Nous leur avons donné de si mauvaises habitudes que, pour eux, faire la manche n’est rien moins que naturel…
Une fois de plus, la voix grave et larmoyante de Mia Mottley, la première ministre de la Barbade, a résonné à la 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26) de Glasgow (Ecosse). « Les pertes et dommages, c’est un déni de la réalité de la crise climatique, un déni que 20 % ou 30 % de l’humanité vivent déjà en “zone rouge”, un déni qu’il y a une ligne de front du changement climatique », a-t-elle clamé. La femme politique, qui avait déjà lancé un vibrant appel à l’action lors de l’ouverture de la COP26, était cette fois invitée à s’exprimer – en visioconférence – au cours de la journée consacrée à l’adaptation et aux pertes et dommages, lundi 8 novembre.
Ce sujet technique résume à lui seul tous les enjeux sensibles que cristallise la conférence : l’affirmation d’inégalités entre pays développés et pays en développement face au réchauffement, de responsabilité, et donc de ce dont le Nord est redevable envers le Sud. Entendez qu’il s’agit de passer à la caisse tout en sachant que les pays en question (dits « du Sud« ) sont déjà sous perfusion, pour ne pas dire en soins palliatifs, et qu’ils ne font pas grand chose pour s’efforcer d’en sortir (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/12/17/lafrique-est-en-soins-palliatifs/).
Les pertes et dommages, reconnus hélas par l’accord de Paris de 2015, se réfèrent aux dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique, qui ne peuvent être évités ni par des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ni par l’adaptation.
Il s’agit tant des conséquences d’événements brutaux, comme les cyclones ou les inondations, que d’effets lents du réchauffement, à l’image de la montée du niveau des mers, de la dégradation des terres ou de leur salinisation. De tels événements provoquent, nous dit-on, des morts, des pertes économiques, des effets sur la santé, sur le développement, des migrations forcées ou rendent des régions inhabitables. Bref, ce sont les victimes finales de ces calamités migratoires qui seraient les responsables de leur malheur…Ces dégâts touchent tous les Etats, mais ils affectent plus fortement les pays les moins développés, qui manquent de moyens pour y faire face et en minimiser les effets. Face à ce qu’ils prétendent être une « injustice », les pays du Sud appellent à plus de « solidarité » de la part de ceux du Nord.
Mais, diable, qu’ils retroussent leurs manches et se mettent à l’ouvrage pour nous montrer qu’ils sont capables de faire autre chose que réclamer l’aumône.
Assez de culpabilisation et de repentance !
Pourtant des experts prétendent que les « dommages » subis par les pays du Sud se situent entre 290 milliards et 580 milliards de dollars (250 et 500 milliards d’euros) par an jusqu’en 2030 et jusqu’à 1 700 milliards de dollars en 2050, pour les seules conséquences économiques dans les pays en développement ! « Mais il y a aussi toute la perte d’héritage social, culturel, traditionnel, prévient Raeed Ali, habitant des Fidji et membre de la coalition des jeunes pour les pertes et dommages. Aux Fidji, face à la montée des eaux, on a déjà relocalisé six communautés et quarante-trois doivent bientôt l’être. Les gens perdent une partie de leur identité, parce qu’ils ont une connexion avec la terre où ils sont nés qui est très forte. »
A chaque intervention, les pays en développement, soutenus évidemment par les ONG qui sont les ennemis de l’Occident, le répètent : ils demandent la création d’un mécanisme financier spécifique pour leur permettre de faire face à ces pertes et dommages. Avec des fonds nouveaux et additionnels, différents des 100 milliards de dollars promis à partir de 2020 par les pays développés pour aider ceux en développement à s’adapter au réchauffement et à réduire leurs émissions. « C’est une question légitime d’un point de vue moral, politique et scientifique, et une ligne rouge pour beaucoup de pays en développement », prétend Lola Vallejo, directrice climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales.
En cause : le blocage des pays développés, en particulier les Etats-Unis et l’Union européenne (UE). S’ils ont reconnu, lors de la COP, le besoin d’ « augmenter les ressources » pour les pertes et les dommages, ils refusent l’idée d’un financement dissocié de celui de l’adaptation. « C’est un sujet qui est beaucoup monté ces derniers temps et qui est très sensible pour la suite de la COP, reconnaît un diplomate européen. Il va falloir trouver une solution, mais du côté de l’UE, on pense qu’on a déjà beaucoup de canaux qui permettent de financer l’adaptation et donc les pertes et dommages. »
Bref, on a déjà beaucoup donné et… ça suffit !
Les pays développés, que l’on nous dit historiquement responsables du changement climatique, craignent en effet que la reconnaissance des pertes et préjudices ne débouche sur des poursuites judiciaires et des demandes de compensation financière à leur égard. Antigua-et-Barbuda et Tuvalu ont annoncé, en début de COP, le lancement d’une commission des petits Etats insulaires auprès des Nations unies, pour explorer les pistes juridiques permettant de demander des dommages et intérêts aux pays pollueurs devant des juridictions internationales. Et, là, peut-être comprenez-vous mieux notre volonté de dénoncer tous les accords internationaux signés imprudemment (ou idéologiquement) par la France, à l’instigation de nos Bisounours et autres droit-de-l’hommistes ?
Alors que la création d’un mécanisme spécifique au sein de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ou du Fonds vert pour le climat « ne semble pas politiquement faisable dans l’immédiat, et prendrait du temps, les pays pourraient d’ores et déjà s’engager à des financements bilatéraux », note Zoha Shawoo, chercheuse associée au Stockholm Environment Institute.
Les sources de financement possibles, énumérées par le Stockholm Environment Institute de l’ayatollah autoproclamée Greta Thunberg , sont nombreuses : une taxe sur les énergies fossiles, sur les billets d’avion, une annulation de la dette, etc. « Mais la COP n’a jamais donné de mandat pour étudier ces pistes, alors qu’on a un outil qui existe depuis huit ans et qui pourrait y réfléchir », déplore Fanny Petitbon.
En 2013, sous la pression des pays vulnérables, le « Mécanisme de Varsovie« , piloté par un comité exécutif de dix membres de pays du Sud et dix du Nord, a été créé avec trois missions : faciliter la connaissance sur les pertes et dommages, augmenter la coopération et « accélérer l’action et le soutien », notamment en matière de financement et de technologie. Mais aucune avancée n’a été enregistrée sur ce dernier enjeu. La COP25, en 2019, a par ailleurs créé un « réseau de Santiago », destiné à « catalyser » l’assistance technique déjà apportée par diverses organisations et à en faciliter l’accès aux pays vulnérables.
Une des attentes, lors de la COP26, réside alors dans l’« opérationnalisation » de ce réseau de Santiago, avec la création d’un secrétariat, une équipe allouée et des ressources financières pour fonctionner. Autrement dit quelques prébendes dont ce petit monde rafole plutôt que de se mettre au boulot. Les pays en développement demandent en outre que le sujet des pertes et dommages devienne un enjeu permanent à l’ordre du jour des négociations climatiques, comme le sont déjà l’atténuation (réduction des émissions), l’adaptation ou la finance.
Comme sur les autres sujets épineux de la COP, un binôme de pays – Luxembourg et Jamaïque (la carpe et le lapin !) – a été désigné, lundi, par la présidence britannique pour tenter de trouver des compromis. « Il y a un changement de ton pour avancer », veut croire Alok Sharma, le président de la COP26.
En vérité, c’est toujours pareil :
Il n’y a que ça qui compte !
Le 10 novembre 2021. Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.
https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/11/10/cop26-le-bal-des-mendiants/
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