Fadi El Hage, docteur en histoire, est l’auteur d’ouvrages remarqués, dont une Histoire de maréchaux de France (Prix d’histoire militaire 2011), une biographie du duc de Vendôme et La Guerre de Succession d’Autriche. Il contribue également au magazine Guerres & Histoire.
Dans son nouveau livre Le sabordage de la noblesse, il s’interroge sur l’état de la noblesse au dix-huitième siècle. A la fin de la décennie 1780, la noblesse de Cour au pouvoir était vue comme vectrice de despotisme. Louis XVI était perçu comme entouré de privilégiés essentiellement soucieux de conserver leurs charges, pensions et autres sources de revenus, avec de nombreux cumuls. Le 19 juin 1790, l’Assemblée nationale constituante abolit par un vote nocturne, en apparence impromptu, la noblesse héréditaire. Un ordre social millénaire venait de prendre fin “pour toujours”, en dépit des protestations de certains de ses membres.
Formée originellement dans le contexte féodal, elle incarnait depuis le XIIe siècle le second ordre de la société chrétienne. Mais au fil du temps, les valeurs chevaleresques qui devaient la guider furent oubliées par beaucoup de ses membres. Au cours du XVIIIe siècle, elle fut de plus en plus assimilée à l’aristocratie. Celle-ci essentialisa la noblesse dans le public roturier.
L’auteur y voit la conséquence de la politique de Louis XIV qui tâcha d’entraîner la noblesse au service de l’Etat en l’attirant à la Cour, sous peine de manquer faveur et élévation, par ailleurs ouvertes à la bourgeoisie montante. L’intégration à la société de Cour dépassait tout, qu’elle qu’eût été l’ancienneté ou la puissance passée du lignage. Pour rester sous les yeux du roi, la tentation pour un gentilhomme de faire des entorses au service attendu était palpable, notamment aux armées. En ne remplissant plus son rôle, la noblesse se sabordait.
Le sabordage de la noblesse, Fadi El Hage, éditions Passés Composés, 252 pages, 22 euros
https://www.medias-presse.info/le-sabordage-de-la-noblesse-mythe-et-realite-dune-decadence/105910/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire