L’écrivain publie son centième livre. Un récit où, s’appuyant sur les témoignages des contemporains, il montre les deux faces de la Révolution française : la meilleure, et la pire. Iconoclaste.
Le titre ? Révolution française. Le premier tome, Le Peuple et le Roi, est en librairie le 19 janvier 2009 ; le second, Aux armes, citoyens !, le sera dans un mois. Max Gallo signe ici son centième ouvrage. Cent livres, dont combien de best-sellers ?
Essayiste, historien et romancier, l’écrivain a rencontré le succès avec une recette simple : raconter des histoires que tout le monde peut comprendre. Des histoires, ou l’Histoire. Sous la forme de biographies ou de suites romanesques, des Romains aux premiers chrétiens, de Louis XIV à Napoléon, de la Grande Guerre à la Résistance, Gallo explore notre mémoire collective, faisant revivre le grand récit national que l’école de la République a renoncé à enseigner. Max Gallo, de l’Académie française, le dernier instituteur…
Curieusement, dans une œuvre si prolifique, à part une biographie de Robespierre (parue en 1968, rééditée chez Tempus en 2008), la Révolution française n’apparaissait guère. Alors que l’écrivain y voit, comme il se doit, « le creuset fondateur de notre histoire contemporaine ».
Max Gallo se rappelle pourtant avoir travaillé pendant un an, quand il était étudiant, sur les journaux de l’époque révolutionnaire, en vue d’une thèse qu’il a finalement dû abandonner. Pour aborder le sujet par le biais de la fiction, il dit aussi avoir été arrêté par l’existence de Révolution, la fresque romanesque que Robert Margerit écrivit en quatre volumes, en 1963, et qui obtint le grand prix du roman de l’Académie française. Mais qui lit encore Robert Margerit ?
La vraie raison est ailleurs. En 1986, Max Gallo publiait une Lettre ouverte à Maximilien Robespierre (Albin Michel), où il dénonçait « ces muscadins titrés, ces nouveaux messieurs, ces grands historiens entre guillemets ».
A l’approche du bicentenaire de la Révolution, il visait les chercheurs (Chaunu, Bluche, Secher) dont les travaux remettaient en cause non seulement la vision marxiste de la Révolution qui faisait alors foi à l’université, mais encore le catéchisme républicain qui fermait les yeux sur les crimes de la Terreur, notamment sur le martyre vendéen. La charge ne faisait pas dans la nuance, Max Gallo le reconnaît aujourd’hui.
« Ma pensée a évolué sur le sujet, explique-t-il. Même si j’étais hostile à la vulgate marxiste, je n’avais pas, à ce moment, une vision très claire de la Révolution. Depuis, j’ai découvert Taine, dont Les Origines de la France contemporaine sont la meilleure analyse de la période révolutionnaire. Furet n’est pas allé aussi loin que lui. »
Le premier volume du récit de Max Gallo court de l’avènement de Louis XVI, en 1774, à sa condamnation à mort, en 1793. L’auteur s’appuie sur les témoignages des contemporains. On voit accéder au trône un jeune roi conscient de ses devoirs, mais freiné dans son action par le processus qui va rendre la Révolution inéluctable : la crise financière, le blocage des réformes par les privilégiés, la manipulation de l’opinion publique contre le pouvoir royal. A partir de 1789, le système se dérègle définitivement : Louis XVI ne parvient pas à reprendre la main et, d’étape en étape, entame le chemin qui le mènera à l’échafaud.
Le livre ne dissimule rien. Citant Joseph de Maistre, l’académicien montre comment la Révolution a échappé à ses acteurs. Mouvement populaire au départ, elle devient vite un mécanisme où les leviers de décision sont tenus par des minorités, qui imposent leur pouvoir par la violence. « La Révolution, souligne Max Gallo, a recouvert de sang ce qu’elle avait créé. » L’Histoire, la véritable Histoire, n’est jamais manichéenne : elle dit la lumière, mais aussi l’ombre.
Jean Sévillia
Révolution française, de Max Gallo, éditions XO.
https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/max-gallo-raconte-la-revolution/
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