La bataille de Fontenoy
Suite de l’entretien d’hier avec Daniel de Montplaisir sur son ouvrage “Quand le Lys terrassait la Rose”:
4) Aujourd’hui, après un siècle de conflit avec l’Allemagne, dans lequel nous étions alliés de l’Angleterre, nous pensons davantage à l’Allemagne qu’à l’Angleterre comme “ennemi héréditaire” – alors que, voici 150 ans, Michelet pouvait écrire: “La combat des combats, c’est celui de l’Angleterre et de la France, le reste n’est qu’épisode.” Comment comprendre cette radicale divergence de perception?
Michelet a écrit cela au moment où la rivalité franco-anglaise et le souvenir de Waterloo demeuraient dans tous les esprits comme un traumatisme national. Et l’Allemagne n’existait pas encore en tant que nation. C’était aussi oublier que la France avait connu deux autres « ennemies héréditaires » : l’Espagne puis, par glissement, la maison d’Autriche. Aujourd’hui nous n’avons plus d’ennemi héréditaire sous forme nationale et explicite mais attention aux menaces plus diffuses, comme la montée de l’islamisme radical. Que la France renonce enfin à sa naïveté.
5) On dit souvent que l’Angleterre, puissance maritime, n’a jamais eu qu’un principe directeur en politique étrangère: empêcher l’émergence d’une puissance dominante sur le continent. Pensez-vous que cela soit toujours d’actualité?
Cette politique se poursuit aujourd’hui sous une autre forme : l’Angleterre est devenue à ce titre le relais des États-Unis et le fiasco de l’Union européenne doit beaucoup à leurs actions conjuguées.
6) Alors que l’Angleterre a longtemps été notre rivale, il y a eu, notamment au XVIIIe siècle, une anglomanie très répandue dans les milieux “éclairés”. Comment comprenez-vous cet apparent paradoxe?
La France a presque toujours nourri en elle ce que Charles de Gaulle appelait « le parti de l’étranger » et cultivé un certain autodénigrement. Il y eut le parti espagnol, que soutenait Anne d’Autriche… la fascination pour l’Amérique, avec l’appui, sous la IVe république, puis au début de la Ve, de partis politiques puissants… le modèle allemand, suédois, japonais… Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle l’admiration des élites pour le modèle institutionnel britannique, qui par le système parlementaire, avait donné l’essentiel du pouvoir à l’aristocratie. Puis l’émigration et, en 1814, le retour des exilés de Londres, la tête pleine d’une anglomanie qui contribua beaucoup à l’essor du romantisme.
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