ?

  • Le premier est ontologique : consubstantiel au fait d’être royaliste et se dédouble en deux devoirs corrélatifs :
    • Le devoir du plus profond respect.
    • Le devoir d’une intelligence entière.
  • Le deuxième devoir est d’ordre éthique et civique :
    • Second devoir de conscience personnelle et civique : nous ne pouvons dissimuler au Prince ce que nous pensons du chemin qu’il prend.
  • Le troisième devoir est d’ordre politique ; c’est aussi, selon les propres termes de Maurras, le plus ingrat de tous Il s’agit de la défense de l’héritage non plus seulement en l’absence de l’hériter, mais contre l’héritier :
    • Du moment que le Prince dans la plénitude des pouvoirs qu’il possède, a jugé de vider sa magistrature, appelée Prétendance, d’un certain contenu d’idées qu’elle enveloppait, et d’en supprimer cette fonction de défense morale de la nation que, jusqu’ici, le Prétendant exerçait pour la protection de la terre que ses pères ont réunie, « il faut pourtant que la défense qui n’est plus tenue par lui, le soit par nos citoyens restés nationalistes. Ils y sont rigoureusement obligés. »

Le rappel, comme premier devoir des royalistes, de l’attitude fondamentale que tout royaliste doit garder et sauvegarder envers son prince est au fondement même de l’engagement : le prince n’a pas à rendre raison, devant quel superanus, quel souverain, lui qui est le souverain ?

Le deuxième, comme le troisième, naissent également de la nécessité même de la prétendance. Le Prince, souverain en dignité mais roi en puissance, ne peut pas faire qu’il ne soit présentement absent d’un trône auquel la nouveauté même de sa prétendance révèle comme il aspire. Un devoir de remontrance s’impose aux futurs sujets, ou plus exactement à ceux qui sont consciemment en attente de le devenir. Ou, comme autrefois la Pucelle rassura sur la vérité de son origine le Gentil Dauphin et du coup raffermit sa volonté de régner, de même, il est du devoir des royalistes, non pas de raffermir une volonté de régner qui précisément se fait jour, mais de la ramener sur la voie d’une tradition royale dont elle s’écarte. Pas de neutralité : après le respect et l’intelligence, la franchise civique. Le chemin que prend le Prince « ne le conduira certainement pas où il croit. Nous en avons la certitude, nous serions coupable de la déguiser. Ce chemin ne mène à rien. »

Maurras examine toutes les possibilités offertes pour expliquer le phénomène d’une telle nouveauté — ne serait-ce là « qu’une boutade de jeune homme ? Ou encore, comme tant de Dauphins, comme Louis XI à Charles VII », le fils aîné de Louis-Philippe « ne faisait-il de l’opposition à monsieur son père », mais plus sûrement le comte de Paris ne fait-il pas de l’opposition à la tradition royale « que pour mieux se tenir, une fois sur le trône, à la ligne des rassembleurs de la terre et de la patrie ? »

Le troisième devoir, « le plus ingrat de tous », tient à la politique européenne du Prince. On sait que celui-ci est rapidement revenu de ses rêves européistes : il s’opposa au projet de Communauté Européenne de Défense (CED) dès 1952 et il appela à voter contre le traité de Maëstricht, avant de refuser la perspective de l’euro et d’en appeler, effectivement, à une Europe des nations.

La leçon la plus lointaine intervient aussitôt : une telle nouveauté ne peut qu’apparaître comme telle puisque « de Hugues Capet à Louis-Philippe, les rois des Français (c’était leur nom officiel au Xe siècle) n’ont jamais tendu qu’à être les fédérateurs des peuples des Gaules ». À cette simple phrase, on ne peut qu’admirer tout l’art dialectique de Maurras — l’empirisme organisateur en action, si l’on peut dire – qui fait mouche deux fois : le comte de Paris renvoyé dans le titre même de son aïeul « roi des Français », au « rex francorum » des premiers capétiens, ce qui relativise la « nouveauté » alors apparue comme telle du roi bourgeois : pas si nouveau que cela donc — au sens de la nouveauté révolutionnaire — que ce Louis-Philippe qui ne fit que reprendre le premier nom des Capétiens et, on l’a vu, poursuivit leur politique millénaire contre ses partisans même. Le comte de Paris ne saurait donc se réclamer de ses ancêtres Orléans pour prétendre légitimer une « nouveauté », quant à elle, bien réelle. Deuxième argument : nos rois étaient bien fédéralistes, comme le comte de Paris, mais des peuples des Gaules et non d’une Europe idéologique que peu après Maurras décrira dans Votre Bel Aujourd’hui comme une construction artificielle destinée à faire le jeu des ambitions jumelles de l’Allemagne et des États-Unis, sans apporter pour autant la paix au continent.

« Respect plein d’effroi » mais « respect total », le prince, répète inlassablement Maurras, « est le maître de sa politique personnelle » et « nulle opposition royaliste ne peut lui être faite » : Maurras ne sera plus royaliste que le roi, un de ces ultras de 1815 qui ont nui à la monarchie au XIXe siècle, aberration politique.

