jeudi 5 novembre 2020

Un Européen du mésolithique à la peau sombre et aux yeux bleus

   


L'analyse, à partir de l'une de ses dents, du génome d'un squelette vieux de 7 000 ans découvert par hasard en 2006 dans une grotte du nord-ouest de l'Espagne a surpris les chercheurs l'ADN a en effet révélé que cet homme avait à la fois la peau sombre, les cheveux bruns et les yeux bleus. Dénommé La Braña 1, en référence au site de La Braña-Arintero où il a été retrouvé, près de Valdelugueros, dans la province de León, ce chasseur-cueilleur du mésolithique possédait en outre plusieurs mutations génétiques associées à la résistance aux infections bactériennes chez les humains modernes, mutations qui sont donc antérieures à l'apparition de l'élevage et de l'agriculture. Il était en revanche porteur de variants génétiques montrant une intolérance au lactose et une faible capacité à digérer l'amidon que l'on trouve dans les céréales. La comparaison avec les génomes actuels montre une proximité avec les Finlandais ou les Suédois, mais l'association des gènes produisant des yeux bleus et de la peau foncée correspond à un phénotype unique que l'on ne trouve plus aujourd'hui chez les Européens. Ce qui donne à penser que la peau claire n'est apparue que plus tard, au néolithique, du fait d'un moindre rayonnement ultra-violet et d'un régime alimentaire comportant un plus faible apport en vitamine D.

L'équipe de chercheurs espagnols et danois, dirigée par Caries Lalueza-Fox, de l'Institut de biologie évolutionnaire de Barcelone, qui est parvenue à séquencer le génome complet de cet individu mort apparemment vers l'âge de 30-35 ans, et dont le squelette, retrouvé en position fœtale, a été parfaitement conservé, a par ailleurs pu établir une continuité génétique (impliquant un ancêtre commun) entre La Braña 1 et les populations de l'Eurasie occidentale et centrale depuis le paléolithique supérieur, notamment les fossiles vieux de quelque 23 000 ans récemment découverts sur le site de Mal’ta près du lac Baïkal, en Sibérie. D'autres analyses d'ADN seront néanmoins nécessaires pour dire dans quelle mesure l'homme de La Braña est représentatif des autres populations du mésolithique.

Source Nature, 26 janvier 2014 via éléments N°151

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