Les gens d'extrême gauche, de diverses nuances, nous les avons toujours combattus. Or, ils viennent en France de remporter une victoire notable par la Décision du conseil constitutionnel du 20 mai cassant la loi dite de sécurité globale.[1]
Bientôt ils bénéficieront, n'en doutons pas, d'un blanc seing en faveur de l'islamo-gauchisme. Tel projet de loi, qui devait initialement viser l'islamisme, a déplacé sa cible vers le séparatisme, pour enfin se contenter de réaffirmer les principes républicains. De telles capitulations successives, caractéristiques de la Macronie, ne serviront sans doute à rien, car dès lors qu'elle sera saisie, notre ersatz de Cour suprême présidée par Fabius trouvera un moyen d'en entraver la moindre efficacité.
Ainsi, à défaut de nous offrir le spectacle consolant de leurs conversions, ayant notamment, pour la plupart d'entre eux, maintenue intactes leurs solidarités, en particulier à notre encontre, ils nous livrent, sans le vouloir, certaines recettes. Fort utile aux vieux de la vieille, aux militants du combat de toujours pour nos identités et nos libertés, leur spectacle pourrait nous inciter à un peu plus de vigilance.
L'échec constant, le plus souvent sanglant, de leurs expériences sur le corps social des nations qu'ils ont successivement asservies depuis 1917, n'échappe, du moins je l'espère, à la lucidité d'aucun observateur.
Or, malgré tout, ils sont parvenus à surnager. Plus sinistre à considérer encore, ils ont pris le contrôle, de plus en plus monopoliste, des institutions qui censurent les opinions, qui imposent les règles de leur morale inverse et qui distribuent à leur gré les moyens d'expression élémentaire et la liberté d'association. Sous prétexte de combattre la haine, et probablement, par conséquent, de prétendre imposer ainsi l'amour universel, c'est au nom de cette vieille utopie remontant à Weishaupt et aux fameux, réels et non mythiques, Illuminés de Bavière du XVIIIe siècle, ils ne manquent pas de se préparer à un contrôle mondial du seul espace qui leur échappe encore, sur la toile de l'internet.
À cet égard, dans son livre "Les Dangers du Soleil", ouvrage totalement narcissique et décousu, JP Le Dantec offre au lecteur des souvenirs bigrement intéressants et révélateurs.[2]
L'auteur met ainsi en lumière, et découpe en détail, les divers avatars du monument maoïste français. Il ne rompit avec son organisation, la Gauche Prolétarienne, qu'au moment de l'affaire de Bruay-en-Artois, en 1972. Il découvrit un beau jour qu'une partie de ses camarades ne rechignaient plus devant les appels au meurtre. JP Sartre qui prêtait son nom aux publications gauchistes, prenant peur, fut contraint de les désavouer. Puisque tout ce beau monde se gargarisait de références chinoises, on peut regretter qu'il n'ait pas plus tôt médité la fameuse fable de "Maître Che qui aimait les dragons", les pensant imaginaires : un beau jour un dragon bien réel survint et le dévora.
À la vérité, à partir de 1976, cette mouvance donna naissance aux NAPAP : ces "Noyaux armés pour l'autonomie populaire" passèrent à l'acte. En 1977, après avoir pillé Fauchon en 1970, ils plastiqueront, 7 ans plus tard, cette inoffensive épicerie de luxe connue de tous les Parisiens. C'est notamment en cette même année, sous prétexte de venger Pierre Overney, qu'ils assassinèrent Tramoni, vigile des usines Renault Billancourt, jugé responsable de la mort de leur camarade.
Le livre, publié en 1978, se conclue certes sur le désenchantement de l'auteur. Et les dernières pages se noient au milieu de diverses envolées sur le thème de la celtitude. A plusieurs reprises, on découvre ainsi qu'il professe un enracinement plus spécifique dans son Trégor natal où l'on est obligatoirement de gauche, alors que les Bretons du Léon restent, selon lui, indécrottablement de droite...
Dans sa conclusion tant soit peu confuse, Le Dantec reste alors indulgent pour certains aspects de la carrière Mao Tsé-toung. Il semble considérer ce fanatique destructeur, personnellement responsable, entre autres, des 36 millions de morts de la grande famine consécutive à la collectivisation des terres, comme l'un des plus grands hommes de l'histoire. Sans doute, ayant visité la Tchécoslovaquie alors qu'il appartenait encore lui-même au PCF, il avait éprouvé une grande gêne lorsqu'il découvrit les conditions de vie peu enviables des jeunes en Europe de l'est, alors même, souligne-t-il, que ce pays était avant guerre prospère.
S'il avait connu l'autre versant de l'Histoire de l'Europe, version interdite bien sûr dans les milieux de gauche, il aurait pu remarquer également, d'ailleurs, que la Bohême et la Moravie avaient échappé aux destructions qui frappèrent entre 1940 et 1945 le reste du Vieux Continent. Comme la plupart des jeunes gauchistes qui rompirent avec le Parti et avec l'Union des étudiants communistes à partir de 1965-1966, c'est par un rejet de la réalité soviétique qu'il construit sa critique. Les uns allèrent vers les diverses sectes trotskistes, notamment le secteur Lettres de l'UEC où s'illustraient les frères Krivine, les autres, notamment les Normaliens, fondèrent d'abord l'Union des jeunesses marxistes-léninistes, admiratrices de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne lancée en 1966 par le Grand Timonier.
Or, jusqu'au bout il semble bien qu'outre leur sympathie pour les staliniens du Nord-Vietnam, "Ho Ho Ho Chi Minh" scandaient-ils il y a un demi-siècle, les maoïstes français et les trotskistes comme les communistes prosoviétiques, n'ont jamais cessé de saluer la dictature cubaine et ses figures de proue, aussi bien Castro que Guevara. Ils s'y rattachaient en scandant aussi "Che Che Che Guevara". Les barbudos étaient perçus, dans un contre sens total, comme des figures romantiques. Et ce marqueur englobe bien toute l'extrême gauche. On peut noter par exemple en compulsant les collections de L'Huma, qu'un beau jour les vœux de début janvier de "l'organe central" furent adressés plus volontiers encore qu'aux Allemands de l'est, aux camarades de la révolution cubaine.
Peu importe, bien évidemment, à tous ces marxistes de diverses nuances, que La Havane ait toujours vécu aux crochets de l'URSS à partir de 1959, puis 30 ans plus tard que le pays ait connu dans les années 1990 une "période spéciale", quand Moscou cessa de payer. À nouveau, à partir de la prise de pouvoir par Chavez en 1998, Cuba profita des générosités du Venezuela. Son bienfaiteur étant aujourd'hui ruiné, l'île communiste connaît à nouveau la famine. Belle réussite, là aussi, pour un pays qui dans les années 1950 était le plus avancé de l'Amérique latine.
Mais qu'autant en emporte le vent de l'Histoire, même aux yeux de gens qui se prévalent du matérialisme économique et du socialisme scientifique.
À eux l'impunité, à nous l'opprobre d'avoir eu raison, n'est-il pas vrai ?
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. L'Insolent du 24 mai : "Un coup d'État juridique"
[2] Publié en 1978 aux Presses d'Aujourd'hui, ce livre a été réédité, 40 ans plus tard, en novembre 2018, dans la collection numérique Fenixx par Gallimard.
https://www.insolent.fr/2021/05/ladversaire-reste-rouge.html
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