Mais, poursuit-il, « il y a la France ». Devra-t-elle devenir orpheline de son prétendant, après l’avoir été de ses rois ? Ce serait lourdement se tromper si l’on pouvait penser que celui qui a passé sa vie à enseigner que le désespoir en politique est une sottise absolue se range à quelque déréliction empruntée de Chateaubriand. Pour Maurras, la victoire se fera alors sans le prétendant, mais seul le prétendant, naturellement, le couronnera :

« On aura pu vaincre sans vous, on ne pourra tenir ni durer sans vous. La Paix est au-dedans comme au-dehors, ma chose du Roi. »

Axel Tisserand
Professeur agrégé de lettres classiques,

Docteur de l’École pratique des hautes études en sciences religieuses


Publication originale : Axel Tisserand, « Maurras, L’Action Française et les Princes », dans Collectif, Actes de la XXe session du Centre d’Études Historiques (11 au 14 juillet 2013) : Les Bourbons et le XXe siècle, CEH, Neuves-Maisons, 2014, p. 251-268.

Consulter les autres articles de l’ouvrage :

► Préface, par Monseigneur le Duc d’Anjou (p. 5-6).

► Avant-propos, par Jean-Christian Pinot (p. 7-8).

► « Naples et Rome, obstacles à l’unité politique de l’Italie », par Yves-Marie Bercé (p. 13-26).

► « Le roi Juan Carlos et les Bourbons d’Espagne », par Jordi Cana (p. 27-35).

► « Deux décennies de commémorations capétiennes : 1987, 1989, 1993, 2004, etc. », par Jacques Charles-Gaffiot (p. 37-49).

► « L’abrogation de la loi d’exil dans les débats parlementaires en 1950 », par Laurent Chéron (p. 51-67)

► « De Gaulle et les Capétiens », par Paul-Marie Coûteaux (p. 69-97) :

► « De Chateaubriand à Cattaui : Bourbons oubliés, Bourbons retrouvés », par Daniel de Montplaisir (p. 99-108).

►  « Les relations Église-État en Espagne de 1814 à nos jours », par Guillaume de Thieulloy (p. 109-124) :

► « Autour du livre Zita, portrait intime d’une impératrice », par l’abbé Cyrille Debris (p. 125-136) :

► « La mission Sixte : la tentative de paix de l’Empereur Charles Ier », par le Pr. Tamara Griesser-Pecar (p. 137-157) :

► « Les stratégies matrimoniales », par le Pr. Philippe Lavaux (p. 159-170) :

► « Les Bourbons dans les Carnets du cardinal Baudrillart », par le père Augustin Pic (p. 171-188).

► « Un Roi pour le XXIe siècle », par Philippe Pichot-Bravard (p. 189-196).

► « Le Prince Sixte : la nationalité des descendants de Philippe V et la succession de France », par Jean-Christian Pinot (p. 197-206).

► « Les entrevues de 1931 entre Jacques Ier et Alphonse XIII ainsi que tout ce qui s’en suivit », par le baron Hervé Pinoteau (p. 207-218).

► « Le carlisme : fin et suite », par le Dr Jean-Yves Pons (p. 219-230).

 « Le Prince Xavier de Bourbon-Parme, du premier conflit mondial à Dachau, de la France à l’Espagne », par le Dr Jean-Yves Pons (p. 231-238).

 « Les Bourbons à Versailles au XXe siècle », par Vivien Richard (p. 239-250).

 « Maurras, L’Action Française et les Princes », par Axel Tisserand (p. 251-268) :

https://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/ceh-maurras-laction-francaise-et-les-princes-par-axel-tisserand-partie-2-les-trois-devoirs-des-royalistes/

Maurras, L’Action Française et les Princes, par Axel Tisserand. Partie 1 : Le fusionnisme maurrassien

 

Pour Maurras, qui n’est pas né royaliste, comme il aime à le rappeler, notamment dans la préface à ses souvenirs intitulés Au Signe de Flore, le recours à la monarchie comme nécessité institutionnelle pour préserver à la fois l’indépendance de l’État au-dessus des factions et la souveraineté du pays par rapport à l’étranger — le Roi empereur en son royaume — ne saurait évidemment courir le reproche de reproduire ce qui précisément est le défaut principal de la République, à savoir le choix toujours incertain de celui qui tient lieu de souverain. S’il y a nécessité d’un souverain, qui est, comme le nom latin l’indique, superanustout au-dessus au plan humain, reconnaissant lui-même une transcendance, alors ce souverain doit échapper à la compétition. Le Roi n’a donc pas à être choisi. Il est parce qu’il est là, à sa place, désigné par la triple légitimité historique, familiale ou dynastique et nationale. Légitimité historique en tant qu’il appartient à la lignée de ces quarante rois qui n’ont cessé de servir le pays tout simplement en faisant le pays en 1000 ans, familiale ou dynastique, en étant qu’il est celui que les règles désignent, nationale, en tant qu’il appartient à une lignée toujours restée française.

