Je le dis très franchement: ce livre est un authentique petit bijou. Il a pour ambition de présenter les grandes œuvres de la philosophie politique dans le contexte de leur époque tout en mettant en valeur leur apport à la compréhension du temps présent. Moi même ai eu l’honneur d’y être associé à travers le chapitre sur Thomas Hobbes, le philosophe de la peur, qui montre comment Leviathan (l’Etat) a été inventé par les hommes pour assurer leur sécurité.
Un thème, oh combien actuel! Les 20 chapitres, consacrés à une œuvre majeure de la philosophie politique et sa portée contemporaine ont été rédigés par des essayistes, philosophes et éditorialistes du Figaro. Le livre s’ouvre par la République de Platon, de FX Bellamy, qui définit la politique comme la quête du bien dans la cité. Vaste programme… Une réflexion poursuivie par Aristote et son célèbre « l’homme est un animal politique »; puis Saint Augustin et la théorie des Deux cités la cité de Dieu et la cité des hommes; un merveilleux Machiavel, de Guillaume Perrault, le Prince qui invente la politique moderne, séparée de la morale et de Dieu; le Second traité de gouvernement de John Locke, sur les fondements de la propriété et de la liberté individuelle à travers la notion de la propriété de soi, par Gaspard Koenig; l’Esprit des lois de Montesquieu, sur l’équilibre des pouvoirs comme garantie contre l’absolutisme (quelle actualité!) par Philippe Raynaud; le Contrat social de JJ Rousseau, judicieusement interprété par Mathieu Bock-Côté, autour de la notion d’identité des peuples; le célébrissime Réflexions sur la révolution de France d’Edmund Burke, par Jacques de Saint Victor, sur les limites et les dangers de principes abstraits; puis les considérations sur la France de Joseph de Maistre par François Huguenin, et son vertigineux « l’homme qui n’est plus qu’un homme n’est plus un homme »; Benjamin Constant et le fondement du libéralisme politique; un formidable « De la guerre » de Carl Von Clausewitz, par lequel Charles Jaigu nous rappelle combien la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens; prophétique Tocqueville, dans L’ancien régime et la révolution, par lequel François Sureau montre le mécanisme du passage de la démocratie égalitaire à l’abolition de la liberté; puis le Manifeste du parti communisme, véritable évangile du communisme, dont Alexandre Devecchio prouve à la fois le caractère visionnaire sur beaucoup de points et la nature intrinsèquement sanguinaire (rien n’est simple); « Notre Jeunesse » de Charles Péguy et sa sublime redécouverte par Eugénie Bastié, sur la nature de la politique « tout commence en mystique et finit en politique« , et la difficile quête d’une troisième voie entre Maurras et Jaurès; poursuivie par de toutes aussi admirables réflexions autour de l’Enracinement de Simone Weil, ce chef d’oeuvre incroyablement visionnaire, salutaire sur le monde moderne, qui gagne tant à être relu, tout comme La condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt, l‘Essai sur les Libertés de Raymond Aron par Nicolas Baverez; un époustouflant « le déclin du courage » de Soljenitsyne par Mme Chantal Delsol et enfin, l’âme désarmée d’Allan Bloom, sur le désarmement des esprits contemporains, par Michel de Jaeghere.
Je recommande de tout cœur la lecture de cet ouvrage exceptionnel, dont toutes les contributions sont rédigées dans un style simple et accessible, un ouvrage qui souligne comment l’intelligence des grands penseurs, de l’antiquité à nos jours, demeure notre arme fatale contre l’invasion de la médiocrité et de la vulgarité derrière lesquels se dissimule un néo-totalitarisme rampant. Il constitue un authentique outil de réflexion et aussi, de manière plus terre-à-terre, un exceptionnel instrument de travail pour des étudiants qui préparent les épreuves de culture générale des concours.
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