De même les néo-païens allergiques à l'héritage chrétien, par-delà l'assomption catholique du paganisme, excipent d'un retour au paganisme le plus inchoatif (Nietzsche et Heidegger ne juraient que par les Présocratiques, Platon et Aristote annonçant par trop évidemment le christianisme), pour faire dire à ce dernier le contenu de ce que proclame la modernité subjectiviste. Nous connaissons bien les néo-païens, nous savons leurs slogans, leurs tics cérébraux, leurs lubies, leur mauvaise foi, leur haine de la raison, leur misologie; « nous ne voulons plus des grenouilles de bénitier, nous voulons nous réconcilier avec le monde, renouer avec ce monde d'avant l'idée dépêché, les chrétiens nous donnent la lèpre de la mauvaise conscience et nous aliènent la faveur du peuple qui veut jouir, nous en avons assez d'être ghettoïsés, nous devons faire corps avec l'esprit du monde moderne pour parvenir au pouvoir, et c'est seulement après que nous y serons parvenus qu'il nous sera donné de l'orienter vers nos idéaux élitistes et prométhéens; le catholicisme est moribond, finissons-en avec lui en hurlant avec les loups, c'est lui qui nous "plombe" en suscitant l'animadversion du corps social, appuyons-nous sur l'islamophobie à la mode, fût-elle inspirée par les Juifs, soyons rusés, plus malins que le Malin, pour en finir avec l'immigration, il sera temps ensuite de se retourner contre les Juifs, soyons efficaces, les idées n'ont de valeur que par les passions qu'elles inspirent, etc. ». Une telle engeance ne comprend pas qu'il faut être Dieu pour être plus malin que le diable, qu'il faut être du côté de Dieu pour combattre le démon, qu'il y a une espèce de logique irrationnelle des passions, que le déchaînement des passions une fois libérées n'est plus maîtrisable, sauf s'il a été inspiré par la raison qui doit leur demeurer immanente pour ne pas se faire subordonner par elles. Un modernisme gnostico-scientiste réservé aux seuls Blancs est une idée aussi contradictoire que celle d'un cercle carré. Le modernisme technico-scientiste est inspiré par le subjectivisme, et le subjectivisme est porteur de l'esprit démocratique et du mondialisme aussi sûrement que la fille de joie l'est de la chaude-pisse. Epouser le modernisme consumériste et technico-scientiste pour le faire se retourner contre le mondialisme, c'est aussi intelligent que de justifier la prostitution pour lui faire combattre les maladies vénériennes. On peut bien, à court terme, contribuer à sauver le corps malade en favorisant les maladies de l'âme, par exemple justifier les prélèvements d'organes sur les moribonds (ainsi les assassiner) pour transplanter ces organes chez les grands accidentés , c'est cependant perdre son âme, or le corps ne vit en dernier ressort que par l'âme. Des organes tout neufs habités par une âme moribonde ne sont pas vivants longtemps; il est plus expédient de soigner son âme, même sous le rapport de l'intérêt du corps.
On ne peut pas sauver l'Occident sans être catholique. Le meilleur de l'apport intellectuel des néo-païens, dans leur critique du christianisme, se réduit (ce qui n'est pas négligeable) à une invitation, adressée aux catholiques, de prendre acte de leurs propres dévoiements, de leur défaut de catholicité; mais il serait suicidaire de jeter le bébé avec l'eau du bain.
« La Chrétienté a fait l'Europe, la Chrétienté est morte, l'Europe va crever » (Bernanos). « Ce qui est enjeu est bien plus que la survie de telle ou telle nation, c'est l'héritage tout entier de la civilisation la sagesse grecque, l'ordre romain et le salut par la révélation chrétienne » (Charles Pérègrin de Corday).
À vue d'homme, nous sommes seuls, désespérément seuls, déjà vaincus : trahis par les "autorités" religieuses conciliaires et modernistes qui occupent, occultent et éclipsent la Rome catholique; incompris et insultés par les néo-païens , marginalisés par les catholiques traditionalistes pusillanimes incapables de comprendre que la subversion dans l’Église ne date pas de Vatican II, et hallucinés par une conception judéomorphe de la France (« nouveau peuple élu »); vomis par la modernité maçonnique libérale et socialiste; promis à regorgement par le ressentiment des foules innombrables (musulmanes ou non) du Tiers-monde insurgé; haïs par les Juifs dont l'Histoire semble saluer aujourd'hui la victoire sans condition. Mais nous avons raison, et nous savons que nous avons raison contre tous. Et la raison, qui prend son temps, a toujours raison. La victoire finale nous appartient.
STEPINAC. Écrits de Paris N° 744 juillet 2011
1. Heidegger, déclaration du 25 septembre 1969, sur la chaîne allemande ZDF voir Magazine littéraire, Hors-série, n° 9, mars-avril 2006.
2. Professeur Yeshayahou Isaï Leibovitz, Le Nouvel Observateur 24/12/1992.
Voir les articles précédents :
La querelle du paganisme et du christianisme 1/5 http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/2020/06/la-querelle-du-paganisme-et-du.html
La querelle du paganisme et du christianisme 2/5 http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/2020/06/la-querelle-du-paganisme-et-du_28.html
La querelle du paganisme et du christianisme 3/5 http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/2020/06/la-querelle-du-paganisme-et-du_32.html
La querelle du paganisme et du christianisme 4/5 http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/2020/06/la-querelle-du-paganisme-et-du_0.html
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