Pour Maurras il ne convient pas de confondre les moyens avec la fin. Comme il l’écrit lui-même dans un article de 1941 de L’AF (L’Action Française, 4 juillet 1941) :

« Ce que l’on est convenu d’appeler la loi salique a été faite pour une fin, par un moyen. La fin était d’éloigner de la couronne de France toute tête étrangère. Le moyen était d’assurer la succession de mâle en mâle par ordre de primogéniture. D’où il résultait que les mâles qui étaient allés régner à l’étranger, étant devenus étrangers s’excluaient naturellement de toute la série.

Comment peut-on dans ces conditions rêver de légitimité française au profit de princes espagnols ou italiens ? Le droit national leur est refusé par définition. C’est la question préalable que rien ne dispense de poser chaque fois que l’on essaie d’introduire un débat sur ce sujet où doit seul compter l’esprit des lois, leur sens national, leur défense essentielle contre ce qui n’est pas national. »

On aura compris que pour Maurras, qui définit la monarchie comme le nationalisme intégral, des trois légitimités, c’est la légitimité nationale qui prédomine :

« Personne n’a porté plus haut que nous l’estime et l’admiration pour la politique bourbonienne conduite en Espagne et en Italie, qui tendait à faire un lac français de cette Méditerranée dont la Révolution et l’Empire ont fait un lac anglais. Il serait ridicule d’admettre qu’un ricochet final de cette haute politique eût pour effet d’atteindre ou de meurtrir, de Parme ou de Madrid, le principe de la succession à Paris ! »

Et de rappeler encore dans L’Action Française du 29 mars 1926, à propos de la mort du duc d’Orléans :

« [La doctrine monarchique]dispose de tout à l’avance, dans un ordre que les siècles n’ont pas altéré. L’antique loi salique, l’arrêt nationaliste du quatorzième siècle se retrouvent tels quels dans la Constitution de 1791, qui maintenait encore, au fort de la Révolution, un principe de cohérence, de continuité et d’autorité : « La royauté », dit-elle, « est indivisible et déléguée héréditairement à la race régnante, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance… »

La loi salique considérée comme un « arrêt nationaliste » au sens juridique du mot « arrêt » : tel est le fond de la pensée de Maurras. Aussi récuse-t-il tout juridisme, c’est-à-dire l’autojustification du droit, celui-ci pouvant devenir le lieu privilégié des arguments sophistiques :

« Tenons-nous à la grande vérité de l’Histoire politique. Elle est écrite en caractères aveuglants. Le comte de Chambord n’en doutait pas lorsqu’après avoir reçu les jeunes fils du duc d’Orléans, il écrivit que « la Maison de France » était « réconciliée » ou lorsqu’il ordonna de recevoir « Paris » comme un dauphin de France. Dépositaire de la tradition de sa race, il savait en quel rang les premiers princes du sang venaient les Orléans, immédiatement après les Bourbons, tant sous l’ancien régime qu’à la Restauration : il ne se reconnaissait pas le droit d’y rien changer.

En 1883, devant le cercueil de ce noble prince, les fils aînés des plus vieilles familles françaises, conduites par des hommes comme La Tour du Pin ou de Mun, se rallièrent au principe de cet ordre toujours vivant. Si le bon sens et la raison parlaient moins haut, la tradition suffirait donc à en décider. »

Celui qu’on présente donc à tort comme un positiviste, alors qu’il n’a cherché chez Auguste Comte qu’une méthodologie et nullement une religion, convient donc que l’argumentation juridique doit reposer, pour rester dans son ordre, sur sa finalité. Le droit ne se justifie pas par lui-même : il a un objet, sous peine de se contredire ou de justifier un objet vidé de son contenu. Cet objet c’est l’indépendance de la patrie, plus précieux des biens au temporel. Et même si les trois dimensions de la perception du fait politique sont ici en accord à ses yeux, toutefois, la tradition est au-dessus du bon sens et de la raison dans ce qu’ils pourraient avoir de déconnecté de la transmission nationale.

Qu’entendre en effet par tradition, qu’on sait de plus critique chez Maurras ? Précisément la vie même de la nation passant de génération en génération, sa perpétuation à travers les siècles qu’il convient de préserver à travers celle de la famille royale, même en suspension de trône.

Comment dès lors justifier le règne de Louis-Philippe ? Le lieutenant-général du royaume en devenant Roi des Français n’a-t-il pas de ce fait brisé cette tradition au sens où nous venons de la définir ? Maurras pose lui-même l’objection :

« Si la légitimité du duc de Bordeaux est sûre, l’usurpation de Louis-Philippe ne l’est pas. Si, comme je le crois (et rien n’est plus sûr), Henri V était le roi légitime, comme celui qui régnerait à sa place n’était-il pas usurpateur ? »

Il y assurément un péché originel de la monarchie louis-philipparde : en ayant « l’immense malheur de ne « pouvoir » rallier à lui tous les bons éléments du pays : clergé, grande et petite noblesse, familles fidèles de toutes conditions et de tous métiers, ce qui faisait peut-être le plus solide du composé français (…) sa « politique de résistance » dut s’appuyer sur le conservatisme souvent aveugle et avide de classes ou l’intérêt commercial et financier prévalait avec dureté, et sa « politique de mouvementé était sans cesse menacée des entraînements le plus dangereux par les partis révolutionnaires. Neuf fois sur dix, Louis-Philippe dut gouverner contre son parti. », le terme de parti indiquant bien, du reste, que Louis-Philippe avait été l’homme d’une faction.

Et pourtant, Maurras refuse de voir en Louis-Philippe un usurpateur comme l’a été Napoléon Ier :

« Le droit dynastique était incontestablement avec le Duc de Bordeaux, les forces légitimistes françaises lui appartenaient à coup sûr. Cela veut-il dire que Louis-Philippe ait été un usurpateur ? C’est ce que j’ai déclaré plus que douteux à mon sens. Car, nommé Lieutenant-général du royaume par le vieux roi Charles X ? Louis-Philippe conçut tout aussitôt sa tâche comme celle d’un Régent, et l’on a le malheur d’ignorer une démarche que trop peu d’historiens mentionnent, dont trop peu avouent l’importance : on ne sait pas qu’il demanda au roi de France en fuite de bien vouloir lui confier la personne du jeune Henri V, (…) que le vieux roi inclinait à accepter l’offre d’un Prince qu’il estimait, qu’il y eut une opposition radicale, absolue et décisive de la part de la mère du jeune roi, et que Madame la Duchesse de Berry l’emporta de toute la fougue de sa jeunesse, de sa volonté et de sa passion. »

Aussi est-ce cette sincérité de la démarche de Louis-Philippe, en quelque sorte Roi des Français malgré lui et à défaut du Roi de France en exil puis de son petit-fils, qui, aux yeux de Maurras, fait échapper Louis-Philippe au qualificatif d’usurpateur.

« (…) Comment pas se dire que la démarche du lieutenant-général était sincère, que Charles X avait raison de la tenir pour telle, et que si elle eût réussi, l’histoire aurait eu à admirer, au XIXe siècle, une régence aussi belle, aussi vertueuse, forte et fidèle, que la régence du XVIIIe siècle avait peu mérité ces qualifications.

Le règne fut illégitime. Mais il ne fut pas usurpé, puisque le souverain légitime était en fuite que la révolution, maîtresse de Paris, devait être matée, matée à tout prix, comme la France sauvée, sauvée à tout prix. »

Intéressante distinction que celle entre illégitimité et usurpation. Illégitime au sens strict du droit, Louis-Philippe l’était en tant que roi des Français, et non pas en tant que lieutenant-général ou que régent. Usurpateur, il ne l’a jamais été du fait qu’il conçut son règne avant tout précisément comme une régence, ce que la réconciliation de 1883 entre les deux branches prouve historiquement à ses yeux. Là encore, la finalité gouverne les moyens :

« Puisque le souverain légitime était en fuite que la révolution, maîtresse de Paris, devait être matée, matée à tout prix, comme la France sauvée, sauvée à tout prix ».

Si la loi salique fut évidemment bafouée de 1830 à 1848, il n’en reste pas moins que celle-ci a été mise entre parenthèses par nécessité historique à partir du moment où l’abdication de Charles X et l’impossibilité où était le dauphin légitime, à savoir Henri V, son petit-fils, d’accéder au trône, il restait à assurer « à tout prix » la survie de la nation, qui est l’objet même d’une loi salique qui n’aurait sinon plus aucun sens. On a rappelé que la tradition chez Maurras est critique. Celle de la loi salique a été passée au crible de l’urgence nationale, qui commandait à Louis-Philippe d’être là et d’y rester. Il n’en reste pas moins que, comme Maurras le précise dans sa Politique du 29 septembre 1920, où Maurras informe ses lecteurs que le duc d’Orléans, « Philippe VII », a donné « l’ordre de faire célébrer à Paris, dans la paroisse des rois de France, le centenaire de la naissance du duc de Bordeaux », Maurras tient à rappeler que :

« Le gouvernement de Juillet, qui eût pu faire une si belle Régence, était déjà une erreur. Le second Empire et la seconde République étaient d’autres erreurs plus fortes. La troisième République en était une nouvelle. Nous avons payé et nous payons encore tout cela. »

Et de rappeler le programme salvateur du comte de Chambord, tel qu’il apparaissait notamment dans la lettre de Henri V au général de Saint-Priest :

« Un pouvoir fondé sur l’hérédité monarchique, respecté dans son principe et dans son action, sans faiblesse comme sans arbitraire ; le gouvernement représentatif dans sa puissante vitalité ; les dépenses publiques sérieusement contrôlées ; le règne des lois, le libre accès de chacun aux emplois et aux honneurs, la liberté religieuse et la liberté civile conservée et hors d’atteinte ; la propriété foncière rendue à la liberté et à l’indépendance par la diminution des charges qui pèsent sur elle ; l’agriculture, le commerce et l’industrie constamment encouragés, et au-dessus de tout cela une grande chose : l’honnêteté, qui n’est pas moins une obligation dans la vie publique que dans la vie privée. L’honnêteté qui fait la valeur morale des États comme des particuliers. »

Pour Maurras, l’échec du comte de Chambord à monter sur le trône et à rétablir la monarchie à la fois traditionnelle, moderne et populaire — ces trois éléments se complétant à ses yeux — prouve bien que les qualités qui font le politicien républicain ne sont pas celles qui font le grand roi.

Aussi l’important à ses yeux est-il l’absence de solution de continuité : les Orléans ont recueilli un héritage que l’exilé de Frohsdorf avait maintenu intact. Il va jusqu’à parler de « fusion », comme pour bien insister sur la permanence, la transmission intégrale — un terme maurrassien que nous employons à dessein — de la tradition monarchique de la branche aînée, éteinte, à la branche cadette.

« On ne dira jamais avec quelle piété exacte, scrupuleuse, le comte de Paris a su recueillir à la mort du comte de Chambord cette tradition de la monarchie légitime, de sa raison, de son droit et de sa doctrine. Les témoins et les confidents de ce règne en exil, si appliqué et si laborieux, admirèrent surtout combien la sociologie du comte de Paris, si haute et si sagace, tendit de plus en plus à vérifier les voies de son auguste prédécesseur. La fusion qui s’accomplissait de la sorte était la vraie ; celle des idées, celle de l’esprit. L’esprit qui avait construit la France, les idées capables de la relever. »

Et de s’écrier, dans son article de L’AF sur la mort de Ferdinand d’Orléans, duc d’Alençon, le 29 juin 1910 :

« À moi, Nemours ! À moi d’Aumale ! À moi Joinville !

Certes, c’eût été beau, ce cri dans notre ville…

Aux vieux vers de Musset (Alfred de Musset, Le Treize Juillet, pour la mort du duc Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, en 1842), répondaient le regard enthousiaste du comte de Chambord à la vue de cette gerbe de jeunes princes, la plus belle et la plus brillante d’Europe, et qui eût assuré à la vie nationale de jeunes chefs résolus, audacieux et sages, menant tous nos progrès dans l’ordre de leur Roi ! »

 Et d’évoquer dans un article du 4 avril 1926 où il revient sur la mort du duc d’Orléans :

« Ces fusionnistes ardents, dignes des « politiques » auxquels Henri IV a dû sa couronne, qui, pendant un quart de siècle, travaillèrent à réconcilier Bourbon et Orléans et qui virent enfin l’effort couronné. La question du drapeau soulevée plus tard reste un malentendu d’origine parlementaire. « Je n’ai pas été compris », disait le comte de Chambord au marquis de la Tour du Pin, qui l’a raconté. »

Du reste, c’est précisément à la mort de « Philippe VIII » que Maurras tient à insister sur les différents aspects de cette fusion. Il faut savoir que le duc d’Orléans était le cadet d’un an de Maurras, qui trouvait dans ce prétendant un homme de son exacte génération : lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois en 1902 à Gênes, ils ont respectivement 34 et 33 ans : ce sont donc deux hommes jeunes et pleins d’énergie pour la lutte à mener, d’autant que les événements ont déjà montré, en dépit de l’exil qui frappe les aînés de la famille de France, l’intérêt du duc d’Orléans pour la chose publique. Avant même son engagement dans l’affaire Dreyfus pour défendre l’armée, n’a-t-il pas fait quatre mois de prison et mérité le surnom populaire de Prince Gamelle pour avoir voulu faire son service militaire comme tout jeune Français en dépit de la loi d’exil ? C’était en 1890. Il est intéressant de noter que Maurras n’est pas encore monarchiste, il pense à l’époque que la monarchie est terminée — il la qualifie même de « cadavre » dans une lettre à l’abbé Penon, à l’occasion du Ralliement — mais cette provocation, conforme aux yeux du jeune Maurras à la légitimité historique du jeune Prince, suscite alors son admiration. Cette légitimité historique, aux yeux de Maurras, le duc d’Orléans la conformera encore lorsqu’au début de la guerre, en août 1914, le Prince demande à servir dans l’armée française : après avoir essuyé le refus de Viviani, il essuie également celui des souverains belges et anglais, à la demande secrète de la république française, ce qui fait écrire à Maurras que l’Union sacrée est en un seul sens. Aussi se consacra-t-il au soin des blessés.

Bref, en dépit de quelques brouilles au début de la naissance du quotidien L’Action Française entre la jeune équipe et celle, plus vénérable, qui entourait le duc d’Orléans, c’est une véritable amitié politique et intellectuelle qui unissait Maurras au prince. L’historienne spécialiste de la famille d’Orléans qu’est Dominique Paoli ajoute dans son article « Les Princes de Maurras » paru dans le Cahier de l’Herne consacré à Maurras : « Au fil des années et de leur correspondance, on voit chez le Prince s’ajouter l’affection à l’admiration ». Du reste, c’est la formule du duc d’Orléans, « Tout ce qui est national est nôtre », formule de janvier 1900, que reprend le journal, formule qui non seulement résume le « nationalisme intégral » qu’est la monarchie aux yeux de Maurras mais encore justifie cette finalité historique que Maurras assigne à la loi salique.

Or sur quoi insiste Maurras dans l’article qu’il écrit dans L’AF du 29 mars 1926 sur la mort du duc d’Orléans ?

« Nous ne nous lassons pas de le répéter, Henri V, comte de Chambord, avait restitué les principes sans lesquels rien n’eût pu renaître. Philippe VII, comte de Paris, adaptant ses principes aux nécessités administratives et sociales du jour, les avait ainsi dégagés de tout archaïsme. Mais le duc d’Orléans, mais Philippe VIII, mais « Philippe », comme nous disions, fort des idées, fort des doctrines de ses prédécesseurs, s’était engagé, pour sa part, bien au-delà : il était dans le vif des actions et des réactions nationales le plus confuses. (…) De 1894 à 1926 on peut dire qu’une partie de la haute société parisienne s’est ralliée à la République, mais on peut dire aussi que, dans le même laps de temps, une partie considérable du gros peuple et de la petite bourgeoisie, autrefois républicaine, a viré de bord et mis le cap sur la monarchie. (…) sa politique n’a pas varié d’un iota (…) avant tout traditionaliste et légitimiste. (…) »

Aussi commettrait-on une grave erreur en voyant dans la fidélité de Maurras aux Bourbon-Orléans une quelconque preuve d’orléanisme, dans ce que ce concept peut avoir d’idéologique. On l’a vu lorsqu’il regrette que le « parti » de Louis-Philippe ait si souvent mis des bâtons dans les roues du roi des Français. On le voit encore non seulement dans sa célébration de la politique sociale du comte de Chambord, telle qu’elle apparaît dans la Lettre de celui-ci Sur les ouvriers du 20 avril 1865, mais également dans l’article qu’il consacre dans la Revue d’Action Française, le 2 février 1901, à la mort du duc Albert de Broglie (né en 1821), chef orléaniste bien connu de la IIIe République, descendant lui-même d’une dynastie orléaniste qui a traversé tout le XIXe siècle. Or dans cet article, Maurras, précisément, « exécute le principe consubstantiel de l’Orléanisme : l’alliance de la Couronne et de la Révolution »[1]

À suivre…

Axel Tisserand
Professeur agrégé de lettres classiques,

Docteur de l’École pratique des hautes études en sciences religieuses


[1] Introduction au texte sur http://maurras.net/textes/96.html


Publication originale : Axel Tisserand, « Maurras, L’Action Française et les Princes », dans Collectif, Actes de la XXe session du Centre d’Études Historiques (11 au 14 juillet 2013) : Les Bourbons et le XXe siècle, CEH, Neuves-Maisons, 2014, p. 251-268.

Consulter les autres articles de l’ouvrage :

► Préface, par Monseigneur le Duc d’Anjou (p. 5-6).

► Avant-propos, par Jean-Christian Pinot (p. 7-8).

► « Naples et Rome, obstacles à l’unité politique de l’Italie », par Yves-Marie Bercé (p. 13-26).

► « Le roi Juan Carlos et les Bourbons d’Espagne », par Jordi Cana (p. 27-35).

► « Deux décennies de commémorations capétiennes : 1987, 1989, 1993, 2004, etc. », par Jacques Charles-Gaffiot (p. 37-49).

► « L’abrogation de la loi d’exil dans les débats parlementaires en 1950 », par Laurent Chéron (p. 51-67)

► « De Gaulle et les Capétiens », par Paul-Marie Coûteaux (p. 69-97) :

► « De Chateaubriand à Cattaui : Bourbons oubliés, Bourbons retrouvés », par Daniel de Montplaisir (p. 99-108).

►  « Les relations Église-État en Espagne de 1814 à nos jours », par Guillaume de Thieulloy (p. 109-124) :

► « Autour du livre Zita, portrait intime d’une impératrice », par l’abbé Cyrille Debris (p. 125-136) :

► « La mission Sixte : la tentative de paix de l’Empereur Charles Ier », par le Pr. Tamara Griesser-Pecar (p. 137-157) :

► « Les stratégies matrimoniales », par le Pr. Philippe Lavaux (p. 159-170) :

► « Les Bourbons dans les Carnets du cardinal Baudrillart », par le père Augustin Pic (p. 171-188).

► « Un Roi pour le XXIe siècle », par Philippe Pichot-Bravard (p. 189-196).

► « Le Prince Sixte : la nationalité des descendants de Philippe V et la succession de France », par Jean-Christian Pinot (p. 197-206).

► « Les entrevues de 1931 entre Jacques Ier et Alphonse XIII ainsi que tout ce qui s’en suivit », par le baron Hervé Pinoteau (p. 207-218).

► « Le carlisme : fin et suite », par le Dr Jean-Yves Pons (p. 219-230).

 « Le Prince Xavier de Bourbon-Parme, du premier conflit mondial à Dachau, de la France à l’Espagne », par le Dr Jean-Yves Pons (p. 231-238).

 « Les Bourbons à Versailles au XXe siècle », par Vivien Richard (p. 239-250).

 « Maurras, L’Action Française et les Princes », par Axel Tisserand (p. 251-268) :

  • Partie 1 : Le fusionnisme maurrassien
  • Partie 2 : Les trois devoirs des royalistes

https://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/maurras-laction-francaise-et-les-princes-par-axel-tisserand-partie-1-le-fusionnisme/

Le Nihilisme : l’écriture du désastre ou le désastre de l’écriture

  

« L’écriture du désastre », tel est le titre d’un ouvrage de Maurice Blanchot (1907-2003) qui fit de sa longue vie d’homme une lecture puis, parce que c’est là son prolongement naturel, une écriture. Blanchot n’est pas un maitre à penser. Proche de Charles Maurras dans sa jeunesse, il fit le grand écart vers Maurice Thorez à la maturité et n’en revint jamais. Ses adducteurs se rompirent à gauche. Ils y restèrent. Comme beaucoup d’autres, il fit le saut, disqualifiant, de l’intellectuel progressiste du XXe s. Son écriture, bien que travaillée, ne laisse au lecteur que peu de notes à recueillir.

Pourtant son « écriture du désastre » (1980) a le mérite de soulever l’épineuse question de la pensée nihiliste qui se développe dans l’académisme philosophique français dès les années d’après guerre. Ce qu’il constate et, à juste titre, l’inquiète, c’est que la pensée de ses contemporains à l’Université, se détache de l’étoile censée la guider. Il s’agit bien là d’un désastre au sens étymologique du terme, c’est-à-dire, de la perte de l’étoile. Perte de l’étoile du sens, perte de l’étoile du réel. Celui-ci devient impossible. De même de la perte du désir, il devient indésirable ; de l’héritage, il devient une insolence ; de la mémoire ou de l’histoire, elles deviennent des moteurs de progrès mais non plus des recours ni des leçons. Il s’agit de rompre avec les traditions, de jeter au feu le grand livre de la vie pour en brandir un autre, en retrait ou au mépris de Dieu, et de tout ce que l’héritage chrétien véhicula au cours des siècles passés.

On assiste là à un immense bûcher, à un redoutable autodafé de la pensée métaphysique classique. Tous disciples de Heidegger (1889-1976) – que la perte de la foi catholique propulsa au sommet de la spéculation intellectuelle d’un « Dieu sans l’Etre » -, les nouveaux philosophes, sans égaler jamais le maître, deviennent ces voleurs d’étoile qui ne veulent vivre que dans l’extrême facilité de l’agir. Ils se livrent à la déconstruction du logos pour se perdre dans d’insolites effets de sens. Qu’il s’agisse de Jacques Derrida, de Gilles Deleuze, de Pierre Bourdieu ou de Michel Foucault, tous travaillent à l’édification de la distorsion au réel, à cette transgression « des mots et des choses » en vue de susciter les écarts susceptibles de « faire sens ». Ils sont ces « cavaliers de l’apocalypse » dont parle Pierre Magnard et contre lesquels, à l’aune d’un Pierre Boutang, il se battit sans haine, sans rougir mais, hélas, sans succès. Car ces « hommes de sable », comme les appelle encore Magnard, sont toujours à l’étude dans les universités. Ils font des petits, s’étendent sur le champ désolé de la littérature ou de l’art contemporain en générant de bien vilaines créatures.

C’est ainsi, par exemple, que le souffle délétère du nihilisme a pénétré, en littérature, des esprits aussi endommagés que ceux d’une Christine Angot ou d’un Matthieu Jung. Ne parlons que de ces deux là, car la liste des « cadenassés » de cette espèce serait trop longue. Or, ils font l’actualité.

La première, longtemps tapie dans les méandres d’une sexualité outragée, ne contient plus aujourd’hui la rage nihiliste qui l’habite. Chacun de ses ouvrages dégoulinent, sous une plume assassine, de perversions intellectuelles et sexuelles. Tout n’est que possession et rejet, fantasme et désillusion, obsession d’un « moi » oscillant entre le sommet du rien et l’abîme du néant. Angot refuse à quiconque le moindre droit de réponse mais, plus encore, brûle avec sa langue de feu tout ce qui lui ressemble ou, au contraire, la contrarie. Elle est actuellement, le samedi soir, la gorgone de Ruquier à la télévision, revêt la face d’Euryale, et s’illustre, non sans larmes, dans ce rôle abject. Elle est au comble du nihilisme !

Le second, Matthieu Jung, vient de nous pondre un œuf intrinsèquement avarié. Ce nancéen de 47 ans, dont l’errance professionnelle lui fit rencontrer l’insupportable Frédéric Beigbeder dans les années 2000, s’est essayé à la littérature depuis lors, en se penchant sur « les inquiétudes souterraines à l’œuvre dans notre société » (Valeurs Actuelles). Il est vrai que le nihilisme préfère le souterrain à la lumière, la caverne des illusions au soleil des idées claires. Fidèle à lui-même et à son ami Beigbeder, cet auteur au cadenas intellectuel déjà rouillé, offre au lecteur qui n’en a pas assez, « le réalisme trash, la satire destroy, le pamphlet nihiliste, la poésie désabusée, l’exhibitionnisme froid, l’auto-fiction mythomane et l’imagination narcissique » de la pensée contemporaine. Dans son dernier ouvrage, « le Triomphe de Thomas Zins », il se livre, sur 752 pages (!), à l’exploration d’une adolescence sans but ni origine, sans foi ni vertu, qui se vautre dans l’abîme de la trahison, dans la souffrance compulsive, dans le cloaque de la séduction et le marasme de la concupiscence, sans négliger, bien sur, l’incontournable bain dans la fange sodomite. Tous les ingrédients du nihilisme y sont réunis pour le plus grand désarroi de la jeunesse qui nous entoure et des parents qui la portent.

Ces auteurs ne sont pas à lire. Ils sont à conspuer.

Notre époque est malade de tous ces malades qu’elle érige en hérauts, en soldats du vide, en prêt-à-penser du non-sens. Elle s’est emparée de la peinture et de l’écriture, les gifle de son flagrum plombé. Le Christ est toujours flagellé… Du crayon comme de la plume, elle fait l’écriture du désastre ou le désastre de l’écriture!

Gilles Colroy

https://www.medias-presse.info/le-nihilisme-lecriture-du-desastre-ou-le-desastre-de-lecriture/81269/

mercredi 29 décembre 2021

Les guerres puniques : les débuts de l'impérialisme romain.

Non l'antifascisme n'est pas un jeu

 

Un Père Noël facétieux a glissé sous mon sapin du 24 décembre, un coffret imprévu. Ça s'appelle "Antifa le jeu". Produit par des gens d'extrême gauche, il était donc consacré à un jeu de développement du mouvement dit des Antifas. Ses concepteurs le présentent même comme un "outil de formation" idéologique et pratique de militants actuels et futurs : "contre l'extrême droite, à vous de jouer". Une fois choisi "votre" personnage parmi un échantillon de mégères et d'affreux jojo, à "vous" de réagir à trois exemples d'événements : "un collectif de soutien aux migrants a besoin d'aide" (sniff) ; "un couple gay agressé en plein centre-ville" (attention : pas en banlieue, pas du fait des islamistes) ; "des skins néonazis organisent un concert".

Pas la peine de décrire les initiatives de nos "antifas", en fait liberticides. On sait grosso modo qu'ils rivalisent avec les "black blocs" en violences destructrices. Mais à la différence des anarchistes vêtus de noir, les soi-disant antifascistes recouvrent de rouge les oripeaux libertaires de leurs rivaux.(1)⇓

Ceci nous renvoie à l'histoire même du mouvement antifasciste.

C'est seulement en 1935 que le Komintern, à Moscou, dans le cadre de la conférence réunie sur l'ordre de Staline en juillet-août, et présentée pour le "Septième congrès de l'Internationale communiste" fonde cette ligne alternative appelée "antifascisme". Jusque-là le régime autoritaire fondé en 1922 par Mussolini, n'était qu'un adversaire secondaire. Et même les relations diplomatiques sont correctes entre les deux pays.

L'adversaire constant et principal du bolchevisme, c'est la "social démocratie" : "feu sur le Blum" écrivait le "poète" stalinien Aragon.

À partir de 1931 par exemple le parti communiste allemand empêche toute forme d'unité d'action avec les sociaux-démocrates, avec le résultat tragique que l'on sait, y compris pour le chef communiste Thälmann qui mourra assassiné à Buchenwald.

Le rapport du chef communiste Dimitrov du 2 août 1935 annonce le virage. Mais attention, cet antifascisme auquel sont conviés les 65 partis représentés à Moscou n'a de valeur qu'alternative et récupératrice. Il faut utiliser, manipuler, par exemple pendant la guerre d'Espagne où les staliniens s'emploient beaucoup plus à liquider, par priorité, les anarchistes et les trotskistes. On lira à ce sujet "l'Hommage à la Catalogne" de George Orwell.

En 1939, c'est seulement après le pacte germano-soviétique, que l'on doit considérer bel et bien comme une "belle et bonne" alliance (2)⇓, que le général Krivitsky réfugié aux États-Unis peut publier son livre où il décrit le double jeu de Staline. Accessoirement on y découvre aussi le caractère de société de privilèges du système soviétique.

En 1940 par exemple, Willi Münzenberg le chef d'orchestre de la propagande antifasciste, installé à Paris depuis 1933, est liquidé par le NKVD à la faveur de la "drôle de guerre". Et, un par un, dans toute l'Europe, pendant et après la guerre, à l'est comme à l'ouest, tous les cadres "antifascistes" ayant cessé de servir connaîtront un sort analogue.

Mais le même subterfuge stalinien se répétera chaque fois que cela sera nécessaire, c'est ainsi que le mur de Berlin érigé dans l'Allemagne de l'est de 1961 sera dénommé "Mur de protection antifasciste"…

Curieux "antifascistes" que ces gens dont les initiatives sont exclusivement liberticides. La violence physique des "antifas" constitue d'ailleurs le prolongement, la mise à exécution des pressions des censeurs de la toile, qui menacent tous les annonceurs des sites internet et des médias qui les dérangent.

Par leur silence sur l'esclavage du communisme chinois ou de la traite islamique, ils sont les complices de l'oppression d'aujourd'hui, à Pékin comme à Kaboul, comme leurs prédécesseurs l'ont été systématiquement des crimes de Staline.

JG Malliarakis  

Apostilles

  1. Je me permets de renvoyer à L'Insolent du 8 août 2019 : Faut-il les appeler "antifascistes" ? 
  2. cf. Mon livre-dossier "L'Alliance Staline-Hitler" 

https://www.insolent.fr/